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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Hello ! Mais que voyez-vous !! Dear god, un chapitre après seulement un mois ???...Oui en gros, c’est ce qu’il se passe quand j’ai une maison, un ordi, un bureau et de la bonne musique *pose disco*. Et dieu que j’ai envie de raconter des choses ! La fic s’allonge, s’alloooonge et pourtant j’ai toujours autant de choses à dire, toujours autant de plaisir à écrire Vincent et Angie et je me demande quand je vais la finir XD. À ce rythme je suis en train de faire le syndrome du Hobbit rallongé en 3 films. J’espère juste que la qualité ne baisse pas ! Enfin bon, vous me direz. Nous allons d’ailleurs avoir droit au POV de Vincent pendant un moment, chose n’est pas coutume, et j’ai eu grand plaisir à l’écrire, là où avant ou quand j’étais plus jeune c’était une épreuve. Genre le Mont Blanc. Je pense que Séphiroth sera l’Everest. Mais aussi stressée que je suis à l’idée de publier ces chapitres et savoir si je m’en suis bien sortie, c’est le plaisir infâme que j’en ai tiré. C’était une telle source d’efforts et d’anxiété, et pourtant tellement agréable, tellement intéressant. En même temps que je l’écrivais, je le voyais aussi sous un nouveau jour. Ce chapitre est un peu plus long que la normale et j’ai essayé d’inclure des éléments intéressants malgré l’enchainement d’action et d’évènements, qui peuvent se révéler un peu moins intéressant pour certaines personnes qu’un chapitre ficelé en évènements continus. C’est un procédé narratif différent et ça me rappelle d’ailleurs les entrainements de héros dans les films ^^. Moi j’aime beaucoup ce genre de passage en tout cas et je ne me vois pas passer des chapitres entiers dessus. Dites-moi ce que vous en pensez en tout cas. Biiiiiz tout le monde !

Chapitre 16 :: No Game No Life

Vincent’s POV

Je m’approche à pas lents et elle ne réagit que lorsque je suis à ses côtés. Elle se redresse légèrement et m’envoie un mince sourire avenant très forcé. Elle semble faible. Il y avait une ecchymose sur sa joue en train de disparaître. Je regarde ses omoplates laissées visibles par le débardeur blanc de Tifa, avec d’autres traces de bleus en particulier la pointe de ses os, la trace de main en train de s’estomper de son bras, heureusement. Mes yeux s’agrandissent quand je constate l’état de ses mains.
-Tifa t’a laissé une matéria de soin, je rappelle.
-Oui oui ! Elle assure. Je m’en sers.
Je l’observe encore de la tête aux pieds.
-Tu as épuisé ta magie, je devine.
Ses mains se resserrent sur le bois laqué.
-Veux-tu-
-Non ! réponds-t-elle sèchement, avant de soupirer d’agacement. Juste…
-…Dans ce cas laisse-moi au moins te soi-
-Non, ça ira. Je ne vais pas mourir.
Elle secoue la tête, l’air de ne pas trouver les mots.
-Je ne suis pas en verre.
-Même les pierres les plus solides peuvent être taillées…même les plus précieuses.

Elle m’envoie un regard dubitatif, prenant une pause pour réfléchir, avant de froncer les sourcils dans ma direction. Elle finit par toussoter avant de parler, l’air quelque peu embarrassée.
-Où est Elfé ?
-Felicia, tu veux sûrement dire.
Elle hausse les Ă©paules en levant les yeux au ciel avec sa moue de princesse.
-Serais-tu indisposée par ma présence.
-Non…tu es juste un peu…
J’hausse légèrement les sourcils.
-Surprotecteur autant que stoïque, répond-t-elle en faisant les gros yeux.
-Tout autant que tu es facile à satisfaire, je présume, je réponds sarcastiquement.
Elle me renvoie un regard furibond auquel je suis beaucoup plus habitué.
-Est-ce que tu t’ennuies ? Je questionne pour changer de sujet, essayant de creuser l’affaire.
-Non…
Elle soupire en détournant la tête, qu’elle pose sur son poignet, coude sur le piano et en appuyant distraitement sur quelques touches.
-C’est la tempête dehors, pas vrai ? Ça me fait une peur bleue rien que d’imaginer toutes ces vagues…
Parler météo, hm ?
-Pourquoi tu ne jouerais pas quelque chose.
-Parce que je n’ai envie que de musiques tristes.
-…Et ?

Elle me renvoie un regard un peu surpris.
-Je pensais que ça te fâcherait…d’entendre la vérité.
-Le contraire serait plus juste.
Elle fronce à nouveau les sourcils, l’air réellement étonnée par ma réaction.
-Joue-moi ta meilleure musique à l’esprit.
Elle me lance un dernier regard étonné, avant de s’installer plus correctement, et observer les touches avec chagrin. Les lèvres pincées, elle finit par approcher ses doigts et les laisser couler tout le long du clavier.

(Music : Unravel piano version de Tokyo Ghoul par Animenz)

Pendant qu’elle s’affaire, je décroche le piano du sol et laisser couler un sort de glace autour des pieds de la chaise sans dossier, avant de le relier par deux tiges glacées aux pieds du piano. Elle me regarde curieusement, pas encore très avancée dans une partie turbulente pour avoir l’esprit trop occupé. Quand la glace me semble tenir à la température ambiante et assez solide, je fais chauffer le sol à l’aide de mes mains près de la chaise…et lâche ma prise sur les patins pendant que je plonge une main dans le piano sans toucher les cordes, pour m’avachir et ne faire que frôler le sol.

Aussitôt elle me regarde avec de grand yeux écarquillés quand le piano commence à glisser à bas bord à l’aide des patins et de la glace, comme si elle réalisait maintenant à quel point il faisait rage dehors.
-Ça penche ! s’exclame-t-elle avec un sourire ébahi en continuant.
Le bord du vaisseau s’approche de plus en plus et elle le remarque malgré le nombre de notes que je l’entends jouer (je crois rarement autant). À cela elle m’envoie un regard paniqué en s’arrêtant.
-Vincent !
Aussi souplement et paisiblement que possible, je repose mes pieds au sol, adhérent parfaitement à toutes les matières et retient le piano du bras à l’intérieur. Le piano tangue dangereusement, alors qu’elle s’y arroche comme un chocobo apeuré, avant de suivre la tempête et pencher dans l’autre sens. Elle me renvoie des gros yeux.
-Quoi ?! Tu peux tirer un piano ? s’exclama-t-elle au comble de l’étonnement. Quelles sont ces stats invraisemblables ?
Suite à cela, elle échappe un rire éberlué en m’envoyant une expression ébahie mais ravie, auquel je ne peux m’empêcher de laisser les coins de ma bouche s’étirer. Elle laisse échapper un visage inquiet quand je repose les pieds pour retenir le piano avec mon corps, mes pieds fermement au sol, avant de le repousser dans l’autre sens. Mais elle remarque que cela ne me demande pas tant d’efforts, et décide enfin de se relaxer.
-Un vrai Superman, complimente-t-elle avec un sourire impressionné.
-Superman ?
Toujours son étrange jargon terrien que je manque de relever parfois tant cela paraît invraisemblable.
-Haha ! Alors, comment expliquer ça…C’est un personnage de fiction. Il a une cape rouge, comme toi, rigole-t-elle. Il est très beau, musclé et brun avec les yeux bleus. Et il est gentil, il aime sauver les gens, comme toi.
Je fronce les sourcils, intrigué mais pas convaincu.

Elle repose alors les mains sur le piano, se laissant bercer par le mouvement des vagues et le piano voyageant dans toute la salle au gré de mes retenues et poussées. Je l’entends alors enchaîner des notes brusques, douces, tristes et fluides à une vitesse que je l’entends rarement emprunter.
-C’est un alien qui ressemble à tout point en un humain, élevé comme un humain, sauf qu’il développe des pouvoirs hors du commun. Presque un dieu, à dire vrai. Et comme il aime la Terre…il décide d’utiliser ses pouvoirs pour la défendre. Certains l’aiment, d’autres le détestent.
-…Pourquoi ils le détestent ?
Elle coule brièvement un regard plein de fatalité vers moi.
-Parce qu’il est fort et incontrôlable, alors les gens ont peur de ce qu’ils ne comprennent pas ni ne peuvent contrôler.
Je baisse les yeux, plongé un moment dans mes réflexions.
-C’est intéressant. Et toi, l’apprécies-tu ?
-Hm…
Je ne sais pas pourquoi sa réponse me rend nerveux. Ce n’est qu’un personnage.
-Non, finit-elle par lâcher distraitement.
-Pourquoi pas ?
Elle ne semble avoir énoncé que des qualités.
-Tellement puissant qu’il en devient ridicule. Il n’a quasiment aucune faiblesse…
Elle semble chercher ses mots en même temps qu’elle peine à jouer.
-Et je préfère les cheveux longs.
Je manque de me faire Ă©craser entre le piano et le mur, distrait par son compliment indirect.

Lorsque je lui ai demandé sa meilleure idée, je ne me doutais pas qu’elle essaierait de sortir son meilleur répertoire. A présent elle a l’air concentré, les mains s’abattant avec plus de force et de précipitation, alors que je la regarde faire avec fascination. Je ne me suis jamais douté qu’elle avait autant de conviction dans sa musique, et autant de dextérité dans ses doigts.
Elle a un air torturé, tour à tour réfléchi, chagriné, frustrée et soulagée alors qu’elle entend avec une sorte de satisfaction les marteaux frapper les cordes et faire résonner les notes à travers la pièce, faisant vibrer nos corps en passant par nous. Ses mains bougent comme des araignées sur une chute de clavier qu’elle semble maîtriser de long en large, avec vitesse mais jamais sans douceur.
Teintée par son désespoir, quelque chose qui me semble plus sincère, comme une fenêtre sur son âme, la musique semble se transcender.


Son corps s’abat une énième fois au sol, et elle grogne de douleur, avant de se laisser avachir pour attraper son genou. Je commence à m’approcher quand elle me lance un retentissant « Non ! », le regard furibond. Je ne saurais dire si son entêtement est une qualité ou pas, mais soudain je me dis qu’elle en aura bien besoin, parce que Tifa a l’air déterminé à faire d’elle une guerrière…et elle aussi.


Aujourd’hui l’échange dure plus longtemps prévu. Angie se jette avec moins de précipitation avec pour seule idée d’au moins parvenir à toucher son institutrice pour réussir et semble respecter la différence de niveau qui les sépare. Elle sait qu’elle n’est pas à son avantage.
Cette fois, avec un regard satisfait, c’est Tifa qui engage souvent et qui se retrouve à chercher le contact pendant qu’Angie se concentre à esquiver…et parfois réussir.


Je baisse la tête, laissant le col de ma cape dissimuler mon visage pendant que j’entends Felicia et Tifa critiquer ses erreurs de ces dernières semaines pour la pousser à s’améliorer sur des points qui reviennent trop souvent. Je serre les dents et plisse les yeux alors que je la vois baisser la tête, pincer les lèvres les larmes aux yeux, les poings serrés.
Je sais pertinemment qu’elle fait tout ce qui est en son possible…et objectivement je sais que même cela n’est pas assez quand la mort est sans cesse à ses trousses. Elle doit tout rattraper aussi vite que possible, autant de temps qu’on nous le permet.


Angie a l’air déterminé. Elle s’est vraiment amélioré en esquive, et cela s’est confirmé quand elle parvenue à téléporter une partie de son corps seulement, surprenant ainsi Tifa alors que son poing qui allait droit devant s’est soudain retrouvé auréolé de Lifestream, comme un petit portail ovale à peine plus grand que son bras, pour l’atteindre en pleine joue en apparaissant sur le côté.
Je décroise mes bras à cette surprise, m’apprêtant à la complimenter lorsque Tifa se reprend très vite, et ne laisse pas un temps de victoire à Angie, qui semblait se réjouir aussi de cette réussite.
Je soupire, me disant que c’est une chance qu’Angie apprend vite de ses erreurs. Je n’aurais pas abandonné, mais bien d’autres l’auraient fait soumis à une telle pression.


Je regarde en détail du coin de l’œil toutes les blessures qui l’accablent et je remarque que les plus anciennes ont été guéries. Mais je ne peux m’empêcher de penser sombrement que la main sur son bras ne sera pourtant jamais rien de moins qu’un souvenir marquant malgré sa disparition.
Je me sens soulagé alors que je la vois souffler sur son repas, mangeant avec plus d’entrain que d’habitude. Nous nous sommes même demandés si Angie n’avait simplement aucune envie pour tout ce que nous lui donnions, avec une once d’ingratitude dissimulée derrière son silence, mais nous sommes peu à peu surpris de constater qu’elle n’a aucune préférence.
Elle ne se plaint jamais de sa condition de vie, que ce soit nourriture, vêtement ou chambre et partage et autres restrictions et laisse enfin les membres d’AVALANCHE l’approcher avec moins de froideur et d’austérité, sans pour autant supporter d’être touchée ou couvée…depuis la mort de Tseng.


Angie a enfin repris du poids, et guérit ses blessures autant que ses réserves lui permettent, pour être le plus en forme et en hargne le lendemain. Elle s’adonne à un rythme et un régime de vie draconien entre les entraînements, la nourriture, le piano, les tentatives de téléportation et son journal.
Bien que les rotations entre Felicia et moi se font aussi régulièrement que possible, elle semble toujours tendue quand je la suis ou la regarde de loin, sans même lui parler ou exiger quoi que ce soit, ce qui me pousse à la laisser davantage entre les mains de Felicia et l’observer de loin.
Elle demande des nouvelles de la ville aux repas où Yuffie et elle s’ignorent cordialement, ville qui a dû se remettre rapidement de la dernière attaque d’ailleurs et qui a, malgré tout, très vite retrouvé son quotidien pour l’instant sans histoire.


(Music : Mermaid de Skott)

-Il est plus mélancolique et calme que la dernière fois.
Angie finit le morceau, ce « Unravel » que j’ai entendu la dernière fois et jette un regard étonné sur moi.
-Vincent ?
Je m’approche à pas feutrés pour me poser près du piano, que je remarque exceptionnellement bien entretenu.
-Il faut dormir, je la préviens.
-J’attends Felicia, elle était au téléphone…(elle la cherche un moment du regard près de la porte)…il y a un instant.
-Je sais, je lui ai dit que je prenais sa relève pour ce soir.
Elle cligne des yeux en se relevant.
-Mais tu ne prends plus jamais la relève du soir depuis Felicia, fait-elle remarquer.
-Je voudrais qu’elle rejoigne son père pour une réunion avec les Turks cette nuit.
Elle mime un « oh » d’un hochement de la tête indiquant qu’elle saisit la situation, mais elle pince les lèvres, croisant les bras défensivement.

Je plisse les yeux mais décide de ne pas commenter. Je ne suis pas idiot. Elle dit ne pas être importunée par ma présence mais montre tous les signes du contraire quand à la mort de Tseng j’ai cru à un véritable rapprochement. J’appelle ça un vrai tour à 180°.
-Allons-y.
Nous allons dans sa chambre dans un silence glacial. Normalement cela ne me dérangerait pas : cela me permet de me concentrer avec plus d’attention sur les bruits, odeurs et traces alentours, vérifier que nous ne sommes pas suivis ou en danger immédiat. Mais elle a vraiment pris ses distances. Contrairement aux consignes, elle fait même attention à être à plus d’un bras de distance.

Je jette un coup d’œil à la chambre avant de la laisser entrer et de verrouiller après notre entrée.
-Je vais prendre une douche, lance-t-elle en allant vers la salle de bain sans cérémonie.
-Une seconde.
Prenant mes responsabilités très au sérieux, je vérifie également la salle d’eau attenante avant d’hocher la tête, après quoi elle décroise les bras en me lançant un regard fatigué.
Quand elle revient, je me suis déjà installé dans la chaise entre le lit et la porte, une main ferme autour de mon fusil. J’essaie de rester de marbre alors qu’elle se précipite dans le lit vêtue d’un haut menu et d’un short, l’air tout aussi embarrassé. Mais ce n’est rien comparé à la fameuse combinaison, comme elle le disait si bien. Maintenant sous les draps, elle jette un coup d’œil au bureau où se trouve son journal, pinçant les lèvres, avant de se raviser et finalement sèchement ramener les draps jusque sous son cou et se tourner dos à moi en position fœtale.
-Bon courage, Vincent.
-Bonne nuit, Angelina, je réponds poliment malgré son ton austère.

Après un long moment, j’entends toujours sa respiration rapide et son cœur anormalement lourd et bruyant.
-Il y a un problème ?
Je serre les dents. Je me suis promis de ne pas la questionner sur sa froideur. Ce n’est pas comme si c’était un traitement qui m’était exclusivement réservé, mais il est sans conteste particulièrement sévère à mon égard. Cela a le don de triturer mes méninges pendant des heures. Inutilement, je sais, quand je pourrais penser à des choses plus productives concernant les survivants ou sa protection.
-N-non.
Silence.
-Je n’ai juste…plus l’habitude.
Autre longueur.
-Tu ne supportes plus ma présence, je glisse, mi question-mi affirmation.
Elle se relève assise, me regardant avec hésitation. Elle ne doit pas voir grand-chose dans la semi-pénombre, avec la seule lumière blafarde et artificielle de la lampe de chevet.
-N-non...Non, pourquoi tu penses ça ?

Je regarde en biais, rassuré par le col de ma cape. Je ne veux pas qu’elle sache à quel point cela me trouble. Pourquoi ai-je dit cela à voix haute ?
-Diverses raisons, je me contente de lui répondre lorsque je constate qu’elle attendra une réponse longtemps.
Elle regarde un instant dans le vide, avant de finalement se rallonger, et se remettre sur le côté dos à moi. Faites qu’elle oublie cette conversation.
-Ce n’est pas ça.
Un instant passe encore, durant lequel je me sens soulagé qu’elle laisse tomber le sujet. Jusqu’à ce que je l’entende soupirer, une fois, puis deux, avant de parler à la troisième, comme si elle avait cherché ses mots.
-Tu te souviens de Superman.
Cette information qui s’est révélée inutile ?
-Oui.
-Il a deux faiblesses : une pierre appelée la kryptonite, et la femme qu’il aime.
-La femme qu’il aime ?
En voilà une faiblesse scénaristique étrange.
-Le pire, c’est qu’elle ne le reconnait pas quand il n’est pas dans son costume de Superman avec sa cape rouge, alors qu’elle le côtoie tous les jours. Enfin bref…Je digresse. Elle, est amoureuse de Superman, le héros, mais pas l’humain. Et elle est régulièrement en danger à cause de lui. Et ce n’est qu’une humaine, elle ne peut pas beaucoup se défendre.
-Hmph.
-Quoi ?
-Que peut-elle y faire, si elle n’est qu’humaine ? Comme tout le reste de la population, Angelina. Je te rappelle que nous sommes les aliens. Les Terriens considère-t-il l’amour ou les relations comme une faiblesse ?
-Non…mais c’est quelque chose de facilement exploitable. Quand on veut faire du mal à quelqu’un, on s’attaque à ce qu’il aime. Prends Séphiroth et Cloud, par exemple. Souviens-toi…de combien tu as perdu par amour pour Lucrécia.
-Hm.
Pas faux. Mais.
-Tout ce qui a pu arriver par le passé était de mon fait, comme étant le résultat de mes choix. Je n’étais pas assez fort…pour la protéger. Aujourd’hui est différent.
-Différent ? Mais-
Ă€ quoi veut-elle en venir.
-Il y aura toujours des personnes pour nuire à tout et autrui, Angelina. Tout ce qu’on peut faire…c’est protéger au mieux ce qu’il y a à protéger.
-Justement, je ne veux plus que tu me protèges.

Encore une fois, j’essaie de figer mon expression et de garder mon corps entier de marbre, bien que j’eus l’impression d’une enclume s’abattant sur moi. Je ressens tour à tour un mélange de colère, d’indignation et de vexation. Je repense à toutes les situations de danger desquelles je l’avais extriqué et je me demande maintenant si elle avait soudain trouvé quelque chose à y redire. Ce que j’ai fait de mal, où j’ai manqué à mon devoir pour mériter une assertion aussi vive et définie quand je pensais que nous avions passé un cap…
Nous ne sommes que des étrangers, c’est certain. Rien ni personne n’a déclaré que j’étais son garde du corps attitré, mais je pensais au fait qu’Aeris l’avait mise sur mon chemin en premier, à la source de Lifestream que je peux représenter pour elle en terme de pouvoir…Je pensais que je lui étais adapté, que c’était naturel que ce soit mon devoir.
Je pince les lèvres, ma main se serre sur mon arme.

Ma raison m’intime de ne rien répliquer, mais je m’entends demander :
-Pourquoi.
Et je m’en veux aussitôt. Je devrais laisser tomber le sujet. Je dois m’attendre à d’autres réponses encore plus déplaisantes. Je sais que j’ai tort d’insister. Mais ma voix s’élève quand même, mue par une curiosité malsaine.
-Je- …Nous sommes obligés de te protéger, Angelina. Sois raisonnable.
Presque immédiatement, elle me répond sur un ton désapprobateur.
-Je n’ai pas envie que tu meurs.
Mon humeur se fige, en suspens.
-Que veux-tu dire ?
-Je ne veux pas que tu meures. Je ne veux pas que tu te sacrifies pour moi.

Mon regard se porte sur sa forme menue alors qu’elle se met sur le dos et fixe le plafond, le drap froissé dans ses mains.
-J’ai beaucoup réfléchi. J’ai repensé à ce que tu m’as dit…sur le fait que tu serais prêt à te sacrifier pour me sauver. Sur le moment, ça ne m’a pas choqué. Ça m’a même rassuré. J’ai su que tu ne me laisserais pas tomber quoiqu’il arrive, même si je t’énerve.
Elle pince les lèvres.
-Je sais que tu ne m’aimes pas (elle m’interrompt avant que je ne puisse parler pour la contredire) mais je sais aussi que tu n’as pas besoin d’apprécier les gens pour faire le bien. Je me suis imaginé que tu étais surhumain…comme invulnérable ou inatteignable. À mes yeux tu es la personne la plus forte que je connaisse. Je me suis dit que tu ne courais aucun risque à me protéger d’une hypothétique menace qui ne t’arriverait pas à la cheville. Comme Superman. Mais j’ai eu tort.
Elle vrille son regard Lifestream sur moi, le visage livide.
-J’ai tort. Tu es capable de mourir et d’être blessé comme n’importe qui. Je sais, et tu m’as assuré sans problème que tu es prêt à te sacrifier pour moi, mais je refuse. Je refuse d’être une simple humaine. Je fais en sorte d’être plus forte pour que vous n’ayez pas à vous sacrifier à cause de mon incompétence. J’essaie de te montrer que je peux…non, que je vais changer, que je peux m’en sortir seule.
Je ne peux empêcher mon visage de montrer quelque émotion que je ne saurais décrire, lorsque je sens mes muscles se relâcher, mes yeux de se plisser et mes lèvres se pincer dans un mouvement nerveux.

-Je vais devenir plus forte. Mais si j’avais le choix, je te demanderais de ne plus me protéger. Je sais comment tu es. Tu ne me laisserais jamais tomber même si ça veut dire te tuer ou te mettre en danger. Et ça me fait peur. Je ne suis pas Lucrétia. Je ne suis pas Wutaï. Vous n’avez pas à vous racheter de quoique ce soit, et encore moins toi. Je ne suis pas ta responsabilité…Je ne veux plus être ta responsabilité.
Ses yeux clairs s’embuent de larmes.
-Ta vie a de la valeur. Je sais que tu penses le contraire, mais c’est faux. Ta vie a de la valeur. Plus de valeur que moi !
Elle regarde à nouveau le plafond, l’air gênée par ses larmes qu’elle essaie de contenir, qu’elle essuie d’un geste abrupt de la main, la respiration bloquée, les gouttes tombant silencieusement sur ses tempes pour se perdre dans ses cheveux.
-Je ne veux pas qu’il t’arrive quoique ce soit par ma faute. Si tu disparais…si tu meurs…je ne sais pas ce que je vais faire…je ne sais pas ce que je deviens.
La voix serrée, elle finit par demander :
-Laisse faire Felicia, s’il te plait.

Je baisse les yeux.
-Je t’en prie.
Un moment passe. Mais finalement, je relâche mon arme sur la table de chevet, et pose une main sur sa frange. Elle tourne vivement la tête vers moi sans l’enlever, non pas l’air gênée par le contact, mais par mon manque de réponse.
-Je suis désolé.
Ses yeux s’agrandissent, sa respiration se fige un moment. Je pose ma main sur son épaule.
-Je n’aurais pas dû dire ça, même si je le pense. Après ce qu’il s’est passé, j’ai dû te rajouter un souci supplémentaire.
-Il ne s’agit pas de ça, s’exclame-t-elle, maintenant tout feu tout flamme comme j’ai l’habitude de la voir.
Elle repousse ma main sur le lit sans enlever la sienne par-dessus.
-Tu es idiot ou tu fais exprès ! Même si tu ne le dis pas je sais comment tu es ! Si tu ne peux pas me promettre de rester en vie, ne t’approche pas de moi ! Je ne veux pas être ton excuse pour mourir stupidement et me laisser ici seule tu as compris ?

…

Cloud me lance un regard fixe et déconcerté.
-Vincent, personne ne te reproche ce qui est arrivé à Tseng et Angie. Ils ont tous les deux fait leur choix. Tu as dû en faire un aussi. Le choix que tout le monde aurait fait.
Puis un regard plus sévère.
-Je sais que c’est difficile, mais fais un effort et commence par te pardonner en premier. Rien encore n’est fini.
Son expression se ferme.
-La prochaine fois sera sûrement l’un d’entre nous.

…

-Ta vie compte alors ne la gaspille pas.
Elle prend mon index et le tamponne agressivement sur ma tempe.
-Alors tu écoutes, tu enregistres, et tu imprimes. Pas.de.stupidité.
Elle me regarde attentivement, soupirant d’agacement alors que je dégage doucement ma main.
-J’ai compris.
Je redresse nerveusement le col de ma cape. Ma vie, de la valeur ?
-Je ne te laisserais pas tomber.
Elle prend une inspiration, prĂŞte Ă  repartir pour un tour quand je vois des flammes danser dans ses yeux. Il semblerait que oui pour elle.
-Je resterais vivant, je l’interromps avant qu’elle n’ait le temps de m’incendier.
Sa poitrine se dégonfle ostensiblement.
-Oh…
Je rajoute mentalement qu’elle pourrait également arrêter cette attitude désastreuse qui a eu pour don de me rendre nerveux inutilement, mais je ne récolterais sûrement rien de bien à alimenter le feu.

-Promets-le, dit-elle en me fixant dans les yeux. Et tu n’as pas intérêt à mentir.
-…Dans la mesure de mes capacités, je le promets.
Elle ne semble pas satisfaite à en juger par ses lèvres pincées et son air exigeant.
Avant que je ne puisse l’arrêter, ma greffe dégage sa joue d’une mèche pour la replacer derrière son épaule sans toucher sa peau.
-Tu penses que je te déteste ? je questionne.
Elle inspire, ma main attirant momentanément ses yeux clairs. Son cœur accélère. Elle pince encore les lèvres nerveusement puis coule un regard en contrebas, l’air de chercher quoi dire.
-Honnêtement je n’arrive pas à dire ce que tu ressens ou penses exactement. Mais vu combien je t’agace…
-Je ne te déteste pas, Angie, j’interromps rapidement ses soucis. Rien ne me force même si c’est la chose à faire. Tu demandes un certain d’adaptation au début…Mais tu t’es radoucie. Tu as tes défauts comme tout le monde mais tu es quelqu’un de bien. Tu fais toujours de ton mieux. Tu prends sur toi. Tu es intelligente. Ta franchise est rafraichissante. Je sais que dans la mesure du possible tu me diras toujours la vérité et…cela change du reste du monde.
Monde si sombre. Elle hausse les épaules, nullement convaincue. Il n’y avait pourtant qu’elle pour me faire autant parler. Elle pose une main déterminée sur mon genou.
-Pas toujours. Toi tu es quelqu’un de bien. Tu sais toujours ce qu’il faut faire…toujours mieux. C’est pour ça que je ne veux pas qu’il t’arrive quelque chose par ma faute.
Avant de relever les yeux pour faire passer un message.
-Ne t’en fais pas pour moi. Je dois continuer à veiller sur toi. Cela n’a aucun sens si je ne reste pas en vie. Concentre-toi juste sur tes efforts.
Elle me lance une dernière moue sévère et suspicieuse, avant de regarder vers le bas avec une expression semble-t-il gênée. Elle replace cette même mèche derrière son oreille avant de se replonger dans le lit sans plus me regarder.
-…Demain, j’ai une nouvelle musique à te faire écouter.
-Avec plaisir.
-Bonne nuit Vincent, dit-elle après un moment de battement.
-Bonne nuit Angie.
J’attends de l’entendre s’endormir, ses battements ralentir avant de redresser le drap sur son épaule dégagée, ses cheveux blonds devenus ternes étalés sur l’oreiller.
Comment pourrait-on appeler ça ? Un tour à 360° ?


(Music : No Game No Life version originale ou piano par Animenz)

Le ton est différent. Le rythme différent. La musique différente. Elle ne faiblit pas, elle ne dérive pas. Sa détermination est limée et tranchante comme une épée, jour après jour. C’est un côté d’Angie que je n’aurais jamais osé imaginer sous sa couche épaisse de bourgeoisie. Peu à peu, la glace fond et laisse place à la spontanéité.

Aujourd’hui je regarde médusé alors qu’elle essaie de tenir l’échange avec Felicia. Cette dernière a plus d’expérience, bien sûr, et lui laisse régulièrement se relever, des ouvertures ou le temps de répliquer, mais je constate qu’Angie n’est pas dupe. Elle sait, comme elle le disait, qu’on la laisse au niveau débutant mais que jour après jour, la difficulté s’élève en tandem avec ses progrès.
Elles Ă©changent des jeux de mains, attrapant les poings, frappant, esquivant.
Les combats entre Felicia et Angie ont toujours cette étrange proximité où c’est à peine si leurs pieds ont quelques centimètres d’écart, comme souvent chez les combattants qui sont habitués à une portée plus longues. Ils ressentent alors le besoin d’envahir l’espace de sécurité de leur adversaire pour avoir l’impression de mieux les atteindre.

J’écarquille les yeux alors qu’Angie feinte trois fois d’affilée avec ses poings qui disparaissent dans le portail, sur les côtés et derrière, que Felicia arrive à bloquer, avant d’avancer de front, profiter de sa garde baissée au niveau du ventre pour relever le bras de la jeune femme et la percuter avec son côté, son coude dans ses côtes. Son pied vient crocheter ensuite sa cheville, profitant de son déséquilibre pour l’amener à tomber, mais l’avantage s’arrête alors que Felicia se reprend en l’attrapant rapidement avant de la bloquer dos à elle à l’aide d’une prise.
Elle la relâche très vite avant de sourire légèrement. Angie a l’air à la fois déçue et furibonde, mais un progrès est un progrès, alors elle repart à la charge avec un léger sourire satisfait également.

Je croise le regard avec Tifa, qui observe la scène avec contentement aussi. Je sais qu’elle pense la même chose que moi. Angelina possède des qualités qu’on ne fabrique pas, et sa magie et son sens de la stratégie en font partie. Souvent, elle fait montre d’une perspicacité surprenante, et nous sommes tous d’accord pour dire qu’avec notre niveau, elle serait fragile mais un adversaire redoutable. Son effet de surprise est sans équivalent, et elle sait amener son adversaire à baisser sa garde, effort après effort, elle guette le moindre relâchement pour s’y faufiler.
Sans oublier sa téléportation. Si elle parvient à la maîtriser…
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J’insiste sans discontinuer, agitant mon bras gauche d’un côté puis de l’autre à chaque explosion que je fais retentir contre sa barrière de glace, mais aussitôt effritée, elle se reforme avec autant d’efficacité que si elle avait eu tout le temps de le façonner pour qu’il soit infranchissable.
De l’eau bouillante, des étincelles et des jets d’eau sous pression partent en tous sens et parfois c’est à peine si je perçois la barrière parmi toute cette vapeur.

Avec confiance, j’augmente la puissance des sorts, l’intégrité du vaisseau la seule chose qui m’empêche d’aller au-delà d’un certain seuil, mais son mur ne faiblit pas, malgré le vrombissement du feu, les vibrations, le craquèlement de la glace qui brise et se reforme. Le métal grince et tremble sous nos pieds, mais le morceau de glace ne montre aucune faille.
-Derrière moi, j’ordonne aux deux jeunes femmes.
Elles se replacent rapidement pendant que je concentre le sort à l’aide ma greffe, sentant la chaleur monter dans mon corps entier, le cercle de magie s’étendant de façon lumineuse autour de moi. Ma cape s’envole, et je me prépare pour le choc en écartant mes pieds lorsque je fais exploser un Brasier + contre la barrière. La lumière et l’onde de choc nous balaient, et je soulève un pan de ma cape pour me protéger de la chaleur et d’un jet de pression d’eau bouillante qui se projetterait dans ma direction par mégarde.
La barrière avait fondu jusqu’à devenir une fine couche, où l’espace d’un instant je peux voir Angie les doits écartés devant elle pour se protéger à travers. Mais même avec un simple Glacier, elle est parvenue à se défendre de mon sort. Elle ne relâche que très peu sa position, comme si elle ne voulait pas crier victoire trop tôt. Bien. Elle avait tendance à baisser sa garde trop tôt avant.

-Elle me dépassera. Et très vite, j’annonce pour que seules les jeunes femmes derrière moi m’entendent. Son Glacier a tenu de justesse, mais il a bel et bien résisté à un Brasier +. L’entraînement fonctionne.
Tifa et Felicia échangent un sourire conquis, avant de se taper dans les mains. Tifa se tourne ensuite vers moi la main relevée pour m’inciter à faire de même et je la toise une seconde, hésitant, « Ah ! » quand soudain une forme turquoise apparait brusquement dans mes bras, largement au-dessus du sol. Si ce n’était pour mes réflexes, la forme menue d’Angelina se serait écrasée au sol tout du long et je la rattrape in extremis contre mon torse.
Il y a un instant de silence, pendant lequel elle me serre dans ses bras entourant mes épaules, le visage contre mon bandeau et mes cheveux, les yeux fermement clos. La force exercée sur son corps projeté hors de la téléportation est encore assez impressionnante, me dis-je alors que je la repose vite sur pieds. Elle tient un instant mes avant-bras avant de s’éloigner d’un pas, rangeant une mèche de cheveux derrière son oreille des deux mains, un air mortifié, les yeux agrandis vers le bas.
-Désolée ! Je voulais essayer d’apparaître à côté de vous mais je ne sais pas…Je n’arrive toujours pas à le maîtriser !
Elle repose des yeux incertains sur moi.
-Désolée, Vincent. Je ne t’ai pas fait mal ?
-Non, je toussote. Juste surpris.

En vérité, mon pied gauche lance un peu, là où elle a pris appui pour atterrir, mais rien qui ne disparaîtra dans deux minutes.
Tifa me lance un regard entendu, un sourire malicieux sur les lèvres. Même Felicia a un air amusé.
-Tu as raison de continuer d’essayer, je lance d’un ton sévère en jetant un regard noir à la jeune femme.
Quand cessera-t-elle de m’importuner ?
-Tu te débrouilles de plus en plus en combat rapproché. Tu devrais te concentrer un peu plus sur ta téléportation quand tu es physiquement épuisée, puisque ça ne te demande pas d’énergie, pas vrai Vincent ?
Je soupire brièvement.
-En effet, ce serait une bonne idée.
-Tu ne parviens toujours à te téléporter facilement qu’en pensant à Vincent, Angie ?
Ses yeux s’agrandissent, un air interdit face à tout l’auditoire. Je la vois déglutir, blême comme un linge. Je me retiens in extremis de lever les yeux au ciel. Même si ce qu’elle vient de dire m’intrigue au plus haut point, je sais que Tifa tire un plaisir malsain de nos réactions, aussi je décide de ne pas réagir outre-mesure.

-Je ne sais pas ce qu’elle entend par là, mais saches que ta maîtrise en magie est toujours aussi excellente, je commente. On peut commencer à entraîner ta téléportation dès maintenant si tu as besoin d’un point d’accroche et qu’il s’avère que c’est moi.
-Oh, euh…
Le corps d’Angelina semble reprendre vie et air.
-Oui. Merci, répond-t-elle de façon saccadée. Désolée.
-Ignore-la, je murmure Ă  la jeune blonde.
Tifa me tire la langue d’un air taquin. J’époussette sa frange de particules de glace pour la pousser à se détendre et elle continue de m’observer avec de grands yeux turquoises, presque bleus aujourd’hui, avant de me rejoindre prestement au centre de la salle.
-Ha, rit-elle. No Game No Life, tu sais.


Je la vois souffler, l’air déterminé mais stressé, bondir d’un pas, puis un autre avant de disparaître. Je me retourne au son de la téléportation, son pied glisse en arrière mais son corps disparaît à nouveau, plus proche cette fois presque un mètre et demi, ses deux pieds glissent en arrière pour retenir le mouvement, le regard fixé sur moi et avant de se redresser, disparaît à nouveau.
Sur le côté, cette fois elle essaie de retenir son poids des deux pieds, avant de se pencher vers l’avant, une main au sol, puis un éclat de lumière. En haut, juste au-dessus. Je me tends pour la rattraper mais avant que ses pieds ne m’atteignent elle s’en va encore et réapparaît à mes pieds, remontant rapidement. Le momentum la fait flotter l’espace d’un instant, son visage à ma hauteur. Ses grands yeux turquoises un peu luminescents fixant les miens, ses cheveux blonds derrière elle et sa frange dégagée dévoilant son front et son visage dans son entièreté.
Sa pâleur avait disparu, sa peau est maintenant d’une blancheur lumineuse, saine, presque dorée avec le soleil…lentement, ses lèvres pleines s’étirent en un sourire satisfait, avant qu’elle n’atterrisse souplement à un demi-mètre de moi quand la gravité la ramène doucement vers le bas.
Elle rit, puis me tend son bras pour que je tape dans sa paume, l’air ravie par ses progrès. Je ne peux m’empêcher de lui rendre légèrement son sourire avant de poser ma paume sur la sienne, et son sourire s’attendrit.


(Music : 1 Ten/Point de Haikyuu !!)

Elle avance d’un pas, change sa garde encore, puis encore, s’apprête à fondre avant de se figer à nouveau, le visage froissé, le sourcil tremblant.
-Vas-y Angie, de quoi tu as peur ? lance Tifa.
Angie se rapproche jusqu’à être à moins de deux mètres en petits pas, et je n’ose pas engager face à son air intimidé. Tifa se place finalement entre nous, soupirante et agacée, nous coupant la vue.
-Angie, qu’est-ce que tu me fais ? Il va croire que je t’entraîne à rien. Vincent est doué au corps à corps, mais crois-moi, sans ses Limites je peux encore l’étaler en deux-deux sans le regarder.
Même s’il y a un fond de vérité, je n’irais pas jusqu’à dire que j’étais une cible si facile. Mais peut-être exagère-t-elle dans l’espoir qu’Angie vienne enfin à engager, aussi je me contente de lui lancer un regard contrit. Tifa s’éloigne à nouveau et Angie soupire, l’air de prendre son courage et se met à me cercler alors que je me fige, lui laissant une pléiade d’ouverture qu’elle ne manquerait pour rien au monde avec quelqu’un d’autre.

-Angie. Tire sa cape, quelque chose, n’importe quoi !
Elle s’avance vivement d’un pas, je carre mes épaules. Son poing tremble un instant sous la tension, elle pince les lèvres puis relâche sa position.
-Je suis désolée !...J-je ne peux pas.
Je ne sais pourquoi, son incapacité à lever la main sur moi me fait plus plaisir que de raison, même si je sais qu’avoir plusieurs partenaires d’entraînement est important pour la suite. Je ne peux m’empêcher de poser une main sur ses cheveux pendant qu’elle lève les yeux au ciel et se tourne de l’autre côté pour me cacher son visage, bras croisés, embarrassée et exacerbée.
-Repense à toutes les fois où il t’a énervé.
-Déjà essayé.
Je la fixe des yeux, interdit, ma main figée.
-Angie, lance Tifa.
Je sens une main attraper mon épaule et la seconde d’après je sens mon corps se soulever avant que je ne me retrouve étalé au sol sur le ventre.
-Comme ça.

Je me relève difficilement en position assise, appuyé sur mes bras, sur le dos, le souffle coupé.
-Oh mon dieu, ça va ? s’exclama la jeune fille en se précipitant vers moi, l’air réellement inquiet.
Cette expression terrienne qu’elle utilise continue de me chiffonner, surtout quand elle s’exclame de stupeur. Je soupire, alors qu’elle me prend le bras gauche et je fais attention à fermer mon poing pour ne pas la blesser par inadvertance. Elle m’aide à me relever et je fais semblant d’avoir eu besoin un tant soit peu qu’elle tire mon poids vers elle pour me remettre sur pieds.
-Bon, laissons tomber, soupire Tifa en posant une main sur son visage. Vincent baisse sa garde quand il s’agit de toi, de toute façon.
Je fronce les sourcils, lui envoyant un regard de défi, relevant légèrement le menton.
-Peut-être Angelina apprendrait-elle quelque chose en nous regardant ? je suggère, une idée de revanche amicale à peine masquée.
Tifa hausse les sourcils, les mains sur les hanches, avant de faire une moue désinvolte. Tifa ne refuserait jamais l’idée de développer ses talents dans un cadre amical.
-Ah, oui. Je crois que ce serait bénéfique. Angie a l’air de te placer sur un piédestal et-
-Comment ? réplique la jeune fille d’un ton vexé.
Tifa lui envoie un regard l’intimant à admettre la vérité.
-Il y a méprise. Il est vrai que je trouve Vincent très fort, toutes catégories confondues mais je ne l’imagine pas invincible. C’est juste qu’après tout ce qu’il a fait pour moi…
Elle pince les lèvres, l’air de peiner à trouver ses mots. Tifa prend un air pensif. Finalement, j’hausse les sourcils, coupant court à la conversation en bougeant pour interrompre la conversation figée. Tu n’as pas à te justifier. Je détache ma cape les pans de ma cape pour ne laisser aucune accroche à mon adversaire, la tend à Angelina qui l’attrape maladroitement, l’air de se réveiller après avoir observé chacun de mes gestes, avant de me placer au centre de la salle, pliant et dépliant mes doigts.

Je me mets en position de garde.
-Dans ce cas…il serait intéressant qu’elle ait une idée précise de mes capacités.
Tifa sourit allègrement et s’assure que ses gants sont bien en place avant de se mettre en position à deux mètres, l’air impatient et je ne peux lui réfuter un air quelque peu intimidant. Comment Angelina pouvait-elle avoir moins de mal à s’attaquer à elle à corps perdu, je l’ignore…Malgré sa féminité, Tifa avait indéniablement le plus de force d’entre nous tous, à l’exception de Cloud peut-être…C’est à vérifier. Mais elle est la brutalité et la compassion faite femme.
Elle engage très vite et je bloque avec attention ses trois crochets avant d’envoyer mon poing vers son visage qu’elle esquive assez facilement. Nous échangeons ainsi plusieurs coups et crochets, sans nous arrêter pendant au moins une demi-minute et sans parvenir à nous atteindre. Au bout du premier échange, nous marchons en cercle, le regard sérieux et le corps tendu et en arrière-plan je vois Angelina nous dévorer du regard.
Finalement, Tifa augmente cette fois la cadence, ses pieds se précipitant l’un devant l’autre alors qu’elle enchaine les combos à une vitesse effrénée et je fais mon possible pour la suivre sans baisser ma garde mais je sens mon bras gauche vibrer chaque fois que je dois parer. Alors, je recule vivement d’un pas pour briser le rythme, et lorsqu’elle s’avance vivement pour me rejoindre j’esquive plusieurs fois en me plaçant de côté avant de lui faire une prise dont elle se dégage rapidement. Elle me prend par l’épaule pour me refaire la prise de tout à l’heure, me soulevant par-dessus son épaule et au moment d’atterrir mes pieds touchent le sol et mon corps se tend pour l’empêcher d’heurter le sol. J’entends Angelina échapper une exclamation de surprise et d’admiration.

J’élance mes jambes autour de son cou après avoir souplement posé mon dos à plat et tire pour faire valser son corps entier contre le sol de métal, où je l’entends geindre de douleur pendant que je me remets souplement sur pied en faisant une roulade arrière. Mais à peine ai-je relevé les yeux que son corps debout s’élance de tout son long contre le mien pour me projeter contre le mur, contre lequel je rebondis.
Sans perdre le rythme, et alors que je peine encore à reprendre pieds pour arrêter le momentum, elle enchaine des crochets avant de me plaquer au mur, crocheter ma jambe et m’envoyer au sol. Au moment où j’atterris, j’entrevois une ouverture et balaye avec ma jambe pour l’amener au sol également.
Avant qu’elle n’atterrisse, je prise son cou, dos à moi, tous les deux au sol et elle essaie aussitôt de se dégager en me frappant avec son coude. Dans notre lutte, je croise le regard d’Angelina, subjugué mais choquée, les mains jointes à plat devant sa bouche et les yeux fixes grands ouverts, ma cape dans le creux de ses bras. Soudain, Tifa parvient à attraper ma jambe et elle la tire en arrière pour me faire une prise douloureuse, avant de lever le bras pour prendre de la force et me heurter les côtes avec son coude, me faisant perdre mon souffle et relâcher ma prise.

Elle se replace en travers, dos à moi pour me plaquer au sol, un bras sur mon cou et tire ma jambe en arrière contre elle, maintenant l’autre au sol avec son poids et met ma rotule à rude épreuve. À bout de souffle, je reconnais sans surprise ma défaite au bout de quelques instants où je ne parviens ni à la dégager ni à bouger ou reprendre mon souffle…je tape deux fois le sol avec ma greffe.
Je l’entends glousser, légèrement essoufflée seulement, avant de se relever rapidement et me tendre une main, sourire aux lèvres.
-Ma foi ! s’exclame-t-elle. Tu es bien meilleur que ce à quoi je m’attendais pour un mage et un tireur. Mais je sais aussi que tu es un gentleman. Tu es trop gentil avec les femmes du coup tu n’oses pas frapper fort.
Il est vrai que je suis plus clément mais c’est surtout parce que c’est un combat amical. Je prends sa main et elle me relève d’un bloc. J’étire légèrement ma nuque et mes membres pour me sentir confortable. Je lance distraitement un soin sur nous deux pendant que les pas précipités d’Angelina m’indique qu’elle rejoint notre cercle.
-Un gentleman ET un superman. C’est vrai que Vincent est plus gentil avec nous qu’avec les autres, charrie-t-elle.
Je me retiens de lever les yeux au ciel et me contente de jeter un regard sur le côté, soufflant un peu d’agacement.
-Franchement…, renchérit Angelina d’un ton pensif. Les combattants de ta classe sont censés être en retrait, donc fragile. Mais tu es mobile, tu voles, tu te déplaces vite, tu frappes aux endroits sensibles ce qui signifie que tu réfléchis, toutes tes statistiques sont élevées et tu causes d’énormes DPS magiques autant que physiques, enchaine-t-elle d’un ton stratégique en me regardant les sourcils froncés son pouce à ses lèvres. Tu es une machine de guerre. Les gens de ton genre, comme Séphiroth, sont soit des boss ou des cheateurs de la pire espèce, bougonne-t-elle plus bas si bien que seul moi l’entend. Comment fais-tu ?

Nous la regardons un instant, réduits au silence, avant que je ne décide qu’il s’agit d’un compliment malgré son ton désapprobateur.
-Je n’ai pas compris la moitié des termes que tu as utilisé, j’admets en hochant la tête négativement.
-Euuuhm. Tu es très fort, résume-t-elle. Sur tous les fronts. Tifa est spécialisée au corps à corps. Tu n’es pas censé lui tenir tête aussi bien. Tu es un mage et un attaquant à distance.
Tifa sourit en croisant ses bras et en balançant son poids sur une hanche. Elle dégage une telle force.
-C’est pas faux, ajoute-elle.
-Que veux-tu dire par classe ? je questionne son jargon terrien.
-La classe DPS. Dégâts par seconde. Tu es juste censé faire mal, rester en retrait, prudent et être facile à éliminer si on te vise.
-…Je vois. Est-ce ainsi que tu te vois ?
Elle hésite…avant de hocher la tête. Mais elle a l’air un peu amer.
-J’en ai l’impression…si j’en crois mes capacités.
Avant de souffler, voire soupirer.
-…Pourquoi as-tu l’air déçue.
-Parce que je préfèrerais être comme toi. Aller au front et être forte en magie en même temps. Mais dans ce monde on est censé être soit l’un soit l’autre, alors j’ai l’impression d’être scriptée et…condamnée au rôle que je déteste le plus de petite mage blanche fragile, premier intérêt amoureux d’une histoire d’heroic-fantasy et inutile en combat.

Je ne peux m’empêcher d’échapper un bref rire, vite écourté quand je vois l’air attendri de Tifa, la main sur la poitrine.
-J’ai battu Vincent et tu l’admires encore plus ? Décidément, il n’y a rien à faire, taquine-t-elle.
-Tifa…
Je lâche un soupire excédé, faisant rire la brune.
-Je vois, dis-je en récupérant ma cape. Mais comme tu le sais sûrement, tu ne peux pas toujours rester en retrait. Pendant un combat, tu ne peux pas te restreindre à un seul style de combat. Tu es censé apporter tout ce dont tu es capable, je l’informe.
Elle a l’air de réfléchir un instant.
-…Je sais. Ce n’est pas un jeu.
-Non, appuie Tifa. Absolument pas. Il est important que tu puisses te défendre en n’importe quelles circonstances. Si tu en viens à apprécier une arme, je serais contente que tu te souviennes de ce que je t’ai appris si tu te retrouves à devoir combattre sans.
Elle hoche la tête, un air déterminé en place.
-Je ne te décevrais pas.

-Bien ! Tifa tape dans ses mains. Pause déjeuner. On a une grosse après-midi devant nous. Je pense que ce serait super si on s’entrainait tous les trois. Je pense qu’il est évident qu’on a tous des choses à revoir.
Tous ?
-Ah ! s’exclame-t-elle, l’air ravie par cette idée. Ça serait super ! Tifa, il faut vraiment que tu m’apprennes à me relever sans les mains.
Avant de me jeter un regard.
-Tu pourrais m’apprendre à bouger comme toi ! Ah, et je suis curieuse de savoir comment tu identifies une ouverture. Tu réagis et punis vraiment rapidement quand tu en vois une. Et la dernière fois contre le Léviathan, tu…
Elle continue de parler avec précipitation, l’air à l’aise dans son jargon stratégique de combat. Je souris, rassuré derrière ma cape, avant d’hocher la tête en clignant des yeux. Elle sourit également avant de partir chercher les bouteilles d’eau plus loin.

Tifa s’approche de côté, croisant les bras avec toujours ce sourire agaçant sur les lèvres pendant que j’observe la jeune fille.
-Tu devrais faire attention.
-Quoi donc.
Je la questionne du regard sur sa victoire plus tôt, masquant mon intérêt pour sa réponse.
-Tu t’en sortais bien, mais quand je disais que tu baissais ta garde, je ne parlais pas seulement du fait que tu sois plus gentil avec elle. Tu relâches ta concentration quand tu vois Angie ou quand elle est impliquée, et j’en ai profité.
Pause. Je pince les lèvres, froissé et refroidi mais je n’en montre rien. C’est mauvais signe.
-Je vois, je souffle. Merci.
Tifa sourit d’un air contrit.
-De rien, voyons. C’est normal, dit-elle en posant une main sur mon épaule avant de s’avancer.
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(Music : Turk’s Theme de FF7 remastered version)

-Yo !
Reno lance un sourire étincelant, voire plutôt insolent, mains dans les poches alors qu’il entre en grande pompe dans la salle et salue tout le monde et enjolive encore la démonstration de ses dents alignées en posant les yeux sur Angelina.
-Hey ! scande-t-elle avec un sourire que je ne lui vois jamais en d’autres circonstances.
Comme l’adolescente qu’elle est, comme une écolière charmée par un mauvais garçon. Réticente mais intéressée. Et puis…« Hey » ? Depuis quand Angelina « Hey » ?
-Yo l’ancien, lance-t-il plus sobrement lorsque je me place dans le dos de la jeune fille pour lui rappeler ma présence.
Je suis déjà trop irrité pour daigner lui répondre, et me contente d’un geste du menton vers le haut, derrière mon col. Je remarque à nouveau avec agacement qu’il me toise à l’aide d’un maigre centimètre de plus, montrant ses canines plus que ses dents et fourrant les mains dans les poches de façon nonchalante.

Je sens que cette session promet d’être excédante à souhait.