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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Heeeey! Je suis vraiment désolée de ce retard. J'ai voulu profiter de l'annif de Vincent ou la sortie du remake FF7 pour sortir un chapitre mais avec tout ce qui s'est passé entre mes cours et le Covid, c'était plus que compliqué. J'ai croulé sous le boulot. Vous avez joué au jeu ? Vous l'avez trouvé comment dîtes-moi ? Vous aviez joué à l'original ? :) Mais la bonne nouvelle c'est que j'ai enfin fini mon année et j'ai pu écrire librement ! J'ai beaucoup avancé, donc je vais enfin pouvoir publier régulièrement, ouaiiiis ! En écrivant ces derniers chapitres, je n'ai pas pu m'empêcher de remarquer les ressemblances entre la façon dont j'ai dépeint Geostigma et ses effets à grande échelle et le Covid. Ca m'a déprimé un moment, parce qu'avant tout était dans ma tête, hypothétique. Je ne faisais qu'imaginer ce qu'il se passerait. Mais c'est devenu une réalité. Et j'ai trouvé beaucoup de similitudes, notamment dans l'attitude des gens que je m'étais imaginée. J'ai été très déçue. J'ai eu très peur (j'ai encore peur) que cela en vienne comme dans mon histoire. Je vais essayer de garder espoir. La façon dont Geostigma s'est répandue est liée au fait qu'ils n'ont pas nos moyens hospitaliers et qu'ils ont appris beaucoup par erreur, ce qui a provoqué de grandes pertes, sans "pays" pour essuyer la vague en premier et prévenir les autres. Sachez qu'il n'y a aucun rapport en tout cas. Ceci est une réécriture, ce qui signifie qu'il y a 10 ans déjà, j'avais déjà écrit et imaginé Geostigma exactement tel que vous le voyez aujourd'hui. Quoiqu'il en soit prenez soin de vous, restez à l'abri, prenez soin de vos proches et n'achetez pas plus de PQ que vos deux fesses ne peuvent tenir. Et bien sûr, Black Lives Matter. Merci à FUll1 pour la correction de ce chapitre. PS : Dîtes-moi, aux prochaines reviews, vous notez combien de 1 à 10 ma souillure de Reno ? XD Soyez honnêtes.

Chapitre 17 :: Alignée

-Comment ça va…, lance-t-il d’un ton doucereux. T’as perdu des couleurs dis donc ! commente-t-il en pinçant une de ses joues.
Infantilisation plus peau sensible. Mauvaise idée.
-Ah ! s’exclame-t-elle en retirant doucement mais prestement sa main d’un geste comme on éloigne un nuisible volant. Ce n’est rien, je ne prends juste plus beaucoup le soleil. J’ai beaucoup d’entraînements !
Il se permet d’afficher un air inquiet, voir choqué.
-Je suis devenue très forte, assure-t-elle en montrant son biceps.

Angie a l’air gêné en croisant son regard, comprenant sa maladresse à l’instant, son sourire s’effaçant. Je prends un air tout à fait agacé, le regardant droit dans les yeux, le mettant au défi de trouver quelque chose à redire.
-Hé l’ancien, faut lui laisser prendre la lumière du jour des fois. Ça se fait pas d’enfermer des gens comme ça…c’est pas une prison ici j’espère, lui demande-t-il.
Mais bien sûr.
-Merveilleuse remarque. Je prends cela d’où cela vient, je réplique.
C’est le type qui a enlevé Aerith et forcé Cloud et la dernière Cetra à les fuir qui dit ça ? Mais Angelina secoue la tête, ses doigts fins sur son front, l’air déjà exaspéré et désemparé par l’échange.
-Reno. Ils ne font que me protéger. Quand je serai plus forte, je serai en mesure de me défendre un peu plus seule et peut-être sortir sans me faire littéralement ratatiner par tout ce qu’on enverra à mon encontre. Vincent, elle chuchote vraiment bas en coulant un regard sur le côté, s’il te plait, dit-elle pour m’intimer au calme.
Comment ? Et comment sait-elle que je peux l’entendre ?
-On a quand même besoin de lumière du jour. Essaye aussi, me lance-t-il, tu feras moins vampire et tu verras ce que tu manques.
Je le fusille du regard à défaut de pouvoir m’occuper de lui.
-Reno, elle prévient.
Soupir irrité. Ferme-la ou je jure que- Il hausse les sourcils avec une moue provocatrice.
-Reno. Je vais te-
-Bon ! fait Tifa en claquant des mains en m’interrompant. Si tu te souviens de pourquoi tu es là Reno, on pourrait s’y mettre. Maintenant.
-Hmph, fait-il en jetant un dernier regard désinvolte dans ma direction en mettant ses mains dans ses poches. Ouais, je me souviens…

J’entends Tifa soupirer doucement alors que nous continuons à nous toiser du regard et que Reno tarde à s’éloigner.
-On dirait deux mâles se disputant un morceau de viande frais, coule-t-elle à voix basse à Felicia, oubliant que je peux quand même l’entendre, achevant de m’irriter pour la journée.
-Hm, approuve la jeune femme.
Qu’elles osent ne serait-ce me comparer à cet énergumène…
Il ébouriffe sa frange avant de s’en aller vers le centre de la salle, me lançant un dernier regard traînant et condescendant. Ma main forme un poing, mes doigts démangent. Cesse de l’approcher. Et cesse de me provoquer, ou tu ne vas pas aimer quand je vais perdre patience- Je retiens prestement Angie par l’épaule avant qu’elle ne le suive et me penche près d’elle. Elle me lance un regard interrogateur mais grave puis parle avant que je ne puisse prononcer un mot en voyant mon expression.
-Vincent, du calme, je ne peux décemment pas lui mettre la tête entre les jambes, même si je le pouvais. J’ai besoin qu’il accepte à nouveau de s’entraîner avec moi.
-Donc tu prévois déjà de t’entraîner avec lui, mais pas moi.
Elle pince les lèvres, tiquant d’un œil, l’air fermé et irrité.
-Vraiment Vincent ?
Je soupire, avant de doucement secouer la tête. Qu’est-ce qu’il me prend. Ce n’est pas du tout ce que j’avais l’intention d’aborder au départ.
-Oublie ce que je viens de dire. Ecoute-moi… Les Turks et Shinra épuisent ma patience depuis un moment déjà. La mort de Tseng n’efface pas le fait qu’on ne sait toujours pas s’ils essayaient de t’enlever ou pas, sans que Veld n’en sache quoi que ce soit. Et maintenant il vient, et parle comme s’il pourrait mieux s’y prendre.
Alors que nous savons tous ce que cela a donné la dernière fois que je l’ai laissée entre ses mains…Tseng est mort, et Angie et moi devons porter ce fardeau jusqu’à la fin de nos vies. Ce n’est pas ce qui aurait dû nous rapprocher.
-Il est venu pour une raison. Alors si tu ne le fais pas, si tu lui laisses la moindre chance…
Elle m’observe avec de grands yeux expectatifs.
-C’est moi qui le finis, je poursuis pour me retenir de lui dire où je compte lui fourrer son bâton.

-C’est quoi ces messes basses ? il lance, attirant son attention. On s’y met ?
-Et fais-lui fermer son clapet au passage, je te prie.
Elle soupire, avant de balancer ses cheveux par-dessus son épaule d’un geste désinvolte et s’éloigner pour partir, faisant glisser ma main d’elle.
-Je sais. Reste là s’il te plaît, ordonne-t-elle. Je te promets au minimum de faire mon possible.
Je veux ajouter que Reno est un adversaire lamentable qui ne mérite même pas son titre de Turk et qu’elle possède largement le niveau et l’intelligence de le balayer et utiliser sa fichue crinière comme un vulgaire outil de ménage dans tout le vaisseau, mais je me retiens in extremis, me disant que si pour une quelconque raison, elle vient à perdre ce combat, elle pourrait en perdre sa confiance en elle.

(Music : Tomorrow is Mine de Bayonetta 2)

Elle se met en position, un léger sourire avenant sur le visage, mais je reconnaîtrais ce regard entre mille. J’ai un tic de satisfaction étirant mes lèvres une seconde. Non, j’aurais dû le lui dire, lui montrer que j’ai confiance en elle. Elle ne va rien laisser passer.
-Je ne sais pas si tu as plus l’air charmante ou mignonne à te voir comme ça, complimente-t-il en prenant une pose nonchalante, sourire charmé en place.
-Tu me diras exactement quoi Ă  la fin.
Je sais combien ce combat est important pour Angie. Reno étant gaucher, et ayant ajouté le fait que Sephiroth et tous ses adjuvants l’étaient, il peut s’avérer un des meilleurs exemples qu’elle puisse avoir. Se construire de bons réflexes. À raison. Mais combien j’aimerais qu’elle le réduise au silence par la force de ses poings.

Reno lui lance un large sourire, se mettant de côté dans une position nonchalante pleine d’ouvertures, ouvrant ses paumes vers elle de façon ironique pour l’inviter à ouvrir le bal, et Angie ne se fait alors pas prier. Elle ouvre aussitôt les hostilités par une téléportation avant d’apparaître derrière lui, enchaîner des coups de poings dans son dos avant de balayer ses jambes pour l’envoyer au sol. Malheureusement, elle ne parvient qu’à atteindre une jambe dans sa précipitation et ce dernier se redresse et s’éloigne d’un bond pour se remettre de sa surprise.
Elle repositionne aussitôt sa garde, le corps tendu comme un arc et la respiration heurtée. Elle reste stressée. Ils marchent en cercle un instant.
-Je vois. Tu peux te téléporter comme tu le souhaites maintenant ?
Elle lui répond par une moue contrite mais désinvolte. Bien, elle sait qu’on ne dévoile pas ses cartes. Il sourit encore.
-Bien alors j’arrive cette fois.
Il s’élance et enchaîne plusieurs crochets académiques qu’elle esquive avec attention, tout son esprit concentré sur son bras gauche. Après quelques secondes d’échange où elle se contente surtout d’esquiver, il commence à utiliser ses jambes, et la jeune blonde se laisse submerger par un réflexe quand après avoir bloqué sa jambe droite, elle pare d’avance le bras côté opposé qui représente une suite logique mais ce dernier la surprend en l’atteignant du côté droit, l’envoyant rouler au sol.

Il s’éloigne, lui laisse le temps de se relever. Hmph. Elle se redresse bien vite, du sang à ses lèvres, une mèche de cheveux entre les lèvres, l’air furibond.
-Pardon, je t’ai fait mal ?
-Peut-être, si j’étais une princesse.
Il affiche un sourire carnassier, tirant momentanément la langue. Elle sourit avec plaisanterie mais ses yeux passent déjà en revue une possible ouverture punitive.
-Les gauchers doivent sans cesse utiliser leur main droite, tu sais. Le monde n’a juste pas été fait pour nous, explique-t-il d’un ton léger mais sarcastique, un rire dans la voix. Tu devrais te méfier.
Mais Angie ne s’en froisse pas. Elle carre les épaules et s’élance à toute vitesse, réduisant la distance entre eux en trois pas. Elle enchaîne les coups, gardant un œil sur son côté gauche clairement dominant, elle frappe, frappe et pare prestement, esquivant de moins en moins pendant qu’elle continue de porter ses coups. Bien, elle prend confiance. Il l’atteint plus souvent que de raison mais elle reste plantée sur ses deux jambes. Son excès de prudence paye alors que le rythme augmente et qu’ils se déplacent dans la salle, évitant de se retrouver dos au mur.
Reno est plus expérimenté. Clairement, il joue un moment avec elle, tournant autour d’elle, esquivant avec dédain et continue de la sous-estimer pendant qu’elle cerne, teste et met à l’épreuve toutes ses défenses, réfléchissant à tout ce qu’elle peut faire ou non, m’emplissant d’un sentiment de fierté. Pour Angie, il n’y a pas de demi-mesure, chaque entraînement est une mise en condition, et elle met à profit tout le temps qu’on lui accorde. Elle sait qu’elle en a peu pour s’instruire avant de commettre des erreurs qui peuvent s’avérer fatales pour nous. Elle veut réussir.
Finalement, alors que la vitesse de leur échange atteint son paroxysme, Angelina s’avère moins puissante mais plus rapide, me faisant relever le menton de fierté. Elle commence à feinter, chose à laquelle Reno ne s’attend clairement pas, et il tombe plusieurs fois dans le panneau avant qu’elle ne se décide à en profiter. Il pare une fois, deux fois, mais une de ses feintes s’avère enfin fructueuse quand elle pivote de côté pour donner l’impression qu’elle va frapper du poing droit avant d’asséner sa paume gauche de toutes ses forces au visage, passant au-dessus de sa garde.
Il recule, décontenancé et déséquilibré par le coup, et laisse son torse à découvert, les bras ballants, ce qui permet à la jeune fille de porter coup sur coup (un coup de pied au genou, au ventre au visage de la même jambe), se téléportant une fois à droite pour un crochet, une fois derrière pour un coup de coude suivi du flanc en utilisant le momentum de sa téléportation alors qu’il reprend sa garde pour ne lui laisser aucun temps mort.
Ça y est, elle a pris le rythme. Elle refuse de lui laisser la moindre pause bien qu’il soit clément avec elle et enfin, elle soulève son bras gauche élancé, coude en arrière, se baissant également pour l’esquiver et se plie en avant pour amener son genou dans son estomac, parvenant à décoller ses talons du sol et lui couper le souffle, son grognement résonnant dans la salle, avant de prendre son élan et lui asséner les deux uppercuts, une main après l’autre, les plus violents que je ne lui ai jamais vu.

Reno tombe instantanément inconscient et alors qu’il s’écroule vers l’arrière pendant qu’elle secoue ses mains, probablement douloureuses, et balaye ses jambes vers le haut pour l’effet de finition, le roux se retrouvant alors à l’envers sur le dos, les genoux encadrant sa tête par terre, les bras à l’abandon sur les côtés. Il ne se réveille qu’à cet instant, grognant de douleur, sans toutefois oser bouger tout de suite.
Essoufflée, elle me lance alors un regard inquisiteur de l’autre bout de la salle. Je fais une moue impressionnée puis approbatrice en une seconde. « Parfait. » je lui intime en hochant la tête, clignant des yeux en croisant les bras.
Tifa explose aussitĂ´t de joie, la rejoignant en la complimentant.
-Ha ha ha ! Ça c’est mon élève ! (Elles se tapent dans les mains) Tu ne deviens pas une vraie membre d’Avalanche tant que tu n’as pas battu au moins une fois un Turk !
Felicia rit également, pendant que Reno se laisse avachir sur le côté, la voix plaintive. Le rire sincère d’Angie les rejoint.
-Qu’est-ce que ça veut dire ? Je suis venu pour un entraînement, pas un rite de passage. Gnh-
-Désolée Reno…j’ai dû try hard, je sais.
Try hard ?
Une chose est sûre, Reno ne l’a plus jamais sous-estimée, et Angelina a pris peine à arracher de nouvelles victoires, mais cela arrivait.

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Angie (Music : Anxious Heart de FF7 Remastered version)

Je suis inquiète. Angoissée même, je dirais, mais je fais tout ce qui est en mon pouvoir pour en faire le moins possible. Je me sentais de plus en plus étrange. Fébrile, anxieuse, soudain pleine d’énergie et de fraîcheur, la seconde nauséeuse et prise de vertige. Mon entraînement en souffrait. Mes yeux changent de couleur. Ils s’éclaircissent et dans les moments où je me sens le plus en danger, je vois presque la nuance Lifestream envahir mon champ de vision.
Je me réveille en pleine nuit, prise d’hallucinations. J’entends comme un grincement sonore tonitruant, comme si les fondements de la terre se brisaient entre eux, parfois des voix qui s’élèvent et diminuent par à-coups. Souvent elles chuchotent, parfois elles gémissent, parlent, et même fredonnent…me donnant la chair de poule.
Je sais que je suis la seule à les entendre. Je le sais parce que je regarde autour de moi, et ni Vincent ni Elfé ne réagissent particulièrement. Ils ne réagissent qu’à moi, me lançant un regard inquisiteur.
Parfois je m’étends dans le lit, avant de dormir, et je sens comme mon esprit s’écouler et s’étendre à la planète entière, comme si je pouvais sentir tous les reliefs et détails, du mont le plus haut au noyau de Gaïa elle-même. Je me tourne alors vers Felicia, et me retiens de prendre la main de Vincent quand c’est lui.
J’ai l’impression d’être malade. J’ai l’impression de devenir folle. Et je me demande à quel moment je devrais parler de tout ça. Surtout quand je sens le regard pesant de Cid et Vincent…

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Vincent (music : Mermaid de Skott / Save me de Omri – la musique est vraiment belle, mais j’aime surtout la violence des beats qui malgré la scène tranquille, rappelle le chaos de l’esprit et des battements de cœur de Vincent. À tester, dites-moi ce que vous en pensez.)

Ces derniers jours ont été inquiétants. Les cheveux d’Angelina changent étrangement de nuance. Normalement dorés à peine quelques heures au soleil, ils virent régulièrement au pâle puis au terne. Maintenant que j’y pense, ils étaient extrêmement ternes quand je l’ai rencontrée dans la grotte. Comme sans vie, sans refléter aucune lumière autour.
La forme qu’elle semblait avoir retrouvée à nouveau décline maintenant, comme si elle…tombait malade. C’est l’impression qu’elle me donne, pourtant, jamais ses yeux n’ont paru si clairs, presque comme s’ils luisaient d’eux-mêmes depuis le centre de l’iris.
De fait, j’étais en alerte. Je suppose qu’il est possible qu’elle ait contracté la maladie sans que ça n’ait les mêmes symptômes sur elle mais…

L’idée que ce soit le cas me refroidit de l’intérieur. Pas elle.
Je m’apprête à retirer ma cape pour être plus à l’aise lorsque le son et la vibration du PHS me surprend. Je jette un dernier coup d’œil dans la visée du sniper avant de répondre prestement, le cœur un peu rapide, comme un début d’adrénaline, sachant qu’on ne m’appelle jamais sans raison. 10h04.
-Vincent, j’annonce immédiatement.
-Vincent…
La voix de Felicia est tendue, voire hésitante, faisant grimper ma tension
-Angie ne va pas bien. Elle refuse que tu le saches mais je pense qu’il faut que tu viennes.
C’est certain, car Angelina ne réclame jamais. Encore moins quelqu’un. Et surtout pas moi qu’elle s’est promis de préserver. Mais je me suis déjà levé à son nom, ai arrangé ma cape d’une main distraite et rejoins les escaliers à la fin de sa phrase.
-J’arrive tout de suite, je promets.
La téléportation d’Angelina me paraît bien pratique à cet instant. Sans regarder, j’appuie sur le raccourci du clavier avant de ramener le téléphone sur mon oreille.
-Yuffie, il faut que tu me remplaces.
Même ma voix me paraît tendue. J’essaie de reprendre un ton neutre.
-Pour-
-Sur les remparts, tout de suite. Angie.
Je ne rajoute rien de plus avant de raccrocher, sachant que n’importe quoi ayant trait à la jeune fille suffit à la rendre impossible.

Je me souviens à peine avoir traversé la ville, si ce n’est pensé que le chemin était bien long et encombré. Je rappelle le numéro de Felicia lorsque j’atterris enfin au ponton. Cela fait presque neuf minutes. Beaucoup trop long.
Je suis rassuré, sans pour autant que mes battements ne ralentissent quand elle répond aussitôt.
-OĂą ĂŞtes-vous ?
-Salle d’eau avant la salle d’entraînement.
Je rentre dans le vaisseau sans amarrer. Les couloirs passent sans que je ne les enregistre. Je connais le chemin par cœur pourtant je doute dans mon empressement d’avoir pris un mauvais embranchement. Mais je vois enfin la porte entrouverte, Felicia observant une scène à l’intérieur, PHS encore en main.
Je rentre sans cérémonie et elle se pousse prestement quand mon épaule manque de la heurter. Angie est accroupie dos à la baignoire de métal, une main dans ses cheveux et l’autre autour de son ventre, la tête baissée, Tifa accroupie à côté d’elle, une main tenant son bras et l’autre frottant son dos. Mes entrailles se serrent et se glacent. Elle a levé les yeux à l’instant où je suis entré et aborde une expression torturée et étonnée sur le visage, mais dans ses yeux, c’est comme si elle voyait un ange débarquer de nulle part alors que ses yeux prennent connaissance de mon arrivée.
-Vincent ! lance-t-elle, décontenancée par mon approche.
Son ton est souvent complexe. Ici, en un seul mot, il est réprobateur : elle est surprise, mal à l’aise, intimidée, sur un fond de rassurance et de quémande. Et alors ça me revient. Angelina n’appelle pas à l’aide même en cas extrême. Elle ne s’exclame pas, ne crie pas, même perchée dans le vide. Elle appelle mon nom, presque comme on scande un sort. Et je me somme alors d’apparaître, le cœur battant pour me propulser.

Je les rejoins en trois pas Ă  peine et pose un genou Ă  terre devant elle, posant ma main sur son Ă©paule.
-Je…
Sa main serre mon bras pendant que l’autre froisse ses cheveux contre sa tempe alors qu’elle grimace un instant, les yeux fermés. Ma poitrine se serre avec elle.
-Qu’est-ce que tu fais là ?
Elle n’a pas l’air contente de me voir, pourtant, ses doigts agrippent le cuir des ceintures à mon poignet.
-Nous étions tous d’accord pour appeler Vincent en cas de souci.
-Ah oui ? grommèle-t-elle entre ses dents serrées.
Après notre dernière discussion, je sais que ce n’est pas personnel. C’est juste une sorte d’échec, notable dans sa déception, quand elle voulait me prouver son indépendance.
-Et que voulez-vous qu’il fasse ? On ne sait même pas ce qu’il se passe.
Elle tremble légèrement, son teint est pâle et sa voix grésillante.
-Il ne s’agit pas forcément d’agir, je réplique. Il s’agit déjà d’être là. J’ai demandé à ce qu’on me tienne au courant quand je suis absent, tu le sais.
Elle est parcourue à nouveau d’un frisson de douleur, se recroquevillant sur elle-même un instant, sifflant entre ses dents, avant de lancer un regard noir sans rien trouver à y redire. Les lèvres pincées en signe de défaite.
-Il y a forcément une explication, je poursuis en me forçant au calme. Il se passe quelque chose depuis plusieurs jours, n’est-ce pas ?
Je tourne un peu le visage, la mettant au défi de me mentir face à face.
Mais sa tête tombe, avant d’avouer tout ce qu’elle sait de ses symptômes et progression en tant que Cetra, interrompue régulièrement par des vagues de peine. Et le moins que je puisse dire, c’est qu’Angie est un toxique mélange d’honnêteté et de discrétion dans sa façon de jalousement garder ses secrets. On ne se doute pas qu’elle puisse cacher des choses dans sa façon d’être franche et directe, même à son insu.

-Je ne voulais pas déranger. J’attendais d’avoir confirmation. Quelques jours ou semaines me paraissaient trop peu pour tirer des conclusions. Je voulais voir comment ça allait évoluer.
-Tu aurais dû nous en parler dès-
-Vincent.
J’échange un regard avec Tifa. Il faut en parler aux autres dès que possible. Il semble y avoir du positif et du négatif, et définitivement une évolution vers son statut de Cetra, même si toujours rien qui explique son état actuel. Mais il faut qu’on y réfléchisse.
Tifa hoche la tête négativement pour me dissuader encore. Bon, très bien, alors d’abord…
-Que s’est-il passé aujourd’hui exactement ? je questionne.
-Elle a vomi tôt ce matin au réveil, rajoute Tifa qui me laisse de l’espace. De douleur. Elle parle de douleurs constantes. Au ventre, à la tête. Des courbatures plus importantes.
Angie lui envoie un regard de reproche à cette mention, la respiration anormale. Je croise un instant le regard de la brune qui avait l’air aussi inquiète que moi, avant d’observer la jeune fille à nouveau sérieusement.
Pas elle. Pas si tôt. Pas si jeune. Gaïa. On a besoin d’elle.

-Nous pourrions essayer…une passation d’énergie.
Elle fronce les sourcils, ne voyant pas de lien.
-Cela fait peut-être très longtemps, depuis le Léviathan au moins. Gaia étant malade, comme elle a l’air de vouloir le communiquer…tu en as peut-être besoin comme de la Mako. Pour te sentir bien.
-On ne sait jamais, renchérit Tifa en lui frottant le bras.
Ce n’est qu’une des nombreuses théories que nous avions élaborées, bien sûr. Et cela expliquerait parfaitement pourquoi Aerith me l’a confiée en premier. J’ai fait en sorte de conserver mon énergie au maximum en conséquence, tant qu’il n’y aurait pas de combat. Manger à ma faim. J’essaie même de prendre de vrais repos.
Elle abhorre maintenant une expression inquiète et timide, voire honteuse.
-Personne ne sait, admet-elle. Et je ne maîtrise toujours pas le drain-
-Tout ira bien, j’assure. Même si tu en prends le maximum, mon bras pallie très rapidement au problème.
Elle hésite, tremblante, baissant les yeux, malade récalcitrante.
-Je m’endormirai, dans le pire des scénarios.
Elle croise les yeux de Tifa, qui lui fait aussitôt un sourire clément pour l’encourager.
-On peut toujours essayer, fait remarquer la jeune femme. Ça ne t’a jamais fait de mal, en tout cas.
Elle pince les lèvres, mais cède, bien que toujours inquiète. Étrange. Pour moi, mais pas pour elle depuis tout à l’heure.
-Si tu es sûr de toi et que tu te sens assez en forme-
-Il y en a largement assez, je lui assure. Vois par toi-mĂŞme.
Ma main libère prestement la cape de mes épaules, avant que je ne retire tout aussi rapidement mon gant pour ensuite entrouvrir la combinaison sur mes clavicules pour libérer de la peau et lui laisser le choix à un endroit non-équivoque. Aussitôt fini je pose ma main humaine sur son épaule et tends mon autre bras poing fermé pour qu’elle ne se blesse pas alors qu’elle m’envoie un regard interloqué, fixant le dernier endroit que j’ai libéré d’un air livide, avalant soudainement sa salive. Je m’efforce d’ignorer son cœur qui s’accélère et que j’arrive à entendre soudainement d’ici avec mon ouïe développée. Le bras gauche, Angelina.

D’abord hésitante, levant lentement les bras autour de moi en me jetant un regard anxieux, son état inquiétant finit par l’emporter quand elle s’échoue contre moi, surprenant toute la salle, son visage dans le creux de mon cou, un bras me serrant contre elle et l’autre main dans le creux de mon coude pour que ma greffe la colle du coude au poignet. Sa respiration se relâche silencieusement, mais pas assez pour moi. Du soulagement. De l’attachement. Son cœur ralentit quelque peu.
Je reste les yeux écarquillés un instant, posant ma main humaine prudemment sur le creux de son épaule découverte par derrière, le bout de mes doigts touchant sa clavicule, sentant le regard brûlant des deux jeunes femmes sur nous, dans l’expectative mais buvant néanmoins toute la scène avidement. Je sens sa respiration chaude contre ma clavicule droite, ce qui m’alerte sur sa température anormale. Elle est étonnamment brûlante, et ma combinaison me tient pourtant très chaud.
J’essaie de ne pas laisser transparaître une quelconque pensée ou réaction alors que je la sens drainer mon énergie devant notre public, sans que personne ne puisse le remarquer. Le drain est beaucoup plus mesuré que ce à quoi je m’attendais, contrairement à la dernière fois.
J’entends Felicia s’approcher de quelques pas, une main sur le katana.
-C’est ça la passation d’énergie dont vous parliez ?
-Tu peux le voir ? questionne Tifa avec Ă©tonnement, faisant Ă©cho Ă  ma propre interrogation.
-Oui, répond-elle avec hésitation. Enfin juste un peu. Sûrement à cause de la matéria légendaire que j’ai longtemps portée et qui me volait aussi mon énergie. C’est…vraiment du Lifestream. Incroyable.

Son front presque à mon oreille, je suis surpris mais rassuré à l’idée qu’Angie ait eu la présence d’esprit de mettre sa fierté de côté pour être aidée sans trop de difficulté. Je craignais que son jeune âge, son envie de faire ses preuves et son côté fier et entêté ne se mette en travers de son bien-être et sa protection trop longtemps…mais mon humeur se calme ainsi collé à elle, en me disant que s’il arrive quoi que ce soit, je suis…déjà présent, mon bras autour d’elle.
Elle tremble légèrement, alors je ramasse la cape pour la mettre autour de ses épaules, et je la sens resserrer son étreinte, pour bloquer les pans de la cape entre ses épaules et mon torse pour qu’elle ne tombe pas, nous rapprochant encore, ses côtés touchant l’intérieur de mes jambes pliées, un genou à terre l’autre relevé, posé sur mes talons. Là, ça va aller.
Je me retiens de serrer en retour pour tenter de l’apaiser. Discrètement, je vois que Tifa et Felicia ne clignent même pas des yeux, rivées sur nous. Je peux sentir et entendre son cœur effréné dans sa poitrine.
-Quand as-tu appris à maîtriser autant ton énergie ?
-J’essaie de me concentrer en ce moment même. Je ne savais pas ce que la prochaine fois donnerait alors je voulais éviter. Mais ma magie augmente avec mon physique, heureusement, bougonne-t-elle les lèvres contre ma peau.
Sans que je ne puisse l’expliquer, cela éveille quelque chose en moi.
-Tu n’en prends pas assez.
-Ce n’est qu’une vague théorie.
-Je cumule de l’énergie depuis des semaines. J’en suis même venu à connaître ma capacité maximale d’accumulation avant que l’énergie ne s’éparpille simplement dans l’air. Fais-le.
-Vincent…, proteste-t-elle.
-Commence par le bras gauche.
Il se passe un moment avant que sa main droite ne raffermisse sa prise sur le métal de ma greffe et que je ne sente le flot s’accélérer depuis mon bras gauche, comme un robinet qui s’ouvre. Seulement, comme elle puise à la source, chargée à bloc, je sens à peine la différence physiquement.
-Oh wow, impressionnant, commente Felicia. Là c’est vraiment visible. Je me rends compte à quel point ma matéria était dangereuse. Tu as du courage, Vincent.
-Comment vous faîtes ? Je ne vois toujours rien, lance Tifa avec l’humeur de celle à qui on ne partage pas un secret. Alors Angie, est-ce qu’il y a un changement ?
-Oui, je crois. Je me sens…légèrement mieux.
Je suis satisfait et partagé lorsque je l’entends soupirer de contentement contre ma pomme d’Adam, me contaminant de sa liesse. Un pouce échappe à mon attention et enroule une mèche de ses cheveux à sa nuque. Je l’arrête aussitôt quand je m’en rends compte. Ses cils tressaillent avant qu’elle ne ferme les yeux.

-Merci, souffle-t-elle presque inaudible.
-…
Mes yeux baissent momentanément sur le sommet de sa tête et sa masse de cheveux blonds éteints. Elle protestait tant il y a quelques instants. Puis elle se jette contre moi. Et maintenant ?
-Depuis combien de temps es-tu malade.
-Je ne sais pas…je dirais trois, quatre jours depuis que ça empire.
-Quels sont les symptĂ´mes ?
-D’abord des migraines, des nuits courtes, des…sautes d’humeur.
Elle fait une pause, l’air d’attendre que je relève, aussi poursuit-elle lorsque je n’en fais rien.
-Des nausées, vertiges, perte d’énergie mais gain d’appétit.
-Gain d’appétit ? je répète, quelque peu surpris.
Pourtant quand elle devient instable, à notre plus grande frustration elle n’avale plus rien.
Je cherche ma mémoire. Rien ne colle à la description exacte.
-Et…j’ai commencé-…à-
-…À ? je finis par lâcher lorsqu’elle s’arrête.
Elle se crispe contre moi, ses doigts agrippant le cuir dans mon dos, pressant dans ma chair. Je retiens un sursaut, toujours conscient de notre auditoire, me forçant à subir un frisson sans bouger ni ce n’est relever le visage et prendre une longue inspiration. Le manque d’énergie croissant, la fatigue, sa présence me rendent vulnérable. Si proche…je constate en sentant ses cils battre contre ma gorge. Je serre la mâchoire, sentant une culpabilité me prendre à la poitrine en essayant de rester le plus affable et immobile que je puisse. Desserre, Angie.
La sensation est inconfortable. Pourquoi est-ce que je réagis ainsi. Le plus discrètement et lentement possible pour ne pas éveiller les soupçons des jeunes femmes, je décolle ma main et l’étire dans mon dos pour soulever ses ongles. Je ferme les yeux un instant pour me reprendre. Je l’ai dans la peau.
-Angelina, j’interroge pour occuper mon esprit.
-C’est…rien. J’ai vraiment mal au ventre.
Cela a au moins pour don de me calmer.

-Qu’est-ce qui a commencé ?
-Et bien…à, tu sais…entendre des voix. Le soir.
Je me retiens in extremis de m’éloigner pour la toiser. Ce qui était apaisant il y a une seconde est devenu un supplice et je ne souhaite rien de plus que l’écourter. La situation est inquiétante, mais…nous ne devrions pas être si proches.
Qu’est-ce que je raconte…Je suis sûrement le seul à être confus.

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Des deux mains, elle prit un pan de sa jupe, sur le côté, et le déchira sèchement. Puis elle fit remonter ses mains, les moulant sur ses hanches, les contours de son buste, très lentement sur sa nuque, avant de les présenter à moi, prête à commencer.

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Et elle me regardait, me gratifiant la même attention, l'écharpe autour du cou, et faisant innocemment glisser l'un des bouts contre ses lèvres, l'air taquin.

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Je nous emmenai plus loin sur la piste avant de la soulever de mon bras droit contre moi – ses formes, sa peau se pliant sous la pression de mes doigts contre moi était accablement agréable, pour mieux la pencher en arrière. Nos hanches se touchaient et elle relevait un genou sur mon bassin. Elle est légère comme un oiseau. Nos souffles se mêlaient, nos visages proches. Elle coula un regard vers le bas de mon visage normalement couvert, les cils bas, les yeux brillants, sans jamais me rejeter.

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« Encore ! » Je me figeai en constatant qu'elle continuait de me regarder avec ces grands yeux turquoises impatients et pétillants et ce sourire qui ne flanchait pas. Un sourire comme je n’en avais jamais vu. Soudain, gagner ou pas n'était plus important. Soudain, perpétuer l'existence de ce sourire envahissait tout mon être.

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Je nous relevai debout, nous fis tournoyer trois fois avant de la soulever par les hanches, et arquée en arrière elle écarta les bras comme on déployait ses ailes, riant, avant de la récupérer contre moi, et elle glissa alors tout le long de mon flanc, mains sur ma nuque, sourire aux lèvres.

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Brusquement elle rejeta ma greffe, prit son élan et se jeta contre moi, mains autour de ma nuque, ses deux genoux, ses jambes pliées, tenant en pressant sur mes hanches, ses cheveux blonds envahissant ma vision.

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Elle entrouvrit les yeux, et je la regardais sans faillir. Regardais son air de pure extase alors qu'elle volait, son nez contre le mien, sa tête blonde avachie sur mon épaule. Elle sourit. Et le monde entier disparaissait avec ce turquoise qui brillait d'une lueur irréelle entre ses paupières.

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-Anderson...
Elle coula un regard sur le côté, des larmes aux yeux qu’elle essayait de cacher, les bras croisés autour d’elle pour se protéger. Qu’est-ce que j’ai fait. Elle n’a que seize ans. Même si…elle ne sait pas ce qu’elle fait…
-Je...suis désolé pour...si-
Mes mots restaient pris dans ma gorge. J’ai hésité à l’embrasser. Je le voulais vraiment, l’espace d’une seconde. Elle avait ses mains sur moi. Elle souriait. Elle me regardait. J’ai oublié son âge. J’ai oublié qui elle était, qui je suis, toutes les fautes que j’ai commises, la femme que j’ai aimée toute ma vie. Je levai une main, le torse serré dans un étau, désemparé et pris de court par la situation que j’avais laissé déraper. Qu’est-ce qui m’a pris.
Je ne voulais pas l’effrayer. Je ne voulais pas lui faire de mal. Je ne voulais pas lui faire croire que j’allais lui faire quoi que ce soit. Jamais.
-Ne me touche pas ! s'Ă©cria-t-elle en rejetant la main que je posai sur son bras.
Angie-
Je la regardai, les yeux grands ouverts sans pouvoir cligner des yeux, figé. C’était comme se faire écraser par une plaque de Midgard. Se faire tirer en pleine poitrine à nouveau. C’est ce qu’on devrait me faire, à l’instant. Elle ne faisait déjà confiance à personne. Elle ne me ferait plus jamais confiance. Je ne voulais pas.
Laisse-moi parler. Laisse-moi m’excuser- me faire pardonner. Et si tu veux me gifler à nouveau, ce sera sans résistance. Ce n’est pas ce que tu crois. Ou peut-être que si mais- je ne sais pas, je n’allais pas- Pas à son âge, jamais. Pas sans tirer au clair ce que je ressens.
Elle s’enfuit, étonnamment en courant malgré ses talons.

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Je revois encore son corps pressé heurter le ponton –et c’était comme je l’avais heurté moi-même, avant de tomber dans l’eau, avant de disparaître. Me figeant d’effroi.

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Je crachai de l’eau dont le niveau descendait, essayant de résister au courant, plaqué contre la glace, avant de les tirer deux secondes plus loin dès que mes pieds touchèrent le sable, couchant Tseng sur le sable du bras gauche et posant celui d’Angelina plus délicatement. Ils étaient tous les deux inconscients. L’eau se retirait rapidement pendant qu’Avalanche recréait la barrière de glace dans mon dos. D’après un cri strident cependant, j’entendais que le Léviathan n’en avait plus pour longtemps.
Tseng était immobile, mais il allait s’en sortir. Il va sûrement se réveiller dans un instant.
Je m’agenouillai à côté d’elle, arrachai les cingles de mon col et m’empressai de commencer un bouche à bouche, ne songeant à rien d’autre qu’à la sauver. Au bout de cinq secondes, je remarquai qu’elle ne respirait toujours pas. Je jetai un regard paniqué à Tseng. Lui non plus. Je la regardai à nouveau.
Et pressai mes mains de façon rythmique sur sa cage thoracique, mesurant le rythme, la pression de mes mains, la force que j’exerçai pour ne rien lui casser davantage si elle était déjà blessée. Trente pressions, deux souffles. Sa poitrine se soulevait quand j’insufflais. Mais depuis combien de temps déjà ?

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-Allez, Angie ! pleurait Tifa à côté de moi, les mains sur les coudes, se rongeant les ongles.
Je presse frénétiquement mes lèvres contre les siennes, ma main droite pinçant son nez et le dos de ma greffe tenant sa mâchoire à la bonne fermeture pendant que Tifa faisait les cent pas et que Cloud prenait la suite de la réanimation avec plus d’aisance avec ses deux mains. Heureusement, parce que mon angoisse montante me faisait presser avec plus de force que de raison pour la sommer de se réveiller. Cela faisait trop longtemps.
J’essayai de ne pas me laisser gagner par la panique. La douleur. Le désespoir. La couleur de ses yeux disparaissait déjà à ma mémoire, comme si j’avais déjà regardé trop longtemps son visage inanimé, pâle comme la mort.
Plus loin, l’équipe de Tseng essayait de le réanimer, et attendre trente pressions me laissait trop le loisir d’observer et réfléchir. En voyant l’état d’Angelina, j’ai mis de côté une autre personne. Je me suis caché derrière l’excuse qu’il s’en sortirait seul. Je me sentais devenir livide et fébrile.
Mais la vérité…la vérité est qu’avec deux mains seulement, je ne pouvais essayer d’aider qu’une personne. Et…je n’ai pas hésité à choisir Angelina. Puisse-t-on me pardonner un jour. Puisses-tu me pardonner, Tseng, puis t’ajouter à la liste d’exécutionneurs venus m’infliger mon châtiment à l’heure de mon jugement pour tous les péchés que j’ai commis, aussi nombreux que mes tourments. Mais j’ai promis de la sauver elle coûte que coûte.
Je souhaitais en cet instant qu’elle me vole toute mon énergie à travers mon souffle, dûssai-je en mourir.
« Si tu meurs en chemin, personne ne te regrettera. » …Je regrette. Je regrette ces mots, parce que je voyais la facilité déconcertante avec laquelle elle acceptait des gestes et des mots de haine. Et j'ai réalisé qu'Angie ne connaissait ni l'amour ni la gentillesse. Qu'elle était à plaindre, et que ses offenses verbales étaient ses armes. Qu'elle était complètement perdue. Je ne le pensais pas. Mais je le réalise à présent, je regrette alors rendez-la moi !

Enfin, ses cils tressaillirent alors que tout espoir commençait à me quitter. Moi, Avalanche, même si les gestes de Cloud n'avaient pas un instant failli à leur vigueur. Il s'arrêta de presser quand enfin ses yeux turquoises apparurent à notre vue, buvant toute la lumière de ses iris clairs et brillants, leur lueur perçant comme un faisceau les ténèbres dans lesquelles je me sentais sombrer peu à peu il y a quelques instants.
-Angelina !
Je posai ma main sur son front, dégageant sa frange. Elle bouge, cligne des yeux, respire… Et dans sa survie elle en est tellement belle.
-Angie…
Elle recracha toute l'eau contenue dans ses poumons, allongée de côté sur le sable sans rien de sa grâce habituelle, et pour une raison que j'ignore, je me mets à sourire, attrapant son épaule, souhaitant que nous ne soyons plus jamais séparés, comblé en mon for intérieur. Je tapotai vigoureusement son dos pour l'aider, et la sentir bouger, tousser, respirer, parler, se plaindre m'apaisa.
Gaïa, merci. Je sais, et je paierai pour mes crimes et mes faveurs accordées en temps et en heure. Mais pour aujourd'hui, merci de me l'avoir laissée. Nous…j'ai encore besoin d'elle. Sans elle, j'oublie ce pour quoi nous nous battons encore quand tout espoir est perdu, que la planète entière est perdue et que les ressources viennent à manquer rapidement. Sans elle je me sens comme une âme n'ayant erré que trop longtemps, me promenant désormais dans une obscurité inéluctable.
Dire que quand je venais de la rencontrer je trouvais sa lumière trop blanche et agaçante. Bon sang…Quand enfin je l'eus dans mes bras, elle tremblait, ses yeux fixes alors qu'elle entre dans un état second, écrasée par la tristesse. Et je ne peux rien faire non plus pour empêcher cela.

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Bon sang. À quoi est-ce que je pense.

Malgré la douleur, elle se presse encore plus davantage contre moi, manquant de me faire brusquement relever pour m’éloigner. Je ne veux pas revivre ça. Son regard quand je me suis approché trop près. Ses yeux fermés, quand je suis parti trop loin.
-Qui te parlent ?
-Non. Plus comme si je surprenais des pensées.
-Je vois, tu-
Elle se crispe à nouveau, inspirant entre ses dents de douleur. Elle arrête le drain peu après. Je m’éloigne alors pour la regarder dans les yeux. Ils sont gorgés de Lifestream et je ne les avais encore jamais vus comme ça, comme si elle était prête à lâcher un Limit Break. Elle cligne des yeux avant de serrer les dents, puis entoure ses hanches avec ses bras avant de se recroqueviller, son front heurtant mon torse.
Je reste les bras ballants suspendus à ses côtés, me demandant pourquoi cela semble s’empirer au lieu de s’améliorer, alors qu’elle s’accroupit, genoux relevés près de son visage. Toute chaleur, toute logique quitte mon corps.
-Aaah…J’ai l’impression d’avoir été empoisonnée et d’être…sciée en deux.
Mes yeux s’agrandirent un instant, me demandant si mon énergie en a été la cause. Est-ce que j’avais fait quelque chose de travers ? Mon énergie avait-elle été corrompue d’une quelconque façon ?
Elle dandine, la tête entre les jambes. Non, pas elle- Soudain, elle sursaute légèrement, l’air de remarquer quelque chose, avant de tâter le sol. Je m’éloigne pour constater mais elle s’agite plus rapidement encore pour refermer la cape autour d’elle.
-Qu’est-ce qu’il y a ?
Je m’empare de force de son poignet droit mais elle s’empresse de le faire glisser de ma main et je ne suis pas assez cruel pour le retenir de force.
-Non !
Je la laisse récupérer sa main, qu’elle range aussitôt contre elle, avant de baisser les yeux, l’air mortifié. Son odeur et...C’est incompréhensible, elle n’avait aucune blessure quand je suis arrivé, j’en suis certain. C’est ma faute.
-Angelina, ma voix s’élève. T-
-Non, Vincent ! réplique-t-elle en levant un doigt qui n’intime à aucune négociation. J-je crois que- Tifa, s’il te plaît, appelle-t-elle alors en lui lançant un regard désespéré.
Comment ?
-Vincent, il faut que tu sortes s’il te plaît, je crois avoir compris le problème, lance-t-elle en me regardant une fois plus composée. Tu ne peux pas m’aider. Il faut que je-
Elle soupire de frustration, les mots lui manquant. C’est comme sentir une dague s’infiltrer entre mes côtes, me coupant la respiration. Dis-moi ce que j’ai fait.

J’observe alors Tifa, qui la regarde incrédule, me renvoyant un air confus, avant que soudain l’illumination n’atteigne ses traits.
-C’est la première fois ? s’exclama-t-elle, au comble de l’étonnement en se relevant. Tu n’en avais pas sur Terre ?
Elle hoche la tête rapidement, les sourcils froncés vers le haut et les lèvres pincées. Tifa pose un instant ses doigts contre ses tempes, avant de se tourner vivement vers moi, qui ai le regard fixé sur Angelina. Pendant ce temps, mes méninges fonctionnent à plein régime, passant en revue toutes les connaissances scientifiques que j’avais emmagasinées.
Tout cela, n’avait aucun sens.
-Euhm, Vincent. Je m’en occupe. Je te tiens informé dès que j’en saurai plus moi-même après avoir questionné Angie. Sors s’il te plaît.
-Je vais chercher quelque chose, dit soudainement Felicia en tournant les talons.
Quoi ? Chercher quoi ? Je ne cache pas mon irritation, lui lançant un regard probablement noir. C’est tout de même elles qui m’ont appelé ici. Angie est à moi avant tout. C’est à moi de la protéger. Et si c’est moi qui ai causé ça-
-Cela n’a aucun sens. Dîtes-moi ce qu’il se passe, j’exige en me relevant, le dos rigide, me retenant de poser une main sur sa nuque près de moi.
-Vincent, s’il te plaît, presse Tifa d’un ton sans appel. Je m’en occupe. Ce que tu peux faire par exemple, c’est aller lui chercher à manger, quelque chose de sucré, et passer des coups de fils pendant qu’on l’examine.
-S’il-te-plaît Vincent. Il n’y a vraiment rien que tu puisses faire. Laisse-moi juste un instant, ça va aller. S’il y a quelque chose, j’appellerai.
Et son bien avait autorité absolue sur moi. Nous échangeons un regard mais sa détermination ne flanche pas. Je soupire en fermant les yeux, signe que j’accepte de mauvais gré après un temps d’hésitation, observant Angie du coin de l’œil.
-Appelle Nanaki, il a accès à la bibliothèque, il y a sûrement d’autres livres sur les Cetras. Profite-en pour parler aussi à Cid et Reeve, voir comment on peut procéder pour suivre son développement.
Je sais exactement ce que je dois faire, mais je ne parviens pas à bouger mes pieds, gardant les yeux rivés sur elle, craignant qu’elle s’effondre ici et maintenant ou si je détourne un instant mon attention. Tellement de choses se produisent quand je ne suis pas avec elle.

-Vincent, fais-moi confiance, lance Angelina en me regardant aussi droit dans les yeux.
-C’est mon énergie, j’accusai.
Elle fronce les sourcils, l’air de tomber des nues.
-Non !
Presque incrédule.
-Vincent, non- enfin peut-être, mais, toi tu n’y es pour rien, je te le jure. Ne rajoute pas encore un sempiternel pêché là où il n’y en a pas. Vraiment…j’aimerais qu’il y ait un coupable à taper vu la douleur mais ce n’est réellement pas ta faute. Je te rends ta cape…quand Felicia revient je pense.
Elle sait comment je pense parfois, et cela me surprend comme une flèche en pleine poitrine. Franche mais sans pitié.
-Garde-la, je réponds aussitôt.
À défaut de pouvoir être là…Je sens mon visage crispé, mais je me force, lentement mais sûrement à détourner le visage et me déplacer vers la sortie, avant de presser le pas pour ne pas avoir le temps de changer d’avis et claquer la porte derrière moi. Mes muscles sont si tendus que j’en ai des difficultés à bouger sans tirailler.
Après un temps de pause, je cherche distraitement où j’aurais bien pu placer le PHS sur moi. Soupir. Je n’ai pas envie de parler au téléphone.
-Il est tenace le bougre, j’entends Tifa à travers la porte. Il ne faut même pas songer à le sortir le jour de l’accouchement !
-Comment ? questionne Angie d’une voix blanche et vexée.
-Rien, assure faussement Tifa.
Je soupire de frustration avant de serrer les dents. Tifa.

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-Tout me parait logique. Elle l’a dit elle-même. Elle a pris du poids, sa peau, ses yeux, ses cheveux ont changé de couleur et d’aspect. Angelina est comme une plante que l’on a arrachée à ses racines.
La voix de Nanaki par le biais du PHS est profonde et posée, et parle comme on récite un poème malgré son soi-disant jeune âge. Mais même sa voix ne parvient pas à m’apaiser des évènements incongrus de ce matin après ces derniers jours. C’était donc ça le résultat de son adaptation ??
-Sur Terre, elle n’a pas pu pousser correctement. Maintenant sur Gaia, sa terre d’origine, elle ne fait que fleurir et s’épanouir, et Vincent est l’engrais qui a accéléré ce processus.
-Quel est le soleil, dans ce cas, balance Cid d’un ton peu amusé.
-La Planète. Le Lifestream. Le Courant de la Vie. Angelina ne fait que se mettre en phase avec la planète qui a vu son peuple naître et mourir, et qui ont façonné tant de choses ici-bas en phase avec la nature, comme ils sont façonnés par elle.

Un souffle passe dans Avalanche, Tifa, Shera et Felicia absentes pour la réunion improvisée dans le cockpit. Je resserre nerveusement mes bras croisés, me sentant quelque peu à découvert sans ma cape.
-Elle entend la Planète, fait remarquer Cid sèchement. Elle l’entend $*§&@# de chialer, les voix des morts et que sait-on quoi d’autre. Quand Elle l’entendait, une demi-Cetra, ça la rendait déjà folle, fait Cid en secouant ses doigts à côté de sa tête tournée pour illustrer. Et Gaia était loin d’être dans l’état d’aujourd’hui.
-C’est trop bizarre tout ça, ajoute Barret. Elle se téléporte déjà. Genre, c’est quoi la suite ? Elle va pondre des matérias et cracher du Mako ?
Je tourne sèchement la tête vers le PHS, et Cloud capte mon regard senti sur l’appareil. Soudain la porte du cockpit s’ouvre et Shera entrant dans la pièce obtient aussitôt toute mon attention.
-Elle va bien, annonce-t-elle avec un sourire encourageant dans ma direction. Tifa est repartie en patrouille d’ailleurs, Cloud. Plus de peur que de mal. La première fois est toujours difficile, on ne sait jamais trop à quoi s’attendre…Ce n’est pas mon domaine d’expertise mais…je pense qu’il va juste lui falloir un peu de repos, bien manger et s’hydrater.

Je décroise les bras et change de pied d’appui. Est-ce que ça allait durer encore longtemps ? Parce que franchement, si c’est simplement pour faire des commentaires désobligeants comme si- elle était une expérience de laboratoire…
-Elle a légèrement changé de mensurations. Elle a pris deux kilos…, dit-elle d’une voix distraite en regardant ses notes sur un bloc-notes. Et elle a pris quatre millimètres !
-Voyez, dit Nanaki.
-C’est…vraiment fascinant, commente Reeve par PHS aussi depuis le Gold Saucer.
-Pff, lâche Yuffie, coincée sur les remparts depuis mon départ par PHS également. On s’en tape, franchement…On vit toutes ça tous les mois je vous rappelle ! Pauvre Angie va survivre aussi, j’en suis sûre…
-Hum, ce sera à surveiller. Elle va peut-être vraiment se remettre à grandir, rajoute Reeve pour détourner la conversation. N’est-ce pas ?
Je suis rassuré de voir qu’aucun homme du groupe n’est à l’aise avec le vif du sujet, et la vraie raison pour laquelle nous en sommes venus à cette conclusion. Je change à nouveau d’appui avant de recroiser les bras, pensif et agité. Grandir ?
Cloud me coule un regard, attirant mon attention, avant de hocher la tête pour m’inviter à partir. Je ne me fais pas prier une seconde fois.

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(Music : Smithereens de Twenty One Pilots)

La porte coulisse et j’ai à nouveau un élan de satisfaction, récurrent quand Felicia m’accueille en position de combat, devant le lit d’Angelina, le katana largement dégainé. Elle se met automatiquement en position de repos.
-Ah, c’est toi.
-Comment va-t-elle, je demande Ă  voix basse.
Elle fait deux pas sur le côté pour laisser apparaître la forme menue de la jeune fille en position fœtale face à moi, un oreiller dans ses bras mais éveillée. Elle avait d’étonnantes rougeurs et n’était vêtue que d’un short et un débardeur menu.
-Vincent, lance-t-elle avec toujours ce mélange de surprise, désapprobation et anticipation.
J’hoche la tête et cligne des yeux en guise de salut. Felicia sourit brièvement en nous observant avant de rapidement quitter la salle. J’entends qu’elle ne s’éloigne pas en revanche, elle reste près de la porte mais je sais que la pièce est insonorisée pour quelqu’un sans mon ouïe.

Je repose mon attention sur Angie et ne peux m’empêcher de lui renvoyer son sourire en voyant ses lèvres étirées, très doucement. J’essaie d’être encourageant. Je m’assois sur la chaise à son chevet, croise mes jambes et mes bras, plus mal à l’aise que je ne souhaite le montrer et elle arrange alors sa tête perchée sur son bras plié. Au moins elle a l’air contente de me voir…
-Tiens, ta cape, dit-elle après s’être retournée derrière elle pour le prendre.
-Comment te sens-tu ? je demande plus pour la forme que pour le fond en l’attachant vaguement sur mes épaules.
-Absolument, terriblement, le plus étrangement mal, répond-elle avec un rire jaune mais amusé. C’est tout à fait atroce, commente-t-elle sans se départir de son sourire. Ha ha ha !
Ce qui éveille mes soupçons.
-Tu as pourtant l’air de bien le prendre.
-Oh, j’ai bien paniqué au départ, comme tu l’as vu, dit-elle assez embarrassée. Mais au fond je suis plutôt enchantée.
Et elle sourit encore, comme si le bonheur apporté par ce changement était évident. Je fronce les sourcils, au comble de la confusion. J’aurais plutôt…imaginé la réaction inverse. Étant donné les symptômes et la douleur que cela implique…
-Enchantée, je répète, dubitatif.
-Tu espérais me voir hystérique ?

Elle rit à nouveau à gorge déployée à quelconque expression que j’aborde, serrant l’oreiller, avant de s’éventer de la main distraitement.
-Non, le pire que tu puisses rencontrer c’est moi me jetant dans un bain de glaçons pendant une énième bouffée de chaleur !
Elle m’observe encore un instant, pendant que je la toise de la tête aux pieds pour inspecter un quelconque mal-être ou symptôme apparent, essayant d’ignorer sa peau découverte…ses jambes fines étonnamment galbées par les entraînements, bien que mes yeux s’y attardent malgré moi. Elles n’étaient pas si curvilignes quand je l’ai rencontrée, je réalise en voyant la façon élégante dont son mollet accroche la lumière. J’avais remarqué les courbes plus arrondies de ses hanches, mais l’avait juste attribué à une prise de poids plus que révolue. Pas…
Son sourire s’altère légèrement en me regardant et je ramène bien vite mes yeux aux siens, me fustigeant d’avoir laissé mon regard glisser à l’instant. Mais…elle n’a pas l’air intimidée, alerte et timide mais pas gênée. Son regard est étrangement enveloppant et sa main triture encore une mèche de cheveux, son bras sur l’oreiller. Elle n’a pas l’air de trop souffrir, mais- Je déglutis, essayant d’effacer l’image d’elle frottant mon écharpe à ses lèvres, me lançant un regard moins discret que celui-là.
Je toussote, détournant la tête, essayant de faire comme s’il n’y avait aucune tension naissante depuis une minute. Si je recroise à nouveau ce regard…Ah- non, celui où elle était effrayée. Je la vois sourire encore du coin de l’œil, me distrayant, ses doigts arrêtant de jouer. Est-ce qu’elle le fait exprès ? Néanmoins…je mentirais si je disais que je ne préférais pas ce teint rosi à la pâleur qui me rappelle la dernière fois qu’elle a frôlé d’un peu trop près la mort.
-Es-tu ravie parce que tu te remets Ă  grandir ? questionnai-je pour me recentrer.
-Et bien…, réfléchit-elle d’un ton traînant. Il y a de cela mais c’est surtout parce que…et bien cela veut dire que je suis normale.
Je fronce les sourcils.
-Enfin…le plus normale possible.
Elle baisse les yeux, avant de sourire plus timidement.
-Et que je pourrais avoir des enfants.

Mon visage relâche sa tension alors que je réalise ce qu’elle veut dire, et je la regarde alors autrement, avec empathie. Tout comme j’ai abandonné l’idée que cela puisse m’arriver avec la mort de Lucrécia, ou même que cela soit une idée tout court, Angelina a grandi avec la possibilité que cela ne puisse jamais se réaliser pour elle, très jeune. Pour ma part, je n’ai aucune idée des dangers que représentent les altérations faites à mes gênes, alors…
-Pas maintenant, bien sûr ! s’exclame-t-elle avec empressement, présentant ses deux paumes. Même…sur Terre, il y a des filles qui les ont très tard, alors…je n’avais pas complètement perdu espoir mais…
Elle triture la taie d’oreiller.
-J’avais commencé…à abandonner l’idée…que ce soit possible…pour moi.
Elle soupire, pour la première fois l’air embarrassée au plus haut point depuis que je suis rentré dans la pièce.
-…Tu as toujours voulu des enfants ?
Elle sourit, l’air emportée dans ses souvenirs.
-Oui. J’ai toujours voulu une famille. Voire adopter, sans problème.
-Alors je comprends, répondis-je simplement.
Elle relève les yeux, hésitante.
-Vraiment ?
-Oui.

Elle a l’air de se détendre quelque peu, gardant ce sourire nostalgique et plein d’espoir pour le futur à la fois. Elle me toise à nouveau.
-Toi aussi, tu aimerais des enfants ? questionne-t-elle d’un ton léger.
-…Non.
Et ma réponse ne m’a jamais autant froissé. Elle aussi semble-t-il. Ses sourcils se froncent, mais son expression ne juge pas.
-Vraiment ? J’aurais pourtant dit…Pourquoi pas ? hoche-t-elle la tête.
-Ce ne serait pas prudent, avec tout ce qu’il m’est arrivé. Je ne sais pas le mal que cela pourrait causer. À la mère, ou à l’enfant. Si tant est que la situation se présente.
-Oh Vincent…
Elle saisit ma main, hochant la tĂŞte de droite Ă  gauche, et je me retiens de la retirer.
-Qui plus est, je fais en poursuivant sur ma lancée. Entre le climat actuel et tout ce qu’il s’est passé ces dernières années, je ne suis pas sûr de vouloir imposer un monde voué à la destruction à ma famille par ma faute.
Je l’entends soupirer longuement, comme apathique et démunie. Son visage se froisse, mais elle ne saute pas à ma gorge pour réfuter cette idée comme je m’y attendais. Elle réfléchit.
-Je comprends.

Sa main resserre ma greffe, son autre main avec son doigt à ses lèvres, cherchant quelque chose des yeux par terre.
-Mais…si cela ne tenait qu’à toi, tu voudrais des enfants ? demande-t-elle sincèrement.
Et fonder une famille… ? Je réfléchis un instant, le regard dans le vide, dans le silence étonnamment vibrant de la pièce. « Je crois... » Elle m’interroge du regard, m’intimant à en être sûr. Je baisse les yeux. Puis après encore un moment de réflexion qu’elle me laisse au calme, caressant ma greffe du pouce d’un geste régulier et compatissant, les lèvres pincées, je hoche la tête pour affirmer en fermant les yeux, répondant à contrecœur. Ce sujet…réveille une telle douleur en moi.
Mon père et moi étions proches. Bien sûr…que j’avais l’envie de réitérer l’expérience.
-…Et bien en ce qui me concerne, je vais tout faire pour que mettre un enfant dans ce monde ne soit plus un Châtiment couru d’avance, promet-elle. Tu n’auras plus cette excuse.
Elle me lance un sourire encourageant, de confidence.
-Moi aussi je préfèrerais qu’ils grandissent ici. Et puis Vincent, dit-elle pour appeler mon attention, et se remet à parler quand je la regarde. On ne sait pas ce que réserve l’avenir. Tu n’as aucune cellule de Jénova. Ce que tu as est différent. Tu es différent. Il a essayé de te détruire, de te réduire, mais ça n’a pas marché. Tu as été plus fort que tout.

Elle prend doucement mon menton, me figeant de la tête aux pieds, me regardant intensément.
-Tu restes le plus bel homme sur cette planète et tout le monde le voit, tout le monde le sait, insiste-t-elle en hochant la tête pour ponctuer ses phrases. C’est la première chose à laquelle on pense quand on pose les yeux sur toi, on pense : « Wow, je ne connais pas ton nom mais je sais déjà que je veux le porter ».
Je rigole franchement, me surprenant moi-même. Est-ce…du flirt ?
-Pourtant je me souviens nettement avoir entendu quelqu’un dire que « Valentine » était ringard…
-Ce quelqu’un mentait vertement, susurra-t-elle lentement sur le ton de la confidence, sans scrupule, les sourcils hauts. C’est le nom le plus convoité du moment. Et il est romantique.
En effet, Angelina Valentine avait quelque chose de- J’hoche la tête de droite à gauche d’incrédulité, mais elle semble contente de son effet.
-Ma « beauté »…Tu en parles depuis le premier jour.
Mes lèvres retombent, de réalisation en passant en revue toutes nos conversations.
-Presque chaque jour mĂŞme.
C’est la réflexion que je me fais à chaque fois, bien sûr. Combien elle le répète. Et j’essaie de ne pas y lire grand chose si ce n’est un sujet de plaisanterie entre nous, un « private joke » comme elle les appelle. Et plus le temps passe, plus nous en créons étonnamment plus d’ailleurs. Je ne pensais jamais partager une telle complicité à nouveau avec quelqu’un d’autre, surtout quand on se rappelle comment les choses ont démarré entre nous, ou même la fréquence à laquelle nous nous heurtons encore.
Comme des aimants.

Mais parfois, parfois je me dis qu’elle est si insistante sur le sujet…qu’elle doit sûrement vouloir dire quelque chose. Je ne suis pas sûr de vouloir découvrir quoi, alors je fais de mon mieux pour l’ignorer. Si Angelina était écrivain, je pourrais déjà citer cinquante termes différents avec lesquels elle a déjà complimenté mon apparence.
« Vous vous trompez, vous savez. Vous êtes très beau, et ce corps est magnifique. Différent, c’est sûr. Mais en tout point parfait. Vous êtes très chanceux quand on sait qu’on ne peut pas choisir. Bien qu’il n’ait pas su satisfaire une certaine femme à l’époque, aujourd’hui, il contenterait avec joie des centaines d’autres. »
-Parce que c’est vrai ! s’exclame-t-elle en roulant les yeux. Même Barret y a pensé quand il t’a vu dans ton cercueil la première fois, renchérit-elle, me faisant rire avec elle cette fois. Même dans mon monde, ajoute-t-elle en levant les yeux au ciel, on en parle. Quand on te décrit, on parle toujours d’un « bel homme avec une cape rouge ». Tu es supérieur plutôt que déficient. Et Hojo en était maladivement jaloux. Alors avec quelques recherches je suis sûre qu’on pourrait en avoir le cœur net.
-Peut-être. Mais Angelina, je t’espère consciente que l’apparence n’est pas la seule chose qui compte.
-Alors quoi, je n’ai pas assez gonflé ton égo sous d’autres angles ? Ou tu possèdes une mémoire sélective ? Je n’arrête pas de répéter combien tu es fort et gentil, serviable, intelligent, droit dans tes bottes dorées, mais j’ai l’impression que tu ne veux rien entendre de positif, alors tu me fais répéter encore et encore…
Je fais une expression, montrant probablement que je n’en suis pas convaincu, alors elle lève les yeux au ciel, son côté dramatique et bourgeois ressortant.
-Et encore ! Dans l’espoir que tu me croies un jour. Vincent. Crois-moi, les femmes se battraient pour tes gênes, et ça c’est avant même qu’elles ne te connaissent. Tu peux déjà organiser un tournoi avec les femmes de la plage. Tu dois vraiment être un vampire et cela explique sûrement pourquoi tu ne te vois plus dans un miroir.
Je ne peux m’empêcher de laisser échapper un rire à nouveau, comme un souffle à travers le nez, cachant mon visage derrière mes doigts.

Quand la légèreté de la conversation retombe et que je croise son regard attentionné, mon cœur bat lourdement dans ma poitrine. Je sais qu’elle ne complimente pas inutilement. Elle pense chaque mot, chaque phrase, sincèrement pesé. Mes poumons inspirent difficilement, pris d’une émotion que je ne saurais décrire. Elle hausse aussitôt les sourcils, un léger sourire aux lèvres pour m’intimer à la positivité.
-En tout cas, si tu trouves chaussure à ton pied, si toutefois c’est possible…
Chaussure à mon pied ? Elle souffle, ses prochains mots ayant l’air difficile.
-Sache que tu feras un merveilleux parent. Qui que soit ta future femme ou enfant, ils seront- les personnes les plus chanceuses qui existent.
Elle s’apprête à dire autre chose, inspirant, mais finalement elle relâche juste sa respiration, songeant à autre chose.

Un moment passe, après lequel je me sens apaisé, allégé. Après quelques respirations, je finis par hocher la tête à son égard pour la remercier et elle repose sa main sur mon genou, le secouant distraitement de droite à gauche de façon régulière. Elle fait souvent ce mouvement pour s’apaiser. « Pas comme moi. » me rappelle son expression, sa voix l’une des premières fois que nous avions parlé.
-Tu feras une très bonne mère j’en suis sûr, si toutefois quelqu’un te mérite, je lance en touchant son nez de l’index.
-Ha-ha-ha, s’exclame-t-elle en éloignant ma main. Et être à la hauteur de mes standards, c’est cela ? dit-elle en prenant ma phrase pour de l’ironie.
-Pourquoi ? Il pense déjà pouvoir te mériter ?
Elle fait un « Hmph » désabusé, levant les yeux au ciel, n’achetant pas ma flatterie. Ses lèvres tremblent un instant sur un autre sourire, les larmes aux yeux. Et je remarque alors…que mon empathie était partagée depuis le début. Si différents, et pourtant…Je serre brièvement sa main sur ma greffe en retour, une multitude d’émotions et de sentiments me traversant, me partageant.
J’efface une goutte à ses cils d’un mouvement du pouce droit, lui souriant doucement, et elle soupire en regardant ailleurs, gênée, faisant mine de ne pas être émotive. Puis elle se tourne vers moi et appuie mon nez du bout du doigt d’un air taquin pour changer l’atmosphère, la faisant rire lorsque je retire doucement sa main, lui souriant doucement. Nanaki a raison sur un point…Elle semble s’épanouir.
« Vous retrouverez quelqu’un qui vous fera changer d’avis, j’en suis sûre. »
Une chose est sûre…je ne sais jamais ce que me réserve mon avenir, et très franchement, il ne fait que me surprendre, encore et encore…(Mes yeux croisent ses yeux turquoises pétillants.) et c’est sans parler d’elle.