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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Yo yo yooo ! Là comme promis pour la sortie du mois ! Comment va tout le monde ? Il fait extrêmement chaud en ce moment, j'espère que vous vous protégez et hydratez bien. En ce qui me concerne je suis en plein déménagements et envahie par les arnaques. J'ai peur d'être à nouveau enfermée en confinement avant d'avoir eu le temps de déménager et que tout le pays soit à nouveau gelé. J'ai aussi pleeeeein d'idées pour Angie, qui est la fic que j'ai eu le moins de mal à reprendre, mais j'espoir qu'avec l'entraînement, je finisse par reprendre les autres exactement là où je les ai laissées. J'éprouve le plus de mal pour Death Note et Bleach. Le reste suit tranquillement son cours. Enfin, cela dit, quand j'ai le temps. À part ça, je traîne une douleur au pouce depuis un moment, alors que j'étais en train d'avoir à nouveau un bon niveau au piano. J'ai essayé de faire des pauses (ce qui était dur sachant que mon piano électrique va bientôt partir avec le déménagement) mais malgré cela la blessure s'est comme aggravée. J'ai mal à toute la main gauche jusqu'au poignet désormais. Je suis en train de me motiver pour aller au médecin, mais je dois avouer que ça me fait chier de les déranger pour ça avec tout ce qu'il se passe. Mais bon, j'ai mal, je ne peux plus jouer...et j'ai peur que cela soit assez grave pour que je ne puisse plus jouer du tout. À surveiller donc ^^. Je suis toujours sauve du Covid, j'espère que vous aussi, et que vous prenez soin de vous. Merci infiniment à Full1 et Eclipse1995 pour la correction et l'élaboration de ce chapitre. Je voulais signaler que j'avais aussi corrigé les premiers chapitres et changé quelques typos. Exemple : Aeris - Aerith, AVALANCHE - Avalanche pour essayer de coller à la version officielle donnée dans le Remake et qui, je pense, correspond à la traduction officielle. Parce que celle d'il y a vingt ans, ah là là, je me souviens encore de quelques perles ! Et oui je sais XD, ce ne sont que des détails mais pour moi c'est important. Et puis je vais arrêter d'entendre une voix crier AVALANCHE (genre, comme là - vous aussi ?) chaque fois que je l'écris et lis mdr. Je garderais les majuscules pour les crises de nerf d'Angie mdr. Allez ! :D Bonne lecture et comme toujours, n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez et vos futures théories ! Biz à tous !

Chapitre 19 :: Pareils

Angie (Music : Mirror mirror II de RWBY)

Je rouvre les yeux, la bouche pâteuse, l’esprit confus, le sol tanguant vertigineusement. Pourtant, je me sens étrangement euphorique, la douleur de mes blessures à l’épaule ne me lance que distraitement.
-Mademoiselle Anderson, il faut boire.
Avec le peu de présence d’esprit dont je suis capable, je la laisse me soulever la tête et accepte sans contrainte le verre d’eau qu’elle penche à mes lèvres.
-Madame Sanders ? croasse ma voix.
Ma vue est si imprécise, mais je suis quasi-sûre que c’est elle.
-Oui, c’est moi, Mademoiselle Anderson. Tout va bien, ce sont les antidouleurs. La morphine. Vous vous remettez bien de l’opération.
-Quelle opération ?
-Vous vous souvenez, l’opération que vous avez dû subir à votre retour ? Juste avant que vous ne vous réveillez la première fois ici ?
Non… Non je ne me souviens quasiment de rien, et quand c’est le cas, tout est confus et lointain. En particulier depuis que j’ai essayé une fois de m’enfuir, debout dans la pièce, et que j’avais réussi à faire s’illuminer mon corps. J’ignore si cela aurait fini par aboutir par une téléportation réussie, mais je ne pouvais décemment pas le savoir sans essayer.
Je soulève des yeux incertains vers elle. Les siens ne sont pas rouges. Ils sont d’un vert éteint.
Qu’est-ce que je fais là, bon sang. Je dois partir. Je dois retourner là-bas à tout prix. Ils ont besoin de mes pouvoirs. Je dois encore m’entraîner. Qui sait ce qui est arrivé après mon départ.

Vincent. Vincent me manque. Je m’étais habituée à le voir tous les jours. Et parfois il m’agace tellement. Mais à cet instant je me disputerais volontiers avec lui. Je rêve souvent de lui. Je rêve que je suis sur Gaïa. Il est toujours avec moi, à côté de moi, partout où j’erre dans mon rêve, quelle que soit mon aventure ou mon épreuve, il est avec moi, et mon subconscient se souvient mieux de sa voix caverneuse, caressante parfois, souvent sévère mais rassurante, que moi.
-Est-ce qu’il va venir ?
-Qui donc, Mademoiselle ? demande-t-elle de sa voix monotone, une main dégageant rapidement une mèche de mon front.
Je cligne des yeux, tournant mon visage vers elle.
-L’homme aux cheveux blancs.
Elle pince légèrement les lèvres, l’air surpris, mais contenu, comme toujours, comme convenu de la part de personnes de notre rang.
-Quel homme aux cheveux blancs, voyons. Reposez-vous, Mademoiselle Anderson. Tout cela ne sera bientôt qu’un mauvais souvenir, assure-t-elle en arrangeant les draps d’hôpital une énième fois autour de moi.
Mais je la connais. J’ai grandi avec elle. Cette façon de cligner des yeux à répétition, le visage rigide…elle n’est pas à l’aise.
-Ce n’était pas un mauvais souvenir…, j’assure d’une voix pâteuse. C’était un beau rêve.
Dans ce rêve, je pouvais faire quelque chose pour le monde que j’aimais, auquel j’ai toujours pensé et senti que j’étais destinée.
-Je ne veux pas… je ne dois pas… l’oublier…, je marmonne, clignant des yeux, l’esprit embrumé et peinant à rester consciente. Madame Sanders…Ive… Je ne dois pas… oublier.
Elle pince les lèvres, l’air différente de d’habitude. L’air autre chose que rigide.
-Ce n’était qu’un cauchemar, Mademoiselle Anderson. Endormez-vous, tout ira bien.

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Je suis encore stone. Je crois. Le monde a l’air étrangement léger et glissant.
-Madame Sanders… ?
-Oui, Mademoiselle ?
-Pourquoi ne m’appelez-vous jamais par mon prénom… ? Pourquoi pas Angie ?
Elle cligne des yeux, l’air prise de court.
-Vous m’avez vue grandir, n’est-ce pas ?
Je réalise soudain quelque chose. Je laisse échapper une exclamation de surprise.
-On peut même dire…que vous m’avez élevée.
Je pousse une autre exclamation, de choc cette fois.
J’ai détesté sa rigidité, toutes ses leçons et sa sévérité si longtemps. Je l’ai maudite des centaines de fois. Mais après avoir côtoyé Vincent, je sais maintenant que sévérité n’était pas synonyme de haine, d’indifférence ou qu’on soit foncièrement rabat-joie. Au contraire, quand on prend le temps de remonter les bretelles et de donner des leçons incessamment à quelqu’un en portant toujours ce visage inquiet, c’est bien par affection, par égard pour la personne.
On ne s’empêtre pas pour quelqu’un qui nous indiffère, et toutes ces années, Madame Sanders est allée bien au-delà de son travail de gouvernante.
-C’est trop d’honneur que vous donnez à mon travail. Ma seule préoccupation est de m’assurer que vous alliez bien et que vous étiez respectable. Que les directives de votre père soient obéies à la lettre.
Bien sûr ! Combien d’heures elle avait passé à m’aider à faire mes leçons, à panser mes plaies, me conseiller et m’accompagner pour des séances de shopping, à observer mes heures de sommeil. Sans jamais franchir la ligne. Mais toujours, toujours elle a cette manie d’arranger mes vêtements et mes draps sur moi. Et maintenant je sais. Soudain je sais !

-Madame Sanders…s’il vous plaît…je ne dois pas oublier…
Elle me fixe des yeux.
-Je ne veux pas oublier…
Je sens des larmes couler à mes tempes pour la énième fois, rien que d’y penser.
-Comme j’ai oublié Maman.
Je ne sais plus d’elle que son visage. Le mien. Mes cheveux. Les siens.
Je lutte pour garder les yeux ouverts.
-S’il vous plaît, ils ont besoin de moi. Si je n’y retourne pas, Gaïa pourrait disparaître pour de bon. S’il vous plaît, arrêtez la morphine…arrêtez quoi que ce soit qui m’empêche de réfléchir.
Mes mains s’agitent à mes côtés, mais en vain, menottée au lit d’un bras, l’autre replié en écharde contre moi.
-Je vous en prie…Notre terre…Notre planète ! Elle va mourir !
De secondes en secondes, sa façade se transforme, son visage devient pâle et interdit.
-Mais enfin vous n’y pensez pas… la douleur- enfin… !
Elle replace Ă  nouveau les draps bien autour de moi, presque sous mes contours.
-Je ne peux pas faire cela ! Votre père… votre père-
Elle peine Ă  trouver ses mots.
-Ive…Ive n’a rien de terrien, n’est-ce pas ?
Son regard embué me répond.
Mon dieu. Tout ce temps. Tout ce temps, j’étais entourée de je ne sais combien de mes semblables, arrachés à leur planète en quête d’une meilleure vie. Nous étions pareils à des immigrants. Comment avions-nous réussi à être si fortuné dans notre malheur ?
-Je peux la sauver. On peut y retourner. Les choses ont changé. J’ai des personnes prêtes à tout pour m’aider. Avalanche ! Vous connaissez sûrement Avalanche ! J’ai déjà gagné des combats, réussi à repousser la maladie… !
Son regard distrait trace encore mes nouveaux muscles, fins mais gonflés à bloc.
-Je me suis même mise à grandir, j’arrive enfin à prendre du poids. Je n’avais aucun médicament sur moi… juste Vincent, et la Planète ! Je ressens l’énergie de la Planète… j’entends ses voix...J’ai des amis et...je ne me suis jamais sentie aussi bien dans ma peau.

Je ne peux m’empêcher de sourire allègrement, les yeux dans le vague. Vincent… ses longs cheveux noirs et son visage diaphanes et parfait, son nez droit et ses lèvres charnues. Sa taille imposante et ses jambes interminables. Son odeur chaude, son énergie chaude, sa température chaude. Sa main attentionnée sur mes cheveux. Ses longs cils bordant des yeux d’un rouge enflammé.
-Vous devriez le voir, vous savez…
Je lève ma main dans le vide. Il n’est pas là. Juste dans mes rêves. Et son absence, la disparition de mon seul ami, le seul qui ne se soit jamais intéressé à moi me crève le cœur.
Il est comme vous, toujours inquiet pour moi, même quand tout va bien. Je pense que vous l’aimeriez bien.
Elle m’observe avec attention, dans un silence soudain.
-Je vous en prie, Madame Sanders, je demande à nouveau alors qu’une urgence me traverse à nouveau. Je dois les retrouver.
Le retrouver.
-Je suis navrée, Mademoiselle Anderson-
-Angie, j’insiste.
Je lève les yeux vers elle.
-Ne m’appelez plus comme cela. Appelez-moi Angie. Parce que la seule chose qui vous sépare d’être ma mère… est le fait que vous ne m’ayez pas mis au monde et que je ne veux pas l’oublier. Et vous ?!
Elle se retrouve sans voix, me regardant avec une Ă©motion que je ne lui avais jamais vue sur le visage.
-Je… je ne peux pas. Rien ne sert d’user de stratagème avec moi !
Je ne dévie pas mon regard, alors qu’elle s’empresse d’attraper ses larmes à ses commissures.
-Que….que vous arrive-t-il enfin ? Qu’ont-ils mis là-dedans ? enchaîne-t-elle en regardant le compte-goutte d’un air démuni.

-… Vous plus que quiconque, vous devez bien avoir remarqué un changement, n’est-ce pas ?
Ne me dites pas que je suis toujours aussi écervelée que je l’étais avant mon départ. Ne me dites pas que je suis toujours la même !
Elle secoue la tĂŞte.
-Regardez-moi ! Je suis sincère. C’est ce que je suis. Je suis toujours sincère, n’en déplaise à la bienséance, vous le savez ! Pas vrai ?
-Mademoiselle Anderson… !
Elle se précipite sur ses pieds, l’air de ne plus savoir quoi dire ni où se mettre. Je la vois agitée pour la première fois. Je la regarde, la tristesse m’envahissant.
-Vous m’avez élevée, et j’ai été pénible plus d’une fois, je le sais… Je ne me rendais pas compte de ce j’avais, et je suis toujours après ce que je n’ai pas.
Je souris.
-Et je ne vous ai jamais remerciée… Merci, Ive. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Tout ce que m’avez enseigné, toutes les fois où vous m’avez aidée. Vous êtes la meilleure.
Elle place une main de chaque côté de son nez, à plat, jointes comme une prière alors que ses larmes lui échappent de plus en plus. Je ne l’avais jamais vue comme ça. Tous mes caprices, mes crises de nerfs, mes énervements à différents évènements, ma frustration à mes leçons à diverses occasions, ma réticence et mon entêtement… tout cela l’avait laissée littéralement de marbre. Elle a toujours su me gérer et s’assurer que ma vie était toujours ce qu’elle devait être.
Mais je n’ai toujours retenu que le mauvais. Maintenant je vois les choses différemment. Elle ne m’a jamais détestée.
-Je voulais que vous le sachiez, avant…que je ne régresse.
Finalement, elle se rassoit près de moi et arrange à nouveau les draps, plus haut encore sous mon menton, avant de me tapoter gentiment à divers endroits, s’assurant que je n’ai pas froid, me faisant sourire doucement.
-Ce n’est rien, Angie.
Je sens à sa façon de le dire que le nom lui est complètement étranger, franchement bizarre, comme on prononcerait pour la première fois un terme dans une autre langue.
-Je n’ai fait que mon travail.
-C’était un sacré travail, je complimente.
Elle toussote, se redressant sur sa chaise, et ne me reprend pas, un mince sourire derrière son poing fermé. L’amusement me traverse.
-Racontez-moi… Dites-moi comment c’était, avant, sur Gaïa…

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(Music : This Life is Mine de RWBY)

Peut-être avais-je été vraiment idiote, ou aveugle. Ive n’est pas devenue différente. Elle n’est pas moins froide, moins sévère, moins insistante avec ses règles et ses conseils opiniâtres… mais c’est comme si une porte s’était ouverte entre nous. Au fur et à mesure que je regagnais mon esprit, elle s’était ouverte à la discussion. Et je réalise à nouveau ce que je risque de perdre si je perds la mémoire.

Le jour où mon père franchit à nouveau la porte, en revanche, j’ai eu l’esprit clair toute la journée. La douleur à mon épaule, aux deux blessures, est insoutenable, mais le moins que l’on puisse dire, c’est que cela maintient mon esprit en alerte. Et j’ai su alors que je n’étais pas seule, même ici. Quelle idiote j’étais.

Lorsque les portes coulissent, je fais mine d’être sonnée, comme à mon accoutumée. Mon père et Ive échangent rapidement quelques paroles avant qu’elle ne soit rapidement congédiée. Une autre personne pénètre alors dans la pièce, et je dois user de tout mon sang-froid pour ne pas réagir outre mesure.
C’est un homme fin, les cheveux longs cette fois extrêmement blancs attachés en queue de cheval basse et lâche. Ils avaient l’air naturels et blanchis aussi naturellement par le temps. Il ne devait pas avoir plus de la quarantaine, les traits à peine durcis par les années et le visage plutôt androgyne et aquilin, allant de pair avec son air et son maniérisme délicat, donnant une impression de vulnérabilité.
-Ah, une fois encore…
Il s’approche à pas prudents du lit, se penchant légèrement pour observer mes traits alors qu’une migraine grandissante empire au fur et à mesure que je le détaille, et que le rêve, et d’autres impressions de déjà-vu me surviennent.
-La ressemblance est frappante, finit-il.
Mon père déglutit, l’air extrêmement tendu.
-Fais vite. Je ne veux pas qu’il y ait la moindre chance de rechute. Cette fois est très sérieuse.
Je le suis attentivement du regard alors que l’homme s’approche incertain du rebord du lit, continuant de m’observer avec attention, le souffle coupé. À mesure que je vois son visage, j’ai peine à ne pas grimacer de douleur, comme si mon crâne se fendait en deux.
-De rechute, Vladimir… ? Comment ne pourrait-elle pas, avec ce visage… Il ressemble trait pour trait à sa mère lorsque vous vous êtes mariés.
-Fanlan, mon père le rappelle à l’ordre.

Il lance un regard réticent à mon père.
-Je n’ai de cesse de te répéter combien c’est dangereux. Regarde…
Nous échangeons un regard alors que j’attends la suite des évènements.
-Elle me reconnaît.
Mon père pose un regard tendu sur moi.
-C’est pourquoi il faut absolument, que tu te hâtes, lui ordonne-t-il sèchement. Je ne peux pas permettre qu’elle retourne là-bas.
-Tu as toujours su que c’était un risque. Mes pouvoirs ne cessent de s’amenuiser…mais les siens ne disparaîtront jamais complètement, Vladimir. Il faut que tu sois raisonnable. Il est dans sa nature de voyager.
-Sur Gaïa, cette terre perdue ?! Je ne saurais le tolérer !
-Notre terre, Vladimir, répond-il avec plus de force. Je dis cela pour votre bien. Ce que nous faisons, n’est pas seulement contre nos règles, il est extrêmement dangereux de tempérer avec la mémoire à un si jeune âge, plusieurs fois qui plus est. Penses-tu une seconde à ma conscience !
-Il n’y a plus de règles, plus d’Anciens. Nous ne sommes plus sur Gaïa, et désormais c’est moi qui dirige, moi qui pourvois. Tu feras ce que je t’ordonne, dussé-je te déposséder de tes derniers pouvoirs. Tu sais qui elle est et ce qu’elle représente, nous devons la protéger, tonne mon père d’un ton assuré et sans appel. Nous avons déjà eu cette discussion- Elle ne maîtrise pas ses pouvoirs- elle ne sait pas ce qu’elle fait !
-Elle les maîtriserait sûrement si tu lui laissais une chance-
-Fais ce que je t’ordonne ! s’écrie mon père, sa main attrapant la barre de mon lit.

Avec un air de regret, le dénommé Fanlan se tourne vers moi, tout vêtu de blanc, ses yeux d’un vert presque bleu délavé se posant de façon perçante sur moi. Cetra. Mon cœur s’accélère, et malgré ma migraine, malgré la douleur et mon bras en écharpe, je suis prête. J’ai pris ma décision.
-Pardonne-moi. Un jour, j’espère vraiment que nous aurons le temps de nous rencontrer.
Me laissant toujours vulnérable, je continue de jouer la comédie, l’air hagard et ralentie alors qu’il approche sa main de mon front. Ah…cela m’est définitivement familier. Père, cette fois, vous êtes vraiment allé trop loin. Même moi, je dois l’admettre...certaines règles sont en place pour certaines raisons bien précises.
-Je comprends…, je lui réplique faiblement.
Mes yeux passent en revue une dernière fois la pièce, dont l’intraveineuse à mon bras, rattaché au lit, lui-même attaché au sol, moi menottée d’un côté. Etrangement, je peux sentir l’air changer, s’alléger, se refroidir… je peux sentir tous les contours de la pièce, chaque objet, la « chaleur » émise par les corps ici présents, comme si je pouvais toucher avec mon esprit. C’est le calme avant la tempête.
Sa main s’approche, s’approche… alors soudain je soulève une jambe juste avant qu’il ne m’atteigne et le rejette sans lui faire de mal vers le mur. Avant que mon père ne bouge, j’ai déplacé mon autre jambe, soulevée hors du drap, prête à répliquer au moindre geste. Il se fige, l’air étonné.
Fanlan se redresse après un moment, l’air très essoufflé. Il avait l’air réellement affaibli, voire maladif. En même temps comment pouvait-il en être autrement sur une planète autre que la nôtre pour nous sustenter.

-Ce que je ne comprends pas… c’est l’insistance de mon père à contrôler ma vie et être irraisonnable, même quand il s’agit de me faire du mal, je poursuis intelligiblement.
Mon père foudroie l’intraveineuse du regard. Le liquide transparent à l’intérieur achève de me surprendre alors que des gouttes commencent à s’échapper vers le haut, comme un sablier qu’on aurait mis à l’envers.
Maintenant je sais pourquoi Ive a détaché mes attaches aux pieds mais pas à la main : pour n’éveiller aucun soupçon. Même si avec un peu d’effort, je sais que j’ai une chance de pouvoir l’arracher.
-Sanders…
-Laisse-la donc en dehors de cela, elle n’y est pour rien.
Je sors le couteau que j’avais gardé de ce midi. Même si j’ignore complètement où je me trouve en ce moment, cela ressemble fortement à nos couverts, et je sais que la menace est réelle lorsque je le pose tant bien que mal contre ma jugulaire, le bras tremblant mais déterminé, affaibli par la douleur terrassante et qu’ils affichent un air stupéfié.
-Si tu fais le moindre geste, je n’hésiterai pas à m’en servir.
Il laisse échapper un rictus désabusé.
-Tu n’oserais pas, souffle-t-il d’un ton froidement enragé, ses poings serrés prêts à agir.
-Serait-ce un défi ? Un nouveau, Père ? Il semblerait que vous me connaissiez vraiment mal pour croire que je n’en suis pas capable. Quel est donc notre adage encore ?
Fanlan regarde la scène avec des yeux écarquillés mais admiratifs.
-Ah oui, je me souviens, je continue d’un ton sarcastique. « Un Anderson n’abandonne jamais. ». Et vous n’êtes pas un Anderson. C’était le nom de Mère. Vous êtes un Andrew.
Il plisse les yeux de rage.
-Insolente. Cesse immédiatement de jouer et pose ce couteau !
Je le fusille réciproquement du regard.
-Ne t’approche plus jamais de moi. Je préfère mourir qu’oublier tout ce que j’ai appris, tu entends ? Parce que c’est ce que tu m’infliges ! Tu fais mourir tout ce que je deviens ! Je refuse de rester une minute de plus ici, je m’exclame en pointant l’arme vers lui cette fois, hors de moi.
J’en tremble de rage.
-Comment as-tu osé me cacher cela, me mentir toutes ces années ! M’effacer la mémoire ? Me préparer à la guerre et me laisser mourir à petit feu ici, à agir comme ton pantin ?!

Fanlan laisse échapper un léger rire d’incrédulité.
-Tais-toi et n’en rajoute pas ! réplique sèchement mon père, clairement enragé quoi que dise son immobilité. Angelina. Pose ce couteau, immédiatement. Tout ce que j’ai fait jusqu’à présent, a été pour te préparer, et te protéger-
-Tu savais que ça arriverait ! Tu m’as même préparée à me battre, me défendre, toutes ces années !
Des larmes m’échappent et m’empêchent presque de parler.
-Tu savais que je finirais par voyager, même par accident, et tu m’as laissée dans l’ignorance la plus totale ! je m’écrie, complètement assise sur le lit. J’ai grandi sans savoir qui j’étais tout ce temps, et de fait je n’avais aucune idée de ce que je voulais être ! J’aurais pu mourir par accident !
-Normalement il Ă©tait impossible que tu voyages sans avoir connaissance de tes pouvoirs.
Fanlan oscille de la tête, l’air d’être prêt à en débattre.
-Mais je ne t’ai pas laissée sans défense, tu étais rattachée à moi en cas de problème !
Rattachée ? Je fronce les sourcils.
-Sais-tu ce que cela signifie ? Cela veut dire que tu as été appelée ! Tu as été appelée pour corriger leurs erreurs, à leur place, pour mourir à leur place ! Ils t’ont amenée de force !
-Je n’y crois pas une seconde- j’ai vécu dans une cage toute ma vie à cause de toi ! TA cage ! Et si tu veux tout savoir, un humain est mort à ma place il n’y a pas même quelques semaines !
Pause, durant laquelle ils m’observent avec des yeux agrandis par la stupéfaction.
-Tseng ! Il s’appelait Tseng ! Je suis sûre que je n’ai rien à t’apprendre, à en croire tes dires, hm ? Il est mort pour me sauver ! Ah oui, et Felicia est peut-être morte aussi pour me sauver, je n’en sais rien parce que tu me retiens ici ! Alors tu peux te carrer tes présomptions où elles ont leur place !
Son visage affiche sa stupéfaction en toute lettre à ma grande satisfaction- je ne pensais jamais voir ça et je suis aux première loges ! Quel spectacle !
-Notre planète est complètement anéantie et sous le joug d’un sbire de Jénova ! Pas des humains, pas la Shinra, Jénova ! Tu entends ?! Ils sont prêts à mourir pour moi, alors qu’ils me connaissent à peine ! Ils veulent vivre, tu comprends ça ?! Ils veulent juste VIVRE !
-Ce n’est pas notre problème ! Qu’ils vivent ou meurent n’est plus notre problème - ils ont fait leur choix quand ils ont décidé de s’en prendre à nous ! C’est le destin de cette planète de périr !
J’inspire, gagnée par une telle colère noire, que je sens tout mon corps s’enflammer. Une lueur verte me gagne, partant de mon centre.

-J’ai décidé que ce serait mon problème aussi.
Ma voix est légèrement différente, portant dans l’endroit aussi bien que si j’avais hurlé, claire et tonnante, comme venue d’un autre monde. La lumière de Lifestream devient aveuglante, la pièce toute entière se mettant à vibrer et gronder pendant que ma main serre la barre de toutes mes forces.
-Arrête ! Tu ne sais pas ce que tu fais ! Je te l’ai déjà dit, les humains ne méritent pas ta compassion ! Ils ne changeront jamais - ils répèteront toujours les mêmes erreurs ! Je t'interdis de t’en aller !
-Tch.
Comptez sur moi pour tirer les plus mauvaises cartes dans la famille et avoir le raciste pour père. Mon père agrippe ma jambe mais Fanlan a tôt fait de se jeter sur lui avec ses maigres forces pour le tirer en arrière en même temps que je le repousse.
-ArrĂŞte !
-Lâche-moi immédiatement ! Tout cela est de ta faute !
-Tu ne veux pas voyager par accident sans être invité Vladimir ! Arrête c’est du suicide !
Je n’y arrive pas ! Je suis bloquée ! Ma volonté est là, mais je sens avec mon esprit le pied du lit qui me maintient désespérément enracinée comme un boulet au fond de l’eau. Mon père parvient à se détacher assez facilement avant de se jeter sur moi. Je le repousse avec panique avec ma jambe. Il revient à la charge sans encombre, entourant une de mes chevilles pendant que Fanlan le retient en arrière et je me vois alors obligée de saisir son cou avec une prise de mes mollets et le plaquer contre le matelas avec toutes mes forces.
-DĂ©tache le lit ! je demande.
-Jamais ! hurle-t-il en retour alors qu’il se débat et que je peine sincèrement à le maintenir.
Serrant toujours la barre d’une main, je commence à réellement à désespérer. Je ne peux décemment pas me téléporter avec mon père là-bas de toute façon !

Rien à faire ! Je n’ai pas le choix ! Je me téléporterai, dussé-je emmener la pièce avec moi et personne ne m’en empêchera et certainement pas mon raciste de père ! Je peux le faire ! Je sais que je peux le faire ! Je jette un regard exigeant à Fanlan, qui ouvre les yeux, subjugué me semble-t-il. Il redouble alors d’effort, et ensemble, alors que mon père se dégage avec sa force, il le tire en arrière pendant que je les pousse avec ma jambe le plus loin possible.
-TU NE PEUX PAS PARTIR ! rage-t-il.
-REGARDE-MOI !
Plus jamais tu ne me contrĂ´leras. Plus jamais je ne regretterai de ne pas ĂŞtre assez bien. JE VEUX PARTIR !
La lumière explose, et je sens plus que je n’entends le métal du lit se tordre avant que je ne me sente projetée et enveloppée de Lifestream avec violence. Je flotte alors aussitôt dans l’océan d’énergie turquoise, la menotte pour seule chose qui me retient au lit et à quelque chose de tangible.

(Music : Horizon de FFXV)

Je prends un instant pour reprendre mon souffle erratique, la première étonnée de ce qu’il vient de se passer. Ça a marché. Je n’arrive pas à y croire ! Les entraînements ont fonctionné - ma détermination a payé ! Je peux voyager, il a dit que voyager était dans ma nature ! Si j’arrive à le maîtriser, cela pourrait être mon plus bel atout, comme contre la sbire la dernière fois.
Ha, ce que je donnerais pour voir le visage de mon père à cet instant.
Non, non, attendez, mauvaise idée, il faut absolument que je pense à Gaïa. Je dois rentrer, vite, vite, vite ! Un endroit, un endroit sûr, avec quelqu’un, quelqu’un que je connais de préférence - Vincent. Vincent bien sûr. Je ferme les yeux, et son image me vient aussi facilement que si j’étais plutôt rattachée à lui. Comme durant les entraînements…je ferme les yeux, et j’arrive à imaginer sa chaleur, son « énergie ».

Le courant semble changer, mon corps tire sur la menotte avant que je ne sois ramenée brutalement, comme si j’étais dans l’espace. Mes cheveux flottent devant moi, mais lorsque j’entrouvre les yeux, c’est surtout cette énergie, cette impression de familiarité qui se rapproche de moi, et dans mon esprit, je peux presque se voir dessiner ma chère Gaïa, malgré ses cieux noircis et ses nombreux orages… ma terre natale.
Le courant s’accélère, d’avant en arrière, ramenant mes cheveux derrière moi, les filaments défilent et se confondent alors que son image m’apparaît… je le regarde descendre des marches avec fascination, son beau visage emmitouflé dans sa cape, son regard rouge dur comme un rubis brut. Ça y est… je me souviens exactement de son visage. De l’endroit où j’ai envie d’être…
Attends ! Je ne peux pas atterrir là, ou juste sur lui. Je suis sûre que je peux atterrir à un endroit plus sûr - je lâche une exclamation : l’image change, comme si je bougeais vers l’arrière pendant que de l’air chaud semble souffler sur moi, et l’image se déchire en un ovale, plus vrai que nature, avant de m’envelopper totalement.
Je me rends compte alors que j’ai rarement maintenu les yeux ouverts durant ce processus, que je n’ai jamais testé le pouvoir de mon esprit. Le bruit m’atteint, le brouhaha des conversations, de la musique et des déplacements, les chaleurs des personnes éparpillées partout autour de moi.
Et j’apparais, comme dans un rêve.

Je le vois, autrement qu’à travers un filtre, autrement que dans mon sommeil. Mes lèvres s’étirent. Il est à peine à deux mètres, sur le côté, un peu en contrebas. Mais soudain la gravité prend son emprise alors que je suis projetée de la téléportation vers l’avant.

(Music : RUN RUN RUN de FF7 Remake)

-Oh mon dieu !
Le lit atteint le sol dans un grand fracas sur les escaliers et ce n’est qu’à grand-peine, la main sur la rambarde, maintenant mon dos contre le dossier, que je me maintiens sur le matelas et le lit en position horizontale alors qu’il commence à dévaler les escaliers.
-Marie Joseph et tous les saints ! VINCENT !
Alors qu’il a tourné la tête à l’instant où il a entendu le bruit, le lit a le temps de faire plusieurs embardées dans les escaliers avant que le tireur ne bondisse et coure pour essayer de le rattraper. Il semble ne pas en croire ses yeux non plus. « Angie ! ». Okay, okay, c’est beaucoup plus effrayant que je ne l’imaginais ! Le lit glisse sur les roulettes à toute vitesse dans les escaliers, sautillant et dévalant toutes les marches, manquant de se renverser à chaque irrégularité et de faucher quelqu’un au passage.
-Poussez-vous ! je m’écrie pour prévenir les gens pour qui le fracas du métal et des roulettes n’est apparemment pas une raison suffisante pour faire place. VINCENT BON SANG !
Il pousse encore deux ou trois personnes sur le côté avant d’empoigner brusquement la barre de la tête du lit, qui se détache aussitôt avec violence, faisant repartir le lit pour une nouvelle embardée ! Quoi ?! C’est une blague ?? Mais pour l’instant il ne touche plus terre. Ma voix s’étire en un long appel à l’aide seulement constitué du prénom de l’ancien Turk. Le bas se rapproche dangereusement, avec une grande paroi et plusieurs trous près du sol.

Le lit atterrit enfin et en rebondissant se soulève de ses gonds et me projette hors du matelas lorsque la menotte saute, « Aaaaah ! » je sens alors la panique me saisir alors que mon corps flotte complètement dans les airs - « Urgh- ! » et heurte soudainement une masse qui se radoucit en une volute de tissu carmin. Mon monde tourne et perd son sens. La seconde d’après, je sens les pieds de Vincent toucher terre, mon corps plaqué contre son torse avec son bras droit alors que son bras agrippe la rambarde du côté du lit, qui entre alors bruyamment et violemment en contact avec l’escalier de métal, cette fois complètement arrêté à côté de nous.

(Music : Kaine ~ Salvation de Nier)

Il se passe une seconde pendant laquelle je réalise tout ce qu’il s’est passé, avant que je ne m’écrie à nouveau « Vincent ! » en me projetant contre lui, ma tête contre la sienne, ma joue sur son oreille et mon visage dans ses cheveux, le serrant étroitement de ma main gauche valide autour de son cou sur ses épaules solides, forçant son visage dans le creux de mon épaule. Mes jambes aussi tressaillent, se serrant l’une contre l’autre, mes genoux presque croisés dans sa main alors qu’il me tient plaquée contre lui d’un seul bras décisif, sa main dans le creux de mes genoux.
C’est vraiment lui ? Il est vraiment là ? Je suis vraiment revenue ?! Il est bien réel ?! « Je suis là. » Je sens des larmes couler sur le rebord de mes yeux avant que des sanglots entrecoupés de rires incrédules ne secouent brièvement mes épaules, coupant court à ma respiration. « Vincent… ! » Son énergie…c’est comme rentrer à la maison.
Il place son pied sur la rambarde basse du lit pour le retenir et me tient alors des deux bras, me redressant et serrant contre lui, son visage contre ma peau. Je remarque alors en quelques secondes combien l’intelligence de Vincent m’épargne bien des peines. Non content de me rattraper, il a rattrapé le lit de l’autre main pour empêcher l’intraveineuse qui y est attachée de s’arracher de mon bras malgré tout ce qu’il s’est passé, et m’a étreint de sorte à ne pas écraser mon épaule blessée contre lui, mais plutôt l’autre.
-Schhh… je suis là. Je t’ai.
-Vincent… si tu savais, j’ai cru ne plus jamais vous revoir ! Je n’arrivais pas à revenir, j’étais attachée et-

Mes sanglots m’empêchent de continuer. Ses yeux continuent d’observer tout ce qui m’entoure, comme s’il pouvait en déduire une histoire juste en regardant. Mes réelles pensées parviennent à se formuler en voyant son inquiétude :
-Je suis tellement contente de te retrouver...
Ses yeux reviennent sur moi. Ses mains tressaillent une fraction de seconde sur moi alors que j’essaie d’être au plus proche de lui. Il me rend mon étreinte, fermant les yeux, sa joue contre la mienne. Je sens ses cils à ma tempe, son nez droit à ma pommette et je reconnais alors son visage.
Son inspiration se bloque un instant, l’air de chercher ses mots.
-Je suis là. Ne t’en fais pas, il ne va plus rien t’arriver.
Je sens sa poitrine bondir au niveau de son cœur, lourd et cadencé, presque me pousser dans l’autre sens. Je redresse un instant mon buste pour approcher mon bras droit de ma bouche, et le câble entre les dents, « Ang- » arracher précipitamment l’intraveineuse de mon bras, faisant jaillir une mince giclée de sang. « Angie ! » Il me regarde avec stupéfaction.
-Ne fais pas ça. Angie ! Faisons ça calmement.
-Scht.
Il n’a pas idée de ce qui a failli arriver. Je déteste cette situation, tout ce matériel et ça ne peut que rappeler de mauvais souvenirs à Vincent, comme me confirme son regard sur le dispositif que je jette sur le lit d’hôpital.
Pause fébrile alors qu’il rend sa prise plus confortable.

Par ailleurs...j’ai même une robe d’hôpital, chose rendue abondamment évidente par le courant d’air frais. Lorsque j’essaie de me trémousser pour ramasser le bas du vêtement pendouillant vers le bas à cause de la position, je provoque la curiosité flagrante de Vincent, alors que je suis littéralement en train de flasher mon sous-vêtement et le bas de mon corps complètement à découvert à l’assemblée qui se tient du fameux angle !
Bon sang, nous avons un tel auditoire et je n’arrive pas à minimiser la situation !
-He-hey ! Un peu de respect ! Détournez les yeux, voulez-vous ! je lance au groupe de trois penauds qui ont les yeux rivés sur mes fesses.
Ni une, ni deux, Vincent rabat un pan de sa cape sur moi, telle une couverture de chaleur, me couvrant entièrement et vrille un regard à s’évanouir de crainte aux hommes qui regardaient dans ma direction.
-DĂ©guerpissez tant que j'ai les mains prises, jette-t-il Ă  leur attention.
Son ton est grave et caverneux, son regard si cinglant que même moi j'en ai les cheveux qui se dressent sur ma nuque. Ces derniers sursautent aussitôt, s’exclamant de peur avant de se précipiter pour dégager cette partie des escaliers, un jeune garçon trébuchant même sur elle au passage.
Il soupire au bout de quelques instants à les fusiller du regard jusqu’à ce qu’ils aient complètement déserté l’endroit en sautant dans les trous en bas à quelques mètres. Ses mains sont crispées sur moi, comme s’il brûlait de les utiliser.

Je remarque alors enfin mon environnement : tout de métal jauni, immense, une musique tonitruante dans les oreilles, des faisceaux et des ballons en tous sens, comme toujours un monde en complète effervescence, bondé comme une fourmilière. Est-ce que ce serait… ?
Vincent soupire alors qu’il reporte son attention sur moi, me toisant plus attentivement.
-...Oui… c’est bien toi. À peine arrivée et on ne s’ennuie jamais.
Je fronce les sourcils, pinçant les lèvres avant de tirer une de ses mèches de cheveux corbeau.
-J’ai eu toutes les peines du monde à revenir et c’est tout ce que tu trouves à dire ? je fustige entre mes dents. As-tu une seule idée de ce que j’ai vécu depuis mon départ de Gaïa ??
-Non…
Il continue de me détailler du regard, une émotion que je ne saurais décrire alors qu’il m’observe avec attention, quelque chose de fort et personnel alors que ses yeux s’adoucissent :
-Mais je suis aussi soulagé que tu sois là.
Lorsqu’il les pose à nouveau dans les miens, fixes et perçants, mon cœur repart malgré moi pour une embardée, ma main crochetée à sa nuque, mes doigts tressaillant une fois sur ses cheveux. Je déglutis avec difficulté, scotchée par ses yeux.
Je reprends une position plus confortable dans ses bras, les miens autour de sa nuque. Ciel, il est tellement beau… Il s’agite à nouveau.
-Tu es encore blessée.
Il a l’air incrédule à en croire son ton.
-J’ai pris une épée, et une balle. Je l’ai échappée belle. Il n’y a pas de matéria sur Terre qui soigne comme ici.
-...Échappée belle ?
Sans bouger, un Soin se lance de ses mains, nous enveloppant de vert, et guérit rapidement mes blessures, soulageant enfin cette douleur lancinante qui a failli me faire perdre raison. Je soupire, roulant les yeux au ciel, attendant que le Soin soit complètement fini avant de détacher l’attelle de tissu et la jeter sur le lit.

-Rien. Mais sache que ce n’est pas tout. Sur Terre, j’ai eu une discussion avec mon père… et à défaut d’avoir été calme, j’ai appris beaucoup sur nos circonstances. Tu ne vas pas en croire tes oreilles.
Son visage se renferme, avec une pointe de défaitisme.
-Tu es une pure Cetra, il lâche avec gravité.
Je hoche la tête doucement, étonnée par son assomption avant même que je ne parle.
-Tout mon clan vient d’ici. Nous avons quitté Gaïa il y a des années.
Je prends une respiration fébrile.
-Ils-… Ils ont dû abandonner Gaïa.
Nous échangeons un regard, et bien qu’il ne devrait pas se sentir concerné, je lis du regret et de la culpabilité dans son regard.
-... Je m’en doutais. Mais avant d’en discuter plus, je dois appeler Cid et nous mettre en sécurité.
J’acquiesce. Et pose ma tête, avachie sur son épaule, front contre son cou pendant qu’il essaie de me tenir d’un bras, cherchant son PHS de l’autre, soulagée à l’idée d’être de retour saine et sauve à ses côtés. Je réfléchis à comment révéler tout ça de façon chronologique.
Son odeur emplit mes narines, me remplissant d’un sentiment de soulagement et de familiarité qui a un arrière-fond d’adrénaline. Je soupire à travers mon nez, les lèvres légèrement étirées par un sentiment d’allégresse et il me regarde, momentanément distrait dans sa recherche.
J’ai vraiment cru ne jamais y arriver. Heureusement que je n’ai pas abandonné, que j’ai tout tenté, tout donné jusqu’au bout. Ou je ne serais pas là, avec lui… je ne suis ici que depuis quelques minutes, mais mon corps se sent déjà mieux sur Gaïa. Je sens même déjà la chaleur que dégage son énergie délicieuse.
Ses yeux m’enveloppent comme personne d’autre ne sait le faire, la tristesse ou la placidité laissant place pour une fois à autre chose, alors qu’il resserre légèrement sa prise avant de reprendre sa fouille. Pourquoi ne sait-il jamais où il l’a mis ?
-Vincent, tu peux lâcher le lit, j’assure. Je ne veux juste plus jamais, jamais le revoir.
Il me lance un regard interrogateur, l’air incertain. Je hoche la tête pour l’encourager encore, faisant un son approbateur.

Il le laisse se fracasser avec totale indifférence contre le mur, soulevant sa jambe sans même lui accorder un regard alors qu’il semble enfin trouver son PHS. « Laisse. » Je fouille sous la couverture, dans mon dos, jusqu’à lui prendre l’appareil de la main pendant qu’il me redresse dans ses bras, nous déplaçant alors dans un couloir étroit, à l’abri de la lumière et des regards. Il ne me pose toujours pas malgré le fait que je sois tout à fait remise après le Soin. Et je ne m’en plains étrangement pas. Après tout je suis dos et pieds nus.
J’appuie sur un raccourci, le cœur battant et le sourire déjà aux lèvres.
-Cid, bougonne-t-il.
-Cid ! je m’exclame.
Il lâche un juron visiblement si coloré qu’il ne me dit sincèrement rien, avant de poursuivre sur un ton agité.
-Angie, bordel ! $%£+#@, est-ce qu’t’as une seule idée-
Je ris alors qu’il continue de faire sa mauvaise langue, racontant sa panique quand il nous a rejoint Elfé et moi après l’attaque. Je souris à Vincent distraitement, dont l’expression s’allège clairement, les yeux à peine plissés, comme si ses traits détendus d’un millimètre souriaient à sa place. C'est bon de rentrer.

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(Music : Shining Beacon of Civilization de FFVII Remake)

Cid étant à Cosmo Canyon, ils étaient tous d’accord pour dire qu’il n’était absolument pas prudent de voyager de nuit avec tout ce qu’il se passe et l’oiseau qu’on a croisé entre Fort Condor et Costa Del Sol. Tomber à nouveau sur cette éventualité avec une visibilité quasi-nulle serait du suicide.
Nous voici donc dans une chambre VIP recluse, jusqu’à laquelle Vincent m’a tout bonnement porté sans effort, cachée de l’œil du public dans l’hôtel horreur de Gold Saucer. Gold. SAUCER !

-Tout cela est troublant.
Je sors de la salle de bain après m’être changée, satisfaite de mon jean, haut blanc et veste de cuir noir. Des bottes marrons chaussent aussi mes pieds, fraîchement achetées également. Vincent et Reeve me toisent à la sortie, quittant leur conversation, probablement agitée après ce que je viens de leur raconter. Ils semblent se figer, Reeve sur sa chaise, Vincent debout près de lui, bras croisés.
-Le jean est presque trop petit, et le haut définitivement trop serré, mais qui sait, en bougeant et en le lavant il sera peut-être parfait.
Reeve toussote pour toute réponse alors que Vincent détourne les yeux, l’air crispé. Je frotte mon poignet duquel Vincent avait retiré la menotte, rendu douloureux par toutes ces péripéties, ce qui attire à nouveau son regard peiné.
-Désolé, c’est ma faute, lance sincèrement l’ancien employé de Shinra au clavier. J’ai…tu as continué à grandir ! finit-il par lancer avec un changement de ton radical, comme s’il revoyait une nièce perdue depuis longtemps.
Je lâche un bref rire amusé. J’en suis la première étonnée. Après tout j’observe avec une grande attention tous les détails qui me changent même un tant soit peu. Ce sont de grandes nouvelles pour moi de moins ressembler à une gamine maigrichonne.
-Moi non plus. Ce n’est rien. Je récupèrerai très vite mes affaires dans le vaisseau. Le jean était une bonne attention, je lui souris en posant une main sur ma hanche arrondie.
Je pose mon poids sur cette jambe, espérant que je n’ai pas l’air trop ostentatoire, bien que je guette la réaction de Vincent malgré moi, presque réflexivement. L’ensemble est un tantinet moulant à vrai dire. Ils continuent de m’observer sans rien dire pendant que je m’approche des consoles, le regard de Vincent discrètement pesant au-dessus de son col sur ma silhouette.

Une dizaine d’écrans, avec des images de surveillance, des graphiques et autres données que je ne connais pas encore.
Je ne peux m’empêcher de me poster timidement à quelques centimètres à peine du tireur d’élite, cherchant un semblant de réconfort. Il décroise alors les bras avant de poser délicatement une main sur mon épaule opposée, son bras m’entourant, l’air de vouloir proposer son appui. Je l’accepte volontiers avec un sourire soulagé et son expression attentionnée me répond.
Je n’en demandais pas tant mais c’est très certainement bien venu même si elle provoque une certaine timidité. Je me retiens de la prendre soumise au regard de Reeve. J’espère qu’il n’en pensera rien, mais sentir sa présence m’assure que je ne rêve pas éveillée mon retour sur Gaïa.
-Hrmh, toussote Reeve. Tu étais donc bel et bien une descendante des Cetras tout ce temps. Les faits rejoignent donc nos hypothèses.
-Et pas des moindres. Ive m’a même plus ou moins laissé entendre que la lignée de ma mère était plutôt prestigieuse en son temps. Je serais même issue d’un mariage arrangé, parce que les Cetras étaient en train de disparaître.
Les yeux de Vincent plissent d’empathie. Je n’avais jamais su pourquoi mon père avait emprunté le nom de ma mère plutôt que l’inverse, après tout. J’avais trouvé ça romantique et progressiste à vrai dire. Force est de constater que la réalité est souvent décevante.
-Tu avais entendu parler de cette chasse aux sorcières contre les Cetras, Reeve ?
-Chasse aux sorcières ? il questionne en fronçant les sourcils.
-Oui, ehm…
Bon sang, je ne suis partie que quelques jours sur Terre, mon langage n’est quand même pas redevenu si différent ? D’ailleurs, comme se fait-il que je parle la langue de Gaïa ?
-(Soupir) Seigneur, je ne sais pas comment j’ai fait pour ne jamais y penser jusqu’à présent, je lance en hochant la tête, main sur le visage.
-Pensé à quoi ?
-Je parle la mĂŞme langue que vous, et je viens de me rendre compte que cela me vient naturellement, alors que je sais pertinemment que je parle une autre langue sur Terre. Comment ai-je fait pour ne jamais y penser ?

Reeve me sourit avec indulgence, alors que Vincent se penche légèrement pour attirer mon attention :
-Cela a été le premier indice, vraiment. J’avais déjà remarqué que tu ne t’exprimais pas avec le même registre que les gens habituels, et ton mince accent s’est peaufiné avec les semaines à tel point qu’il a disparu à présent.
-Ah mais c’est pour ça que toi et moi sommes les seuls à utiliser les mêmes termes ! je m’exclame, éberluée par ma stupidité. Et Verdot ! je rajoute à claquant des doigts.
Ma version de la langue vient de mon père et Ive et elle date probablement de quelques années étant donné que nous étions sur Terre depuis X temps.
-Tu n’avais jamais remarqué que tu changeais de langue ou de terme de temps à autre ? Notamment ce…(Reeve hésite.) “Seigneur” ?
-Non ! Vous parler m’est venu si naturellement ! Mais alors… Vincent, je t’ai immédiatement parlé dans notre langue lorsqu’on s’est rencontrés ?
-En effet, mais je me le suis expliqué en me disant que j’ai été le premier à t’adresser la parole.
« J’en ai compté trois… »
-C’est incroyable. Je ne sais pas comment j’ai pu passer à côté de cela tout ce temps. Je me serais immédiatement rendu compte que je venais d’ici en réalisant je parlais dans ma langue maternelle.
-Tu la parlais aussi sur Terre ? demande Reeve.
-Bien sûr, mais uniquement chez moi, au Manoir, et avec les employés avec qui j’ai grandi.
Mais attendez…alors tous les employés qui parlent la même langue que moi...
-Tu as donc appris le Terrien alors que tu avais déjà acquis notre langue, fait remarquer Reeve.
-Il n’existe pas de « Terrien » à proprement parler. Sur Terre je me suis habituée à parler plusieurs langues à cause de mon statut. Avec l’habitude, cela devient plus facile.
-Plusieurs langues ? répète Vincent, l’air étonné – du moins je le sais à son ton.
-Il y a bien plusieurs langues sur GaĂŻa aussi, non ?
-Et bien… oui, mais beaucoup d’entre elles sont mortes et restent des vestiges dans de vieux manuscrits intraduisibles. Il ne reste que quelques termes ça et là dans le langage commun usité par toute la planète, à l’exception du Utaïen encore bien présent dans une forme intouchée. Enfin-
Nos visages s’affaissent. Quand Utaï il y avait encore… À présent, il ne reste que Yuffie.

-Pour en revenir au sujet… si j’ai bien compris ce que tu voulais dire, oui, j’ai entendu parler d’une telle « chasse » aux Cetras il y a quelques années. Je n’en ai appris que le réel contenu en forçant l’accès aux archives classifiées les plus secrètes et interdites de la Shinra. Je pense que même Rufus n’en a jamais eu connaissance.
Je ferme les poings, les lèvres pincées, une flamme montant en moi.
-Bien, alors je veux tout voir, tout savoir.
Pause. Son air est grave et sérieux, mais il ne fuit pas mon regard.
-Tu en es sûre, Angie. Ces informations… sont pour le moins difficiles à accepter.
La main de Vincent se raffermit sur mon Ă©paule.
-Tu étais encore alitée et blessée il y a quelques heures. Tu devrais te reposer pour le voyage de demain. Nous serons bientôt au milieu de la nuit.
-Mais… vous avez entendu tout ce que je vous ai raconté. Ce que mon père avance est grave, et il ne cache même plus son dédain pour les humains et le sort de la planète. J’ai besoin de savoir ce qu’il s’est passé exactement. Je pourrais même peut-être trouver des indices sur une possible communauté restante des Cetras.
-Je n’ai rien vu de la sorte, excepté les informations sur Ifalna et Aeris. Il était de notoriété générale que les Anciens avaient tous disparu. Nous avons visité aussi la Cité des Anciens durant notre chasse à Séphiroth. Il ne restait… que des ruines et des vestiges. Il n’y avait aucune trace de vie actuelle.
-Cela ne veut rien dire. Mon père a avoué sans le vouloir qu’il restait au moins quelqu’un sur Gaïa. Il m’a même demandé si je l’avais rencontré. C’est peut-être la personne que j’ai vue dans ma vision et qui m’a montré la téléportation.
-Pourquoi ne se serait-elle pas déclarée, dans ce cas ? questionne Vincent d’un ton sceptique. Elle avait tout à gagner à prendre contact avec toi.
-Mais elle l’a peut-être fait. Qui qu’elle soit, cette personne a l’air beaucoup plus à l’aise avec ce monde et ses pouvoirs, et ce rêve était peut-être sa façon à lui de communiquer.
-Ou un test, pour savoir oĂą tu en es avec tes pouvoirs.
-Oui, peut-être, j’acquiesce.
-Quoi qu’il en soit cette personne n’a pas cherché à prendre contact avec nous ou à nous aider depuis le début de ce fléau, commente Vincent. Comment peux-tu expliquer cela ?

Mon regard se perd. Il n’a pas tort.
-Quelles que soient ses intentions, elles ne sont probablement pas de nous aider, ou cela reviendrait à l’exposer.
-Mais les Cetras ont beaucoup à perdre à se déclarer. Regardez combien j’ai été visée depuis ma venue. De plus je vous connais par un autre moyen, sur Terre, mais ce n’est pas son cas. Vous êtes même tous les deux des anciens membres de la Shinra. Tout le monde sait qu’Avalanche a même renoué avec les Turks, quelle raison aurait-il de nous faire confiance ?
-Angie n’a pas tort, renchérit Reeve en lançant un regard à Vincent.
-Qui plus est, vous me maintenez entourée et enfermée en permanence. La sbire de Séphiroth savait qu’elle serait obligée de créer une diversion pour m’atteindre. Cette personne a peut-être des intentions égoïstes ou personnelles, mais elle m’a définitivement aidée à un moment où j’en avais besoin. Et qui sait, ma téléportation vient même peut-être de lui.
-...Hm, ne réfute pas Vincent.
-En tous cas, la sbire a dit quelque chose qui m’a chiffonnée, pendant le combat- (Vincent ouvre la bouche pour s’apprêter à parler quand je pointe un doigt dans sa direction) pas maintenant Vincent. (Il soupire par le nez.) Réellement intriguée.
-« Vous les Cetras ». Oui, nous l’avons entendue par les enregistrements du Sierra.
-Alors si vous notez son ton venimeux vous admettrez comme moi que cela signifie qu’elle en a sûrement rencontré. Peut-être même notre inconnu. En tous cas, ce serait durant ces deux dernières années depuis la résurrection des sbires de Sephiroth.
-À défaut d’être juste ou certaine, on peut en tout cas sans conteste en affirmer l’hypothèse, acquiesce Vincent.

Un souffle nous traverse momentanément. J’ai à nouveau enfin la sensation d’avancer. Reeve m’adresse soudainement la parole :
-Quoi qu’il en soit, Angie, que tu sois notre solution ou pas, sache que contrairement à ce que ton père pense, nous ne chercherons pas à nous mettre en travers de ton chemin, ni à te sacrifier, de quelque façon que ce soit.
Il baisse un instant les yeux.
-Je sais de quoi nous avons l’air. Il est vrai que nous n’avons pas été tendre avec toi sur beaucoup de points, et pour cela, je m’en excuse, au nom de toute l’équipe. Mais sache que nous avons tous à cœur de protéger ce que tu es, représente, et signifie pour nous, en tant que Cetra bien sûr, mais aussi en tant que personne.
Vincent hoche la tĂŞte pour appuyer ses dires.
-Nous avons seulement cherché à te protéger. Et une fois tout cela terminé, tu seras libre de rester avec nous si tu le souhaites.
Est-ce que toi-mĂŞme resterais avec Avalanche, Vincent ? je me demande en plissant les yeux.
-Je sais. Le contraire ne m’a même jamais traversé l’esprit. Je sais que vous faites tout votre possible pour m’aider. Nous avons eu des débuts difficiles, mais étant donné la situation, je pense qu’on peut tous dire que nous étions tendus et inquiets par les pertes et l’avenir, je réponds. J’ai pleinement compris votre paranoïa quand elle a quand même réussi à infiltrer le vaisseau et à presque nous tuer Elfé et moi.
Et son niveau effroyable. Je baisse la tĂŞte, soupirant de frustration, remplie de honte.
-Si j’étais à votre place, et que quelqu’un de fragile détenait la solution à tous mes problèmes, je ne serais pas du tout rassurée non plus. Felicia s’en serait très bien sortie sans moi, elle lui tenait tête, mais je n’ai été qu’un poids. J’ai crû que je pourrais faire quelque chose. J’ai-j’ai… j’ai tiré-
-Schh, intime Vincent en appuyant sur mon épaule pour m’attirer à son flanc. Ne t’en fais pas, nous avons vu les images, nous savons tous que tu as seulement cherché à te défendre et faire de ton mieux. Felicia ne t’en veut pas. Personne d’ailleurs.

Je relève les yeux, mettant de côté ma culpabilité pour l’instant. Je m’excuserai personnellement auprès de Felicia dès demain de toute façon.
-Comment va-t-elle ? Elle a pu être soignée, n’est-ce pas ?
Vincent et Reeve échangent un regard tendu. Après un moment de pause, Vincent se décide finalement à me répondre en me regardant avec attention, ses doigts serrant mon épaule presque douloureusement, son ton bas et précautionneux :
-Je voulais te l’annoncer le plus tard possible, pour que tu aies au moins le temps de te reposer…
-Dis-moi, j’ordonne en attrapant le devant de sa cape. S’il te plaît.
Il détourne les yeux sans tourner son visage.
-Felicia est tombée malade. Cette…fille l’a empoisonnée et lui a infligé Geostigma. Elle se repose depuis en quarantaine dans la villa, espérant ton retour. Elle a craint tous les jours d’avoir failli à sa mission. J’étais même surpris de t’avoir retrouvée sans aucun symptôme, mais étant deux éléments opposés, il me paraît logique que tu ne puisses pas l’attraper, où tu l’aurais déjà eu bien avant dès ton arrivée sur Gaïa...
-Je pense aussi. Est-ce qu’elle s’en sort ? Est-ce qu’il y a la moindre amélioration ?
Il plisse les yeux dans ma direction, avant de hocher la tête négativement. Je porte ma main à ma bouche, avant de plonger mon visage dans mes mains, le haut du dos arrondi par ma peine.
J’étais inquiète tout ce temps sur Terre, bien sûr… mais encore une fois, j’ai été trop optimiste. Je me suis imaginé…toute guerrière qu’elle est, impressionnante comme elle est, qu’elle n’aurait pas fini coincée dans un lit comme moi, même sans un Soin.
-Mon dieu…tout est de ma faute. C’est clairement mon côté Terrien parce que je suis certainement la plus grosse abrutie qui existe sur Gaïa, je me fustige avec colère en agitant mes mains.

Je relève les yeux, serre le poing, la détermination s’emparant de moi.
Il faut absolument qu’on la retrouve.