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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Hey ! J’espère que tout le monde va bien ! :D Comme vous pouvez le voir j’ai un petit retard mais avec tout ce qui m’est arrivé ces derniers temps, je suis étonnée d’en être arrivée à voir le bout ! À ce propos, si tout va bien, le 21 devrait être publié le 7, et le 22 le 13 octobre pour fêter l’anniversaire de Vincent bien sûr ! Donc deux pour le prix d’un ! Je tiens donc à signaler que même s’il y a un retard parce que je tiens à bien corriger et laisser le temps à Eclipse et Full1 de corriger et réviser tranquillement, les deux chapitres à la suite sont prévus ! Soyez prêts j’ai hâte ! On entre enfin en terrain complètement inconnu et je suis impatiente d’avoir vos réactions ! Chapitre corrigé par Full1.

Chapitre 20 :: Les meilleures décisions pavent l'enfer

(Music : Hollow Skies de FFVII Remake)

Vincent m’entoure aussitôt de ses bras et de sa chaleur, ma tête contre son torse.
-…Ne dis pas ça. Tu as fait tout ton possible. Tu sais qui est la seule coupable. Ne me fais pas répéter tes semonces. Tu ne pouvais pas prévoir ce qui allait arriver. Personne ne le pouvait.
-Elle a usé d’une tactique de diversion. Elle avait toujours prévu de te trouver elle-même Angelina. Tu as mis ta vie en danger…mais nous n’avons pu récupérer l’invocation que grâce à toi.
Les doigts de Vincent tressaillent une seconde sur mes bras.
-Qu’elle te touche te garantissait un vol instantané avec ta combinaison. Yuffie serait impressionnée. C’était un vrai coup de maître, renchérit Reeve. Et vu ton niveau, tu ne le dois qu’à ton ingéniosité.
-...Elle a dû risquer sa vie, contredit Vincent sobrement. C’était imprudent, j’entends sa voix grave feutrée fustiger en résonnant à mon oreille contre son torse.
En levant la tête je vois qu’il le regarde d’un air grave et maussade, les lèvres légèrement pincées. Cela semble particulièrement le contrarier, à chaque fois plus.

Il me lance ensuite un regard appuyé m’invitant à oser le contredire en me sentant bouger.
-Vincent a raison...Sans Vincent et Elfé, je ne serais plus là depuis bien longtemps, je commente d’une voix atone en me dégageant doucement.
Le tireur me lance un regard contrit, soupirant discrètement. Je me tourne complètement et lui renvoie alors un regard déterminé.
-C’est pourquoi il faut qu’on aille à Costa, je demande. Je dois sûrement pouvoir faire quelque chose, repousser Geostigma, lui passer mon Énergie, quelque chose ! Elfé-
-Nous irons demain, Angelina. Elle tiendra, crois-moi. Elle sait que tu es revenue. Cid sera là à la première heure. C’est pourquoi tu dois te reposer ce soir.
-Je me suis assez reposée ! je m’exclame en l’implorant de m’exaucer des yeux, agitée. Je suis restée alitée tout ce temps, attachée, souffrante et sous je ne sais quelles substances, dont des antidouleurs ! J’en ai plus qu’assez d’être inutile ! Il faut que je fasse quelque chose ! J’ai réussi à me téléporter depuis la Terre avec un lit rattaché au sol, en me concentrant je vais sûrement pouvoir arriver à la villa, j’assène furibonde dans sa direction.
-Et que se passe-t-il si tu n’y parviens pas ? Si tu te perds, que tu n’arrives pas à nous téléporter tous les deux ? Est-ce que tu t’imagines que je vais te laisser seule un seul instant à présent après ce qu’il s’est passé ? réplique Vincent, ferme et solide comme un roc et ayant à peine besoin d’élever la voix pour asseoir son autorité.
Je sens mon sourcil trembler alors qu’il plante son regard dans le mien.
-Felicia est invalide et ne peut plus te protéger. Que se passe-t-il si toi, ou moi, disparaissons…? Felicia n’aura alors à coup sûr plus personne pour la sauver. Gaïa aura trois personnes capables en moins pour la sauver, et ce n’est pas exagéré de dire que sans toi c’est sans espoir !
-Je- !
Mais je ne peux pas rester les bras croisés après tout ce qu’elle a fait pour moi ! En quoi suis-je si indispensable que des gens meurent pour moi ?! Mes épaules se soulèvent, rythmées par ma respiration, pendant que je lui renvoie un regard plus désespéré que confiant. Mais alors que nous nous combattons du regard…je me retrouve réduite au silence par sa logique implacable.
Comme toujours, il a raison. Cela peut coûter beaucoup d’essayer, et même si j’ai confiance en moi - confiance en ma volonté après avoir réussi à revenir sur Gaïa, rien ne me garantit une téléportation avec ou sans Vincent avec un taux de succès garanti ou satisfaisant. Je ne maîtrise pas encore la téléportation, et certainement pas sur une si grande distance, c’est un fait.

…Je lâche un souffle, au bord des larmes et enragée à la fois. Mes épaules s’avachissent, mon corps entier s’avachit assis sur le lit juste à côté, la tête basse, terrassée par un sentiment de défaite et d’infériorité indicible.
Vincent a raison. Je ne peux pas jouer la survie d’Elfé et l’avenir de Gaïa sur un coup de tête. Mais je n’arrive pas à avoir son sang-froid. Je pose mes coudes sur mes genoux et prends ma tête dans mes mains, soulevant mes cheveux, essayant à grande peine de calmer ma respiration et ne pas fondre en larmes. La colère dirigeant le tumulte de mes émotions.
Si Elfé est souffrante...c’est uniquement de ma faute. Elle a risqué sa vie parce qu’elle voulait me protéger, qu’elle voulait faire une différence. Et elle en a payé le prix. Et je suis là, sans aucune séquelle. Chaque parcelle de mon corps me fait ressentir cette haine de mon rétablissement et de la situation.
Vincent ferme les yeux une seconde, l’air de se fustiger. Avant de prendre une inspiration pour me rejoindre sur le lit. Un peu hésitant, il entoure à nouveau doucement mes épaules, cherchant mon regard. Je lui jette brièvement un regard de biais, puis finis par me laisser m’avachir vers lui pour accepter son contact. Je cache toujours mon visage d’une main.
-...Angie. Tu sais que nous ne cherchons pas Ă  aller -
-Je sais, je l’interromps. Ne rajoute rien, s’il te plaît. C’est juste…c’est difficile. Tout est difficile. Et je pensais ma vie difficile avant. Mais depuis que je suis sur Gaïa, j’ai réalisé ce que voulait vraiment dire une vie difficile. Je suis inquiète pour tous ces gens, pour nous…Je me sens éreintée et impuissante.
La tĂŞte basse, je serre les poings retombant entre mes jambes, sentant mes ongles dans ma paume.
-J’ai l’impression de faire idiotie sur idiotie et de ne pas parvenir à les corriger. J’ai hurlé à mon père que j’avais plus accompli sur Gaïa qu’en une vie sur Terre, mais vraiment je pense que ce n’était que pour me donner de l’importance.
Reeve a un rire soudain, un brin amer, que Vincent ponctue d’un rictus désabusé. Je les observe sans comprendre.
-Aaaah, Angie, lance Reeve après avoir soupiré les restes de son hilarité. C’est dans ces moments que je réalise combien tu grandis vite. Je te rassure, même à notre âge, notre niveau, notre expérience, tout, ce sentiment ne s’en va jamais vraiment. Même encore aujourd’hui j’ai l’impression de ne pas savoir ce que je fais, et je commets impair sur impair. Alors de là à savoir si je fais bien les choses…
Les cils de Vincent tremblent, un instant de réflexion s’affichant sur son visage.
-…C’est navrant de l’admettre…mais Reeve a raison, admet Vincent en se recentrant sur moi.

Je cligne des yeux, les observant abasourdie.
-Elfé a été blessée par ma faute ! Et je suis coincée ici ? Que se passe-t-il si son état s’aggrave cette nuit ? Que je ne suis pas arrivée à temps ! Tout ne tient toujours qu’à un fil, je me plains. La vie de Tseng ne tenait peut-être qu’à un fil ! je m’écrie.
Ils restent silencieux un instant, me regardant avec un air soucieux et interdit. Seule ma respiration agitée dérange le silence excepté le bruit ambiant des machines.
-Angelina...Felicia t’a défendu de son plein gré. Sa mission était de te protéger coûte que coûte. Tseng savait également ce qu’il savait, et a donné tout ce qu’il avait pour te protéger. Et ils ont réussi. Mourir...n’a jamais été dans leurs intentions, mais un résultat collatéral.
Reeve me regarde avec attention, pour être sûr que je l’écoute bien.
-Tu ne peux endosser cette responsabilité, ni blâmer qui que ce soit, comme tu ne peux réduire l’importance de leurs actes. Ton devoir en retour, est de rendre honneur à leurs efforts, explique calmement Reeve. Respecter et honorer leurs décisions la tête haute, célébrer leurs victoires et rester sauve. C’est la meilleure façon.
Vincent hoche patiemment la tête. Je secoue la tête, frustrée et contrariée au possible, essuyant rapidement une larme. Vincent assure sa prise, pour appeler à mon attention et au calme je pense.
-...Tu n’as pas l’air d’accord ?
J’inspire profondément et mords ma lèvre de façon obstinée pour cacher ma peine et ne pas laisser échapper d’autres larmes.
-Et me mettre à penser que je n’ai aucune responsabilité concernant tout ce qui se passe autour de moi ? Comme les personnes mortes ou blessées ?

-Angelina. Comme Tifa te l’a expliqué…Nous ne faisons que parer au plus pressé, et espérer que nos efforts combinés mènent à un résultat suffisant. Nous évitons au possible de faire des erreurs…mais il est certain que c’est parfois inéluctable. Et c’est toi qui me l’as rappelé. Te souviens-tu de Junon…Costa ?
Je hoche la tête, curieuse de savoir où il veut en venir, la poitrine serrée pendant que je retiens mes larmes et mon humeur.
-…Dirais-tu que les évènements regrettables qui en découlent sont de mon fait ? il questionne prudemment, posément.
-Non, bien sûr que non, je réfute immédiatement en empoignant son bras et en l’avertissant du regard de penser le contraire. Jamais. Tu as fait tout ce qu’il fallait. Tu m’as sauvée sans faute, à chaque fois, aux portes même de la mort. Tout Avalanche fait des miracles- c’est moi qui n’arrive pas à vous suivre. Et ça me frustre ! Si j’étais plus forte j-
-Angelina, appelle-t-il calmement, abaissant une main que je n’avais pas réalisé avoir agitée. Réalise. Tu es.un miracle à toi seule. Par ta seule volonté de vouloir créer une différence, par la force brute si nécessaire. Comme à Costa, lorsque tu as imposé ton aide...parce que tu ne supportais pas l’idée de me laisser combattre seul. C’est toi. Pas tes capacités.
Il me cloue des yeux sur place, sans colère, sans violence, sans heurt. Juste ce regard indéfectible, sa certitude m’atteignant sans détour.
-Que faisons-nous de différent ? Tu fais de ton mieux, comme nous. Tu donnes tout ce que tu as pour nous sauver. Tu t’entraînes sans broncher des heures, ne te plains jamais de tes conditions...ne nous reproche jamais tout ce que nous avons fait de ta précieuse Gaïa, que ce soit en tant que personne, ou Cetra. Que tu n’aies pas grandi et appris à combattre ici n’est pas de ton fait.
Je tique, irritée rien qu’en repensant à mon père.
-…Rends-toi compte. Nous n’en savons pas plus que toi. Nous devons sauver la planète. Nous ne pouvons que penser à prendre les décisions allant en ce sens.

Je le regarde droit les yeux un moment, figée, essayant de renferme le monstre de la colère et de la frustration dans sa cage. Il n’aide personne en cet instant.
-Cela ne m’énerve pas moins, dis-je soudainement avec sincérité après réflexion. Surtout quand on voit le mal que se donnent les aînés pour paraître confiants et se donner raison. Je ne joue pas à ce jeu. Je veux juste bien faire, et cela veut dire aussi regarder où j’ai failli. Pour que le prochain combat soit sans faute.
Je ne peux pas éteindre ma console et recommencer ici…
Cela provoque chez eux un rire bref et surpris. Mais la tension s’est envolée, et ils ont l’air radoucis.
-Et en cela, tu es un exemple à suivre…, glisse Reeve avec un mince sourire. Cependant jusqu’à présent nous pouvons dire que grâce à toi nous réussissons à nous en sortir, et même arracher des victoires.
Je hausse les sourcils avec un air montrant bien combien je suis peu convaincue.
-Angelina, tu deviendras plus forte. Tu l’es déjà. Il faut juste maintenir le cap. Et moi, tout Avalanche je pense, nous engageons à t’y amener. Avalanche étant dans l’ignorance et sans remède, l’ennemie détient les pleins pouvoirs. Mais ta présence ici est une aubaine inespérée. Garde cette volonté, et je te promets que nous renversons la situation, assure Reeve.
La seule façon, hein. Je soupire, toujours soucieuse.
-...Peut-ĂŞtre.
Vincent passe sa main dans mon dos, frôlant ma nuque sous mes cheveux. Il ramène irrésistiblement mon attention à lui.
-Angie...accordes-tu la moindre importance à ce que nous essayons de faire ? ...La moindre confiance en nos décisions ?
-...Oui, je réponds d’une voix atone mais sincère.
-...Confiance en moi ?
Après une pause, le visage figé, je réponds plus fermement :
-Oui.
Un mot court et simple, peut-être le premier que nous ayons inventé. Mais il représente parfaitement tout ce qu’il m’inspire. Un oui sans détour ni hésitation.

Après m’avoir jaugé du regard un instant, il hoche la tête imperceptiblement, ses longs cils noirs se rabattant momentanément sur ses yeux. Puis bougeant ses mains de mes épaules, il m’amène à m’allonger sur le lit, tirant les draps par-dessous.
Je me laisse guider, encore soufflée par mes réflexions et mes émois. Je me contorsionne en enlevant mes bottes et ma veste avant de me glisser sous les draps. Ainsi il me borde littéralement, assis sur le rebord.
-Dors, Angie. Nous te réveillerons demain pour partir. Tu retrouveras Elfé dès lors.
Reeve acquiesce depuis son fauteuil à roulettes devant les écrans, l’air anxieux et fatigué également malgré leurs tentatives pour me rassurer.
-Elle t’attend, c’est certain, mais ne vaut-il pas mieux que tu sois en forme pour tenter quoi que ce soit ? fait remarquer l’ancien employé du conseil de Shinra.
Je hoche alors la tête pour lui montrer qu’il y a une certaine logique même si je me ronge les sangs au sujet de Felicia. Vincent hoche légèrement la tête en retour, tapotant une dernière fois mon épaule avant de se tendre pour se lever.
Mûe par un réflexe, j’attrape sa main rapidement.
-Tu t’en vas ? je questionne en le regardant dans les yeux.
-…Je dois toujours patrouiller, répond-il sans grande motivation. Ne t’en fais pas, je reviendrai, rajoute-t-il plus vivement.
Je hoche la tête lui laissant entendre que je m’en doutais bien, relâchant sa main.
-Je sais. Seul ?
Du peu que j’avais vu, le Gold Saucer me paraissait immense.
-Avec Yuffie et Reeve sur Cait Sith, chacun dans nos secteurs. Tu n’as pas à t’en faire, Reeve reste avec toi. Personne n’a accès à cette pièce à part nous…En plus d’être tenue secrète, elle est sécurisée et blindée. Reeve a également d’autres automates à l’entrée et dispersés dans Gold Saucer.
Puis avec plus de gravité :
-Au moindre incident, je serai lĂ , assure-t-il.
-…Je sais, je n’en attendais pas moins.

…Mince. Qu’est-ce qu’il me prend.
-Bien sûr.
Je secoue la tête d’incrédulité, me fustigeant.
-À tout à l’heure dans ce cas. Sois prudent.
-Toujours.
Je force un bref sourire. Mais il retombe facilement. Il hésite un instant, alors je hoche la tête avec plus de conviction. Il pose sa main sur mes cheveux, paume contre mon front, avant d’enfin se lever. Il semble avoir attendu mon signal.
Reeve nous observe silencieusement pendant que je le regarde partir avec sa démarche rigide, qui trahit sa droiture d’esprit. Mais surtout sa force. Sa détermination et sa confiance en lui. Ses longues jambes couvrant rapidement n’importe quelle distance.
Il sous-entend savoir qu’il peut commettre des erreurs…mais ce n’est pas du tout l’impression qu’il donne. Il semble aller invariablement de l’avant. Une force tranquille mais inarrêtable. Puissante, imposante, impérieuse. Maîtrisée.
Il se retourne une fois, en appuyant sur le bouton pour faire coulisser la porte de métal, derrière une bibliothèque, puis une deuxième et dernière fois, me regardant fixement avec cette pointe d’inquiétude que je lui connais bien, les lèvres serrées alors que la porte nous coupe la vue. La porte se referme lourdement sur nous.

Je soupire et m’agite pour trouver une position plus confortable. L’odeur de Vincent flotte encore dans mon sillage. Mes yeux s’ouvrent par eux-mêmes de surprise à cette réalisation.
-Repose-toi. J’espère que le bruit du clavier et des ordinateurs ne te dérangera pas trop.
Je n’ai pas le sommeil si lourd mais personne n’y pouvait rien et son travail est important. Je serais bien la dernière à m’en plaindre vu le nombre d’heures abrutissant que j’avais passé moi-même sur une machine.
-Ce n’est rien voyons. Fais comme d’habitude Reeve. Cela ne me dérange absolument pas.
-Bien, alors bonne nuit, Angelina.
Reeve me parle avec plus de chaleur paternelle que mon propre père, je remarque.
-Merci Reeve. Bon courage à vous. Réveillez-moi s’il y a quoi que ce soit.
-Bien sûr, m’assure-t-il doucement. Ne t’en fais pas, repose-toi.


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(Music : Jessie’s theme de FFVII Remake)

Il s’est avéré que le bruit n’a pas été le plus difficile pour s’endormir, mais bien toutes ces pensées qui me taraudaient et mon angoisse grandissante pour l’état de Felicia. J’étais agitée et fébrile, pressée de la retrouver pour l’aider.
J’ai tourné et tourné, en vain pour trouver une position plus confortable. Mais rien n’avait l’air plus accueillant que les bras de Vincent tout à l’heure. Son absence d'ailleurs, alors que je viens à peine de le retrouver, n’a en rien aidé à ce que je ferme l’œil tranquillement de la nuit, laissant derrière lui une déchirure brûlante.
La porte s’est à peine ouverte que j’ouvre les paupières et me dresse sur mes bras, rassurée au possible de voir Vincent la franchir, un sac en papier à la main, surpris de me voir réveillée. Je lâche un soupir de soulagement discret alors que j’enfile ma veste.
-Angie, me salue-t-il aussitôt d’un ton que je sais étonné. Reeve.
-Vincent, salue-t-il en retour.
Reeve ne se tourne un instant que pour nous observer avant de retourner scruter les écrans et pianoter sur son clavier, enchaînant les cafés comme Cid enchaîne les cigarettes.
Vincent s’assied sans chichi sur mon lit face à moi, son odeur chaude emplissant mes environs, l’air un peu réprobateur après m’avoir observé. Quel soulagement qu'il soit enfin là. Il n'y a que quand il est là que j'ai l'impression que la situation va bien aller ou s’arranger.
-Tu n’as pas dormi.
Je hausse les épaules. Il a l’air étonnamment pareil à tout à l’heure, à ce sujet. Plus fatigué et les cernes plus marquées que ce à quoi j’étais habituée avant mon absence, mais égal à lui-même.
-Je n’y suis pas arrivée. Je n’avais que quelques heures après tout. Je réfléchissais à tout…et Elfé.
Il ne me toise qu’un instant.
-…Je suis venu te chercher. Si tu étais réveillée, alors tu sais probablement que le vaisseau ne va pas tarder.
Je hoche la tête avec gravité.
-Tiens, dit-il en me donnant le sachet. Mange tout ce qu’il y a. Nous partons ensuite rejoindre une plateforme. Nous devons réduire au possible le temps que tu passes dehors avant de rejoindre le vaisseau. Nos timings devraient donc se rejoindre d’ici là.
-D’accord. Tu as mon entière confiance, tu le sais. Je te laisse diriger.

Ma déclaration lui fait clairement quelque chose, mais je ne saurais vraiment le définir, étant donné que c’est une expression que j’ai rarement vue chez lui : un léger mouvement de recul, un étonnement teinté d’un je-ne-sais-quoi mais cela a l’air sensiblement positif et sérieux. J’entends distraitement Reeve lâcher un bref rictus depuis sa chaise, dos à nous.
Quoi ? Je voulais juste lui dire ce que je pensais avant qu’on ne soit à nouveau séparés pour x raison, peut-être pour de bon.
Après une pause il reprend enfin la parole et la mobilité :
-Mange, intime-t-il, d’un ton très doux en replaçant mes cheveux derrière mon épaule.
Mon cœur batifole comme un papillon l’espace de cette brève seconde à son geste. Mes lèvres s’étirent elles-mêmes d’allégresse.
-Tout le monde est soulagé de te revoir.
-Pas tout le monde, je plaisante.
Il ferme les yeux et affiche brièvement un air désinvolte, ce qui me fait ricaner. J’ouvre le sachet. Du pain et du sucre en boule. Rien à avoir avec le festin organisé chaque jour de ma vie sur Terre. Mais toute la population est dans le besoin sur Gaïa. De ce que Tifa et Elfé m’ont dit, les denrées comme la confiture ou le chocolat ne sont plus seulement rares, elles sont hors de prix.
Il semble attendre ma réaction. Je lui fais un sourire de remerciement et m’empresse de manger pour ne pas risquer de nous retarder. Même si j’ignore combien de temps nous avons exactement.
À présent nous avions passé assez de temps ensemble et étions assez de fois retrouvés dans cette configuration pour que le fait qu’il me regarde manger fixement ne me fasse absolument plus rien.
-Tu ne manges pas ?
Il hoche lentement la tête négativement, très posément, avec ce visage taillé pour représenter la beauté. Avec cette manière à lui de fermer les yeux en même temps. Je souris avec amusement, ressentant avec joie la nette impression de le retrouver. Son expression s’allège, comme un sourire naissant. Je finirai par en avoir, je le jure.
Il se lève aussitôt que j’ai terminé. Je remets prestement mes bottes et pars faire une toilette rapide dans la salle d’eau avant de me poster près de Vincent et de la porte.
-Je suis prĂŞte.

Il échange un regard avec Reeve. Je m’approche alors de ce dernier pour lui présenter une main. Il me la serre très vite avec l’aisance d’un professionnel, malgré une surprise évidente à mon geste.
-Au plaisir de se revoir très bientôt, Reeve. Courage pour le travail à couvrir.
-Plaisir partagé. Je suis sûr que ce sera bientôt le cas. Je suis actuellement en train de préparer et sécuriser la salle de combat et de simulation de Gold Saucer juste pour toi.
Je cligne des yeux de stupéfaction, ne pouvant pas m’empêcher de sentir une pointe d’excitation à cette nouvelle.
-Le Battle Square ?
-Ah, tu montres encore une fois tes connaissances étendues de notre univers. Je vois déjà que cette nouvelle a l’air de te ravir. Je suppose que tu es très familière avec son principe.
-Et comment.
Okay, je suis vraiment impatiente pour être honnête. J’avais séché beaucoup trop d’heures dessus avec une équipe à tous les niveaux, notamment Cloud et Vincent, l’un dont on ne pouvait se départir, l’autre qui faisait preuve de dégâts improbables autant de type physique que magique.
Je le regarde du coin de l’œil…combien les choses ont changé, de ma manette à pouvoir tendre le bras et l’atteindre en vrai, et le regarder autrement que pour ses statistiques et son histoire tragique. Si on m’avait dit que je me retrouverais là un jour.

-La simulation nécessitait une bonne remise à neuf, notamment pour simuler les dégâts et les changements provoqués par Geostigma, ainsi que le bestiaire lui-même. J’espère qu’il sera prêt d’ici ton retour. Nous avons déjà négocié sa privatisation avec le centre selon nos besoins.
-Incroyable. Merci pour votre travail. J’apprécie énormément tout ce que vous faites pour moi. Je l’utiliserai autant que possible à bon escient. Il me tarde !
Il fait une moue et hausse les épaules, laissant entendre humblement que ce n’est pas grand-chose quand je sais très bien ce qu’il en est.
-À très bientôt, Angelina. Prends soin de toi. Et n’oublie pas, le principal est de faire tout son possible, et souvent…cela suffit étrangement.
J’acquiesce.
-J’essaierai de m’en souvenir. Merci pour tout.
Je rejoins l’ancien Turk à la porte, et une fois à portée, il pose aussitôt une main protectrice dans le creux de ma nuque, amenant mon corps presque à son flanc. Je sens poindre son anxiété à des kilomètres à l’idée que je sois à l’extérieur à découvert. J’essaie de l’intimer au calme en échangeant un regard tranquille avec lui.
-Reeve, salue ensuite Vincent.
Ce dernier aborde un sourire mystérieux et un regard insistant.
-Ă€ bientĂ´t Vincent.
La porte s’ouvre, nous nous avançons alors que j’observe à nouveau avec fascination la porte se refermer avec une étagère entière de bibliothèque dans un coin sombre et reculé de l’hôtel au thème horrifique, les murs rouges peu éclairés par de fausses chandelles aux murs. Deux chevaliers en armure se tiennent de chaque côté de la large bibliothèque cachant notre repaire, très probablement des automates contrôlés par Reeve.

(Music : Shinra Creed de FFVII Remake)

Vincent me colle aussitôt à lui, presque sous son bras gauche qui m’entoure fermement, son odeur tout autour de moi. Je ne vois presque rien dans la pénombre de l’endroit, probablement pour encore mieux nous camoufler et désintéresser les curieux.
-Reste toujours près de moi, chuchote-t-il en commençant à faire quelques pas. Je ne pense pas qu’elle soit là, étant donné que les récents incidents continuent d’arriver à Costa, mais on ne sait toujours pas si elle agit seule. S’il arrive quoi que ce soit, sois prête à fuir et à suivre toutes mes décisions. Et il serait bien que tu te décides enfin à écouter.
Je constate à sa démarche assurée que Vincent voit superbement dans le noir, si ses yeux détenant une lueur enflammée surprenante ne représentaient pas déjà un signe évident.
-Roh, ne commence pas. J’écouterai, j’écouterai. N’aurait-il juste pas été mieux de cacher mon visage dans ce cas ?
-N’importe qui te voyant à mes côtés devinerait qui tu es et je ne peux pas me permettre de te laisser trop t’éloigner au cas où.
-Hm, j’admets de dépit. Ne t’en fais pas. Je te suis, je lui réponds solennellement en agrippant son vêtement de cuir dans son dos sous sa cape.
Son dos en devient encore plus tendu.
Bien sûr que je te suivrai. Je sais maintenant en qui je peux faire confiance.
-Bien.
Il accélère, alors nous traversons l’hôtel d’un pas hâtif, les multiples cris d’horreurs -un savant mélange entre clients et établissement je suis sûre- nous accompagnant au milieu des multiples décorations. Comme toujours, partout où nous allons, l’endroit a l’air bondé, l’accueil d’autant plus alors que nous nous dirigeons vers la sortie. Mais Vincent nous navigue sans grande difficulté et nous maintient fermement à distance des gens.

Nous approchons de la porte d’entrée à double battant, large et majestueuse, personne ne portant plus attention que cela à nous. Un battement retentit soudainement. Je sursaute contre Vincent lorsqu’un squelette sort d’une horloge de grand-mère à notre passage, qui me serre alors presque front contre front à son côté.
Je finis par rire alors que nous sortons. Il presse toujours plus le pas avec ses longues jambes, qui me portent presque en me maintenant au rythme. Jusque-là j’avais plutôt maintenu contenance mais cette fois j’admets que j’ai été prise de court, stressée par l’approche de la sortie.
-Ha…désolée, ça m’a surprise, je souffle une main sur le cœur.
-Tu m’as surpris, me raille-t-il un peu.
-Ne c- AH ! je m’écrie alors qu’une chauve-souris tombe sur nous.
Je me réfugie presque sous son flanc et sa cape, prête à faire une crise cardiaque alors qu’il envoie valser au loin d’une main désinvolte l’animal en plastique suspendu à un fil, un mince sourire flottant à ses lèvres.
-Ugh, Seigneur, quelle idée de faire un thème horreur à l’endroit où nous sommes censés nous reposer ? Que cela fonctionne reste un mystère entier !
Un vrai sourire lui Ă©chappe une seconde.
Il me replace correctement à ses côtés pendant que je titube sur l’allée encombrée et humide du cimetière environnant. Je soupire. Même en sachant que tout ce qui nous entoure est faux, je parviens à être surprise. L'orage et les éclats de lumière imitant les éclairs sont extrêmement réalistes. Si la situation n’était pas si sérieuse j’arriverais davantage à en rire d’autodérision. Mais après tout ce qu’il s’est passé je crains réellement d’être attaquée de nulle part.

Au moins j’ai Vincent. Qui maintient presque mon poids, sa main sur mes côtes alors qu’il me presse contre lui, affichant un air sérieux mais beaucoup trop supérieur à mon goût.
-Ça va. Ne te moque pas de moi. Tu te fonds beaucoup trop dans ce décor à mon goût, si tu vois ce que je veux dire.
Il me fixe du regard, de marbre.
-Je devrais peut-ĂŞtre maintenir mes distances moi-mĂŞme dans c-
-Non non ! je panique en maintenant sa greffe qui n’avait même pas bougé de mon flanc. Tu ne vas nulle part sans moi, j’ordonne sèchement en regardant aux alentours une énième fois.
Bon sang qu’il fait sombre. Il hausse les sourcils, l’air impassible- victorieux, donc. Je soupire, le foudroyant du regard.
-Oui et bien ça va, okay ? Je suis anxieuse moi aussi.
Je fais la moue un moment devant la facilité avec laquelle il m’a fait ravaler ma fierté et mon commentaire. Il émet un rire pendant une seconde, vibrant et caverneux, m’atteignant de son torse au mien. Ça faisait longtemps.
Les quelques gouttes qui nous tombent dessus me poussent à prendre un pan de sa cape pour me couvrir, me faisant sentir un peu plus en sécurité à son flanc pendant qu’il me jette un coup d’œil curieux mais…attendri ? Je lui tire la langue une seconde avant de montrer un sourire taquin. Et son expression reste légère alors que nous serpentons parmi les tombes, la pluie qui tombe, les roches et irrégularités du chemin, éclairés seulement par quelques lampes de ville d’une lumière blafarde et peu efficace ça et là.
Plus loin en contrebas, je vois un portail et de la lumière colorée, telle une lueur d’espoir tranchant complètement avec l’ambiance de l’endroit. En me retournant une seconde, je peux admirer la splendeur du décor et la grandeur du château d’horreur, majestueux et imposant dans un style européen ancien et pompeux qui m’est familier. Le champignon entier semble lui être dédié.
Encore une fois, bien plus grand que ce à quoi je m’attendais. L’idée qu’il puisse accueillir beaucoup de monde m’étonne d’autant moins. Nous avions marché un moment, emprunté moult couloirs…peut-être bien qu’il pourrait loger plus que je ne pourrais jamais l’imaginer à plusieurs dans une chambre.

Enfin nous passons sans danger le cimetière et sommes aussitôt envahis par la playlist tonitruante de Gold Saucer, joviale et énergique comme on s’y attendrait beaucoup plus venant d’un parc de divertissement. Comme hier soir, de nombreuses personnes marchent et se déplacent pour vaquer à leurs occupations. Nous sommes à une petite place où de nombreux tuyaux mènent à d'autres champignons, ou autrement dit secteurs et attractions du parc.
Vincent nous emmène très vite devant le tuyau menant au Round Square et debout dans mon dos, me place assise sur le rebord tout en maintenant une prise titanesque sur mon épaule. Heureusement que je ne suis pas trop claustrophobe, je me dis en observant les contours.
-Je descends avec toi.
-D'accord.
Je connais le principe. Tant bien que mal, nous prenons position et il installe ses jambes interminables et musclées à mes côtés. Je toussote pour camoufler ma gêne face à une telle proximité, alors que je sens son odeur et sa chaleur m’envelopper. Un bras me serre le buste, contre lui, son visage presque dans mes cheveux.
-Heureusement que nous ne sommes pas très épais…Comment fait Barret pour passer ?
-Il reste à Canyon Cosmo, répond-il le plus sérieusement du monde.
Je ricane, il sourit en retour durant l’espace d’une seconde. Ah, très bien ! Très vite il carre ses jambes pliées « On y va. » avant de lâcher le rebord par le haut.

(Music : Thoughts. de Chromonicci)

J’émets une légère exclamation lorsque nous glissons aussitôt et que des images colorées et pétillantes, presque trop lumineuses pour mes yeux, défilent à toute vitesse pendant que je me tiens à ses bras autour de moi. La veille Vincent avait emprunté un chemin presque mystérieux tant il était long.
Bientôt la vitesse et la présence rassurante de Vincent me font crier d’amusement tandis que nos corps sont balancés, relancés vers le haut ou glissant à toute allure vers le bas. Ce n’est vraiment pas différent d’une balade dans une attraction aquatique.
Trop vite le voyage se termine et la glissade ralentit jusqu’à ce que nous arrivions sur nos pieds à une nouvelle place colorée et animée.
-Ce système est génial ! je m’exclame en me tournant vers lui.
Un sourire glisse sur ses lèvres avant qu'il ne me reprenne bien vite sous son aile pour nous faire avancer.
-Je savais que tu apprécierais, souffle-t-il distraitement en gardant un œil rivé aux alentours.
-Je comprends comment le système d’air fonctionne pour nous pousser, mais que l’on puisse glisser aussi bien sans eau m’échappe. La matière intérieure attire sans conteste ma curiosité.
-Il y a la même chose sur Terre, avec de l’eau ?...Et tu l’utilises ?
-Oui ! Et c’est dans un parc de divertissement également, basé sur des activités aquatiques. On atterrit dans un grand bassin à la fin pour casser la vitesse de projection, j’explique en cogitant mes mains. C’est tout aussi bien !
D’ailleurs ici c’est le changement de matière à l’intérieur, qui semble adhérer plus qui semble aider. C'est fascinant.
-Comme tu t’en doutes ce n'est plus ma tasse de thé, mais je me suis beaucoup amusée quand j’étais jeune- j’étais très casse-cou. Ma gouvernante et mon père en avaient les cheveux qui blanchissaient avant l’heure- ils ont tout fait pour me discipliner !
Son visage montre à nouveau son ennui et son incompréhension face à des termes purement terriens que je traduis sans réfléchir, quand traduction il y a. Pendant que nous arpentons des couloirs étroits devant différents magasins et enseignes dont je ne doutais absolument pas de l’existence vu ma version de l'univers, je lui explique en détail.
-Oui je vois très bien, conclut-il sans aucun enthousiasme. En effet ce côté est encore bien présent chez toi.
Je lui fais une exclamation outrée pendant qu’il nous arrête.
-Je ne te permets pas ! Sache que je me suis beaucoup assagie- encore plus depuis que je suis ici !
Je pense différemment et j’ai vraiment assimilé des réflexes de prudence.
-Je suis au regret de te dire que ce n’est vraiment pas suffisant, répond-il en gardant un œil alerte sur les alentours.
-Tu es juste surprotecteur, je raille en croisant les bras, l’humeur toujours légère.

Il hausse les Ă©paules en fermant les yeux, toujours avec cette nonchalance.
-Je fais ce que je dois faire.
Il présente ses bras et je pose mes mains sur mes hanches avec une expression pour lui montrer que je ne suis pas dupe, avant de le laisser me porter dans ses bras. J’accroche sa nuque fermement en faisant attention à ses cheveux avant d’afficher un air interrogateur.
-On va prendre de la hauteur.
-Okay.
Cela me semble irrépressiblement familier. Il me remonte une dernière fois dans ses bras et la seconde d’après il plie les jambes, serre ses doigts sur mes jambes et mon buste contre lui et saute sur la ligne du toit du premier bâtiment à notre portée, d’un bond de trois mètres au moins. Il atterrit souplement et dans l’indifférence, preuve qu’il a bien calculé sa force. Mais ce n'était un très grand saut pour lui, je sais.
-Je ne suis pas trop lourde ça va ?
Il laisse échapper un rictus désabusé.
-Ça va aller, il affirme.
Il enchaîne des bonds sur différents toits, gagnant toujours plus de hauteur et de vivacité, me prouvant qu’il ne craignait vraiment rien…jusqu'à ce que l’on s’arrête sur le haut d'un magasin avec une grande horloge mécanique lumineuse près du départ de l’attraction. Sa force et son agilité ont définitivement leur charme- je peux sentir son torse s’élever contre moi, dur et stable.
Il jette un œil en contrebas, à peine essoufflé pendant que je lève les yeux au ciel bleu céruléen de ce matin, le champignon étant à ciel ouvert pour permettre à la cabine de s’élever à l’aide de câbles. C’est assez impressionnant.

Lorsque les câbles s’agitent et claquent dans un son métallique, Vincent se tend et se pose sur le bord. Je commence sérieusement à appréhender.
-Ne me dis pas qu’on va quand même prendre la gondole de l’extérieur ?
-C’est la meilleure solution pour atteindre le sommet. Ne t’en fais, je te tiens, tu ne risques rien.
Je fais traîner un son aigu laissant entendre que je ne suis pas beaucoup plus rassurée, prête à exposer mes arguments. Je laisse ensuite échapper une exclamation lorsque la cabine fait rapidement son ascension et qu’un peu avant qu’elle arrive à notre hauteur, Vincent s’élance.
Et comme si sa cape faisait office de parachute, nous planons légèrement lorsque la gravité se rappelle à nous. Jusqu’à atterrir souplement sur le toit de la voiture rectangulaire aux multiples fenêtres, la gondole s’agitant à peine à notre atterrissage. Quelle souplesse de chat.
Je n’étais pas contrariée par la hauteur jusqu’à ce que je commence de plus en plus à prendre conscience du vide et de l’espace ouvert tout autour de nous à mesure que nous prenons rapidement de la hauteur, le vent dans nos cheveux.
Vincent est accroupi sur le toit avec moi prise entre son torse et ses jambes, mes bras toujours serrés à ses épaules, laissant peu ou aucun espace entre nous. Je me serre davantage contre lui par réflexe pour rendre la position la plus confortable possible. Il me lance brièvement un regard curieux.
Ahem…C’est...étroit. Il continue d’observer avec attention les alentours et le rebord du champignon où il a probablement prévu de nous emmener. Je ne peux m’empêcher de déglutir et n’y pouvant plus, je découvre son visage diaphane à la lumière cuisante et jaune du désert. Mon nez presque collé à sa joue alors que nous partageons une étreinte de circonstances.
Je sens mon cœur s’accélérer pendant que j’essaie de rester imperturbable, chose qui devient difficile lorsqu’il tourne son visage vers moi et que seuls quelques centimètres séparent nos visages, me faisant sursauter un peu.

Nous échangeons un regard un instant, clignant à peine des yeux, moi redécouvrant ce cercle de feu vif autour de ses pupilles et ses longs cils corbeau, au-dessus d’un long nez exempt de tout défaut. Nos souffles se mélangent. Mes yeux tombent sur ses lèvres un instant, distraitement. Ses cils tressaillent alors comme un battement d’ailes de papillon sombre, ses yeux ténus.
Il ne dit rien mais ses doigts humains pressent comme inconsciemment à mon flanc lorsque mon nez frôle la ligne de sa mâchoire à la suite d’un soubresaut, me faisant brusquement inspirer. Mais il ne s’éloigne pas. Il finit par s’arracher soudainement à notre contemplation, prenant une grande inspiration, se recentrant sur le trajet. Même son profil est renversant.
-Ne t’inquiète pas, je ne te laisserai pas tomber.
Je fronce les sourcils. Me demandant s’il peut entendre ou même sentir les battements affolés de mon cœur. Je déglutis en détournant les yeux, la gorge sèche. Je me sens étrange. C’est peut-être son Energie qui se transmet de façon diffuse à moi.
-J-je sais.
Son expression redevient tranquille et confiante. Passés quelques mètres au-dessus du champignon, Vincent tend à nouveau ses muscles et se déploie légèrement.
-Reste calme.
Et il saute dans le vide, me faisant m’exclamer à nouveau pendant que je m’enroule autour de sa nuque. Soudain, son corps s’allège et la cape s’enroule autour de nous. Mue par un réflexe, j’essaie au possible de garder son cou et son visage comme seul point d’ancrage encore solide alors que la cape tourbillonne autour de nous, amplifiant complètement un effet d’apesanteur et de flottement dans l’air.
Je vois à peine dans cette agitation, mais comme toujours, rapidement, Vincent nous rattrape sur des jambes solides et campées sur le sommet du rebord du champignon à ciel ouvert.

Derrière nous, je sens le vide s’étendre et la vue du Round Square entier en contrebas, dans de multiples contrastes de lumières et de métal jauni vieilli. Hors d’haleine, j’essaie au possible de calmer ma respiration et ma panique alors que mon cœur tambourine contre ma cage thoracique.
-C’est à chaque fois comme ça ? je demande d’une petite voix désabusée.
Il lâche un léger rire en me regardant avec clémence.
-Normalement je saute directement de la cabine au toit du vaisseau.
Je lâche un son désabusé.
-Je ne suis pas du genre à avoir facilement le vertige mais j’admets mon inquiétude qui s’amplifie devant le manque total d’attache et la hauteur grandissante. On sent le vide tout autour.
En plus ce n’est pas comme si je savais exactement ce qui allait se passer ou que je pouvais maîtriser quoi que ce soit. Je suis à sa totale merci.
-Avec de l’entraînement, tu seras capable de la même chose, j’en suis sûr. Tu t’y habitueras, si tant est que tu n’utilises pas ta téléportation sans problème.
Je fais la moue. Cela ressemble clairement à un souvenir trop lointain pour eux en revanche. Seigneur. Vivement que j’atteigne leur niveau que je puisse crâner avec autant de désinvolture moi aussi. Pour l’instant je dois dire que j’accorde encore de la valeur à ma vie. Et il me dit casse-cou ?
-En attendant, ne t’en fais pas…je peux voler.
Mes lèvres s’entrouvrent pendant que je le regarde, médusée. Et si…sa cape représentait en fait ses ailes ?

(Music : Johnny’s theme de FFVII Remake)

Très rapidement j’entends le bruit du vaisseau couvrir celui abrutissant du parc, de la musique, des gens, des rires, des attractions et mécanismes. Me tirant de mes pensées alors que j’observais Vincent, l’engin apparaît de toute sa splendeur depuis le côté. Plus immense que dans mes souvenirs, maintenant que je le vois comme ça hors de l’eau, avec sa tête de monstre ressemblant à un squale. J’aperçois même au loin la petite capsule vitrée du cockpit.
Je souris et fais un geste animé de salut du bras. Son arrivée souffle tout autant les longs cheveux lisses de l’ex-Turk que nos corps, les faisant se mélanger aux miens. Finalement, le vaisseau s’abaisse et s’abaisse avec une agilité et une précision déconcertantes jusqu’à ce qu’il soit sur le bord du champignon, où les deux courbures de la structure se rejoignent, tête vers l’avant et ponton supérieur à portée.
Je soupire d’avance.
-Laisse-moi deviner, on va glisser jusqu’en bas pendant des centaines de mètres avant de sauter sur le ponton en priant les divinités de ne pas se rater.
Il me regarde avec curiosité en commençant quelques pas.
-Ce serait une possibilité, mais en plus d’être coûteux et peu pratique pour mes vêtements, ce serait peu élégant et rapide.
-Oh, pardon, je ne voulais pas trop échauffer tes petites fesses enrobées de ce merveilleux cuir SM, je lâche avec sarcasme d’un ton caressant. Comment est-ce que tu as l’intention de faire ça dans ce cas ? je questionne ensuite plus agacée.
-Je peux t’expliquer, si tu me dis enfin ce que cela signifie.
Bien qu’il n’en comprenne pas la teneur, Vincent sait très bien qu’il s’agit de quelque chose de péjoratif à ma façon de l’employer.
-Crois-moi Vincent, tu ne veux vraiment pas savoir. C’était pour plaisanter, j’essaie de négocier d’un ton fébrile.
Il est beaucoup trop vieux jeu pour comprendre de toute façon !

Il hausse les sourcils, l’air de dire « qu’à cela ne tienne » avant qu’il ne se mette à courir, la surface penchant toujours plus vers le bas. « Vincent ! Vincent qu’est-ce que tu fais ?! » Il accélère encore et lorsque la courbure devient trop glissante, il s’élance dans les airs beaucoup trop loin du pont, me faisant l’agripper. « VINCENT ! »
Il n’émet qu’un simple son étouffé lorsque je le serre parce que ma vie en dépend, mais garde contenance alors que nous planons à l’aide de la sorcellerie gravitationnelle de sa cape défiant toute logique à une vitesse étonnante. « Oh mon dieu ! » On est vraiment suspendus, la structure s’éloigne sous nos pieds et le fait que les champignons de Gold Saucer soient eux-mêmes déjà suspendus dans les airs n’aide en rien.
Soudain « Vincent laisse-moi voir ! » je me plains. Qu’on doive utiliser cette méthode je peux encore comprendre, mais me couper la vue à un moment pareil ?! Mais n’avouant toujours pas, serrant les dents et m’accrochant à lui comme une ventouse, la cape finit par nous envelopper et me couper la vue alors que nous continuons de perdre de l’altitude, cette fois filant à une vitesse ahurissante me faisant crier d’une voix aigüe.
Je prends une inspiration de panique, aveuglée, en apesanteur et ballotée par le vêtement. « OKAY OKAY ! SADOMASOCHISTE ! »
Pas moins de deux secondes après, ses jambes heurtent une surface et nous relèvent bien vite debout, moi ébouriffée et hors d’haleine, le visage encore caché par la cape échouée au hasard sur moi, figée par la panique.
Mais lorsque je comprends que nous sommes bel et bien sur une surface dure et qu’en tournant la tête autour j’aperçois le métal du vaisseau ? Je relâche toute ma tension et me laisse complètement porter, bras ballants et tête en arrière en lâchant un grognement de soulagement, mon cœur ralentissant.

Vincent n’a toujours pas bougé d’un poil alors que je sens le vaisseau s’agiter. Reprenant enfin un peu mon souffle, et réalisant ce qu’il s’est passé…je soulève craintivement la cape de mon visage et jette un œil par-dessous. Il a un visage fermé et consterné, interdit alors qu’il me fixe intensément des yeux sans respirer semble-t-il, comme une gargouille.
Aïe aïe aïe…je repose doucement la cape sur mon visage et décide que faire la morte est décidément pour le mieux à cet instant.
-Angie, claque alors sa voix grave en me secouant une fois.
-Okay, okay ! J-je suis désolée, vraiment, je me dépêche de dire en agitant mes mains devant moi alors qu’il me jette très vite sur mes pieds et continue de me fixer sans sourciller du regard du haut de son mètre quatre-vingts quatre. Mais c’est toi qui as demandé à…
Je me ratatine alors qu’il me cloue sur place du regard. J’essaie de me distraire et de détourner les yeux, gênée au possible d’avoir hurlé ça en plein vol. Je regarde distraitement toute l’infrastructure dorée et vieillie du Gold Saucer s’éloigner, grimaçant. Mon dieu c’est quelque chose dont je ne suis pas fière du tout et dont je me souviendrai longtemps.
Je remarque que le pied du parc est plongé dans un brouillard sombre et noir qui ne donne aucunement envie, au lieu des dunes de sable auxquelles je m’attendais. Une chute dans le vide semble vraiment être le cadet de leurs soucis quand même à Avalanche…
Enfin, il soupire, détournant les yeux, l’air vraiment sidéré.
-N’en parlons plus jamais.
Je grimace alors de culpabilité pendant qu’il me prend par le bras et nous mène à l’intérieur du vaisseau, son odeur de métal et sa froideur familière m’enveloppant aussitôt. Il laisse mon bras partir et appuie sur le bouton d’appel. Les portes de l’ascenseur s’ouvrent aussitôt sur l’habitacle. Je le suis à l’intérieur et me poste à côté de lui, croisant les bras de façon inconfortable autour de moi.

Je toussote, essayant de briser le silence intense dans l’espace restreint pendant que la boîte métallique descend les niveaux. Comment pourrais-je savoir que ce genre de choses existe aussi sur Gaïa ? L’envie de diversité est peut-être universelle ?
-Je ne le pense absolument pas, d’accord ? C’était dit sans méchanceté…
Il lâche une brève expiration dédaigneuse.
-Je suis même à peu près sûre que tu es plutôt du genre vanilla.
Son visage se tend encore davantage.
-Qu’est-ce encore que cela ? traîne sa voix sombre.
Donc ils connaissent SM et pas ça ? J’ouvre la bouche quand il m’interrompt en levant la main :
-En fait, je ne veux pas savoir. Ni en parler avec toi…À ton âge j’apprenais encore à parler à une fille, il fait remarquer, maugréant avant de soupirer de façon désabusée.
-C’était il y a quarante ans !
Quelle vieille bique ! Tifa et Elfé ne sont certainement pas timides. Il me réduit au silence par le regard.
-Bien, comme tu voudras.

Quel prude. De ce que je sais les garçons ne sont jamais timides à cette conversation, et je pensais enfin sortir du carcan trop lisse et étouffant de ma famille ici…j’imagine que vivre sur Terre et passer son temps sur internet et les jeux vidéo a tendance à désensibiliser.
Un vrai gentleman en somme, de la vieille, vieille école. Pas étonnant qu’il soit dans le classique d’« aimer à la folie pour toute la vie et au-delà encore coûte que coûte et toujours supporter la personne aimée ». Ou est-ce juste ce qui arrive quand on est vraiment amoureux…comment pourrais-je savoir ?
Je glisse un œil de côté et constate que, bien qu’il soit de mauvaise humeur -ce que je comprends- il a surtout les méninges qui tournent à plein régime. Ses yeux vrillent légèrement entre ses cils, les sourcils légèrement froncés, le regard un peu vague, même si je sais qu’au moindre danger il peut aussitôt se concentrer.
Juste avant que la porte ne s’ouvre, je finis par me pencher pour glisser en chuchotant :
-Ça veut dire que tu es romantique.
-Angelina-Anderson ! me fustige-t-il aussitĂ´t en me foudroyant du regard.
Je lève les mains et m’éloigne en signe de reddition. Oh là là, je voulais juste être sûre de dissiper le malentendu- je ne fais rien de mal !

-Hey lĂ  !
Cid saute du promontoire et après avoir envoyé une sacrée patate dans l’épaule du tireur d’élite qui dévie à peine, s’avance vers moi en maintenant longtemps son regard sur lui. Nous échangeons de façon étonnamment naturelle une brève mais puissante étreinte. Je ris sincèrement.
-Quel plaisir de tous vous revoir !
-Tu nous as sorti un sacré numéro avant de disparaître nous ficher un sang d’encre, toi ! Cet idiot t’a cherché pendant des jours, lance-t-il en secouant la tête du côté de Vincent, les mains sur les hanches et les sourcils hauts de défaitisme. Pour ma tranquillité, ne reste pas à ma garde si c’est pour disparaître- j’l’entends encore gronder ! rigole-t-il mais je dénote un fond de rire jaune et de moquerie.
Il avait dû être agaçant et insistant, parce que je commence à bien connaître ce côté bien à lui. Dieu vous garde d’arracher ou de vous attaquer à ce que défend un Cerbère.
-Oui, désolée, je vois un peu le genre, je glisse derrière ma main.
Vincent croise les bras et nous fusille du regard- nous serions morts s’il pouvait.
-Bien risible de la part de celui qui a chassé le sbire de Sephiroth jusque dans les montagnes de Corel…
Cid lâche un rire désabusé, croisant les bras sur son torse musclé, avant de pointer un doigt sur lui.
-Qui est l’premier à m’avoir suivi à cœur joie j’m’demande !

Je ris un moment devant leur joute avant de demander sérieusement à Cid, constatant que quelqu’un le remplace à la barre et que toute son équipe a l’air à l’aise à son poste tel un mécanisme bien huilé :
-Faites-moi un résumé. Je veux tout savoir, tout ce que j’ai manqué. Ce qu’on a sur les Cetras aussi.
Cid me commande vers le centre du cockpit d’un geste impétueux de la main, l’air sérieux lui aussi. Vers la sphère.

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(Music : You are our only hope now de Jordan Rees)

Je regarde en contrebas à travers la vitre Costa del Sol s’étendre à nos pieds exactement comme je m’en souviens. Cid fait preuve d’une précision incroyable alors que le vaisseau reste en stationnement au-dessus de la villa après un arrêt lent et maîtrisé. Alors que je me prépare en regardant en bas, j’ai encore cette étrange impression de sentir ce qu’il y a autour de moi, comme des signes de vie, et c’est presque comme si en me concentrant, comme on fait la mise au point avec ses yeux, je pouvais voir des lampions de vie s’agiter sous mes yeux.
-Tu es sûre de pouvoir le faire ? demande Vincent en regardant avec moi en bas.
-J’en suis sûre. Fais-moi confiance.
C’est ce que j’ai fait, et ça a marché. Ça peut marcher deux fois, pas vrai ? En regardant la villa attentivement, je peux observer deux lueurs turquoises, de la même façon qu’une caméra thermique verrait des corps, dont un extrêmement sombre. Fascinant.
-C’est la meilleure façon de se déplacer sans qu’elle m’aperçoive. Elle ne verra que Cloud monter.
Je ferme les yeux, cette acuité spacio-sensorielle se déclenchant à nouveau, se déployant à mes environs. Vincent brille comme un soleil à côté de moi. Son Énergie ne ressemble à celle de personne d’autre que j’ai vu ou senti pour l’instant. Même Cloud en est loin.
Je concentre mon esprit sur la lueur assise et l’autre sombre derrière mes paupières, je peux presque voir leur image trouble. Je me souviens parfaitement de la villa. Et ce serait quelque chose à tenter dans le cadre d’un entraînement, mais me concentrer sur quelqu’un, une énergie, comme une identité, me paraît plus facile. Et l’identité d’Elfé semble avoir changé, comme je le craignais.

-Donne-moi ta main, j’ordonne distraitement.
-Je-
J’attrape sa greffe avant qu’il ne change d’avis. Il est toujours si consciencieux.
Là ! Je sens la vitre sous mes pieds changer de texture, comme si j’étais en apesanteur. Je peux les voir, comme une vision, comme lorsque je cherche Vincent dans l’océan de Lifestream !
-On y va !
Le verre se dérobe sous nos pieds et la seconde d’après nous atterrissons quelques centimètres au-dessus d’un sol pierreux, l’endroit à peine éclairé, des caisses éparpillées, un bureau avec de multiples papiers, livres et objets et surtout, trois personnes qui nous regardent avec un air complètement étonné.
-Angie ! s’exclame Shera.
-Je suis là ! je lance à l’assemblée. Elfé !
Je m’approche aussitôt du chevet de Felicia allongée dans le lit installé contre le mur mais Vincent retient rapidement mon bras d’une prise titanesque.
-Attends ! Tu ne sais pas encore ce qu’il en est, dit-il de façon tendue, preuve de sa légère panique. Prends le temps d’observer avant de voir ce que tu peux faire. Felicia est extrêmement contagieuse.
Vincent Ă©change un regard inconfortable avec Verdot.
-On ne peut pas se permettre de te perdre non plus, termine-t-il.

Je me retiens de m’approcher de toutes mes forces alors qu’elle semble se réveiller, clignant des yeux plusieurs fois sur moi. Son Énergie est complètement noire et sa lueur faible.
-Vincent, salue Veld en restant assis au chevet de sa fille mais à une certaine distance de sécurité.
-Veld, nous sommes venus aussi vite que possible.
-Je vois ça. Merci d’avoir fait aussi vite.
Elle n’a pas seulement l’air malade- je la sens malade. Cela ressemble trait pour trait à ce que j’ai ressenti lorsque la sbire nous a attaquées. Elle est pâle, ses draps blancs sont salis d’une substance noire qui semble suinter d’elle, je peux voir ses vaisseaux sanguins et des traces sombres sous sa peau presque transparente. Je déglutis devant l’horreur de la situation.
-Elfé…
Je me détends enfin sensiblement quand Elfé bouge légèrement, et trouve la force de me sourire sous le bandage à son front.
-Hey…, je glisse d’un ton que j’espère amical et rassurant, essayant de cacher ma panique et ma peur face à l’invraisemblance de son état.
C’est une femme tellement forte, tellement déterminée et talentueuse. De la voir réduite à cet état, de voir pour la première fois les effets de Geostigma sur quelqu’un…à nouveau la situation de Gaïa me gifle en pleine figure, même si j’avais été briefée sur ses symptômes au vaisseau.
-Angie, salue-t-elle d’une voix faible et croassante. Tu as l’air en forme…je suis rassurée.
Je fais deux pas supplémentaires dans sa direction avant que Vincent ne me retienne à nouveau.

-Je vais bien, je vais très bien. Tu m’as sauvé la vie Elfé, je lui assure. La maladie ne peut pas me toucher je pense. Jénova et les Cetras ont évolué pour être deux éléments contraires, je sais au moins ça, j’annonce à tout le monde. Je ne sais pas encore comment je vais m’y prendre, mais je vais tout faire pour t’aider, okay ?
Son père hoche solennellement la tête. Je tourne mon visage vers lui, contrite. Il a les traits creusés et fatigués…c’est un père autant à l’agonie que sa fille…et c’est arrivé par ma faute.
-Je…je suis désolée-
-Nous verrons cela plus tard, dit-il fermement en se levant. Occupe-toi de ma fille, s’il te plaît.
Vincent et lui échangent un regard. Je prends une profonde inspiration pour essayer de calmer ma respiration agitée.
-Pourquoi sommes-nous ici déjà ? Pourquoi dans le sous-sol ?
-Felicia est extrêmement contagieuse et la lumière est irritante pour les malades…nous voulions éviter à tout prix une propagation et que la ville ne soupçonne quoi que ce soit ou qu’il y ait un mouvement de panique. Elle a montré une extrême résistance aux effets de la maladie mais…
…Shera ne poursuit pas.
Mes yeux continuent de vriller sur différents points sur elle. Je me concentre, plisse les yeux et son Énergie se calque à nouveau à ma vue. Nous avions déjà conclu que le fait qu’elle ait été porteuse de la matéria Zirconiade pendant des années en plus d’être une combattante robuste et aguerrie a retardé avec chance l’échéance.
Je pose mes yeux sur Veld et Shera, qui émettent tous deux une lueur de Lifestream diffuse et constante, « normale » donc je pense…comparés à Vincent qui semble irradier de Lifestream. Et de quelque chose de sombre et puissant, dans des lueurs de nébuleuse comme on en trouve dans l’espace : du noir, et des volutes et des nuages allant du bleu sombre, au mauve, au bordeaux et au rouge vif.
Vraiment…je ne sais pas ce que c’est, mais c’est puissant et vivace, à l’image de sa force et de sa magie.

Et ça. Qu’est-ce que c’est que ça… ? Ciel…ça brille comme une étoile, rond et lisse, comme un cristal contenant une galaxie entière au niveau du cœur. Je fronce les sourcils plus que jamais, complètement abasourdie par ce que je vois. Qu’est-ce que tu es, Vincent ?
Vincent me lance un regard interrogateur en retour à mon inspection alors que je fixe sa poitrine, ébahie et fascinée à la fois.
Son bras métallique pompe continuellement de l’Énergie à travers son corps…qui en passant par ce « cœur » énergétique semble transformer sa Rivière de la Vie en ces courants sombres que je ne saurais décrire. Mais ce n’est pas du Geostigma. C’est complètement différent.
-Est-ce que tu vois quelque chose de différent dans mes yeux ? Comme le miroir de la dernière fois ? je demande, fébrile.
-…Non, assure-t-il.
Je suis sûrement en train de m’éveiller à mes pouvoirs au fur et à mesure que je les comprends. Jusque-là, « ceci », quoi qu’il s’agisse, m’a surtout aidée à me transporter près de Vincent, mais cela signifie que cela n’a donc rien à voir avec le côté « oracle ».
-Je peux voir vos Énergies. Je peux voir Geostigma et…
-Nos Énergies ? ils questionnent.
Je laisse Ă©chapper un souffle de frustration. Pas maintenant.
-Nous en parlerons longuement dès que ceci sera fini. Je vais aspirer son Énergie, je déclare en me tournant vers Elfé à nouveau.
-Tu ne sais pas ce qui peut se passer, argumente Vincent d’un ton catégorique. Même si tu n’en tires aucune séquelle, son attaque de Lifestream noir t’a quand même causé de la douleur. Ça ne peut pas être sans signification.
Je grimace d’hésitation.
-On ne peut pas savoir sans essayer. L’attaque a été virulente et douloureuse mais je ne suis absolument pas tombée malade, ni n’ai même senti de différence quand elle s’est arrêtée. Sur Terre ils n’ont même rien remarqué à part mes blessures. Je suis à peu près sûre d’être immunisée.
Vincent aussi est différent, cela explique sûrement qu’il ne puisse pas tomber malade non plus. Et que cela n’a rien à voir avec la Mako ou les expériences étant donné que Cloud peut tomber malade.

-Pour être franche je ne sais pas si c’est la chose à faire…j’ai peur d’empirer les choses et de te prendre les dernières forces qu’il te reste mais…
Je serre les dents et les poings.
-Angie…
Elle me regarde droit dans les yeux.
-Je n’ai pas peur. Je me suis préparée à toute éventualité quand j’ai décidé de te protéger.
Je me fige.
-Tu es sauve, c’est ce qui compte.
-Angelina, appelle Veld.
Je le regarde, tendue comme jamais. Son ton est différent. Il est bien loin du calme de sa fille.
-Tu es sans conteste la seule qui a pu purifier Geostigma jusqu’à maintenant. Tu dois pouvoir faire quelque chose, il presse.
-Et si elle n’y arrive pas, questionne Vincent d’un ton tendu en l’observant.
Ils se jaugent un instant du regard.
-Je sais que tout ceci est de l’ordre de l’inconnu. Mais on ne peut pas savoir sans essayer- on pourrait développer un remède, une solution face à tout cela. Ma fille pourrait en être le premier exemple !
-…C’est précisément la raison pour laquelle naviguer dans l’inconnu et risquer notre seul atout contre Geostigma est risqué, Vincent avance. Crois-moi, je souhaite plus que tout aider Felicia mais-
-Ma fille s’est sacrifiée pour elle !
Je pose mes doigts sur mon front.
-S’il vous plaît ! s’exclame Shera sans se départir de sa douceur ou de sa réserve habituelle. Quoi qu’elle décide de faire, Angie a besoin de concentration et Felicia de calme.
Les deux hommes cessent de hausser la voix. Et doivent se contenter d’échanger un regard orageux intense, avec un mélange de confusion, de frustration et d’anxiété. Aucun des deux ne semblant prêt à tomber d’accord.

Fin du Chapitre-20
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Bloopers :

~Jusque-là j’avais plutôt maintenu contenance mais cette fois j’admets que j’ai été prise de court, stressée par l’approche de la sortie.
-Ha…désolée, ça m’a surprise, je souffle une main sur le cœur.
-Tu m’as surpris, me raille-t-il un peu.
-Ne c- AH ! je m’écris alors qu’une chauve-souris tombe sur nous.

Full1 : Je m'écrie (sinon ça veut dire qu'elle s'écrit elle-même, ça va être compliqué sans stylo et accompagné d'un mec qui ne sait que monter des échelles)
DG : XD

~Garce cette volonté.
DG : Reeve 2k20.
Full1 : Oh bah- ! Reeve, voyons, un peu de tenue xD ! Je sais bien que tu as occupé un rôle de meuble dans la saga jusqu’à présent, mais quand même !
DG : Haha !
> J’affiche un air interdit. J’entends Vincent recharger brusquement son arme à côté de moi.