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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Chapitre 13 :: Mourir pour autrui

(Music : Heart of Anxiety de FFVII Remastered OST)

Une ambiance étrange s'est installée dans le vaisseau depuis, et mes rapports avec ses membres ne le sont pas moins devenu, depuis ma première séance de magie avec Vincent.
Une semaine s'est écoulée, et si j'étais déjà sous l'emprise d'une laisse très courte avant, pour une raison que j'ignore toujours, elle avait encore diminué. Un des membres d'AVALANCHE, même Yuffie, garde toujours, quoiqu'il se passe, quoiqu'il advienne, un œil sur moi, et c'est à peine si Vincent me laisse à plus de dix mètres de sa présence ou hors de sa vue. Chose qui me dérangerait moins si on ne pouvait s'empêcher de se disputer à moins de vingt mètres, qui je pense, est notre distance de sécurité. Ou qu'il se trimballait toute la journée en combinaison.

Je toussote. Bon sang Angie, tu as perdu la tête ? Vincent en combinaison toute la journée ? Qu'est-ce qui t'arrives ? Comme si ce n'était pas déjà assez distrayant tous les matins...
Oui, parce que tous les matins, une quelconque divinité mal lunée a eu l'ironique ou brillante idée, je ne sais laquelle domine, de décider à Vincent à vaincre ma peur de l'eau, affublée de cette maudite combinaison moulante. Si sexy sur lui qu'il devrait y avoir une loi à ce sujet d'ailleurs. On peut penser que le terme groupie était un simple sujet de plaisanterie lorsque je l'ai énoncé, mais c'est à peine éloigné de la réalité, vraiment. Tous les matins depuis une semaine, une foule féminine toujours plus grandissante vient occuper la plage et le rempart pour observer nos activités. Enfin, je veux dire... notre sniper international bien sûr.
Et par activité, j'entends : moi qui essaie de ne pas passer pour une folle asthmatique pendant que je fais des longueurs d'un bout de la plage à l'autre et que Vincent me suit de près, ayant à peine besoin de battre des jambes pour suivre mon rythme, ou marchant juste à mes côtés dans l'eau, laissant son torse à la vue de tous. Je n'arrive d'ailleurs toujours pas à plonger la tête sous l'eau de mon propre chef, si jamais ça intéresse quelqu'un. Ce qui me trouble presque autant que la peau diaphane et les muscles saillants de l'ex-Turk.
Presque.

Et le soir, même une fois revenue dans ma chambre, je sais que Cid me surveille, et que Vincent et Tifa ne sont jamais loin dans leur propre quartier. Les regards de tous les membres d'AVALANCHE ont changé à mon égard, en plus de leur attitude surprotectrice. De la peur, comme ancrée dans leur chair. Comme amplifiée à mon approche. Je me sens comme un monstre, mais lorsqu'ils me regardent de plus près, je sens du désespoir, de l'amertume, de la tristesse.
Et j'essaie alors de me rassurer dans me disant que ce n'est pas moi qu'ils craignent. Peut-être ce dont je suis capable. Peut-être tout ce que je sais. Peut-être ce fichu secret qu'ils gardent entre eux, et dont ils discutent si activement quand je suis hors d'écoute, un œil à chacun toujours braqués sur moi.
Comme des fous dans leur dernier bastion, prêt à réagir à la moindre attaque, au moindre évènement. Et cette semaine de battement, de tension pleine de secret, je la ressens comme eux, je pense. D'un calme anormal, presque anodin, comme si la fin du monde ne courait pas à nos portes. Le calme avant la tempête.

-Est-ce comme la dernière fois ?
-Hum...Oui, presque.
Je serre et desserre mon poing, comme si je venais d'enfiler un gant.
-Non, c'est différent. C'est...presque agréable.
Les picotements glacés qui parcourent ma peau sont un rafraîchissement tellement bienvenus dans cette fin d'après-midi chaude et moite. Le vent est levé, et soulève des vagues plus hautes que d'habitude contre le vaisseau. Presque assez pour le faire tanguer comme un navire.
La magie qui parcoure mes veines...Je ne m'en lasserais jamais, je pense. J'ai réellement une affinité avec la magie. Ce n'est pas une constatation, c'est presque un soulagement. Un soulagement d'exercer et de relâcher cette force que je ne me connaissais pas il y a une semaine.
J'observe ma main, bien que rien n'ait changé. Une faible lueur verte très vive aux reflets dorés l'entoure vaguement.
-Je te laisse faire. Ne touche pas au vaisseau, m'instruit Vincent de sa voix grave.

Même son ton est grave. Solennel. Malgré sa réaction vive de la dernière fois, je peux dire qu'il approuve en silence mes talents en matière de magie. Il les observe comme avec une fascination morbide.
Je pointe ma main vers l'océan, j'entends le flux de magie faire ce son que j'ai entendu des millions de fois lorsque je jouais au jeu. Un cercle feint s'étend autour de moi, et soudain, une vague blanchit, comme si l'écume la recouvrait. Mais la blancheur s'étend, et s'étend, comme Méduse qui transforme les hommes en statue, et fige la vague, et la suivante, et encore la suivante, sur toute une rangée, tout un espace circulaire.
Vaguement, la brise qui nous atteint, chute d'un degré ou deux, et je jette alors un regard appréhensif sur Vincent. Mais il garde les yeux rivés sur mon œuvre.
-Continue. Reste concentrée sur ce que tu fais. Ne perds jamais des yeux ta cible en magie, tant qu'elle n'est pas morte.

Je regarde à nouveau l'océan, et fait grandir l'espace jusqu'à ce que la brise iodée transporte des flocons au-dessus de la portion de mer qui gèle à nos pieds, en gardant une distance de sécurité avec le vaisseau.
-Continue jusqu'Ă  ce que tu ne puisses plus, encourage-t-il.
J'entends le craquement des blocs de glace, comme des plaques tectoniques qui se frittent entre elles, alors que le chaud de l'océan se dispute à la froideur de la nouvelle surface complètement étrangère à ce climat. Le craquement devient assourdissant, lorsqu'en plus de s'étendre au loin, la glace forme des pics à l'épicentre, ou ma paume pointe.
Les pics grandissent, et se multiplient, comme la glace qui s'est répandue en figeant la forme des vagues, et je réalise que l'humain qui viendrait à y chuter s'empalerait probablement sur les pics tant ils devenaient épais et compacts, blancs et translucides.
Mais soudain, un étrange épuisement me gagne. Une froideur différente de celle provoquée par la matéria gagne tout mon corps, et je me découvre en train de haleter et perdre mon souffle de seconde en seconde. Mon bras se relâche enfin, comme si plus aucun sang n'y circulait et que mes forces m'avaient quitté.

Je m'arrête, et m'appuie des deux mains sur la rembarre, complètement avachie.
-Que... ? Je murmure, ma gorge sèche et la voix faible.
-C'était un test d'endurance, explique doucement Vincent, les yeux toujours rivés sur l'océan glacé. Ta fatigue est normale, ne t'en fais pas. Ce n'est pas mortel. Tu manques simplement de magie, mais physiquement tu ne manques d'aucune force. Ta magie se renouvelle déjà d'elle même, certains plus rapidement que d'autres.
Il tapote quelques fois mes cheveux. Je ne peux m'empêcher de regarder sa greffe à quelques centimètres de moi.
-La tienne se renouvelle en permanence Ă  grande vitesse, n'est-ce pas ?
-Oui. Mais comme tout le monde. Le but dans un combat, est d'utiliser ta magie sagement et méthodiquement, de sorte à ce qu'elle se renouvelle aussi vite que tu l'utilises. Tu dois maintenir un équilibre parfait.
-Mais...lorsque je te prends de l'énergie...C'est de la magie, ou du Lifestream ? je demande, confuse par ce détail.
-Comme tu le sais, ma magie est différente des autres. Elle est empreinte à la fois de magie et de Lifestream. La mienne, et de la Planète, à laquelle nous sommes tous liés, mais qui à travers mon bras prend forme. Ma greffe est une source illimitée de magie mais aussi d'énergie, ce que tu appelles Lifestream. Si j'étais un être humain normal, tu m'aurais déjà tué la première fois que tu m'as pris mon énergie vitale.
-Quoi ? je m'exclame, choquée, regardant ses yeux tour à tour.

Je me redresse, me forçant à me tourner vers lui. Mais il continue d'observer la mer, et d'écouter le bruit maintenant assourdissant du craquèlement de la glace qui fond naturellement.
-Pourquoi ne m'as-tu jamais rien dit ? J'aurais pu te tuer sur ce rempart la dernière fois !
Il hoche calmement la tête, le visage emmitouflé dans son col carmin.
-C'est là que j'ai trouvé ton pouvoir étonnamment bien pensé. Ce n'est pas exactement du vampirisme. Tu ne voles et ne ressens l'énergie que chez ceux qui en ont un excès.
Je suis frappée de réalisation, les yeux agrandis.
-La mako de Cloud.
-Exact. Dans ses veines coule de la magie liquide prise depuis la Planète mais élaborée en laboratoire. Un déséquilibre qui n'aurait jamais dû être. Elle décuple sa force et sa magie. Tu ne ressens rien chez les autres, parce que les autres ont une magie et une rivière de la vie qui se régulent parfaitement.
Il retire lentement son gant, et pose soudainement ses doigts chauds sur ma joue, me faisant sursauter. Ses yeux me couvent, et les miens lui renvoient un regard effaré par son comportement.
-La source contenue dans mon bras...je pense qu'elle décuple ma propre magie, la lie à ma rivière, et transforme l'énergie vitale qui m'entoure et l'ajoute à la mienne à travers la greffe. Ce qui donne l'illusion qu'elle est illimitée. Mais c'est le flux et le reflux de l'énergie de la Planète qui est illimitée.

Du coin de l'œil, à la commissure de ma pommette, je vois des filaments relier sa main humaine à ma joue, et secondes après secondes, je sens comme si mes poumons avalent enfin un peu d'air au lieu du vide.
-Comment Ă©tait-ce, avec Glacier ?
-C'Ă©tait plus facile. Nettement plus naturel.
-Ton instinct naturel pour l'usage de la magie est réellement sans pareil. Jamais je n'aurais pu figer des vagues avec autant de précision après avoir mis ma main pour la première fois sur une matéria de glace. Encore moins sur la deuxième de ma vie.
Je cligne des yeux, encore quelque peu secouée par sa proximité et ses déclarations. Mon cœur bat vite.
-Ta concentration naturelle et la précision de tes sorts est déconcertante. La forme des pics de glace était nette et mortelle. Je ne pense pas qu'il existe une personne en ce monde qui aie ce talent naturel, en ce moment.
-Séphiroth...était-il comme ça aussi ?
L'ambiance se refroidit aussi Ă  la mention de ce nom. Ses traits se durcissent, mais son ton reste calme et explicatif lorsqu'il s'adresse Ă  nouveau Ă  moi.
-En effet, les talents de Séphiroth pour la magie étaient renommés et adulés. Sans égal même, je dirais.
-Plus que toi ?

Vincent est le seul à qui je peux comparer. Statistiquement, la réalité de Gaïa colle avec les chiffres du jeu. Les talents de Cloud étaient surpassés par Aeris, égalé seulement par ceux de Vincent, eux-mêmes largement dépassés par Séphiroth. La courte période de faux souvenirs durant laquelle on maîtrisait le Général à Nibelheim et la puissance incroyable que le caractérisait, sont encore frais et marqués dans ma mémoire, même encore aujourd'hui.
-Exact.
-...Plus que moi ?
Il hésite. Ses cils tressaillent, et il retire doucement sa main pour la recouvrir à nouveau de son gant, ayant probablement senti que j'allais mieux. Je suis toujours nerveuse, cependant.
-C'est difficile à dire. Il faudrait que ton niveau atteigne son plein potentiel. Que tu aies découvert toute l'étendue de ta maîtrise pour faire une réelle comparaison. Et on ignore si l'affinité de Séphiroth pour la magie était naturelle. Mais il y a des chances...pour que tu n'aies rien à lui envier.
Je ne peux m'empêcher de prendre une grande inspiration, et de sentir la joie et la fierté s'emparer de moi.
-...Mais- c'est une excellente nouvelle ! Donc ça veut dire que je suis plus forte que toi !
Il a un léger rire amusé mais sarcastique.
-Si cela peut te faire plaisir.

D'un geste dédaigneux du bras, il claque des doigts, faisant éclater un cercle de magie autour de lui, avant de poser calmement sa main sur la rembarre, sans me lâcher des yeux. Dans le même temps, des pics de glace massifs éclatent depuis l'endroit où les miens étaient en train de fondre. Lorsqu’ils atteignent leur taille finale en à peine trois secondes, le plus haut dépasse le vaisseau de quelques mètres et leur circonférence est tout aussi impressionnante.
Ma mâchoire se décroche, les yeux écarquillés.
-Mais sache que tu as encore du chemin Ă  parcourir avant... annonce-t-il en haussant un sourcil.
Crâ-neur.
-Tu as un don pour détruire mes aspirations profondes, je commente d'un ton plat.
Il s'agite, se tournant de l'autre côté, et je peux juste sentir qu'il retient un rire, aussi mince et cynique soit-il.
-Quoiqu'il en soit, tant que je ne suis pas entraînée au combat, je serais quand même utile si quoique ce soit arrivait à nouveau. Je pourrais rôtir des-
-Non, m'interrompt-il catégoriquement.

Encore ce regard. Depuis notre dernière séance. Le même que tout le groupe. De la peur, du désespoir...de la douleur. Je le dévisage, interpellée par sa gravité.
-Il faut que tu comprennes absolument. Tu es sûrement notre dernier espoir, Angelina. Il nous a fallu un peu de temps pour comprendre, mais cette leçon a été durement acquise. On ne peut pas se permettre de te perdre. Il ne doit plus jamais, jamais rien t'arriver. Tes pouvoirs et ta maîtrise du Lifestream pourraient nous permettre de renverser l'ordre des choses, et rendre à Gaïa sa forme originelle. Il n'y a aucune autre raison pour laquelle Aeris t'aurait envoyé avec ce pouvoir.
-Mais vous ĂŞtes-
-Je sais maintenant qu'elle t'a envoyé pour nous aider, il m’interrompt, j'ai confiance en toi Angelina et je sais qu'il n'existe aucune autre personne connue sur cette planète avec tes talents, que tu sois de notre côté ou pas. Tu la seule vivante, à ce jour, qui puisse contrer naturellement les effets du Geostigma. Comme son élément opposé. Et quelqu'un, ou quelque chose, essaie clairement de t'en empêcher. De te tuer tant que tu es encore faible.
Le pic glacé de la peur, comme ceux que nous avons créé, me transperce le cœur, me figeant sur place.
-Notre mission sera de te protéger, et protéger les survivants, le temps que tu maîtrises tes pouvoirs pour rendre la vie à Gaïa.
-Il sera difficile de protéger tout le monde. Nous n'avons aucun moyen de prévoir sous quelle forme vont se présenter les prochains combats ou invasions. Ils vous forceront peut-être à faire un choix entre moi et la population pour vous déstabiliser et gagner.
-Je le sais.

Il empoigne mon Ă©paule, et plante solennellement son regard dans le mien.
-Mais je te protègerai envers et contre tout. Je suis préparé à donner ma vie s'il le faut.
Je secoue la tĂŞte.
-Que- quoi ? dis-je inélégamment.
-Quoiqu'il arrive, Angelina...il faut que tu restes en vie. Pour nous, pour eux, pour tout ce que nous avons jamais construit...réparer tout le mal que nous avons fait.
Il me manipule pour que je fasse face à la ville grouillant de monde. Pleine à craquer, les uns sur les autres. Je réalise l'ampleur de ma tâche. Une enclume s'abat sur moi, mentalement, physiquement.
-Je ne peux pas...je n'ai jamais demandé ça. Je voulais juste...
Bien sûr, j'ose espérer que mon vœu d'échapper à ma réalité n'aie aucun rapport avec les désastres qui se sont abattus à la suite sur Gaïa. Mais quand bien même je n'en suis pas responsable, tous ces gens, toutes ces vies, leur avenir...
Je voulais juste une autre vie.
-Je ne pourrais peut-être pas y arriver. Pas à temps. Je ne me suis jamais battue avant. Je n'ai jamais fait de magie avant. Elle n'existe pas dans mon monde. Et je n'ai jamais lutté...
Pour personne d'autre que moi-mĂŞme.
Encore une fois, la dure vérité me heurte de plein fouet. J'étais réellement naïve. Je pensais vivre une expérience douloureuse. Peut-être le serait-elle encore aujourd'hui, si je la revis à nouveau.

Mais j'étais riche. Maladivement riche. Seule, mais protégée, instruite, à l'abri de tout besoin. Je ne connaissais pas l'envie. Tout ce que je voulais, l'argent pouvait me l'offrir. Mais malgré cela je désirais encore plus. Plus d'écrans, pour plus d'ouverture sur le monde auquel je n'avais pas droit. Je rêvais d'un corps parfait, des talents innombrables, une culture infinie, l'amour et l'adoration partout où j'allais. Et je voulais tout ça dans un monde fantastique que je connaissais au préalable.
J'Ă©tais...peut-ĂŞtre le suis-je encore ?
Une...enfant...
-Si j'Ă©choue. Et si j'Ă©choue...
Sa main resserre sa prise sur mon épaule, et soudain c'est le seul point d'ancrage dans l'océan d'émotion et de pensée qui m'assaille à cet instant.
-C'est que nous aurons échoué avant. Mais avons-nous réellement le choix ?
Nous Ă©changeons un regard inquiet.
-Je suis désolée. Je ferais tout mon possible, Vincent.
-...Je compte sur toi, dans ce cas.
Il me fait un mince sourire compatissant.
-J’ai confiance en toi.
-Moi Ă©g-

(Hurry de FFVII Remastered OST)

Le PHS de Vincent se met à sonner de façon tonitruante dans sa poche et il se dépêche alors de répondre, tout en jetant un regard alerte aux alentours, un bras étendu près de moi, comme prêt à m'attraper à tout instant.
-Vincent, répond-t-il.
Longue pause pendant laquelle je n'entends rien du téléphone, si ce n'est le bruit de la glace qui craque et fond en arrière-plan. De la vapeur fraîche s'élève dans toute la zone, mais ce que je trouve étrange, c'est la vitesse à laquelle les énormes pics craquent et s'effondrent.
Vincent, toujours au téléphone, suit mon regard nerveux, et observe avec la même incrédulité les pics tomber...et leur chute ralentir, comme si le temps fige peu à peu le paysage, instiguant chez nous une tension palpable.
-Cid, il faut que tu bouges le vaisseau, ordonne Vincent d'un ton urgent et sans appel. Ça vient de derrière.
-Vincent.
Il attrape mon bras avec sa greffe. Les pics, les flocons, la neige, la glace et l'eau, tout se met à flotter dans les airs pour former une sorte de sphère géante.
-Maintenant ! crie-t-il au téléphone.
Le vaisseau démarre, le moteur vibre, secoue la machine entière alors que les hélices s'activent. Un effet d'apesanteur s'abat sur nous alors que le vaisseau décolle difficilement secondes après secondes et se sépare de l'eau qui en ruissèle pour rejoindre la sphère.

Vincent partage mon regard horrifié, alors qu'il me plaque contre lui et tient la rembarre d'une main pendant que la machine trouve précipitamment son équilibre, penchant aléatoirement d'un côté ou de l'autre. La sphère soulève l'océan pendant ce temps, grossissant de façon vertigineuse.
-La boîte n'est pas avec nous, rétorque Vincent au téléphone qu'il tient toujours de sa main humaine. Je n'ai emporté qu'une matéria pour Angelina aujourd'hui. Toutes celles qui sont sorties sont sur nous.
Pause pendant laquelle on lui répond. Le vaisseau est enfin parvenu à se dégager et flotte maintenant entre la plage et la sphère, quelques mètres au-dessus pour avoir une vue générale de la situation. Une étrange lueur blanche bleutée parcoure soudain la sphère, et laisse dans son passage l'image d'un immense monstre enroulé à l'intérieur.
-Une invocation ? je m'exclame. Je croyais que vous aviez toutes les invocations !
-C'est le cas ! réplique Vincent à mon égard, puis tout aussi énervé au téléphone : Je répète, nous ne sommes pas responsables. Je jure qu'Angelina n'a aucune autre matéria sur elle. Elle est avec moi en ce moment et n'a ni la magie ni la maîtrise nécessaire pour invoquer Léviathan.
Comment j'ai pu ne pas le reconnaître ? Bien sûr que c'est Léviathan. En plus imposant, plus grand, plus effrayant...Plus réaliste.

La sphère éclot, faisant éclater des filaments d'eau en tous sens jusqu'à plusieurs dizaines de mètres, je lâche une exclamation d'horreur alors que Léviathan atterrit dans l'eau avec un choc assourdissant et toute l'eau qui compose la sphère retombe, qui, couplé au choc, provoque un raz-de-marée qui part s'écraser sur la plage, le rempart et les premiers édifices de Costa del Sol. Les cris affolés de la foule parviennent jusqu'à nous et me glace le sang.
Lorsque le Léviathan étend sa forme, je réalise à nouveau l'horreur de la situation. Un dragon des mers, de plusieurs dizaines de mètres de haut, avec une tête énorme, une corps recouvert d'écailles d'un turquoise brillant et pâle mais à l'air robuste recouvrant tout son corps, des nageoires immenses, comme des ailes, acérées.
Et sous aucun de nos contrôles, clairement hostile envers nous. Il lâche alors un hurlement aigu déchirant le ciel.

-Je ne suis pas sûre que ce soit la ville. Ça peut être Angelina. Quoiqu'il se passe, il ne faut pas qu'il l'atteigne ou qu'il ait le temps de créer un tsunami. Je vous aiderais de loin pour la maintenir en sécurité. Léviathan peut aussi être une diversion.
Il raccroche le téléphone et le range. Je suis en état de choc. La peur paralyse mes membres, fige mon visage en un expression d'horreur j'imagine, les yeux fixés sur la créature légendaire. Mes jambes s'étaient mises à trembler. S'il y avait bien une façon abominable de mourir pour moi, c'était bien par l'eau. Et quelque part au fond de moi, une voix me dit que ce n'est pas par hasard, si c'est cette invocation qui a été choisie.
Elle a été choisie juste pour moi.
J'ai dû parler à voix haute, dans ma crise d'angoisse, puisque Vincent me répond « Je sais. ». Des tirs sont lancés depuis le vaisseau alors qu'il m'entraine -me porte presque- vers la proue, fusil au poing. Avec sa greffe, il scelle ma main sur la rembarre, pour me faire comprendre de ne pas lâcher quoi qu'il arrive. Le vaisseau recule et s'affaisse vers la plage sans discontinuer les tirs, alors que Vincent participe en essayant de viser, l'œil près du canon, les yeux de la créature.

(Music : Those Who Fight de FFVII GENUS version)

La créature s'agite en tous sens, pris de douleur par les balles perforantes des postes de tir. Criant de façon stridente, la gueule grande ouverte, jusqu'à percer nos tympans. Le moindre de ses mouvements provoque des chocs et des ondes qui vont se percuter avec fracas contre la baie entière de Costa del Sol, renversant tous les bateaux du port.
-Il faut l'empĂŞcher de bouger ! Je fais remarquer.
Le cœur battant, les yeux rendus secs de rester ouverts aussi longtemps, fixés sur notre nouvel ennemi, ma main se pose sur la greffe de Vincent, qui tient son fusil en position de sniper, pour aspirer sa magie. En quelques secondes à peine, je me sens assez revigorée pour lancer des sorts. Pointant ma paume vers Léviathan, mon cercle apparaît, et un bloc de glace apparaît entre la peau écaillée et la surface agitée de l'eau. Il le brise d'un seul mouvement en agitant son épine dorsale, mais je ne me décourage pas et continue de transformer l'eau en glace tout autour de lui, au moins pour essayer de le ralentir.
Le vaisseau s'élève à nouveau et s'approche vivement de la créature, augmentant mon rythme cardiaque à sa proximité et la façon très intimidante avec laquelle le Léviathan beugle dans notre direction. Mais la seconde d'après, l'immense épée de Cloud accroche les rayons du soleil, suivi de près dans son saut par Yuffie et Tifa.

Les tirs du vaisseau cessent. Dans un cri de guerre, Cloud s'attaque aussitôt au ventre de l'animal, laissant son épée transpercer sa peau alors qu'il descend. Mais sa peau est si épaisse et robuste qu'il ne semble qu'entailler sa chair sans rien toucher de vital. Sa tête s'apprête à fondre sur lui, toutes dents dehors, lorsque Tifa prend appui sur une nageoire pour lui asséner un coup de genou assez puissant pour fermer sa mâchoire ouverte et relever sa tête.
Je suis complètement impressionnée. Nous n'allions clairement pas être de trop tous ensemble pour l'abattre, même si je suis consciente que de là où il est, Vincent a un moindre impact que s'il était en bas avec eux. Yuffie apparait près d'une nageoire tout en bas, et courant le long de sa racine, elle le découpe impunément avant de sauter sur la suivante.
La nageoire retombe sur l'espace glacé que j'ai créé, et je découvre avec un certain soulagement qu'elle est devenue assez épaisse pour soutenir son poids sans se briser. Elle glisse, puis bascule dans l'eau sans abîmer mon travail.

Léviathan remue de plus en plus, malgré mes efforts pour le maintenir où il est, et ma magie qui s'épuise plus vite que je n'arrive à en voler à Vincent. Mais les cris horrifiés de la foule me pousse à continuer sans me poser de question, jusqu'à l'épuisement s'il le faut. Parce que ça représenterait quand même mieux que rien.
Vincent arrive à percer un œil. Mais cela déclenche une réaction violente chez l'animal, qui hurle avant de fondre vers le vaisseau, qui ne l'évite que de peu. De façon surprenante, la glace s'avère maintenant assez épaisse pour l'immobiliser un tant soit peu là où il se trouve, même si le haut de son corps et sa queue massive peuvent toujours bouger à loisir.
Malheureusement, le mouvement de recul subite que le vaisseau a dû faire pour l'éviter déloge Vincent et moi de notre position et nous envoie tous les deux valser à travers le pont. Un cri de douleur s'élève de ma gorge lorsque mon épaule fait une très mauvaise chute dans ma roulade. Vincent tente de se relever mais le vaisseau bouge à nouveau, alors que des tirs retentissent, et il se retrouve à nouveau à tanguer près du sol en essayant de m'atteindre, une main prise par son fusil.

Lorsque je parviens à me relever, le vaisseau entier bascule à nouveau et me fait glisser dangereusement jusqu'au rebord du côté droit. « VINCENT ! » Vincent courre vers moi de façon incertaine, avant de chuter et glisser sur le dos. Tout se passe si vite que ma main ne parvient pas à saisir la rembarre métallique basse sur laquelle on a tendance à poser ses pieds. Et je constate avec une exclamation de surprise que je passe sans problème entre le pont et sa hauteur alors que mon corps roule sur le côté du vaisseau avant de chuter.
« VIN- » Son propre corps me percute en pleine chute, et alors que les hélices du vaisseau se rapprochent de façon affolante, « Je te tiens ! », il enlace étroitement mon buste avant de prendre appui sur la paroi métallique du vaisseau et s'élancer dans les airs pour s'en éloigner. Après ça, je me retrouve privée de ma vue dans un enchaînement de rouge, de turquoise et de bleu ensoleillé, bien que je nous sente clairement...planer rapidement vers le bas.
Je me prépare mentalement à devoir retenir ma respiration au moins impact, mes mains agrippant de toutes leurs forces sans distinction tout ce qu'elles arrivent à attraper. Mais les pieds de Vincent réapparaissent, puis ses jambes et le reste de son corps, avec sa cape étendue dans son dos comme des ailes, alors que nous prenons brutalement contact avec le sol près du ponton. Il réussit à atterrir sur ses deux jambes en me tenant d'une prise titanesque contre lui, mon corps recroquevillé étrangement contre sa poitrine, sa greffe dans le creux de mes genoux et son bras dans mon dos.

Complètement essoufflée et désorientée, il me remet bien vite sur mes pieds, garde sa greffe serrée autour de mon avant-bras et se retourne aussitôt pour observer la situation depuis la plage, fusil toujours en main. Il nous avance près du ponton, l’air frustré par la distance. Le combat fait toujours rage, mais le Léviathan subit beaucoup de dommages à la fois et ne parvient pas à rester en place assez longtemps pour invoquer un raz-de-marée. Son poids l'empêche de bouger trop vivement.
Cloud entaille toujours son corps partout où il le peut, Tifa frappe la tête en reprenant sans cesse appui sur les nageoires hautes ou principales, Yuffie accompagne le travail de Cloud avec son shuriken géant et lorsqu'il voit des opportunités, Cid tire là où l'équipe ne se trouve pas, sur le monstre.
Entre les moments où ils n'utilisent pas leur arme ou compétence, ils commencent à lancer des sorts, pour la plupart des explosions de flammes digne d'une bombe sur le corps du Léviathan.

-Vincent ! Angie !
On tourne tous les deux la tête en direction de la voix pour tomber sur Reno, Rude et Elena en train d'aider les gens à évacuer et se terrer vers les remparts de la ville. Reno nous rejoint sur la plage après nous avoir interpellé.
-C'est quoi ce merdier ?! lance-t-il furieusement.
-Une matéria d'invocation a été volée, explique Vincent rapidement, toujours accompagné de son sang-froid légendaire. Et nous sommes trop préoccupés par le tsunami qu'il pourrait lancer pour chercher l'auteur. Est-ce que vous pouvez garder la ville sous contrôle ?
-C'est pas ce qu'on est déjà en train de faire ? réplique-t-il, le souffle lui manquant un peu. Déjà, une chose : arrêtez de nous traiter comme des traîtres ou des boulets ! On est tous la même galère et on va tous crever s'il y arrive ! s'exclame-t-il en pointant l'invocation du doigt. On va fouiller les habitants et les toits pour trouver celui qui l'invoque. Il est sûrement dans les parages !
-...On compte sur vous.

Et sans plus de cérémonie, Vincent nous entraîne vers le ponton presque entièrement englouti par les vagues depuis le tiers. Ma tension monte quand nos pieds commencent à prendre l'eau.
-Qu'est-ce que tu fais ? Tu vas pas l'emmener avec toi ! proteste Reno en nous suivant.
-Ne t'approche pas, ordonne Vincent d'une voix sombre. Et ne me prends pas pour un amateur ! Je sais que vous essayez de l'enlever !
Vincent se retourne d'un bloc et en me met derrière lui en entendant Reno nous suivre, l'air si menaçant que mes cheveux se dressent sur ma tête.
-Elle ne me quitte pas d'une semelle, est-ce que c'est assez clair ?
Un autre rugissement du Léviathan attire momentanément notre attention.
-Ils ont besoin de toi Vincent ! J'essaie de le résonner. Sans toi, il leur manque vraiment une offensive physique et magique. Et je sais que c'est probablement toi qui a la matéria de soin avec Cloud.
-Est-ce que tu as perdu l'esprit ? Tu veux te faire enlever à nouveau à défaut de te faire avoir par le Léviathan ? Celui qui l'a invoqué est probablement là quelque part, prêt à te cueillir ! contre-t-il.
-Tu l'as dit toi-même : tu ne peux pas te battre et te concentrer en même temps que tu me protèges ! Je réponds sur le même ton agressif.
-Ai-je une seule fois fait défaut à Aeris ? intervient Reno, l'expression très sérieuse.
Cela a pour don de figer Vincent.
-J'ai fait beaucoup de choses dont je suis pas fier, tu en as sûrement une idée, mais j'ai veillé des années sur Aeris avec Tseng bien avant que toute votre clique débarque et que votre maniaco-dépressif l'emmène au suicide !

-Je n’y crois pas…
La voix de Vincent est gutturale, presque démoniaque, si menaçante que des frissons me parcourent la peau de façon effrayante. Je déglutie nerveusement, la main qu’il tient tremblante.
-Vous l’avez enlevé, et jeté en pâture alimenter les délires de Hôjo…Vous avez fait tomber une plaque entière de Midgar sur la population dans votre fuite !
Vincent s'avance d'un pas, prêt à en découdre, mais je le retiens en agrippant sa cape. Les yeux bleus de Reno ont rougi, et son torse se soulève avec sa brusque respiration.
-Vous vouliez expérimenter sur les Cetras, commente Vincent d'un air dédaigneux. Comme vous l’avez fait avec Séphiroth.
Les lèvres de Reno tremblent un instant.
-Je le reconnais. Je reconnais avoir fait de la merde pour Midgar, c’est vrai ! Mais qui a jamais failli ? Comme si tu n’avais jamais rien fait quand tu étais Turk !
Et sa voix trahit son émotion, son expression torturée. Vincent serre sa main sur moi.
-J’essaie de me racheter ! Moi, pas pour Rufus ! Je n'aurai jamais trahi ma promesse de protéger Aeris. Je l'aurais libéré moi-même s'ils la maltraitaient. Tseng aussi. Nous n’étions au courant de rien après l’avoir emmené. Tu crois que ça m’a fait plaisir de plus savoir ce qu’elle avait devenir ?! Et Tseng aurait aussi ma tête s'il arrivait quoique ce soit à Angelina.
-Vous avez essayé de l'enlever, rappelle Vincent les dents serrées.
-Pour la dernière fois on a pas essayé de l'enlever ! s'écrie le roux à moins d'un mètre du visage de son aîné. Rufus voulait la rencontrer mais certainement pas comme ça ! C'est Cornéo qui la voulait à son compte ! On sait toujours pas pourquoi !
Vincent pince les lèvres, pas le moins du monde convaincu. Dans notre dos, le combat continue de faire rage.
-Vincent, ils ont besoin de toi, dis-je en me plaçant à ses côtés, son bras toujours serré autour du mien.
-Ils peuvent s'en sortir sans moi. Je viens de t'expliquer que mon rôle était de te protéger, répète-t-il, tendu.
-Allez putain ! Un peu de confiance ! Je me fous de ce que tu penses des Turks ou Rufus, mais sur ma vie mec je la protègerai ! s'exclame-t-il en le regardant droit dans les yeux, la main accrochant sa propre chemise blanche ouverte sur sa poitrine. J’aimais Aeris ! On a tous besoin d'elle aujourd’hui ! Foirez pas avec celle-là aussi ! rage-t-il la voix étranglée.

Celle-là aussi ?! Quoi ? Vincent se tait, les yeux rivés sur lui, le visage illisible. Et je suis complètement abasourdie par la succession d’aveux émise par Reno. Il a l’air vraiment désespéré.
Sentant que la situation risque de stagner, je tire deux fois sur mon bras pour l'inciter à se pencher pour une confidence, et lorsque je me relève sur la pointe des pieds, au lieu de garder son visage dans la même position il le tourne vers moi avec un air interrogatif et manque de m'embrasser par maladresse. Je recule alors vivement, la sensation de la pointe de son nez encore très nette sur ma pommette.
Oui, Vincent a clairement l'esprit concentré sur une mille et une chose à la fois pour n'avoir eu aucune notion de la distance. Vincent reste complètement insensible à mon recul, attend impatiemment, le visage très sérieux, alors je m'exhorte à calmer mon cœur et ne pas rougir en me rappelant que nous étions dans une situation critique, bon sang.
Je me rapproche à nouveau et place ma main en coupe à côté de son oreille pour lui faire comprendre que je souhaite lui parler en privé. Il tend alors docilement l'oreille, comprenant mon intention, sans baisser sa garde et sans lâcher Reno ou la foule des yeux. Même mon visage à simple proximité de sa chevelure, je sens sa chaleur corporelle irradier de sa peau pâle.
-Je peux me téléporter au moindre problème, surtout en état de panique, je souffle dans son oreille.
Il tourne légèrement le visage pour répondre dans la mienne, sa joue contre la mienne, le regard toujours rivé sur sa cible. Ba-dam, ba-dam, ba-dam…C’est pas le moment bon sang !
-Tu es encore loin de le maîtriser. On pourrait te tuer rapidement avant, d'un sort ou d'une balle.
-J'ai confiance en Reno et Tseng, je réponds. Je connais leur histoire. Ils vous ont aidé pendant la pourchasse de Séphiroth, ralentit la traque de Shinra pour vous, donné la matéria noire à Cloud à la Pyramide des Anciens. Ils auraient tout tenté pour sauver Aeris s'ils savaient. Ils ont même essayé de sauver Cloud et Zack quand ils fuyaient la Shinra après leurs expériences.
Vincent écarquille les yeux, ses cils frôlant ma tempe, se demandant sûrement comment je peux savoir tout ça.
-Tseng aurait pu enlever Aeris il y a des années à Midgar pour leur projet, mais a délibérément laissé les choses traîner pour qu'elle vive une enfance plus ou moins paisible. Il a également épargné Veld, ton ancien partenaire, quand il a été condamné à mort. Tu as besoin d'autres preuves ? je chuchote précipitamment. Reno a raison : qui a jamais failli ?

Nous nous redressons alors que le Shera souffle de l'air sur nos tĂŞtes en se rapprochant.
-Je resterais à vue. Si le Léviathan lance une vague, je pourrais essayer de la figer au maximum avant qu'elle n'atteigne la ville, je propose. Va, je jure que j'apparaîtrai à côté s'il arrive quoique ce soit.
-Si le Léviathan lance une vague, lance-t-il en resserrant sa prise sur mon bras et en rapprochant son visage à moins de vingt centimètres du mien, jure que tu seras de retour dans le vaisseau. Parce qu'elle détruira toute la ville sur son passage.
Mes yeux s'écarquillent à cette révélation.
-Jure-le ! s'Ă©crie-t-il en me secouant.
-Je le jure !
-Il faut y aller, presse Reno en se rapprochant de moi.
-Prends ce qu'il te faut avant que j'y aille.
J'hoche la tĂŞte, et yeux dans les yeux, je me concentre pour aspirer sa magie jusqu'Ă  ce que des filaments turquoises, rouges et bleus commencent Ă  courir sur ma peau. Le souffle court, Vincent pointe alors son regard punitif sur son cadet avant de partir.
-Souhaite d'être mort en la protégeant s'il lui arrive quoique ce soit, menace-t-il avant d'atteindre le sommet des vitres du cockpit d'un seul bond flottant.

Le vaisseau s'éloigne en direction du Léviathan qui se bat maintenant avec la force d'une bête blessée et piégée. Le niveau de la mer a nettement augmenté depuis tout à l'heure, me dis-je en constatant que même sur le ponton des vagues atteignent mon genou.
-Il est toujours comme ça ? lance Reno en prenant gentiment ma main pour m'amener vers la ville.
-Tu n'as pas idée.
Il avait sorti son bâton, qu'il tient dans sa main gauche dominante, preuve qu'il est prêt à en découdre avec le moindre attaquant. Durant les minutes qui suivent, sans jamais me lâcher la main, nous nous époumonons à orienter les gens vers l'arrière de la ville et les toits et les diriger dans les bonnes ruelles pour l'atteindre le plus rapidement.
Reno garde un œil alerte sur tout son environnement, et Rude nous rejoint assez tôt, tout autant sur ses gardes, souvent dos à nous. Je regarde d'un œil distrait le combat qui prend lieu dans la baie. Vincent n'était clairement pas de trop. Je reconnais de loin sa silhouette qui flotte et bondit d'une nageoire à une autre, tirant sur la tête, la gueule ouverte, lance des soins occasionnels, rattrape ses alliés au vol.
Et ses sorts. Ses sorts sont les plus grandioses : des explosions qui secouent le monstre entier et le font presque basculer dans l'océan. Il a même continué mon travail en figeant occasionnellement son corps dans la glace et a réussi à immobiliser complètement sa queue affaiblie.

Lorsque la population a enfin évacué le front de mer et ses premiers quartiers, Reno nous fait monter dans un bar, et depuis une terrasse à l'étage, me soulève contre lui et saute sur le toit d'en face, où nous pouvons continuer à observer le combat. Reno et Rude se placent stratégiquement autour de moi, ne me laissant aucun espace vital, comme prêts à intercepter une balle, pendant que je garde les yeux rivés sur le combat.
-On est encore super exposés. S'il lance une vague, il faudra partir sans perdre une seconde, prévient Reno, puis une main sur l'oreillette. RAS de notre côté.
Je sais que je devrais regarder aux alentours, dans le cas improbable où mes yeux tombent sur une silhouette en train de faire une invocation que mes deux compagnons n'ont pas déjà remarqué, mais je ne peux pas. J'ai la gorge serrée, le cœur battant, les jambes flageolantes et la peur instillée dans tous mes membres alors que j'assiste impuissante au combat.
-Tseng ! lance Reno d'un ton surpris.
J'ai peur pour AVALANCHE, et je retiens mon souffle chaque fois que la gueule du Léviathan manque d'avaler un de ses membres. Nous sommes si loin que je ne les distingue que par couleur. Vincent et Cloud sont assez rapides, à première vue, mais Tifa et Yuffie sont clairement exposées avec leur méthode de combat.
-Je vois que vous prenez votre travail au sérieux. Bien.
-Et le Patron ? questionne Rude.
-J'étais trop distrait, le Patron m'a envoyé en renfort. Il est avec Elena. Ils sont peut-être sur une piste.
-J'espère qu'ils vont le coincer alors, ajoute Reno.

Je m'arrache à ma contemplation morbide pour observer, coincée dans le dos des deux hommes, un visage asiatique très élégant, avec un point noir caractéristique entre deux sourcils fins, ses longs cheveux noirs tirés en arrière flottant au vent. L'âge et l'expérience se lit sur ses traits, comme Vincent, mais il n'en reste pas moins d'une beauté surprenante.
-Enchanté, je suis Tseng. Mais tu le sais déjà sûrement. Je souhaitais vivement te rencontrer, en de bien différentes circonstances, bien sûr, annonce-t-il en présentant une main.
Reno, dos à moi, me laisse récupérer ma main droite pour lui répondre.
-Moi également, répondis-je en serrant sa main aux doigts fins.
-Tu as sûrement déjà du mal à respirer de ce que je peux voir, prévient-il d'un ton légèrement amusé mais professionnel, mais je suis aussi venu te couvrir.
-Je...je comprends. Faites ce qu'il y a Ă  faire.
Ce faisant, ils se repositionnent, me couvrant complètement de leur corps de l'extérieur, Tseng face à la mer, ne me laissant qu’un mince interstice entre son bras et celui de Reno pour observer le combat. Je n'ai pas réalisé jusqu'à cet instant combien je suis petite comparé aux hommes de cet univers. Excepté Cloud, bien sûr. D'ailleurs, je ne sais si Vincent serait ravi de savoir qu'on me protège ainsi, ou furieux de constater leur proximité avec moi. Je rougis un peu.

-Quelles sont ces lueurs qui parcourent ton corps ? questionne-t-il d'une voix atone. Elles n'Ă©taient pas lĂ  le 13 octobre.
-Oh, euh... je réponds distraitement. C'est...compliqué.
Je ne sais pas exactement quel type d'information je suis autorisée à divulguer. Ils en savent déjà beaucoup à mon goût, même si je dois avouer que je suis en partie responsable lorsque j'ai eu une longue conversation sans aucune restriction avec Reno sur le chemin pour Costa del Sol.
-Tu ne veux rien dire, je comprends. Je voulais juste m'assurer que c'Ă©tait normal.
Je me sens gênée. Son ton est doux envers moi, complètement différent de celui qu'il utilise avec ses collègues. Je sais que l'affection de Tseng pour moi, même dans son ton, est clairement une extension de son paternalisme pour Aeris. Mais malgré ça, je ne peux m'empêcher de me sentir embarrassée par sa familiarité. Après tout, il ne me connaît même pas.
-Tu as vraiment les mĂŞmes yeux qu'elle. La couleur du Lifestream...Est-ce que tu peux l'entendre ?
Je fronce les sourcils, le cœur au bord des lèvres alors que la jambe de Tifa reste prise dans les mâchoires du Léviathan. En une seconde, Cloud l'attaque et la délivre, alors que Vincent lui prodigue un soin. Elle est déjà prête à repartir.
-Non. Non, j'ai juste rêvé d'elle.
-...Et viens-tu réellement d'un univers parallèle ? Une planète similaire...la Terre, c'est ça ?
-C'est ça.
Je ne vois aucun moyen de démentir quelque chose qu'ils savent déjà sans que je ne sache comment. J'ai déjà montré que j'avais un manque de confiance, plutôt impoli quand on pense qu'ils risquent leur vie pour moi en ce moment.
Mes mains deviennent moites alors qu'ils luttent de plus en plus pour contenir les mouvements affolés de la bête massive à moitié aveugle.
-Et il y en a d'autres qui vivent sur Terre ?
-D'autres ? Oui, je ne visais pas seule, de toute Ă©vidence.
-D'autres comme toi ? insiste-t-il.
-D'autres comme moi ? C'est-Ă -dire ?

Yuffie s'élance à sa gorge, prête à l'entailler pour l'affaiblir, et enfin atteindre un point vital. Schlak ! « NON ! » je m'écris. D'un réflexe étonnant, et sous nos yeux stupéfiés à tous, ses mâchoires la saisissent et l'avale d'une traite sans difficulté.
Le temps semble se figer.