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Final Fantasy

image thème

Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit à Square Enix Corporation.

Encore merci à tous pour vos reviews enflammées ! Vraiment, vous m’écrivez des romans des fois et je ne sais que répondre tant votre réponse est complète et intuitive. Mais en tous les cas, sachez que quelle que soit la longueur de ma réponse, ma gratitude elle, est toujours immense. Je suis toujours sur Twitter, fanfic-fr, AO3 et enfin Wattpad pour ceux que ça intéresse ^^. --- Comme vous le voyez, l’anniversaire de Vincent a été retardé du coup…à au moins plusieurs chapitres. Mais bon, j’espère que le combat en valait la peine du coup ! XD J’ai changé pas mal de trucs, mais pour ceux qui avait déjà lu la première version, seuls ceux-là ont dû voir la différence. J’espère qu’elle vous plaît mieux. J’y mets vraiment toute mon âme en tout cas ^^’. J’ai éprouvé un immense plaisir à réécrire ce chapitre à partir du moment où ils entrent dans le vaisseau. La première était somme toute très compliquée à rendre réaliste. Je voulais que la première confrontation avec Reno ait du sens et un impact sans trahir aucun des personnages. Aussi, mes premiers jets sur Vincent sont toujours très compliqués. Encore aujourd’hui je ne suis pas à l’aise avec son point de vue et j’éprouve un immense stress à le rendre réaliste ou canon/en adéquation avec le vrai personnage. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez. Comme la confrontation avec Reno a également pris de l’ampleur, le combat s’est retrouvé scindé en deux. La deuxième partie intéressante s’est retrouvée repoussée au 6e chapitre. Mais ce n’est pas plus mal, puisque celui-là n’avait pas grand-chose en consistance, si ce n’est une unique discussion. Maintenant les choses sont mieux je pense ☺. Encore une fois, merci à tous, et n’oubliez pas une review si vous avez des idées tout simplement des choses à dire, même pas en rapport avec la fic ^^. Des bisouuus !

Chapitre 5 :: Vers Costa

Vincent (Music : The Turk’s Theme - Office de FFVII Remake ou version Cello Cover de IsrafelCello)

Je la regarde s’envoler littéralement vers le vaisseau massif et ses hélices frénétiques, éclatant d’un rire clair et franc. J’aperçois alors l’enfant. Mais je suis très franchement étonné par son aisance et son élégance, comme si marcher dans ses talons était une seconde nature. Sa façon de se mouvoir n’a rien d’une adolescente…cela a quelque chose de troublant. Cette confusion troublante n’est malheureusement que le début des ennuis concernant sa personne. Si encore ce n’était que sa façon d’être.
Je soupire. Je ne porte pas de réelle aversion pour elle, surtout après nos dernières mésaventures et son étonnante coopération…mais plus je la vois, plus je me questionne sur les évènements.

Je m’avance à pas cadencés vers le vaisseau et sa rambarde, couvrant rapidement la distance. En toute bonne foi, je suis encore atteint par ce qui est arrivé.
Aucun habitant de Junon n’a survécu. Qui sait si à un ou deux jours près, ils seraient tous encore vivants.
Puis j’ai failli laisser une jeune fille sans défense se faire dévorer, faute de savoir quoi faire. Passant outre sa propension à ne jamais écouter (ce que j’aurais également dû prévoir). Je me suis imaginé que dans le feu de l’action elle révèlerait ses cartes. Il n’en fut rien. La culpabilité me ronge encore. Jusqu’à nouvel ordre, ou que son mystère soit éclairci, tout au moins. Qu’elle joue un rôle reste une possibilité.
Ce matin, j’ai dû retarder des heures l'atterrissage du vaisseau car elle était introuvable. En ne l’entendant ni ne la voyant entre ses couvertures, je me suis même demandé si je ne l’avais pas imaginée. Je l’ai cherchée des heures dans tout le Fort, ouvrant des portes scellées. En vain.
La panique a commencé à me gagner. Pourtant je n’ai pas fermé l’œil de la nuit, j’en suis convaincu. Je n’ai peut-être pas réagi de suite au bruit feint de ses battements de cœur qui avaient disparu, distrait par mes pensées alors que je ressassais tous les derniers évènements. Mais il était impossible qu’elle ait quitté la pièce sans que je ne la voie ou m’en aperçoive. À moins de se transformer en air.
Cette fille ne répond de toute évidence à aucune loi de la logique. J’en devenais presque frénétique, à me demander comment elle aurait pu quitter le Fort quand j’avais scellé toutes les issues, qui à ma vérification n’avaient pas été touchées. Je commençais même à élaborer un plan pour la chercher sur le continent sans l’aide du vaisseau s’il le fallait.
Mais elle finit par réapparaître de nulle part, ne me laissant qu’une demi-seconde pour lui éviter une chute fatidique. Elle n’était même pas inquiète ou blessée. Elle ne s’imagine même pas ce que sa disparition signifiait de ce côté. Elle traite l’affaire avec cette désinvolture qui m’irrite, laissant ce brouillard de mystère et d’incompréhension l’entourer de façon encore plus incongrue.
Passer entre deux mondes… Quel monde ? Quel autre monde pourrait-il bien y avoir ? Une autre époque serait quelque chose d’envisageable. Au pire. Mais un tout autre univers ?
Cela n’explique en rien comment elle en sait autant. Rien que d’y penser, un malaise me reprend. Qui peut-elle bien être ? D’où vient-elle et pour quelle raison ?

C’est sans surprise que je vois Reno nous attendre en haut de la rambarde, une main dans les poches et l’autre tenant la machine en forme d’écran. Les anciens scientifiques de la Shinra étant ceux qui ont mis l’appareil permettant de détecter les malades au point…Rufus et les Turks s’assurent leur sécurité par ce moyen. Avalanche préfère jouer la carte de la coopération, bien que l’envie de leur prendre ce moyen de force les taraude.
Elle s’arrête un instant devant moi, l’air de l’observer, avant de s’avancer à nouveau avec entrain, son sac totalement dépareillé à ses vêtements. D’ailleurs…personne ne s’habille de cette façon. Les quartiers luxueux de Midgar sont tombés parmi les premiers. S’il y a une ville à laquelle elle aurait demandé d’être affectée étant donné son milieu d’origine, il aurait été plus probable qu’elle soit à Gold Saucer. À moins…
Il affiche un sourire avenant à une Angelina plus qu’enthousiaste de le rencontrer alors que je détaille encore ses vêtements, espérant en soutirer une quelconque réponse. L’étincelle qui prend aussitôt entre eux m’interpelle. Hm…Ma tête s’incline légèrement. Je suis sûr que comme moi, il n’a absolument aucun moyen de la croire si jeune.
-Yo !
-Ah, euh… Hey ? lance-t-elle après un instant à chercher comment réagir et un sourire de bienséance.
…Elle n’a de toute évidence aucune idée de comment paraître autrement que riche et bien-née.
Lorsqu’il s’adresse ensuite à elle, sa voix est mielleuse, si dérangeante à cause de la situation qu’elle me distrait de ses mots. Il l’observe entre ses cils, l’air appréciateur. Elle lui rend son attention en le toisant avec attention de façon admirative, presque bouchée bée. Je tique et me place à côté de la jeune fille, les réveillant.
Il ne m’accorde qu’un bref regard. Elle garde un air ravi, mais j’essaie par mon regard de faire comprendre au jeune Turk qu’il a tout intérêt à ne pas s’approcher d’elle de cette façon. Quoi qu’il croit voir, et aussi incroyable que celui puisse paraître, elle n’a que seize ans. …Même si elle ne les fait pas, qu’elle soit jeune et donc influençable est indéniable. Yuffie en a été la preuve longtemps.
Je ne suis plus du genre à assister sans rien faire. Lucrécia, Aerith… Tant de victimes. Je refuse de commettre à nouveau les mêmes erreurs. Toute la planète en souffre déjà. J’ai aidé à toutes ses plaies. J’aurais pu tout arrêter il y a de cela trente ans déjà. Je ne laisserai plus passer la moindre faute.

Je fixe Reno du regard.
-Vous êtes étonnamment grand ! lance-t-elle avec un léger sourire nerveux, pliant la nuque, d’autant plus avec la rambarde.
Il émet aussitôt un rire enjôleur en penchant la tête d’un côté, savourant clairement ce qui d’une constatation passe à un compliment.
-Et oui ! On s’est déjà vus ? Ou alors tu me connais de loin ? Parce que si on se connaissait, sûr que je me souviendrais de toi.
-Ah – non, non ! De loin seulement.
Elle a l’air béat, excitée presque, bien qu’elle rencontre quelqu’un à la très mauvaise réputation si sa mémoire est bonne. Son attitude soulève une myriade d’autres questions. Il lui sourit. Je peux presque lire en toute lettre sur son visage qu’il la trouve mignonne et qu’il n’en ferait qu’une bouchée.
Je plisse les yeux dans sa direction, me sentant me tendre alors que je croise les bras. J’essaie à nouveau de l’avertir une dernière fois du regard.
Elle tourne la tête vers moi, et à mon étonnement, porte une main à son menton, l’air de me mesurer. Elle plisse même les yeux de concentration. Je l’avertis aussi du regard d’émettre le moindre commentaire avec cette fameuse langue de vipère que je commence à bien connaître. Cette rencontre commence à me mettre inutilement sur le qui-vive. Elle a alors la décence de détourner les yeux et peut-être réaliser son impolitesse.
-Ah, soupire-t-elle, moi qui pensais déjà Vincent immense. Je me sens minuscule. Que mangez-vous exactement sur Gaïa ? Ou est-ce un critère d’entrée chez les Turks ? Il ne fait pas trop froid là-haut ?
Il rit à gorge déployée, corps arqué vers l’arrière.
-Elle est bien bonne celle-là ! Pourquoi, t’aimes pas les grands ? questionne-t-il avec un sourire presque publicitaire.
-Ah, hum…non ? fait-elle en posant ses mains sur ses coudes, l’air de ne plus savoir où se mettre. Je ne me permettrais pas…mais cela a l’air pratique.
Ses yeux s’attardent discrètement un instant le long de nos jambes avec intérêt. Je fronce les sourcils. Parce qu’elle nous fixe. Et se replie étonnamment sur elle-même après avoir toussoté et reculé d’un demi-pas, comme soudain consciente de son entourage.
Il l’observe avec attention sans aucune gêne avec grand intérêt. Presque comme s’il espérait qu’elle le remarque. Notamment qu’il réciproque. Je sens mon irritation poindre…regarde-t-il une femme ou observe-t-il un morceau juteux ? Il n’y a pas une once d’admiration dans son expression.
Je roule des yeux sur le côté, soupirant silencieusement à travers le nez, avant de reposer des yeux blasés sur lui. Ce à quoi il cligne des yeux, plein de curiosité.

-Tu fais combien ? demande-t-il en revenant à elle sans accroc.
Elle soupire avec un air ennuyé, avec cette touche de bourgeoisie habituelle.
-Un mètre cinquante-sept.
Les lèvres du jeune Turk s’étirent d’adoration. Je plisse les yeux, sentant un malaise s’emparer de moi.
-Bah alors, c’est pas bien ? T’es très mignonne.
Elle fronce du nez, empoignant ses propres coudes, trahissant ses pensées. Je cligne des yeux d’incompréhension. J’en viens à me demander si c’est sincère ou une façon d’attiser la flatterie. Car elle ne manque clairement de rien, et son âge ne fera clairement que l’amener en ce sens. Mais après un instant, elle rougit et pince les lèvres avec un air incertain en regardant ailleurs.
-Vraiment ? questionne-t-elle de la voix la plus timide que je ne lui ai jamais entendue, tant et à tel point que j’ai l’impression de découvrir une autre personne.
-Ouais ! Et puis, de mon point de vue…
Il survole le sommet de sa tête blonde à ses propres yeux.
-Hum, ouais. De là où je suis tu as l’air parfaite, assure-t-il avec un sourire qui dérange.
Après une seconde de surprise, elle rougit en secouant la tête, un sourire amusé étirant ses lèvres.
-Vous êtes très charmant. Je pourrais presque y croire.
En balayant sa flatterie d’un geste de la main. …Bien, elle ne mord pas à l’hameçon. Mais il ne se démonte pas, les lèvres étirées, comme grisé par le challenge.
-C’était sincère. Si tu m’accordais la journée pour te convaincre ma belle ? Tu rentres à Costa ?
Elle lève des sourcils, surprise par son audace mais peu impressionnée.
-Je ne sais encore.

…Pourquoi suis-je ici et pourquoi sommes-nous encore là exactement ? Je hoche la tête et soupire plus bruyamment pour m’apprêter à parler au roux et faire avancer – et aussi désamorcer la situation. Mais il lève une main pour m’arrêter, retournant de suite son attention sur la jeune fille.
-J’fais combien tu penses ? demande-t-il se pointant du doigt, l’air taquin.
Cinq ans.
-…Peut-on procéder ? je le rappelle à l’ordre.
Je lance un regard clairement ennuyé au Turk. Elle me jette à nouveau un coup d’œil inquisiteur, main au menton, bras croisés. Pourquoi l’encourage-t-elle ?
-Vincent fait un mètre quatre-vingt quatre…donc je mets ma main à couper que ce serait à peu près la même taille.
Je fronce les sourcils, interdit. Comment sait-elle cela ? Mon malaise s’intensifie.
-Yo, c’est précis, il te l’a dit ? fait-il en me pointant d’un doigt.
Il me lance un regard railleur suggestif laissant entendre que j’avais essayé de faire des avances à la jeune fille de quelque façon que ce soit. Je ne cache pas mon aversion. Son sourire moqueur m’indique qu’il ne croit en rien de ma contestation. L’idée elle-même a même l’air de l’amuser au plus haut point. Je le fixe des yeux, ne cachant rien de mon irascibilité.
Elle met un moment à chercher une réponse. Avant de prendre un air ennuyé, balayant une main dans les airs de façon démonstrative et sarcastique.
-Disons que cela devient flagrant lorsqu’il faut se rendre où que ce soit sans attendre, répond-elle avec un certain reproche dans la voix.
Il a l’air clairement amusé.
-Vraiment ? raille-t-il.

Elle lui lance un regard appuyé avant de soupirer bruyamment et de me lancer une œillade rancunière.
-Regarde comme il est grognon…, glisse le jeune Turk.
-Vous m’ôtez les mots de la bouche. J’ignore vraiment quelle mouche l’a piqué aujourd’hui.
-Quelle mouche l’a quoi ? questionne-t-il, perdu.
Oui. Exactement. Un bref rire échappe à la jeune fille.
-Non, rien, oubliez.
Elle hausse les épaules, esquivant mon regard. Elle n’explique rien, mais je me doute que cela n’a rien de positif… Elle semble contenir son amusement. Soupir. Ensemble ils me donnent envie de partir le plus loin possible et ne plus jamais revenir ou croiser leur chemin. Je suis encore en train de calmer mon irritation à cause de ce qui s’est passé plus tôt qu’ils soufflent les braises.
Cette fille n’a de toute évidence aucune priorité en ordre. Elle devrait être indignée que j’aie malencontreusement mis sa vie en danger, mais elle se plaint de… D’un trajet en terrain plat ? J’ai attendu qu’elle se plaigne. Je m’attendais à ce qu’elle le fasse, et j’étais plus que prêt à l’écouter pour lui accorder des pauses à son rythme.
Mais elle n’en a exigé aucune. Bien que cela m’ait laissé perplexe, étant donné qu’elle n’avait pas l’air si en forme, je l’ai attribué à cette fameuse carte que j’attendais qu’elle révèle. Comment pouvais-je donc deviner ses difficultés ?

-Pour info, je suis plus grand. Je fais un mètre quatre-vingt cinq.
Cette fois son air mielleux et insolent ne cache pas que cette précision me concerne particulièrement. Elle lâche un son de dédain, levant les yeux au ciel et secouant brièvement la tête.
-Oh, impressionnant. Nous en sommes donc à chipoter pour un malheureux centimètre, le moque-t-elle. Très bien, je vois.
Un sourire surprenamment joli trahit indéniablement l’amusement de la jeune fille. Il ricane. Elle m’envoie un regard d’excuse. Son sourire tremblant d’hilarité à ses lèvres charnues m’empêche de me formaliser de l’attitude du jeune homme.
Sans prévenir, il s’avance d’un pas vers elle et lève une main pour remettre une de ses mèches en place.
-Reno.
Ma voix coupe l’air avec la fermeté que je lui voulais et heureusement, il s’arrête et se reprend. Enfin.
-Ah ouais !
Il décolle enfin la machine de sous son bras pour la placer devant elle, l’écran s’allumant. Je me détends, relâchant mon bras à mon côté qui s’était préparé à intervenir. Elle nous jette à nous les deux un regard confus.

-C’est quoi cette façon de parler d’ailleurs ? lui demande-t-il distraitement.
Il la regarde encore de haut en bas, essayant probablement aussi de l’identifier précisément.
-C’est-à-dire ?
Il approche la machine à quelques centimètres à peine de son visage sans cérémonie. Elle grogne, l’air piquée au vif, clignant des yeux pour éviter la lumière. Hm… Même si elle n’était pas malade, elle semble étrangement sensible aux lumières intenses.
-C’est un peu trop, tu penses pas ?
-Comment ? Ma façon de m’exprimer est tout à fait correcte ! Et vous, quel est cet accent ? s’exclame-t-elle en le désignant de la main.
C’est parti. La voilà qui se dispute déjà avec quelqu’un d’autre. Elle pose les mains sur les hanches, l’air prête à en découdre en se tenant bien droite, ce qui ne change en rien la grande différence de taille qui existe entre nous. Elle me rappelle une mince araignée en position défensive, plus intimidante par son venin que par sa taille, de toute évidence.
Bien sûr que cela n’aurait pas duré. Je soupire discrètement, glissant momentanément mon regard aux alentours. Pour une raison quelconque je me sens embarrassé bien que je ne sois pas responsable de ses actions. Pourquoi faut-il toujours qu’elle soit sur la défensive ?
Je me prépare à la suite. Mais le visage du jeune Turk se fend d’un large sourire, l’air encore plus attendri pour une raison que je ne m’explique absolument pas.

-Quoi, t’aimes pas mon accent non plus ? Il faut faire quoi pour t’plaire ? demande-t-il, appuyant d’autant plus les mots avec son accent.
Elle se fige, clignant des yeux, arrêtée en plein élan. Puis un air somme toute confus s’empare de ses traits. De toute évidence, elle est elle aussi déstabilisée par son attitude enjôleuse. Le sourire taquin du roux s’agrandit. Il fait peser sur elle son regard, l’air d’apprécier son embarras et l’effet qu’il a sur elle.
Gaïa… Voilà un dénouement auquel je ne m’attendais pas.
-N-Non. Ce n’est pas ce que j’ai dit. Ne me mettez pas des mots dans la bouche.
Je la fixe des yeux, intérieurement abasourdi. Serait-ce une hallucination ? Je m’attendais à une remarque des plus cinglantes et immatures sur sa diction, mais elle semble totalement déboussolée. Et même se replier à grandes enjambées.
Il insiste du regard, penchant la tête de l’autre côté, l’expression expectative.
-Il est très bien, se force-t-elle à avouer.
Il hoche la tête une fois de l’autre côté, l’air de dire « C’est bien ce que je pensais ». Pourquoi s’est-elle repliée si vite face à lui mais, s’enflamme de tout son saoul avec moi ?
-J’voulais juste dire qu’tu pouvais me parler normalement.
-Oh.
Elle se met à triturer ses mains avec une nervosité surprenante, posant ses yeux partout ailleurs. Je m’étonne grandement que la situation se soit désamorcée aussi vite et facilement mais après tout, qui ne serait pas interrogateur. Serait-ce le moment où elle va enfin le repousser et estimer la situation trop étrange ? Sûrement a-t-elle saisi ses intentions à présent.

-J-Je vois. C’est juste que…l’on vient de se rencontrer alors –
Elle toussote d’embarras. Pourquoi mord-elle ainsi à l’hameçon ? Il échappe un bref rictus attendri, ses yeux reflétant des résultats. Je lance un regard blasé au Turk, espérant pour son propre bien qu’il mette fin à son manège avant que ma patience ne tarisse.
Il hausse les sourcils et roule des yeux de façon agacée, me laissant entendre que j’étais une gêne. Je plisse les yeux et incline la tête, l’invitant à extrapoler s’il ne craint pas les représailles. Il soupire de dédain du nez puis abaisse la machine et annonce le verdict, enfin :
-Elle est saine.
Mais je m’en doutais.
-Mais vu ce joli minois, on s’en doutait, pas vrai ?
Je baisse les yeux, les pensées de ces derniers jours me revenant. Le premier indice flagrant m’est apparu lorsque je l’ai approchée pour la première fois. Elle transportait fortement l’odeur du marais du Midgar Zolom. Dans l’urgence, je me suis surtout étonné de voir qu’elle avait échappé au monstre, et surtout, ce qu’elle pouvait bien faire là au milieu de nulle part. J’avais moi-même fait en sorte de contourner le lac pour accéder à la grotte. J’étais surtout préoccupé de l’amener en sécurité.
Quand je l’ai rattrapée in extremis avant qu’elle ne touche le sol, évanouie, je me suis rappelé que l’eau du marais était contaminée au possible. Malgré mes efforts, nous avions perdu un autre survivant, et quelqu’un de jeune de surcroît. Mais je ne pus me résoudre à la laisser à son sort même si c’était ce que la raison me dictait. Malgré son état inquiétant, elle n’avait l’air d’avoir aucune trace sombre ternissant sa peau pâle.

Écoutant mon instinct face au mystère entourant sa personne, je m’en suis remis au destin, priant pour qu’elle n’ait rien. J’ai interdit aux autres de l’approcher dans le dortoir dans lequel je l’avais laissée. Et je suis resté près au cas où. Elle était de toute évidence seule et vulnérable, et j’avais des questions à lui poser. Ses veines ne noircissaient pas. Sa peau ne recelait toujours aucune trace. Son odeur ne changeait pas.
Tel que je l’espérais, elle s’est réveillée, comme d’une simple syncope, et plus en forme que la veille. La dame qui s’est occupée d’elle à ma demande m’a confirmé ne voir ni trace ni symptôme apparent de Geostigma. Je l’avais laissée l’approcher justement parce que je commençais à fonder une théorie - théorie qui se retrouva chamboulée par tout son savoir sur Avalanche, mais en rien réfutée.
Elle peut s’aventurer en terrain contaminé sans peur ni affaiblissement. Si elle n’avait fait que montrer des signes tardifs de contamination après avoir baigné entièrement dans l’eau du marais, la réponse aurait été flagrante après deux jours. Rien. Durant les prémices d’un combat que j’aurais pu résoudre seul sans peine, l’important m’a alors sauté aux yeux : j’avais déraisonnablement mis en danger une civile qui semblait réellement n’avoir aucun moyen de défense, ni révélé de don exceptionnel, mais pas seulement.
L’eau du marais ne l’avait peut-être pas contaminée, par je ne sais quel miracle, mais elle pouvait peut-être encore être affectée par les monstres, au mieux…tuée ou dévorée par eux au pire. Le résultat de la machine est sans appel : son anormalité ne réside pas seulement dans les circonstances étranges et impossibles qui l’entourent elle, sa personnalité, son histoire et son savoir…mais surtout dans sa résistance. Peut-être même qui sait, son immunité.
C’est un fol espoir. Peut-être. Sûrement. Mais s’il était vrai ?
Elle dégage quelque chose. Quelque chose que je ne peux m’expliquer. Mais… Soupir, alors que la frustration me gagne à nouveau. Bon sang, si Aerith était encore là…

Elle lâche à nouveau un rictus, croisant les bras et haussant les épaules pour balayer à nouveau son commentaire. Mais elle ne semble pas contre son attention. Alors qu’il lui sourit de façon avenante, elle le regarde droit dans les yeux sans aucune peur ni gêne. Peut-être est-elle même habituée aux attentions masculines ?
Elle semble se rappeler quelque chose, alors elle nous adresse à tous les deux une question :
-Par saine, vous voulez dire exempt de Geostigma ? demande-t-elle avec une soudaine gravité.
-C’est ça, Reno répond.
-Le test est fiable à 100% ?
-Presque, ouais.
-Oh. Voilà donc une bonne chose alors.
Il écourte la distance entre eux en deux pas, se postant (beaucoup trop) près d’elle, mains dans les poches.
-Bien, si on allait se poser quelque part maintenant ? propose-t-il.
Son sourire goguenard est de nouveau en place alors qu’il s’apprête une fois de plus à poser la main sur elle - je ne veux savoir où - ce qui me tire de mes réflexions. Alors qu’elle ouvre la bouche pour lui répondre, en un clin d’œil, j’attrape sa main avec ma greffe et l’écrase en son sein en le repoussant en arrière. Il s’écrie aussitôt de douleur en essayant de s’extirper, mais je le maintiens sans peine, sans bouger.
Je la serre de façon implacable jusqu’à ce que ses os se fassent entendre pour que le message passe enfin, le fixant des yeux. Son autre main agrippe ma cape et tente de me déstabiliser de façon menaçante. Après trois secondes du traitement je le relâche, son masque de bienséance retombant pour afficher sa colère en s’éloignant.
Anderson me regarde stupéfaite alors qu’il secoue sa main, avant de me foudroyer du regard :
-Pourquoi diable est-ce que vous –
-%$^°#€ c’est quoi ton problème aujourd’hui ? Y a quoi, ton nom dessus ? Tu veux pas nous rendre service et aller déprimer dans ton coin comme d’habitude ?

Je me fige. Elle cligne des yeux vers lui avec un léger mouvement de recul, abasourdie. Mais ensuite, prenant un air sévère, Anderson passe un bras devant moi et appuie son doigt sur son torse et avec un ton cinglant et l’air furibond que je lui connais bien :
-Son nom dessus ? Déprimer dans son coin ? lâche-t-elle avec dédain.
Je repousse la fille furieuse derrière mon bras avant qu’elle ne s’attire des ennuis.
-Je te demande pardon ? j’assène en faisant un pas vers lui pour le mettre au défi de m’inviter à le remettre au fin fond de sa place, ma gorge vibrant avec ma voix gutturale.
Du coin de l’œil, je vois Anderson m’observer avec un air interrogateur.
-Dessus ? …À qui imagines-tu t’adresser exactement ? je lâche entre mes dents.
Il roule des yeux.
-Ça va, c’est juste –
J’attrape et abaisse le doigt vindicatif qu’Anderson venait de soulever, à nouveau tout feu tout flamme.
-…Si nom il devait y avoir, je doute que tu puisses seulement le lire de toute manière… Juste fidèle à ton nom de chien Shinra.
-Comme si t’avais jamais fait partie de l’organisation, il réplique avec insolence.
-En tous les cas Turk n’était pas un titre de noblesse pour substituer le nom d’assassin afin de se pavaner comme vous le faites aujourd’hui.
Je songe à mentionner son âge, puis réalise que cela pourrait se retourner contre elle. Si elle ne les fait pas physiquement, le Turk pourrait tout du moins la considérer comme une cible facile. Et qui sait, y parvenir. Il semble savoir s’y prendre avec son caractère.
-Dernière fois : garde tes mains et tes distances.
Je pose alors une main non équivoque sur mon arme, prêt à en découdre, mais souhaitant surtout le dissuader. Il serre les mâchoires, et après un moment tendu, accepte enfin de lui offrir tout l’espace qui lui est dû en reculant, l’air revêche.

Puisqu’il n’ouvre pas les hostilités physiques, je me contente de l’avertir de toutes représailles du regard en faisant un pas vers l’entrée, le toisant de notre position plus élevée sur la rambarde.
-Entre, Anderson. Nous avons perdu assez de temps.
Je la pousse en direction de l’antre du vaisseau avec ma présence, mon bras contre son épaule. L’amenant à marcher en faisant barrière entre eux. Heureusement, elle se laisse docilement amener et emboîte le pas en le toisant par-dessus son épaule. Elle semble très contrariée.
Le roux nous suit à distance raisonnable, les mains dans les poches et bouillonnant.
-…Si tu le connais, tu devrais savoir à qui tu as affaire. Ignore-le, je dis en laissant planer un dernier regard dissuasif dans sa direction.
La rambarde se ferme derrière notre groupe alors que nous attendons l’ascenseur.
-C’est simplement que –

(Music : Opening de FFVII Advent Children)

Le vaisseau s’ébranle et s’élance dans les airs avec un effet d’apesanteur vif et brusque qui lui fait perdre son équilibre aguerri sur ses talons. J’attrape son bras et la maintient sur ses jambes, laissant son corps se mouvoir juste assez pour qu’elle garde son équilibre. Quand le vaisseau se stabilise un peu, je m’empare doucement de son sac alors que les portes s’ouvrent, gardant un œil tout ce temps sur le jeune Turk à l’air grincheux.
Quand elle a une prise assurée sur la rambarde de sécurité dans l’ascenseur, je récupère ma main pour fermer les portes juste après nous. Comprenant mon manège, le Turk me lance un regard aussi noir que blasé.
-Tu fais ch –
La porte silence le reste.

Après un moment de pause bienvenu où nous attendons simplement notre arrivée, Anderson relâche un bref rire, suivi d’un souffle. Puis me considère brièvement.
-Merci, dit-elle doucement.
Elle observe son sac, tenu par ma greffe. Ensuite relève les yeux, un sourire taquin sur les lèvres.
-Il n’y a pas à tergiverser, rien ne remplace un gentleman, n’est-ce pas…
Je cligne des yeux, avant de me décider à ne pas relever.
-Même si je pouvais parfaitement m’en sortir seule ! ajoute-t-elle ensuite avec un ton assuré, presque hautain. Et puis soyons honnêtes, vos manières à notre rencontre laissaient aussi on ne peut plus à désirer.
-…J’imagine que ce sont des choses qui arrivent quand des vies sont en jeu.
Je lui retourne son regard, et lui constate un air mi-agacé, mi-amusé.
-Voyons, était-il vraiment nécessaire d’être si brusque ? Reconnaissez…que vous avez l’air tendu depuis ce matin.
-Il était prévenu.
Elle cligne des yeux. Puis m’interroge de ses yeux turquoises clairs.
-…
Elle soupire en soulevant les épaules.
-Allons, je suis persuadée qu’il n’avait pas de mauvaises intentions. Au fond, il n’est pas bien méchant.
Je tique, sentant mes traits se durcir.
-…As-tu jamais entendu parler du secteur 7 de Midgar ?
Son mince sourire clément disparaît en l’espace d’un instant, me donnant ma réponse. Toute légèreté s’est envolée.
…Elle ne connaît donc pas seulement notre histoire dans les grandes lignes.

Les portes s’ouvrent. L’incroyable machine se soulève, bouge et prend de la hauteur dans un lourd effet d’apesanteur qui en faisait voir de toutes les couleurs à Yuffie. Mais elle me suit tout à fait à l’aise alors que j’emprunte au hasard l’entrée de droite, la même que celle de gauche, avec des portes coulissantes. Aussitôt, l’ambiance de travail du cockpit, le bruit de son agitation, des ordinateurs et des conversations nous accueille. Les membres d’équipage s’affairent avec énergie, à leur poste ou se déplaçant à vive allure tels des rouages bien huilés.
Angelina me dépasse, observant goulûment l’environnement et la vue avec un air fasciné et enchanté. Je la dirais même…émue. Elle s’avance en plein centre, regardant partout autour d’elle, un sourire distrait étirant ses lèvres.

(Music : Trespasser de FFVII DoC)

La voix de Cid appelle à mon attention alors que je continue de la surveiller :
-J’ai voulu passer dans la région de Junon en vous attendant. Histoire de voir par moi-même…
Je croise les bras et abaisse mon visage dans mon col pour masquer ce que je ressens.
-C’est encore pire que ce qu’tu sous-entendais mon gars.
Je pince les lèvres, la poitrine encore serrée en revoyant les familles pressées les unes contre les autres. Tout…est de ma faute.
-Au moins Cloud a eu le temps d’revenir de Mideel avec les habitants avant que le puits ne soit complètement contaminé. Maint’nant…reste plus qu’à se répartir la garde des villes.
-…Ça ne pourra pas durer, j’argumente. Si nous ne trouvons pas le moyen de repousser la maladie, tôt ou tard tout sera contaminé.
-Ouais enfin…sauf toi, il marmonne en allumant sa cigarette.



Mes mains se serrent sur mes bras, mes mâchoires tendues.

Angelina esquive in extremis quelqu’un qui s’apprêtait à la bousculer. En penchant légèrement la tête, je réalise qu’elle semble habituée à ce qu’on ne remarque pas sa présence, sûrement à cause de sa taille. Reno qui entre dans le cockpit, les mains dans les poches et l’air sur les nerfs n’échappe pas à mon attention.
Les yeux turquoises de la jeune fille nous rencontrent. Son regard s’emplit d’admiration pour l’avionaute au gouvernail. Ce dernier la salue de la tête. Sa poitrine se gonfle d’étonnement, puis elle s’empresse de s’incliner, puis de secouer sa main avant de s’incliner à nouveau. …Cette fille n’est définitivement pas comme les autres.
-Du coup, tu m’expliques pourquoi tu r’viens qu’avec une gamine toute maigrichonne qui s’est amusée à nous faire poireauter toute la matinée ? J’te signale qu’on prévoyait pas du beau temps cet aprem à cause de Geostigma qui prend toujours plus d’ampleur dans l’ciel.
-…Il se pourrait…que ce soit la solution à tous nos problèmes.
Nous échangeons un regard, avant que je ne lui résume les évènements.
-Comment ça, tout ?
-Elle en sait autant que si elle faisait partie d’Avalanche…
Il fronce les sourcils, la bouche tordue par l’incompréhension et l’incrédulité. Cette nouvelle a l’air de le mécontenter plus que de le déranger sur l’invraisemblance de la chose.
-Mais tu dis qu’elle a rien fait contre les Loups ?
-Certainement, mais que fais-tu de sa probable immunité ? Ce pourrait être la première humaine à y être résistante. Si nous nous penchions sur cette éventualité, tout porterait à croire qu’un remède est possible.
Il secoue la tête, ses yeux pointant le Turk.
-Okay. Bizarrerie mise à part, ça voudrait dire faire appel à Rufus, la Shinra, ses scientifiques, il énumère avec irritation. Ils seraient capables de mettre un prix sur notre survie. Ce s’ra le foutoir qui donnera le dernier coup à tout ce qu’on a essayé de faire. Ils pourraient même bien reconstruire. C’est mort.

…En effet, la situation est ardue. Déjà qu’ils avaient mis au point les machines permettant de détecter les porteurs sains ou non, forçant notre coopération pour garantir leur survie. Comme si nous avions prévu de juger qui vivrait ou mourrait dans l’évacuation de Midgar et des autres villes…
-…Peu ont les compétences nécessaires en dehors de l’entreprise, je lâche avec autant d’ennui.
Et ceux qui étaient encore indépendants ont vite été recrutés par eux pour chercher une solution. Par culpabilité, pour l’argent ou la promesse de leur survie et celle de leurs proches.
-J’suis prêt à m’reconvertir, j’te jure, il bougonne. Parlons pas d’Shera.
Un brillant physicien, pilote se voulant astronaute reconverti en biologiste. Sa phrase a pour mérite de me dérider un peu.
Mon PHS vibre dans ma poche. Je le sors et lance un regard à l’avionaute. Je glisse les yeux vers la jeune fille.
-Vas-y, j’la surveille.
-…Merci.
Je me déplace dans le couloir pour un semblant de discrétion.

Angelina

-Bah alors.
Il semble attendre une explication, l’air vexé. J’enlace mes bras, mes mains prenant mes coudes en coupe. Je lance un regard interrogateur au jeune Turk qui se pose à côté de moi.
-Alors quoi, je te prie ?
-Tu sais, Vincent. Pourquoi t’as rien dit ?
-J’ai essayé, jusqu’à ce que tu agisses comme le goujat de service ! Il n’a fait que me défendre ! Il manque d’adresse et de sociabilité, d’accord…mais il est droit dans ses bottes ! je réponds vivement.
Il grimace, l’air confus.
-Puis il n’est pas beaucoup plus agréable avec moi, tu sais, je rajoute plus calmement.
-Pourquoi t’es avec alors ?
-Oh je – comment ? Que penses-tu raconter ? Loin de là, vraiment ! j’assure avec agitation en bougeant une main aux doigts droits et rigides. Nous ne sommes nullement impliqués de quelque manière que ce soit de cette façon !
Il a une expression de totale confusion sur son visage.
-Je me disais aussi qu’c’était bizarre.
…Il plante ses yeux dans les miens, me fixant intensément du regard.



-Tu viens d’où ? demande-t-il d’une voix pressante.
-Hum…
Je me sens paniquer intérieurement. Vincent ne semblait déjà pas apprécier du tout que Reno se rapproche de moi. Quelque chose me dit qu’il apprécierait d’autant moins une nouvelle conversation approfondie avec le roux. Sans parler de la teneur.

-Les hautes plaques de Midgar, je mens nerveusement.
Il plisse les yeux, nullement convaincu.
-Vraiment ? il traîne, me laissant entendre par son ton combien j’étais peu crédible.
-De toute évidence, je continue sur ma lancée.
-Je crois pas non. Je l’aurais su – le patron l’aurait su, il argumente. Des yeux comme ça, ça se sait et ça se rate pas.
C’est à mon tour de plisser les yeux, bougeant la tête et croisant mes bras en me campant sur mes pieds.
-Pourquoi cela ? Est-ce un monde si fermé que cela ? Des yeux comment, c’est-à-dire ? Tu ne me confondrais pas avec quelqu’un, par hasard ? Je n’ai eu recours à aucune injection de Mako, je le dis tout de suite, je réplique.
Il me toise du haut de son mètre quatre-vingt-cinq, mains dans les poches. Pour la première fois agacé avec moi.
-Oui, ça je m’en doute. Mais t’étais où tout ce temps ? T’apparais que maintenant pour nous aider, ou c’est Avalanche qui t’a trouvée ? J’avais espéré mais j’avais pas imaginé qu’il en restait. T’es la seule ?
-…Je crains bien que oui. J’étais perdue. J’essayais de survivre, comme tout le monde, j’argumente. J’ai seulement eu de la chance de croiser Vincent Valentine dans la Grotte de Mithril.
Enfin, c’est ce que je dis pour la forme. Je continue vertement de penser que ce sauvetage était des plus désastreux malgré ses meilleures intentions, j’en suis sûre.

-Personne…n’a survécu à Junon. J’en suis…profondément navrée.
Que ce soit des inconnus ne change rien à mes sentiments. Il me toise étrangement.

(Music : Beyond the Wasteland de FFVII Advent Children)

Soudain, un frisson glacé me parcourt, secouant mon échine et me donnant la chair de poule. Bien que je sois habituée au froid, j’ai remarqué sur Gaïa un froid qui semble propre à cet univers. En cet instant il semble s’intensifier. Un puissant sentiment de malaise l’accompagne.
-Ça va ? Tu as froid ?
Il s’apprête à retirer sa veste. Je l’arrête très vite d’un geste vif de la main, rigide.
-Tout va bien !
Si Vincent me voit en plus avec sa veste sur les épaules, je vais commencer à sérieusement craindre pour sa vie. Après une pause, Reno lève les yeux au ciel.
-Okay, souffle-t-il de façon ennuyée, je vois. Mais du coup, t’es là pour quoi ? Qu’est-ce que tu comptes faire ? Vous avez une idée en tête ?
Pourquoi cela a-t-il autant d’importance pour lui. Je baisse les yeux, réfléchissant un instant, une tristesse s’emparant de moi. En effet, pourquoi suis-je tout court.

-Hé gamine !
Je me tourne, interpellée par le volume de la voix forte et grognarde. Il me regarde. Je pose ma main sur ma poitrine, intimidée. Je suis si nerveuse et excitée à l’idée d’être interpellée par Cid que je ne relève pas ce que je considère comme une insulte.
-Oui toi ! Approche, hèle-t-il avec un geste impétueux du bras.
Reno soupire, se grattant l’arrière de la tête, l’air vraiment fatigué. Je lui envoie un dernier regard, avant de m’incliner légèrement et excuser mon départ abrupt de la conversation.
-On se reverra ma belle.
-Affublé des meilleures manières, je l’espère.
Il ricane et me regarde partir, languide, les mains dans les poches. Les yeux bleu océan brillants bordés de longs cils rouges et le visage fin. Il m’adresse un mince sourire, somme toute très attirant. Certains ont vraiment de la chance ici… Est-ce propre à Gaïa d’être gâté par la nature ? Il semble né pour plaire aux filles.
Je m’arrête à côté du promontoire où se trouve l’immense gouvernail d’un vaisseau flottant sur les cieux plutôt qu’un quelconque engin volant. Je dois me dévisser le cou.
-C’est quoi ? T’es le genre de fille à aimer les mauvais garçons ? J’croyais que t’étais au courant de tout ? Alors un conseil, reste loin d’lui. La gueule c’est tout ce qu’il a.
Je vois que l’agressivité est partagée au sein d’Avalanche. Je la comprends. Mais je ne peux m’empêcher de penser qu’après avoir mis un pied dedans, il me manque un morceau de l’histoire pour comprendre comment elle a pu redevenir si vive.

-Très bien… ? je fais avec hésitation.
Les mots me manquent.
Il me toise brièvement du regard, avant de se concentrer à nouveau sur l’horizon, une ligne de lumière faiblarde au-dessus des eaux grises enragées. Ses yeux sont d’un bleu céruléen tout à fait assorti aux cieux qu’il parcourt, et ses cheveux blonds et son physique me rappellent en tout point un Américain de pure souche.
-C’est quoi ton nom, dit-il plus doucement.
Le ton est bourru et maladroit, la voix écorchée par les cigarettes et les syllabes peu détachées, tel le charretier jurant à tout-va qu'il est. Mais je sais que ses intentions, bien que directes, sont foncièrement bonnes. Je peux tout à fait jongler avec cela, plus qu’avec tous les faux-semblants de mon milieu sur Terre.
-Angelina Roland And – …
Je secoue la tête.
-Angelina Anderson, Monsieur, je lance avec assurance, me dressant au garde à vous.
Le nom de ma mère.
-C’est un honneur de vous rencontrer.
Il coule vers moi un instant un regard méfiant mais intrigué. Il tient le gouvernail avec une force qui trahit avec flagrance ses capacités au combat, sans oublier les muscles qui menacent de déchirer son tee-shirt bleu de part en part. Je m’étonne que le promontoire lui-même ne flanche pas sous sa force de caractère.
-Roland ou Anderson ? C’est quoi ? T’as pas mieux ?

Mon sang ne fait qu’un tour. Dans un jeu, ce serait sûrement le moment où je choisirais le nom de mon avatar, n’est-ce pas ?
-An…Angie, Monsieur !
Mon cœur bat la chamade d’anticipation.
-M’appelle pas Monsieur jeune fille, t’me fais sentir coincé du $%#. C’est Capitaine Cid.
J’ai une seconde de déception, mais je ne me démonte pas.
-Bien Capitaine, je réponds en faisant un salut. Dans ce cas, c’est Angie, pas gamine ni jeune fille, j’insiste en décidant que nous sommes tous les deux à l’aise avec les méthodes directes.
Il affiche un air amusé, sa cigarette s’agitant à ses lèvres à défaut d’un sourire. Un grand sourire m’étire les lèvres, ravie au plus haut point que nous trouvions nos comptes sur nos titres. Lui bombe le torse quand je l’appelle respectueusement, l’air pas peu fier.
-Bien. Alors Angie, à c’que Vincent m’a dit…t’serais au courant de tout ? me questionne-t-il, ignorant tout de mon excitation.
-Ou-oui. C’est exact, répondis-je à nouveau diligemment.
Il se penche et ne parle qu’à mon attention.
-Et que tu viens d’ailleurs ? T’es quoi, un alien ?
Je penche la tête, affublée d’un sourire hésitant, prise au dépourvue. Techniquement, si je suis pas Gaïenne…suis-je une alien ?
-Et bien, non. Pas que je sache. Mais je viens bien d’ailleurs ! Une planète comme ici qu’on appelle la Terre, vous voyez, ce qui somme toute est un synonyme de Gaïa !
-Et comment c’est possible ça ?
Je hoche la tête, arrêtée dans mon élan.
-C’est une excellente question.

Il hausse les sourcils, pressant.
-J’ai…j’ai traversé une sorte de…de portail de Lifestream, j’explique en agitant ma main droite pendant que je trouve mes mots. Et je me suis retrouvée au marais du Midgar Zolom, auquel j’ai échappé de justesse. Je ne devais pas être très loin de la grotte. C’est là que j’ai croisé Valentine, qui soit dit en passant, a été aussi aimable qu’une porte de prison.
Le sas menant au couloir s’ouvre un instant alors qu’un membre de l’équipage passe. En arrière-plan, la longue silhouette rouge élancée de Vincent, téléphone à l'oreille. L’air très préoccupé et en grande conversation. Son regard sérieux croise le mien. Je souffle du nez. Je sens d’office qu’il n’allait pas me faciliter la tâche. Je vais sûrement payer de quelque façon pour les désagréments qu’il avait pu ressentir.
Une alarme tonitruante retentit, des lumières rouges en faisceau inondant le plafond majoritairement fait de verre. Tous les yeux se tournent vers celui qui s’est relevé, tourné vers Cid au garde à vous, la main sur un bouton d’alarme rouge.
-Capitaine ! C’est un objet volant non identifié, probablement un monstre. Il…Il est énorme ! fait-il son rapport avec ce qui s’apparente grandement à une anxiété prenante.
Je n’ai pas le temps de penser à notre configuration, qui me rappelle Star Trek. Sa peur est communicative. Mes traits tremblent, yeux grands ouverts en voyant la masse sur son moniteur. Des murmures et conversations inquiets parcourent le cockpit.
-Et alors, vous attendez quoi ?! Tout le monde à son poste, et que ça saute ! tonne Cid, l’air excédé par la panique. Affichez-moi le radar sur le moniteur central bande de pisseux !



Aussitôt, la cohue se déclenche. Tout le monde s’agite comme si leur vie en dépendait. Une goutte de sueur perle au front de Cid, ce qui ne me rassure absolument pas.

Je ne m’émerveille qu’un instant devant la technologie de l’étrange boule de verre au centre du cockpit qui s’illumine pour afficher un hologramme bleuté. Il y a une forme rouge au centre – le Sierra, j’imagine – et un immense point rouge qui devait bien faire trois fois notre taille, venant droit à notre rencontre depuis l’Ouest.
Je sursaute lorsqu’une ombre rouge apparaît dans mon champ de vision. Vincent l’observe sévèrement, une fournaise colérique brûlant dans ses yeux.
-Ça vient de Costa, il fait remarquer.
Il avait dû être obligé d’écourter son appel. Il n’échange qu’un regard entendu avec Cid, sa voix sur haut-parleur, lançant des ordres entre deux jurons énervés si colorés que je n’en reconnais pas la moitié, avant de se tourner vers moi l’air empressé.
-Je dois y aller. Tiens-toi bien, dit-il en plaçant fermement ma main sur la barre du promontoire, et ne bouge pas d’ici. Sous aucun prétexte.
-Exactement, t’quittes pas mon champ de vision, ordonne Cid d’un ton sec et sans appel bien que préoccupé.
Vincent reporte vite son attention sur moi après avoir hoché la tête dans sa direction. Il ne m’accorde qu’une seconde d’attention, son sang-froid maître, même au milieu d’une foule de gens paniqués. Je le retiens au niveau de son bras gauche par réflexe, ma main sur sa cape lorsqu’il se détourne de nous.
-Où allez-vous ? j’assène.

Il se rapproche à nouveau en me replaçant près du promontoire pour m’inciter à tenir la barre, une main brève immense dans le creux de mon épaule.
-…Ça va aller. Tu es en sécurité ici.
Il me regarde droit dans les yeux, l’air de s’assurer que je l’écouterais bel et bien. Je réalise alors soudainement que j’étais moi aussi en train de paniquer à ma façon, la respiration courte, les yeux grand ouverts. Je hoche la tête.
-Vous n’en savez rien ! Que vais-je faire ici ? Que puis-je faire ?
-Rien, répond-il calmement mais fermement. …Tu obéis à chacun de ses ordres. Tu ne t’éloignes pas de lui. Surtout, ne songe pas à te mettre en danger ou à disparaître pendant mon absence, parce que je ne pourrai pas te chercher ni te sauver. Pas comme la dernière fois.
Il incline la tête de sorte à demander si j’ai bien saisi. Je reste pantoise. Il prend donc son départ.
-Je prends le poste de tir à bâbord, informe-t-il à voix haute à Cid.
Il tourne les talons et se meut avec cette façon à lui de faire virevolter sa cape derrière lui dans un claquement sombre rappelant Professeur Snape. Quand il disparaît dans le couloir, je ressens une sueur froide m’envahir à l’idée que cette fois, il n’y aura réellement personne pour m’aider personnellement. Cid a sûrement un bon fond, mais il est occupé, ses mains prises par toutes les vies se trouvant sur le vaisseau. Gaïa… Ma Gaïa est devenue une terre de tous les dangers.
-Toi, rends-toi utile ! Va à tribord ! ordonne Cid sans sommation.
Reno doit se contenter de pincer les lèvres avant de gambader à grande foulée lui aussi vers le couloir avec l’autre sortie.
Je baisse les yeux de déception avant d’observer autour de moi l’agitation. Impuissante.

Le vaisseau s’agite, prenant toujours plus de vitesse. Un amas de nuages sombres qui semble sans fin plane au-dessus de nos têtes, un océan tout aussi noir sous nos pieds. Une forme perce les nuages, attirant mon attention. La peur tord mes entrailles lorsque j’aperçois se dessiner du flanc gauche du vaisseau, à travers les vitres, un immense oiseau semblant venir tout droit des enfers célestes.
Toute la machine change de direction pour le distancer. Cid émet un cri rageur et évite de justesse le monstre, sûrement transformé par Geostigma, lorsqu’il nous rattrape rapidement et fonce droit sur nous. Comme pour nous percuter de plein fouet et éviscérer les entrailles du vaisseau avec ses serres immenses. Tout l’équipage est secoué, s’écriant. J’accroche mieux avec une exclamation de surprise la rambarde du promontoire au dernier moment, mais c’est à peine si mon bras tient. Mes chevilles, habituées aux talons, ne m’ont heureusement pas fait défaut.
Mais Cid a toute sa combativité. L’oiseau déploie ses ailes pour s’arrêter, et les bouge de façon à changer sa course et nous poursuivre. Le Capitaine du vaisseau laisse retomber la machine volante, comme s’il avait éteint tous les moteurs. Nous sombrons avec un effet d’apesanteur un instant. Je ne touche plus terre ! L’oiseau passe de justesse au-dessus de nous. Tout le monde atterrit dans un fracas.
Reprenant la course, le vaisseau bascule dangereusement à tribord. Cid hurle alors « BÂBORD, FEU ! ». Une salve de tirs et de missiles en tout genre traverse l’air et se lance sur le monstre. Une explosion conséquente souffle tout autour. Cid profite de la projection pour reprendre de la vitesse et de la distance. L’oiseau est percuté de plein fouet, flottant un instant dans l’espace dans un flot de flammes. Il émet un cri suraigu de souffrance ressemblant à celui d’un aigle géant, bien qu’il ressemble plutôt à un vautour noir des enfers.

Après un moment, d’après l’hologramme projetant les images des caméras arrière, il reprend son souffle un instant, puis semble plus décidé que jamais à nous atteindre en reprenant souplement la chasse. Ma gorge est serrée, ma respiration rapide, le cœur en suspens.
-Allez on s’arrête pas ! Plein gaz ! Que les moteurs chauffent et que les gars triment en bas ! le Capitaine s’époumone.
Cid accélère la vitesse, dans l’espoir de semer la créature assez longtemps pour retrouver une position favorable à une nouvelle vague de feu je pense. Peine perdue, l’oiseau est devenu méfiant, et a beaucoup plus de maniabilité dans les airs grâce à ses ailes. Une machine comme la nôtre n’a aucune chance malgré notre taille plus petite.
Une poursuite effrénée s’en suit. Je sers les dents alors que nous dansons avec la mort, penchant à bâbord et tribord tour à tour pour tenter des salves de tirs. Mais l’oiseau fait montre d’une agilité surprenante à tous les carrefours malgré quelques dégâts. Il semble déterminé.
Assez ralenti, l’oiseau profite de l’occasion pour fendre vers le flanc gauche du vaisseau et Cid l’évite juste assez pour que les dégâts ne concernent que la partie basse du vaisseau, et non les moteurs et les hélices.
-#%$£@ ! s’exclame Cid, hors de lui.
D’autres aussi tombent des nues. Je grogne de frustration quand je vois notre armement : des canons et mitraillettes géantes chuter ou réduites en morceaux entre ses serres géantes agiles et acérées. Il s’en est pris directement à notre offensive. Le monstre n’est pas dénué de bon sens quant à ce qui l’attaque.
Vincent ! Vincent était à bâbord ! Tout le flanc est soit détruit ou arraché !
-Où est Vincent ?! je m’écrie à Cid, fébrile.

-Vincent en communication ! ordonne Cid.
Je me retrouve suspendue à la voix grésillante de Vincent perçant la cacophonie en haut-parleur s’adresser à Cid, crispé sur le gouvernail :
-Cid ? fait-il avec une certaine surprise.
Je souffle, momentanément soulagée.
-Rapport !
-…Le poste de tir manuel à bâbord a été arraché en grande partie. Des victimes ont soit chuté, été mortellement touchées ou blessées. Je suis remonté à bord in extremis, informe-t-il, l’air agité.
Ma mâchoire se décroche, mes yeux vrillant partout vers le flanc gauche, désemparée.
-Je soigne ceux qui peuvent l’être avant de monter directement sur le grand pont.
-Reçu.
Je lance un regard paniqué à Cid, qui ne me regarde pas.
-Que va-t-il faire là-haut ? je le presse depuis les pieds de l’escalier.
-S’en prendre directement à lui d’puis l’extérieur.
-Seul ? Pourquoi ne pas monter une équipe ?
-Arrête d’t’en faire pour lui, Vincent sait ce qu’il fait, répond-il distraitement au-dessus du vacarme des machines qui s’affolaient. Il peut voler – inquiète-toi plutôt pour nous !
Il peut voler ? Mais ce n’est pas une excuse ! Mais il est rapidement occupé à lancer d’autres ordres.
Je sens mes jambes flageoler. Je suis secouée en tous sens par le vaisseau prenant différentes directions et allures à tout bout de champ, faisant monter en moi une nausée froide et nerveuse. La peur m’empêche de réfléchir correctement, mes bras sont fatigués de s’accrocher.

…Cette fois, nous ne sommes pas que deux. Si ne nous en sortons pas, ce sera tout le vaisseau qui finira au fond de l’eau. Pourtant je ne vois absolument pas comment on peut tenir tête à un adversaire tel que ce monstre. Aucune statistique ni stratégie utile ne me vient en tête. Je suis dans le flou total. Je n’ai aucune information au sujet de ce boss. Il n’a ni barre de vie affichée, ni pattern, seul son objectif est clair. Il est gigantesque, invraisemblable, si affreux et injustement puissant et à l’aise dans les airs qu’il en devient imbattable.
Frustrée au possible, rendue agitée par l’envie d’agir même si je n’ai aucun plan en tête, je m’assoie et change mes talons pour mes bottes. Puis je m’affuble de mes revolvers dans leurs holsters bien accrochés à moi.
-Hé, qu’est-ce que tu crois faire !
J’abandonne mon sac et file avant que sa main n’ait le temps de m’atteindre, et qu’il ne puisse trop s’éloigner du promontoire.
-Voir ce que je peux faire ! je lui lance en m’élançant en direction du couloir.

(Music : Eternal Fight de FFXIII-2)

Aussitôt, une session de course-poursuite reprend. Je me retrouve alors projetée contre ses parois à maintes reprises, heurtant mes épaules, écrasant ma cage thoracique. Arrivée devant l’ascenseur, je réalise que je risque de rester coincée et donc définitivement me révéler inutile. Sans perdre de temps, je grimpe quatre à quatre les escaliers de métal. M’accrochant avec l’énergie du désespoir aux barres vissées aux murs comme à une bouée de sauvetage.

Il doit forcément y avoir quelque chose que je peux faire. Autre que rester accrochée à une barre de métal comme une planquée, mue uniquement par son propre instinct de survie. Autrement, m’emmener de force dans ce monde à un moment de crise n’a absolument aucun sens ! Je ne suis personne ! Trop de gens sont déjà morts. D’autres blessés et invalides en ce moment même. Si je pouvais faire quoi que ce soit, si je pouvais lui être d’une aide quelconque, j’aurais rendu un service à tout le monde !
Malgré l’instabilité de l’appareil, et mon manque flagrant d’exercice, je parviens à ce qui ressemble aux dernières marches menant à l’extérieur, apeurée et à bout de souffle. Vincent semble m’avoir devancée. J’entends derrière le sas d’ouverture à la porte coulissante les coups de feu assourdissants du Cerbère à trois canons.
Soudain le vaisseau s’abaisse, avant de s’élancer dans une direction. Distraite, je me retrouve sans aucune accroche, sans gravité, puis projetée contre le mur de droite. J’essaie d’atterrir et de reprendre pieds – ils sont aussi incertains que sur un sol rocailleux. Je chute au sol, mains à plat.
Je relâche un souffle, la respiration coupée, énervée par ma faiblesse. Dehors, le combat fait rage. La peur me fige un instant, aplatie là où je suis. J’entends le bruit d’un sort, puis une explosion. Je me relève juste à temps à quatre fers pour me stabiliser un tant soit peu. Allez Angie ! Que diable ! Vincent fait face seul dehors ! Toutes les mains doivent être occupées à notre survie, et non à se triturer d’angoisse !
Je me relève, et cherche fébrilement comment ouvrir la porte. Un boîtier et son bouton appelle à mon attention sur la droite. Je fige ma main juste au-dessus, le cœur à cent à l’heure. Pas d’information. Pas de potions. Pas de seconde chance. Pas de sauvegarde je remarque en parcourant l’endroit. Rien. Je charge mes revolvers, vérifie le nombre de balles, enlève la sécurité, enfin me repositionne. Allez. Allez ! La peur au ventre, après avoir pris et retenu mon souffle, j’enfonce le bouton.

Aussitôt, une bourrasque violente de vent glacé et nauséabond me soulève presque, gonflant ma robe sombre. Mon châle d’un bleu transparent s’enfuit, brusquement attiré dans les airs. Vincent s’accroche d’une main à la rambarde de sécurité du pont, tout au bout et tire de l’autre. Il y a bien trop de bruit et d’agitations pour qu'il ait pu me remarquer. Rassemblant mon courage et ma détermination, je sors, revolver à la main, et l’autre glissant sur la rambarde pendant que j’accours vers lui.
Il finit par entendre mes pas sur le pont métallique et me regarder avec un air mi-éberlué mi-furieux. Sans perdre de vue ses objectifs, il continue de tirer vers la créature serpentant dans les airs avec nous. Le bruit du Cerbère est assourdissant. Sa cape bat furieusement l’air, comme mue par son humeur et une magie sombre et mystérieuse. Ses coups de feu sont rapides, précis, les trois canons ne chômant pas un seul instant.
Je m’exclame de panique quand l’oiseau crie, se rapprochant dangereusement. Du bras gauche, je regarde un sort se lancer. Une boule d’eau submerge soudainement le tronc du corps de l’oiseau, l’arrêtant et le plombant quelques secondes avant qu’il ne nous percute. Je n’ai pas le temps de m’extasier sur ses talents de mage, et la taille tout simplement invraisemblable de l’eau qui l’avait emprisonné.
-Que fais-tu ici ? Retourne immédiatement à l’intérieur, presse-t-il par-dessus le bruit des coups de feu.
-Vous ne pouvez pas vous battre seul contre ce monstre enfin ! je m’écrie afin qu’il m’entende. Je dois sûrement pouvoir faire quelque chose !
Il me jette un regard interloqué pendant qu’il recharge rapidement. L’instant d'après, un énorme choc nous fait perdre l’équilibre. Nous tanguons un moment sur place, en faisant de grands pas. Il s’apprête à m’attraper le bras mais je refuse, m’empressant de m’accrocher seule à la rambarde pour ne pas le dissuader de mon aide. Il m’imite, l’air réellement inquiet.

-Tu n’es d’aucune utilité ici ! Tu ne sais pas te défendre et je ne peux pas me battre et m’occuper de toi à la fois, lance-t-il en reprenant le combat.
Il enchaîne les tirs. Ils percutent l’oiseau cherchant à nous rattraper par-dessus, faisant voler des plumes. Ils fusent dans l’air, avec tant de force que l’oiseau s’en retrouve parfois dévié. Plus impressionnant encore, lorsque qu’une boule d’eau ralentit et blesse le monstre. Quelques instants plus tard, à bonne distance, Vincent pointe la paume de sa greffe vers lui, et fait retentir une explosion de Feu, si puissante que ses flammes engouffrent momentanément l’animal dans un torrent incandescent. L’explosion nous aide à avancer.
-Vous ne pouvez pas vous défendre seul ici sur le pont ! Et s’il vous arrive quelque chose ? Il est inutile d’essayer de me faire changer d’avis. Je veux vous aider ! Vous n’aurez pas à vous occuper de moi, je vous le promets ! je plaide.
-Si tu veux aider, cesse de n’en faire qu’à ta tête et rentre à l’intérieur ! C’est dangereux, réplique-t-il.
-Il est hors de question que je vous laisse seul ici !
Il me regarde, estomaqué à sa façon, son expression contenue. Un autre choc, cette fois plus violent à tribord nous déloge. Le vaisseau penche. Je m’exclame. La gravité me fait passer de l’autre côté de la rambarde. Ma force est maigre, alors ma main lâche la barre du premier coup. Vincent, décontenancé, étend son bras dans ma direction mais je suis bien trop loin. En une seconde, je prends conscience d’un millier de choses : mon corps qui erre entre ciel et terre, aucun moyen de se raccrocher à quoi que ce soit et une chute invariable dans le vide jusqu’à ce que mort s’en suive.

Fin du Chapitre-5
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Bloopers :

~-Pour info, je suis plus grand. Je fais un mètre quatre-vingt cinq.
Angelina prend un air des plus dédaigneux en fronçant les sourcils vers le haut. Je sens tout de suite la dispute arriver.
-Heh, soudain piquée au vif. Je vois. Très bien, mais quelle est ta pointure ?
Elle fait mine de comparer nos pieds, puis nos carrures. Serait-ce la légendaire rancune des gens de plus petite taille qui fait son œuvre ?
-Heh, lâche-t-elle avec mépris, une expression railleuse et hautaine, les bras croisés.
Poursuivant son manège, elle soulève ensuite ma main et saisit mon majeur de l’autre en le redressant bien droit à son attention, laissant les autres doigts repliés. Attendez…cela ressemble grandement à une insulte.
-Oooh, fait-elle dans une exclamation surjouée de découverte bienvenue.
Je ne sais plus où me mettre. Reno a l’air tout aussi abasourdi que moi par le développement, réduit au silence en nous jetant un regard interdit.
-Et il ne s’en vante même pas !
Elle ensuite pose une main maniérée sur mon torse, se collant à mon flanc en pliant une jambe, pointe en l’air de façon tout à fait claire au jeune roux. Je me rigidifie de la tête aux pieds, incapable de la déloger sans la faire tomber.
-Merci pour tout. Je crois savoir où l’essentiel est allé.

~J’enclenche le mécanisme du sas pour rentrer, éreinté après la bataille. Je suis accueilli par la vue d’une Angelina Anderson évanouie à plat ventre sur le sol en forme d’étoile.