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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit à Square Enix Corporation.

Alors, alors ??? Personne ne s'attendait à un kidnapping n'est-ce pas ? C'est nouveau dans cette version. Mais si comme vous le voyez je reste plutôt fidèle à l'ancienne, je rajoute des choses que j'ai regretté ne pas avoir mis dans la première pour plus de profondeur.

Chapitre 11 :: Appartenance

(Music : Turk's Theme de Final Fantasy VII Remastered Edition)

« Eurgh... » Une douleur lancinante me vrille le crâne pendant que je redresse la tête, reprenant peu à peu conscience de mon sens du toucher pendant que ma vue se précise. Mon cou se souviendra de cette position encore longtemps.

Je suis assise sur une chaise en bois inconfortable, et l'une après l'autre, mes solutions pour partir s'évaporent : j'ai les mains attachées solidement dans le dos, un pied attaché à chaque pied de chaise de derrière, les épaules entourées aussi par des cordes et un bâillon entre les lèvres.
Mes yeux font des allers-retour dans la pièce : une pièce entièrement en bois, avec du mobilier divers, comme dans une chambre quelconque de Costa del Sol, une fenêtre donnant sur l'extérieur, un ciel bleu de midi. Un homme opulent aux courts cheveux gras blonds et au peignoir rouge foncé se trouve assis sur une chaise roulante, regardant à travers la fenêtre.
Au moins, je suis toujours à Costa del Sol, à en juger par la température et l'odeur de la mer. Je n'entends pas les vagues. Je suis en pleine ville donc. Mais les voix des gens à l'extérieur se font rares.

« Hmm-hmm ! » Je bougonne pour faire remarquer mon réveil.
L'homme se retourne lentement avec sa chaise de fortune, qui semble prête à craquer au moindre surplus de poids, et je remarque deux pistolets de chaque côté des accoudoirs. Il avait des yeux bleus plissés, un nez énorme et des traits grossiers. La lumière luit sur sa peau grasse. Il supporte apparemment mal la chaleur. Je remarque rapidement avec soulagement que j'ai toujours ma robe, ce qui signifie qu'on ne m'avait pas touchée...normalement.
« Angelina Anderson...n'est-ce pas ? Je peux t'appeler Angie ? demande-t-il avec un large sourire inquiétant. » Je lui envoie mon regard assassin. Il rit grassement. « Gardes ! »
Des hommes habillés comme des civils mais avec des fusils noirs à la main rentrent soudain par la porte. « Enlevez-lui son bâillon. » Il sourit encore et je me sens plus mal à l'aise de minute en minute. Si ma mémoire est bonne, ce personnage n'est pas censé avoir survécu. Mais si c'est bien lui...alors que l'on prie pour mon âme et ma virginité.

« Don Cornéo... ? questionnai-je sombrement.
-Exact ! Ha ha ha ! C'est donc aussi vrai ! Tu nous connais vraiment tous ! Aaaaah... Soupire-t-il de contentement. Ces yeux turquoises...Ils m'ont manqué tu sais. » Je fronce les sourcils froidement. « La dernière fois que je les ai vus, c'était chez une jeune femme. Magnifique ! image-t-il avec de grands gestes du bras. Vraiment magnifique... plus âgée que toi je pense. Hm ? Mais je pense que tu es sur la même voie... Souligne-t-il en laissant glisser un regard insistant sur mon corps. »
Je relève le menton dignement, intimidée même si j'essaie de paraître plus furibonde qu'autre chose. Le regard des hommes...Je lance un regard de biais aux deux chiens de garde qui se trouvent derrière moi. Il m'a toujours choqué depuis j'ai laissé mon enfance derrière moi. Mais je n'y ai jamais été confrontée de cette façon.
« Qui plus est, le blond est une couleur qui se fait rare. Ha ! J'en sais quelque chose ! lance-t-il en désignant sa propre tête.
-Vous devriez me relâcher. Si AVALANCHE apprend que vous m'avez fait le moindre mal, ils vont encore devoir répliquer, vous le savez.
-Ah, mais j'ai entendu que tu n'étais du côté de personne, n'est-ce pas ? Qu'ils te tenaient en otage. Ces pauvres fous ! »

Il pose des mains abruptes de chaque côté de mon visage pour soulever mes joues.
« Mais moi je saurai mieux te traiter ! Tu pourras aller où tu veux, quand tu veux ! Tu seras nourrie, logée, choyée ! »
Je rejette ses mains du mieux que je peux. Je tremble. J'ai les mains moites.
« En échange de quoi, hein ? D'une autre forme d'esclavage. En échange de mon corps... ?
-Hum, laisse-t-il traîner d'un ton appréciateur. Ce serait avec plaisir, un merveilleux bonus, évidemment...mais si déjà, tu acceptais de me prêter tes pouvoirs... ?
-Mes pouvoirs ?
-Oui- Oui ! Tes pouvoirs ! J'ai vu ce qu'ils faisaient, et on m'a tout raconté ! On raconte que tu serais l'antidote à Geostigma. Qu'en plus de repousser les monstres, tu pourrais le guérir !
-Vous ne me semblez pas malade.
-Ah mais je pourrais le redevenir. Je pourrais... ! » Il s'agite, l'air de revivre des souvenirs déplaisants. « Et mes hommes aussi. Hein, alors qu'est-ce que tu en dis ? Je pourrais même te payer. Tout ce que je veux, c'est une garantie. La garantie que tu me protègeras de Geostigma. »

Je regarde la fenêtre. Je n'arrive même pas à me déplacer avec la chaise, même en tendant les muscles de mes jambes. Même si j'arrive à passer Don Cornéo, il y a ses hommes de main. Ils sortent d'un couloir, et vu l'extérieur il est probable qu'en plus je sois à l'étage.
Comment est-ce que je vais faire pour m'enfuir, ne serait-ce que donner un signe de vie ? Vincent n'a aucun moyen de me retrouver ! Ha ! Vincent doit être mort d'inquiétude à l'heure qu'il est, s'il est le même qu'hier soir... je ne peux m'empêcher de revoir son visage de la veille. Il avait l'air si coupable.
Il faudrait déjà que je gagne du temps.

« Qu'est-ce que vous mangez ?
-Hein ? s'exclame-t-il.
-Qu'est-ce que vous mangez pour survivre ? Qui plus est, vous m'avez assommée pour m'amener jusqu'ici. Ce n'est pas très digne de frapper une jeune fille sans défense.
-Désolé ! lance un des gardes. » Je repère son visage insolent pour me souvenir de frapper celui-ci particulièrement violemment.
Je décide d'utiliser mon ton mondain le plus teigneux. Il faut qu'ils ne se doutent de rien. « J'ai faim. Je viens de me réveiller après une nuit horrible. Si vous dites que je serai choyée, montrez-moi ce que vous pouvez déjà m'offrir à manger.
-Ah, euh, oui, bien sûr...
-C'est quoi cette connerie ? chuchote l'autre garde.
-Toi là ! Préviens le cuisto ! Va lui chercher à manger ! Et de la bonne, hein ! »

(Music : Hurry ! de Final Fantasy VII Remastered Edition)

Allez Angie, tu peux le faire. Personne ne peut te sauver, dans ta situation actuelle. Essaie de te téléporter. Tu es en situation de danger. En danger. En danger. En danger ! Soudain, mon corps s'allège, je vois le regard de Don Cornéo croiser le mien, mais avant que sa vue ne disparaisse, une main se referme sur le dossier de ma chaise.
Une seconde plus tard, complètement alourdie, j'atterris avec fracas du premier étage, la chaise se brisant sous mon poids et celui du garde insolent qui devait m'avoir agrippée pendant ma téléportation, ratée du coup ! Mon corps entier est douloureux. Seule la chaise avait amorti ma chute, heureusement qu'elle était du bon côté d'ailleurs.
J'essaie de me lever mais aussitôt le garde se jète sur moi pour me maîtriser. Je suis trop faible pour lutter ! « Laissez-moi ! » Tout à coup, une flopée de types armés de la même façon sortent de la maison juste en face pour l'aider à me tenir. Je devais m'être téléportée juste devant la fenêtre de Don Cornéo !

Soudain, révélation. Même si je ne peux pas m'enfuir, je peux révéler ma présence, je peux faire une fusée de détresse ! Plus facilement qu'avec la téléportation, je rassemble mon énergie jusqu'à ce que le Lifestream apparaisse, comme des flammes sur tout mon corps. Les gardes s'écartent, effrayés, et j'en profite pour lever la tête en l'air et faire apparaître un trait d'énergie montant suffisamment pour déclarer ma présence. Les filaments se dispersent rapidement dans le ciel. C'était mince, mais s'ils n'avaient pas abandonné les recherches et qu'ils avait comme d'habitude posté quelqu'un à la muraille de la ville, ils ne pouvaient pas la rater ! C'était au-dessus des toits.

Voyant que je ne m'attaquais pas à eux, les gardes se jettent à nouveau sur moi, et chaque bras maîtrisé, un bras autour des hanches, on me ramène de force dans la maison. C'est à peine si j'arrive à me défendre. « Non ! » Ils referment la porte et je me trouve à nouveau enfermée. L'un d'entre eux se dépêche d'enlever les cordes et me menotter mains dans le dos avec du métal cette fois.
« Qu'est-ce qui s'est passé ? Qu'est-ce qu'elle a fait ?
-J'en sais rien, répond le garde qui m'a suivie. Elle s'est éclairée tout d'un coup alors je l'ai rattrapée par réflexe et cette conne nous a défenestrés !
-Et cette attaque tout à l'heure ?
-Non...elle a lancé un signe ! Préparez-vous ! Barricadez tout ! Ils vont venir bientôt ! »
Me prenant par le bras avec deux de ses collègues, il me fait prendre les escaliers, un couloir puis me lance à terre dans la chambre de Cornéo, à ses pieds.
« Oh ! Mais qu'est-ce qui s'est passé ? Vous avez disparu tout d'un coup ! Et vous êtes réapparus devant la fenêtre, dans les airs, pouf !
-C'est elle ! Elle se téléporte ! Mais uniquement seule apparemment. »

Il pose un pied ferme sur mon dos, me tirant un grognement de douleur. Ma poitrine...
« Elle a signalé sa présence, Don ! Il faut qu'on bouge, ils vont venir.
-Très bien, prenez les dossiers, les machines, les armes et l'ordinateur. Ils ne doivent rien trouver derrière nous. Toi, emmène-moi dans les escaliers ! Toi ! déclare-t-il en pointant un doigt sur moi. Tu as eu tort !
-Vous devriez me laisser partir ! Vous savez qu'AVALANCHE n'abandonne jamais un de ses membres ! » Je prends une seconde de réflexion pour m'étonner. Est-ce que j'ai vraiment dit ça ? Je me considère vraiment comme l'un des leurs ?
« Grr ! Nous en reparlerons plus tard ! »
Soudain, des coups de feu s'élèvent. Je laisse échapper une exclamation de surprise et d'inquiétude. Déjà là ?! « Va voir ce qu'il se passe, ordonne Cornéo à un de ses gardes libre de ses mouvements. » Des coups de feu retentissants répondent. Vincent ! Il devait avoir sorti la grosse artillerie pour qu'on entende le Cerbère... J'espère qu'il est furieux.
« C'est Vincent Va- Aaaaah ! » Vincent apparait souplement accroupi dans l'encadrement de la fenêtre, telle une apparition nocturne effrayante et attrapant le garde par la gorge avec sa greffe, l'assomme aussitôt contre l'encadrement de la fenêtre. Il avait l'air déterminé. « Vincent ! » Il mémorise la pièce.

« Ne bouge pas ! » s'exclame mon agresseur. Vincent descend lentement de l'encadrement de la fenêtre. Paniqué, Don Cornéo colle sa chaise contre le mur du fond. Mais soudain, l'un des gardes pointe le guerrier rouge et l'autre que je commence à bien connaître pointe le canon de son fusil contre mon crâne et le bruit du chargeur glace la pièce.
« Si tu tiens à ce qu'il ne lui arrive rien, n'approche pas ! » De la fureur pure glisse sur les traits de l'ancien tireur des Turks. « Tu ignores ce qui t'attend si tu ne la laisses pas partir immédiatement. » Lance Vincent d'un air sombre. Vincent n'est certainement pas du genre à menacer, mais malgré son air intimidant et la réputation qui le précède, le canon s'enfonce dans ma joue. Sa main se resserre sur le manche du Cerbère, l'air d'hésiter, sa mâchoire serrée, et on entend le cuir de son gant crisser...mais finalement, il lève lentement les bras en signe de reddition.
« Vincent, non...
-C'est bien...c'est bien...Souffle mon agresseur, toujours pas rassuré pour autant. Maintenant, jète ton arme et fais-la glisser jusqu'ici. »
Vincent s'exécute, assassinant le jeune homme du regard, et coulant sur moi un regard inquisiteur. Le garde qui me menace rit de façon appréciative en attrapant le Cerbère que je n'avais pas réussi à atteindre et le pointe à présent dans mon dos. Tirant sur ma nuque, je remarque le pendentif qui pend au bout de sa chaine argentée depuis le manche. Tifa doit lui avoir donné.
« Quand je pense que je viens de te l'offrir... »
Vincent plisse les yeux, l'air particulièrement vénéneux avec mon détenteur.
« Prends en soin...glisse-t-il de sa voix grave, parce que je vais bientôt le récupérer, et tu seras sa prochaine victime. »

Le garde a l'air un peu intimidé, mais il ne se démonte pas.
« Ha ! Tu ne peux rien tant qu'on l'a, pas vrai ?
-Vincent, si tu peux te débarrasser des gardes, fais-le ! Ils ne peuvent pas me tuer, ils veulent mes pouvoirs ! » Le guerrier soupire avec véhémence.
« Je sais ! Et si tu nous avais fait confiance, nous n'en serions pas à là ! » Je baisse les yeux, fautive. « Ne t'en fais pas, je vais te sortir de là, promet-il en regardant fixement le garde.
-Nous sortir de là. »

La pièce se fige, attendant la suite pendant que Don Cornéo se liquéfie à travers sa transpiration.

(Music : Palm Tree Escape de Pirate des Caraïbes 4)

Tout à coup, Vincent agrippe un pan de sa cape et s'en entoure vivement, disparaissant en un tournoiement de tissu écarlate. Tout le monde émet des exclamations de choc, avant que les gardes ne réagissent et ne commencent à tirer sur l'immense cape hantée continuant de tourner au-dessus du sol. Y voyant une ouverture, le bout de tissu se précipite sur moi, et c'est avec une panique certaine que je me trouve plongée dans le noir le plus complet, le tissu roulant vivement contre ma peau et je me trouve rapidement bousculée furieusement de tous parts. Je me sens complètement désorientée et ballotée, ne distinguant plus le haut du bas et le devant de derrière.

Après ce qui me parait de longues secondes, je recouvre enfin la vue ! Je me trouve assise sur mes talons, les mains toujours dans le dos, le tissu se retirant rapidement pour faire apparaître Vincent accroupi dans mon dos, l'air très sérieux. En un tiraillement, je sens la chaîne en métal des menottes céder et il me relève aussitôt avec un « Viens ! » autoritaire.
Nous sommes dans une allée vivement éclairée par le soleil, et j'entends de l'agitation et des cris partout autour impossibles à repérer. Vincent m'arrache pratiquement le bras alors qu'il prend ma main gauche avec sa main humaine et en me tirant dans différentes allées dont je ne distingue aucune différence !
« Attends !» Je m'exclame en claudiquant inconfortablement. Il me regarde avec de gros yeux empressés. Je retire ma chaussure restante avec ma main droite libre et tient la sangle fermement pour ne pas la perdre en reprenant la course. Il a l'air extrêmement agacé mais ne dit rien et force l'allure.
« Ton arme ! rappelai-je.
-Je la récupèrerai plus tard, réplique-t-il avec une certitude déconcertante. »
Je le regarde un instant alors que les cris se rapprochent et que nos ennemis semblent chauds sur nos talons. Il court vivement, m'entraînant dans sa course effrénée, ballotée, heurtant presque les murs comme un boulet entraîné par une voiture de course. Il a l'air tendu mais semble tout faire pour garder son sang-froid.
« Merci d'être venu me chercher, je ne sais pas comment j'aurais fait pour m'enfuir...
-C'est ce que pour quoi je suis là, non ? répond-t-il sans arrogance, le souffle nullement coupé par la course. Cela semble être la mission toute indiquée que m'a attribué Aeris.
-Même ! J'étais désemparée et tu m'as encore sauvé la mise en pli, fis-je remarquer avec conviction.
-Réponds-moi juste, tu ne te serais pas enfuie auprès d'eux tout de même ?
-Bien sûr que non ! Tu vois bien que j'ai été kidnappée ! Ils m'ont même assommée alors que j'allais vous rejoindre hier soir ! »

Il prend un air furibond.
« Heureusement, tu as déclaré ta présence, car même si nous avions des suspicions, nous n'avions aucun moyen de te retrouver dans la ville. Comme quoi il t'arrive d'avoir de bonnes idées.
-Ahem ! toussotai-je exagérément avec énervement. »
Nous entendons des coups de feu fuser et ricocher contre les murs. Je n'ai aucune idée de où on va avec tous les détours qu'il nous fait prendre ! Je fonce tête baissée, criant lorsqu'une balle passe trop près.
« Ils se rapprochent ! »
Soudain, après un énième tournant, des balles extrêmement proches ayant fusé, une douleur fulgurante me transperce la jambe au bout de trois pas. « Aaaah ! » Je m'écris bruyamment en m'écroulant au sol, tenant ma jambe droite. Vincent s'arrête aussitôt en me sentant tomber et ses yeux inquiets tombent sur le sang qui gicle entre mes doigts et inonde rapidement ma jambe des deux côtés.
« Angie ! » Brusquement, il prend une rapide décision et se retransforme à nouveau en cape volante, m'engouffrant aussitôt dans son tourbillon. Nous réapparaissons à peine quelques secondes après et la vue de la baie de Costa del Sol s'étendant sur toute la plage courbée et ses nombreux bâtiments aux toits de tuiles brunes m'accueille.

Vincent se penche aussitôt sur ma jambe, l'inspectant sans délicatesse dans sa précipitation, me tirant d'autres cris de douleur. J'en profite pour retrouver mon souffle, me retenant de hurler de douleur à la brûlure et l'écoulement de sang incessant douloureux que je ressens à chaque pulsation poussant contre la plaie béante, avachie sur le dos contre les tuiles du toit plat qui nous sert d'abri.
« Vincent ! chuchotai-je désespérément entre mes dents en pleurant. Fais quelque chose !
-Je suis désolé, je ne peux pas m'occuper de toi ici, réplique-t-il aussitôt avec de la sincérité dans sa voix. Ça a l'air sérieux, je vais devoir te porter. »
Il défait son bandeau à une vitesse étonnante, lâchant ses cheveux ailes de corbeau, « Ça va faire mal. », et le noue très serré en dessous de mon genou, « Je suis désolé. », me tirant d'autres cris de douleur. Il se redresse en restant accroupi, le regard vague sur ma blessure, l'air livide. Mais peu à peu, son expression se transforme en air de pure rage meurtrière. Ses yeux s'enflamment, ses mâchoires convulsent, ses lèvres pleines sont durement pincées, tous les muscles de son corps se rigidifient, ses poings se serrent bruyamment tandis que sa respiration siffle à travers son nez droit.
« Ils n'ont pas hésité à te tirer dessus... » Il lève les yeux vers moi, le visage crispé, les dents serrés, des sanglots contenus aigus s'échappant de temps à autre et des larmes chaudes qui brûlent mes joues.
« Hé ! Ils sont sur les toits ! Je les ai vus ! » J'entends crier en contrebas. Vincent jète un oeil en bas, le regard si assassin qu'un frisson me parcourut de la tête aux pieds.
« Est-ce qu'au moins on y est presque ?
-Non, pas du tout...Angelina. Je sais que c'est douloureux, mais il faut continuer. Cramponne-toi à moi et ne lâche pas ! J'aurai besoin d'avoir besoin mes mains libres... » Il me tourne le dos et je me redresse pour lui ceinturer le cou et les épaules avec mes bras en essayant d'avoir la prise la plus forte possible. Je sanglote et gémis encore lorsque j'essaie d'entourer ses hanches avec mes jambes, ou du moins une jambe et en serrant sa taille avec mon genou droit.
« Tiens bon ! » M'encourage-t-il en sautant du haut du toit en tenant mes cuisses. Arrivés en bas, il plaque un homme contre un mur et frappe l'autre avec sa greffe jusqu'à l'assommer en un coup. Avant que ce dernier ne tombe il s'empare de son fusil puis se penche sur l'autre pour lui prendre son revolver. Il est d'une violence incroyable et même moi j'en avais les yeux écarquillés.

Vincent se remet à courir et sur tout le chemin, il frappe, heurte, blesse, fait retentir des Brasiers dans les allées et tire sur nos ennemis sans aucune pitié, jusqu'à la plage où je retiens mon souffle, la poitrine et les poumons écrasés par les soubresauts de la course, les bras fatigués et tiraillés et la jambe droite en feu.
Nous nous apprêtons à prendre le ponton, bousculant des dizaines de gens estomaqués par notre vue au passage, quand une autre volée de tirs nous effleure. Vincent prend une grande respiration et lâchant les armes, saisit mes jambes et s'élance à toute allure sur le dangereux passage. Les tirs nous suivent de près. « Vincent ! » Je m'écris en plongeant ma tête dans son cou. Trop près. Trop près !
Tout à coup, l'apesanteur s'abat et repart aussi vite qu'elle est venue. Mais lorsque je rouvre les yeux, Vincent rattrape notre chute in extremis en atterrissant accroupi depuis le plafond. Nous observons rapidement notre environnement.
« La chambre de Don Cornéo !
-Vraiment Anderson ?! Tu nous ramènes à notre point de départ ?! S'exclame-t-il avec un ton empli de colère explosive.
-Qu'est-ce c'est ? dit une voix depuis les escaliers.
-Je suis désolée ! Je chuchote en gémissant de désespoir. Je jure que je n'ai pas fait exprès...
- (Soupir énervé) Ce n'est pas plus mal. Reste ici. Je reviens vite. »
Il me dépose vite mais prudemment sur les planches de bois, assise sur les talons appuyée sur une hanche, et colle son dos contre la porte, jetant à peine un oeil dans le couloir. Il s'élance à toute vitesse, et j'entends un homme crier de douleur, Don Cornéo hurler de sa voix grasse pendant que sa chaise roulante et son métal retentissent plusieurs fois bruyamment, sûrement pendant sa chute dans les escaliers. Je regarde la porte de la chambre, imaginant seulement ce qui se passait avec des yeux horrifiés.
Une exclamation de surprise puis un craquement d'os, un cri, un bruissement de tissu et soudain « Pan ! ». Le coup de feu du Cerbère résonne dans toute la maison et un hurlement abominable s'élève dans tout le quartier. J'entends son corps chuter aussi dans les escaliers à travers ma respiration haletante et humide. Je reconnais à peine la voix de celui qui m'avait menacée avec cette même arme.

À peine quelques secondes après, la carrure imposante de Vincent pousse la porte, le visage fermé, et se précipite sur moi accroupi, les mains sur mes avant-bras. Il cherche mon regard intensément.
« Maintenant écoute-moi, c'est important. Il faut que tu te concentres pour nous ramener dans le vaisseau.
-Quoi ?! Tu m'as regardée ! Je suis blessée, j-je....je ne peux penser à rien d'autre que cette...putain...de douleur ! Je m'écris la voix instable à cause des larmes.
-Je sais que tu peux le faire.
-Non, je ne peux pas ! Je ne sers à rien ! Je n'apporte que des ennuis ! »
Il me secoue violemment une fois et plante ses yeux rouges brillants dans les miens. Ma main se resserre de panique sur ma blessure sous le choc.
« Je ne sais pas si je peux te ramener vivante ! » Le silence qui suit son aveu me glace. J'entends toujours des gémissements de douleur en bas et des gens aller et venir, s'affairer au rez-de-chaussée. Il dit la vérité. Je le vois dans ses yeux... !
« Alors concentre-toi ! Je sais que tu peux le faire...Tu le fais chaque fois que tu te sens en danger. »
Ses mains serrent mes bras. Mon regard fixé dans le vide. Et si je n'y arrive pas ?
« Mais j'ai mal...
-On ne peut pas te perdre, alors concentre-toi. Tu es en danger, je suis en danger. Je pourrais m'en sortir avec le Cerbère mais je ne peux pas me résoudre à t'abandonner ici sans arme et en train de te vider de ton sang. »
Je regarde ma blessure le visage contorsionné.
« Je me vide mon sang ?!
-Angie ! » Je le regarde à nouveau dans les yeux tandis qu'il rapproche son visage du mien. « On s'en sort ensemble ou on périt ensemble. Toi seule peut faire la différence. »

Je prends une inspiration heurtée, regardant ses yeux tour à tour. J'entends des pas lourds monter les escaliers.
« Je ne veux pas qu'il t'arrive quoique ce soit par ma faute... » Je souffle. Je le vois prendre une grande inspiration, ne me lâchant toujours pas des yeux.
« Moi non plus. Mais s'il faut choisir l'un d'entre nous, je choisirais de te sauver, m'informe-t-il avec un ton moins dur. Gaïa a besoin de toi, tu pourrais être la clef de notre survie à tous. Alors il faut que tu survives ! » Les pas se rapprochent et mon coeur accélère à leur arrivée.
« Tu sais que je ne tiendrais pas une minute sans toi. » J'eus le mérite de lui tirer un rictus.
« Alors je compte sur toi. » Conclut-il.
« Lâchez vos armes ! »

(Music : Hurry de Final Fantasy VII Remastered Edition)

Une volute de Lifestream nous avale tout entier, comme une fleur de lotus se refermant sur nous avec vivacité...et lorsque j'ouvre les yeux à nouveau, sentant toujours les mains de Vincent fermement accrochées à mes bras, nous apparaissons dans la même position au milieu du cockpit, sans heurt ni fracas.

Cid et Cloud émettent des sons d'exclamations depuis une rangée d'écran. Vincent regarde autour et met un moment à réaliser l'endroit.
« Angie, tu as réussis ! » Il sourit, et je sens la fierté dans ses yeux. « Cloud ! appelle-t-il, l'inquiétude reprenant le pas.
-Vincent ! répond le blond en étant rapidement à nos côtés.
-Elle est blessée.
-Qu'est-ce qui a merdé ? s'exclame Cid en s'accroupissant près de ma blessure avec désapprobation. »
Ils m'allongent, des mains s'affairant partout pour me placer dos aux petites marches métalliques menant à la plate-forme près de la boule de navigation. Je gémis bruyamment de douleur maintenant que plus rien ne me retient.
« J'ai réussi à nous faire enfuir sous forme de cape mais vu sa vitesse (il parlait de moi là?) ils nous ont vite rattrapés. Cloud, interpelle Vincent en plantant ses yeux orageux dans ceux de Cloud. Quand ils ont vu qu'on avait une chance de leur échapper ils n'ont pas hésité à tirer. » Les yeux bleus Mako de Cloud s'agrandirent.
« Aiiiiie ! » Je m'exclame pendant que Cid examine avec des mains rustres ma blessure sous toutes les coutures. Vincent me tient les bras et Cloud mes jambes, surtout la droite. Le regard de Cloud se durcit en voyant le sang partout sur mes mains, ma jambe, les mains de Vincent, le sol du cockpit.

« La balle a presque traversé, fait remarquer Vincent. Je crois qu'elle est restée derrière.
-Hum. Elle est passée par le muscle, a transpercé le mollet et est restée coincée après avoir été ralentie en éclatant l'os, informe Cid d'un ton expert. C'est de la bonne !
-Merde, dit Cloud tout bas.
-Que...Quoi ? Qu'est-ce ça veut dire ? je demande le souffle rendu erratique par la souffrance.
-Qu'on peut pas te guérir sans l'enlever cocotte ! Allez tourne-toi ! »
On me retourne comme une crêpe.
« Attendez, qu'est-ce que vous faites ? » J'essaie de me défaire, de peur de souffrir encore plus et décide de ne pas céder tant qu'on ne m'a pas expliqué !
Cloud s'agite mais Vincent l'arrête.
« Je m'en occupe. Anderson, dit-il en se positionnant près de ma jambe, il faut absolument que tu évites de bouger.
-Non ! Qu'est-ce que tu vas faire !
-Je vais devoir enlever la balle à la main, dit-il en manipulant le bandeau. Il faut faire vite car comme je le disais tu te vides de ton sang. Tu es mince alors aucun garrot avec du simple tissu n'est assez efficace.
-Qui plus est, plus vite c'est fait et moins longtemps tu souffres, renchérit Cid. Quoiqu'on fasse, ce sera douloureux et les anti-douleurs que nous avons accélèreraient l'hémorragie.
-Merde ! Je répète. » Cloud me saisit les bras et Cid les cuisses.
Je sens une douleur toujours plus intense me percer le mollet. « Aaaaaaaah ! Non ! » Je hurle et crispe mon corps tout entier. « AAAAAAH ! » Quand je sens ses doigts fourrager grossièrement dans ma chair. « VINCENT ! » Je m'écris en tapant sur le sol avec ma main, faisant clinquer la menotte contre le sol. Tous mes os semblent douloureux, comme si tous les nerfs de mon corps réagissaient ensemble. Je vois du coin de l'oeil qu'il essaie de ne pas se laisser perturber et qu'il a l'air extrêmement concentré, une poigne de fer sur ma jambe pour me maintenir en place.
« Tiens-bon, j'y suis presque, elle est logée plus profond que prévu, plaide-t-il.
-Vincent... » Je supplie maintenant. Un vertige me secoue pendant qu'une nausée montante se manifeste. Mes épaules et ma tête se mettent à trembler.
« C'est bientôt fini, rassure Cid d'un ton paternel, observant l'opération de très près. » Je hurle et pleure de plus belle.
« Cloud, la matéria, ordonne Vincent d'un ton empressé les yeux toujours fixes sur sa tâche. »
Cloud lève le bras qui s'illumine d'un vert de jade, le regard plaqué sur moi. Ma respiration bruyante et mes hurlements continuent de remplir le vaisseau. Une sensation de flottement et de douche froide me glace.
« Oh, je peux voir des bouts d'os, commente le vieux navigateur. »

Enfin, un tintement sonore retentit pendant que Vincent jète la balle écrasée au sol. Rapidement, lui et Cid s'écartent et le Soin se lance. En moins de cinq secondes, la douleur s'amenuise et mes symptômes et ma fatigue s'atténuent jusqu'à disparaître. Un moment s'étend, puis finalement tout le monde me lâche et Vincent se presse auprès de moi pour m'aider à me redresser en position assise.
Je regarde alors attentivement ma jambe et je lâche une exclamation de surprise : la blessure avait complètement disparu. Même le sang qui y était semble avoir disparu. Je regarde mes mains. Oui ! C'est comme s'il avait été absorbé ! Je tâte rapidement tout mon mollet droit. Il ne reste qu'une mince sensation fantôme de trituration par Vincent et de douleur aiguë au centre...
Le sang sur les mains de Cid, Vincent et au sol en revanche n'ont pas disparu, preuve que j'avais bel et bien été salement amochée. Je pose mon regard sur Vincent, qui m'observe dans l'expectative.
« Je n'ai plus mal. Merci. » Tout le monde relâche son souffle.
Vincent déroule plus calmement son bandeau ensanglanté et encore en extrêmement bon état malgré toutes ces années puis enroulé autour de ma jambe. De suite il se lève et lance un regard entendu à Cloud, signe qu'il était temps de discuter.

(Turk's Theme de Final Fantast VII Remastered Edition)

« Cloud, je sais ce que tu penses, mais je refuse de les laisser disparaître parmi la population sans payer, déclare Vincent d'un ton grave et sans appel.
-Je m'en doutais, répond Cloud l'air lointain. » Il regarde encore le sang sur moi, alors que j'essaie de remettre maladroitement ma robe en place.
« Cloud, bon sang ! Ils auraient refusé de la laisser repartir avec nous ! Ils étaient prêts à la tuer ! Que te faut-il te plus ? Que devient Gaïa si on laisse les gens s'attaquer impunément à nous ? » Vincent a les lèvres pincées, il est littéralement en train d'exploser de colère. Chose que je ne pensais jamais voir.
Je me relève maladroitement à l'aide de Cid, qui reste proche de moi au cas où, surveillant de près la direction que prend la conversation.
« Il a pas tort Cloud. Si ces connards s'attaquent un jour à Shera, je réponds plus de rien. On est là à se décarcasser pour la population... On peut pas se permettre qu'elle se retourne contre nous, ou c'est fichu. Il reste plus que nous pour défendre ces cons. »
Cloud se retourne, ignorant Vincent et Cid, l'air plongé dans ses réflexions. L'air incapable de prendre une décision. Vincent soupire bruyamment d'agacement avant de se tourner vers moi et de me regarder de la tête aux pieds.

« Ils t'ont frappé ? demande-t-il avec un regard dur, la mâchoire serrée. Fait quoique ce soit ?
-Juste...pour m'assommer. Ils m'ont juste un peu violenté parce que j'ai essayé de m'enfuir. » Je raconte en détail ce qu'il s'est passé depuis mon enlèvement de la veille, mon réveil sur la chaise, le marché de Don Cornéo, sa luxure, son désir d'être protégé. Vincent devient littéralement livide en entendant l'excitation de Cornéo à l'idée du bonus qu'il aurait bien voulu que je lui apporte. « Tu es arrivé avant qu'il ne se passe quoique ce soit de sérieux... » Je finis sur un ton soulagé en regardant le sol.
Il regarde fixement mes bras se croiser autour de moi. Je me sens étrangement nue dans cette petite robe rouge que je n'avais pourtant pas hésité à déchirer la nuit dernière. « Tu as froid ? » Livide de colère, le corps entier tendu, il détache les sangles de sa cape prestement quand une main sur son épaule l'arrête.

« Tu vas en avoir besoin, explique Cloud avec un regard sombre. »
Vincent le toise, le regard dur. On se demandait tous si Cloud est sûr de sa décision.
« Ça aurait fini par arriver à un moment ou un autre. Je suis persuadé que par l'intermédiaire de Reno ou Don Cornéo, cela fait un moment que Rufus essaie de mettre la main sur elle. Je pense que si elle était de son côté, il n'aurait pas été si désespéré de l'avoir à lui, ou à personne. »
Cloud coule un regard attentif sur moi, et encore ce sang à mes pieds.
« Je crois qu'il est temps de faire passer un message à Rufus, fait remarquer Vincent. » Cloud relève les yeux, le regard sombre, la Mako dansant des flammes de violence sans pitié dans ses iris bleu-ambre.
« Qu'on s'attaque pas à un de nos membres si facilement. » Renchérit Cid. Cid détache son pull de ses hanches et le place sur mes épaules. Je le remercie chaleureusement du regard en l'étreignant autour de moi.
Regard d'un bleu intense sur moi. « Sans oublier que c'est bien la cinquième fois que lui et ses sbires s'attaquent aux filles. S'il la veut, il faudra qu'il vienne la chercher lui-même et qu'il passe par moi, dit le blond d'un ton excédé. C'est notre dernier espoir. » Finit-il sur un ton plus bas.

Il s'arrache à nous et commence à vérifier son éventail d'armes dans son dos et de matérias à ses bras.
« Emporte des munitions, ordonne-t-il.
-Que...quoi ? m'exclamai-je.
-Vous allez pas les tuer ces idiots quand même ? demande Cid en s'allumant une cigarette.
-(Soupir contrit de Vincent.) Non. Il faut quand même que le message passe, répond-t-il alors qu'il vérifie son stock à ses hanches.
-Vincent... soupire Cloud comme un rappel à l'ordre. On ne peut pas se permettre de perdre plus de survivants. Et je pense qu'ils ont une matéria de soin, s'ils ont ce genre d'organisation. Nous allons juste nous défendre et les blesser. »
Vincent s'apprête à suivre Cloud d'un bon pas lorsque je le retiens par le bras.
« Vincent, faîtes attention à vous. Ils sont lourdement armés pour des civils volontaires. »
Son regard se radoucit une seconde, ses iris rouge limpides sur ma forme. Il pose sa main une seconde sur mes cheveux avant de se précipiter avec Cloud, épée démesurée sur l'épaule, prêt à en découdre.

Vincent's POV (Music : Don of the Slums de Final Fantasy VII Remastered Edition)

Cloud défonce la porte d'un coup de pied, un peu essoufflé et je m'engouffre rapidement derrière lui. Vu le nombre d'hommes assommés ou blessés, je pense que personne ne pensera à nous suivre pour protéger Don Cornéo.
Ce dernier est d'ailleurs sur sa chaise, une pile de dossier et divers objets sur les genoux, l'air très pressé mais surtout...transpirant par tous les pores. Ses deux gardes les plus proches sont en train de renverser la maison entière, l'air de vouloir emporter le maximum de choses dans la précipitation.

Je m'apprête à foncer sur lui mais Cloud me retient d'un bras et s'engage de manière très déterminée vers Don Cornéo. Un des hommes lève son bras pour tirer mais Cloud le paralyse avec sa magie et l'autre, celui qui m'avait pris mon arme, se retrouve également paralysé une seconde après. Ils s'effondrent tout deux au sol.
J'envoie à Don Cornéo un regard mauvais. Cloud craint qu'il périsse s'il passe entre mes mains et il a bien raison, mais une frustration indéniable prend possession de moi alors que Cloud s'arrête à un mètre de l'autre blond, l'air défait.
« Où vas-tu de manière si pressée, Don ? interpelle Cloud de façon familière. On en a rien à faire, de ton trou à rat. » Cela fait longtemps que je ne l'avais pas vu autrement qu'amorphe. Cloud contient visiblement sa colère et sa force, alors qu'il prend l'handicapé par le col et le soulève de sa chaise. Mais c'est encore bien loin de ce que j'avais réservé à ce pervers.
« Je crois bien avoir dit que la prochaine fois que tu toucherais à une des filles, tu ne verrais plus le jour se lever... rappelle Cloud d'un ton glauque et menaçant.
-Je ! Je ! Je ! Ce n'est pas...
-Elles ne sont que cinq, autrement dit un pourcentage minoritaire de notre groupe... Ce n'est pourtant pas si difficile ! s'exclame Cloud en le rejetant dans son siège.
-Je-je ne leur ai rien fait ! Je le jure ! »

Cloud relève les alentours de la maison pendant que je me rapproche du garde qui m'avait pris mon arme, à défaut de m'occuper de Don, et qui comme promis avait été sa prochaine victime. Don Cornéo se répand d'ailleurs en paroles et balbutiements inutiles, l'air prêt à faire une crise cardiaque dans la seconde qui suit, suant à grosses gouttes. Ils ont bel et bien une matéria de soin, je remarque, puisque lui et ses gardes n'ont plus aucune séquelle de mon attaque de tout à l'heure. Le garde pâlit d'ailleurs de façon conséquente à mon approche.
« Tu n'as pourtant qu'une chance sur deux de tomber sur le mauvais groupe ! Poursuit Cloud. Et pourtant tu t'entêtes...et tu t'entêtes à travailler pour cette pourriture de Shinra ! » Cloud se penche sur lui, posant une main abrupte sur sa chaise. Il avait l'air capable de la faire tomber en morceau juste en appuyant dessus. « Tu mérites que je te fasse tétraplégique...
-Non ! Non ! Pas ça ! Je vous en prie !
-Ou peut-être tout couper... ? menace Cloud d'un ton doucereux en se relevant et en plantant la lame de son épée dans son siège, entres ses deux jambes.
-Noooooon ! s'écrit-il en pleurant. Il ne me resterait plus qu'à mourir...
-Toutes les vies qui ont survécu ne se valent pas, tu sais. »

Cloud laisse sciemment son épée continuer de faire pression sur Don, pendant que je me penche dangereusement sur le garde.
« Je vois qu'on possède une précieuse matéria de Soin, je susurre.
-Je-...C'est pas moi ! Il fallait bien...Je n'allais plus pouvoir marcher ! » Je plisse les yeux.
Cloud soupire de déception et ramène son épée, faisant sursauter la chaise roulante.
« Tes hommes sont tous vaincus ou ont fui. Nous savons où vous trouver et son enlèvement avorté a révélé les plans de Rufus. Ton organisation est démantelée, Don. Tu peux rentrer en pleurant faire tes comptes à Rufus, et lorsque tu le verras... » Cloud se penche à nouveau sur lui, et Cornéo essaie autant que possible de se réfugier dans son siège. « Passe-lui ce message : Angelina Anderson est un membre à part entière d'AVALANCHE. Un atout indispensable à l'avenir et aujourd'hui, tu as bien failli en déposséder l'humanité. S'attaquer à elle, c'est comme s'attaquer à nous tous. Et ceux qui s'attaqueront à nous auront affaire personnellement à moi et paieront cher pour leurs crimes. Pour tout ce que toi et ta famille ont fait, Rufus, si je te trouve, tu es un homme mort. »

Cloud se relève.
« Ceci, » dis-je en pointant mon arme vers le haut, faisant clinquer son pendentif, « est à moi et quoiqu'il se serait passé, il n'y a qu'une seule autre personne qui puisse s'en servir. Tout ce que j'ai fait, est t'éviter un poignet cassé. » Il prend un air apeuré. « Mais il fallait bien que je te punisse. » Le garde déglutit. « Si à l'avenir tu poses ne serait-ce qu'un oeil sur elle, lançai-je au garde en le prenant par la gorge avec ma greffe, tu regretteras d'avoir jamais pensé à croiser son chemin. » Je pointe mon arme et lui tire à nouveau en balle en pleine jambe. Il hurle aussitôt de douleur, et j'ai comme une impression de déjà-vu.

« Vincent, appelle Cloud. »
Je retourne vers lui, proche de la sortie, mais en passant devant Don Cornéo, qui me regarde lentement passer avec appréhension, l'envie est trop forte. Ma greffe en forme de poing s'abat sur sa figure bouffie, ce qui renverse son siège en arrière et lui fait crier d'effroi. « Elle est à moi, résonne ma voix grave. Et sous ma protection. Ne t'avise pas de l'oublier. »
Je serre les dents pour ne pas lui infliger autre chose et Cloud m'agrippe le bras pour m'arracher à la contemplation de Don s'agitant de douleur par terre, tenant son visage, une roue de sa chaise tournoyant encore.

Une fois sortis, Cloud ne peut s'empêcher de m'envoyer un rictus amusé en me toisant, hochant la tête de gauche à droite comme on l'a vu faire des milliers de fois. « À toi, vraiment ? »

Angie's POV (Music : Celebrate Life de Two Steps from Hell de l'album Dreams and Imagination)

J'avais pris une douche, m'était habillée d'un short bleu fin et d'un haut blanc que m'a prêté Tifa, et Cid est parvenu à me retirer les bracelets des menottes sans aucune difficulté, avec la dextérité à laquelle on peut s'attendre d'un manuel comme lui. Tifa qui me regarde d'ailleurs faire les cent pas dans le cockpit, mes mèches de cheveux mouillés frappant mes épaules, ou en train de me ronger les ongles, observant avec attention le ponton et la plage. Du moins ce que je peux en voir. Avec toute cette eau dans laquelle le cockpit est à moitié plongé, je me sens depuis que je suis revenue, beaucoup sous pression. Ma phobie menace de refaire surface à n'importe quel instant.

Et elle avait ce sourire agaçant, alors qu'elle discute à voix basse avec Cid, qui fume aussi sa cigarette avec une certaine malice dans ses yeux bleu ciel. Je m'arrête brusquement. Ah ! Les voilà ! Je vois de loin l'épée brillante de Cloud au soleil se balancer dans son dos et la cape rouge immanquable de Vincent, alors qu'ils empruntent le plus calmement du monde le ponton. Ils semblent calmes, même s'ils ont l'air pris en grande conversation, preuve que tout s'est bien passé.
Je trépigne presque sur place lorsqu'ils entrent enfin par le cockpit. Tifa, comme moi, s'empresse de rejoindre Cloud.
« Tout s'est bien passé ? demande-t-elle. » Elle est à moins d'un demi-mètre de lui. Ah ! L'amour...Je les observe de la tête aux pieds. Et Vincent se laisse gentiment examiner par mes yeux, me toisant tranquillement. Ouf. Ils n'avaient absolument rien.
« Disons qu'ils y penseront à deux fois avant de revenir embêter ce qui est à nous, répond Cloud avec un amusement évident en lançant un regard en biais à Vincent. » Ce dernier qui soupire en levant les yeux au ciel. Tifa lance au chef d'équipe un sourire entendu.
« Ce n'était qu'une façon de parler, dit-il, l'air d'avoir répété ça cent fois. »

Vincent se tourne vers moi et sort des pans de sa cape une chaussure à talon rouge qu'il tient par la sangle. Je ne peux m'empêcher de rire brièvement.
« Ah, c'est vrai. J'ai dû l'abandonner quelque part dans la précipitation quand je me suis fait touchée. » Je la lui prends timidement des mains, me sentant rougir un peu. Il est évident qu'il ne connait pas pas le conte de Cendrillon, ou il aurait certainement laissé Tifa me la ramener.
Avec un sourire en coin, Vincent soulève l'autre pan de sa cape et lorsqu'elle glisse de sa main, cette fois c'est l'autre côté de chaussure qui apparait, dont la sangle semble avoir été recousue. Celle qui était resté prise dans les lattes de bois du ponton hier soir, provoquant ma chute et ma téléportation. Qu'est-ce que c'était que cette cape ? Le sac d'Hermione ?

« Ah ! Ça aussi c'est à moi, semble-t-il. Tu as même eu le temps de la réparer ? demandai-je avec un sourcil arqué. » Mon sourire pend d'une oreille à une autre.
Il toussote. « Non...c'est...Tifa. »
Des larmes me viennent sur le coin de l'oeil alors que je laisse échapper un rictus amusé, mon coeur battant la chamade. Ni tenant plus, je me jette contre lui, entourant ses larges épaules. « Je suis contente que tu n'aies rien. On s'en est sortis finalement. Tu remplis son rôle à la perfection ! » Sa chaleur m'enveloppe instantanément et je sens aussi une forte odeur de poudre, ainsi que sa propre odeur, comme du caramel chaud, envahir mes narines. Je rougis, sentant mes joues s'enflammer lorsque je constate son immobilisme.
« J'avais de bonnes raisons, avoue-t-il à voix basse. » Et je sens sa voix grave vibrer agréablement dans sa poitrine contre mon visage. Enfin, il pose une main prudente sur mes cheveux mouillés, qu'il tapote gentiment. Je m'éloigne alors de lui, mais sans avoir oublié de déposer un baiser attentionné sur sa joue au passage. « Merci. » Lançai-je avec un sourire en prenant la chaussure de sa main gauche, sa main droite ayant fusé sur sa joue, à l'endroit où je l'avais touché, les yeux rouges écarquillés.

À côté, je constate les regards insistants de notre auditoire, qui ont tous un air amusé, voir moqueur sur le visage. « Hrm. » Mais Vincent abaisse aussitôt sa main et se retourne d'un bloc, comme tout le monde, vers l'origine de cette voix mécontente. Aussitôt, je croise le regard assassin de Yuffie, les bras croisés sur la poitrine, nous toisant tous avec véhémence.
« Je suis venue voir si tout s'est bien passé. Je vois qu'on se fiche bien de me tenir au courant, fait-elle remarquer d'un ton acerbe. » Ses yeux retombent sur moi avec une haine incroyable, à la façon dont elle croise les bras, c'est comme si elle se retenait de s'en servir pour m'étrangler.
« Je serais venu te voir. Yuffie, retourne à ton poste. Sans toi, il n'y a plus personne pour surveiller la ville, réplique Cloud en s'avançant d'un pas vers elle, Vincent et lui formant un bloc entre elle et moi.
-Oh...alors c'est comme ça. Mais est-ce que vous êtes sûrs qu'Angie chérie est un remplacement à la hauteur pour moi, qui me bats depuis des années.
-Yuffie, prévient Vincent d'un ton autoritaire.
-Yuffie, il n'a jamais été question de te remplacer voyons. D'où tires-tu cela ? questionne Tifa, l'air vraiment blessée par ses présomptions.
-Parce que ça suffit, lance-t-elle froidement, les dents serrées. Je ne comprends juste pas que vous puissiez lui tourner le dos et risquer votre vie pour une fille qu'on ne connaît absolument pas !
-On se connaissait pas plus Yuffie. Et on était dans le besoin. On l'est encore. On est pas sorti du pétrin pour autant. Et Angelina a aussi risqué sa vie pour nous sauver. Deux fois, précise Cid en levant son index et son majeur.
-Comment pouvez-vous lui faire confiance ! s'écrit-elle. Plutôt qu'à moi ! Je sais ce que je dis ! C'est elle ! Elle bon sang qui a rasé mon village ! Je me souviens de son visage, de ses cheveux, alors qu'elle se tenait au milieu des cadavres et de la fumée ! hurle-t-elle pendant que des larmes de rage s'échappent de ses yeux noirs en amande. »

Je n'ai jamais eu beaucoup d'affection pour Yuffie depuis qu'elle me montre ce côté haineux de sa personne. Mais même moi, même moi qui suis rancunière, j'ai envie de la prendre dans mes bras. Je la vois souffrir atrocement, comme si chaque respiration était une réminiscence de sa survie, et pas celle de son village. Je vois sa douleur, je la ressens comme si c'était la mienne, alors que ses larmes inondent ses joues.
Cloud s'apprête à parler mais je l'interromps en passant leur mur, me mettant juste devant eux, à une proximité dangereuse de l'asiatique.
« Yuffie... je suis vraiment désolée pour ton village. » Ses traits se resserrent, comme si elle allait me faire sauter la tête dans la seconde, se demandant comme j'osais. « Mais je jure sur ma vie, sur Aeris, que ce n'était pas moi. C'était...c'était peut-être quelqu'un me ressemblant. Je ne sais pas. Mais si jamais c'était moi, pour une quelconque raison que j'ignore encore. Si jamais j'ai vraiment été capable d'une telle chose... » Je baisse les yeux. « Sache que je ne m'en souviens pas, mais je te laisserai me juger comme bon te semble. Parce que même moi je ne peux pas vivre avec idée. Alors s'il te plaît, accorde-moi la présomption d'innocence. »

Un silence estomaqué accueille ma déclaration, et même les larmes de Yuffie cessent brusquement, me regardant fixement, le corps figé.
« Yuffie, fait la voix morne de Cloud, perçant quand même le silence. Angelina fait partie des nôtres maintenant. On a besoin d'elle, tu le sais.
-S'il te plait, donne-lui une chance, plaide Tifa. »
Mais Yuffie pose son regard Vincent, et je sens que même si elle s'est sensiblement calmée, je vois toujours cette expression de trahison profonde provoquant une cicatrice brûlante sur son coeur.
« Nous t'en avons donné deux, rajoute Vincent d'un ton neutre. Cela me paraît équitable. » De la pure confusion s'installe sur les traits de Yuffie, qui alterne son regard entre nous tous, avant de finalement reculer, comme si elle se sentait acculée, avant de fondre hors de l'habitacle.
« Yuffie! interpellent Cid et Tifa à la fois. »
Vincent soupire.
« J'y vais, assure Cloud en marchant vers la sortie.
-Je viens avec toi, puis j'irais surveiller la ville, déclare Tifa. Ça doit sûrement être la panique après tout le grabuge que vous avez provoqué.
-Bon courage, lance Cid. »

Je regarde Vincent, étonnée qu'il n'y aille pas.
« Nous allons te surveiller un moment, au cas où ils reviendraient, explique Vincent.
-Oui, enfin... prévient Cid de sa voix rauque. Moi j'ai du boulot, alors je vous laisse. » Et il s'élance vers les écrans au fond de la salle, un peu hors de vue.
Je ne sais pas pourquoi, j'ai envie de lancer « Menteur ! ». Vincent m'entraîne vers un des sièges devant les écrans du cockpit, près du flanc. Je me sens oppressée par l'eau depuis mon arrivée ici, mais depuis qu'il est là, mon sentiment d'angoisse s'amenuise, même à l'approche de l'eau salée bleutée caressant doucement les vitres.
« As-tu besoin d'énergie ?
-Ah, euh. » J'avoue que c'est la dernière chose qui m'aurait effleuré l'esprit. « Je ne sais pas trop, je me sens plutôt bien depuis le Soin à vrai dire.
-Ce sont peut-être deux choses différentes. Ce serait bien de vérifier, fait-il remarquer en enlevant son gant.
-J'a- »

Il plaque sa main immense et chaud sur mon épaule. Je ne sais pas pourquoi, une peur soudaine m'a envahi en me demandant où est-ce qu'il allait bien pouvoir poser sa main...Je m'attendais à ce que sa paume soit rêche et durcie par le maniement des armes, mais j'imagine que cette conséquence est plutôt réservée aux épéistes. Vincent n'a pas vraiment besoin de force brute, bien qu'il en ait à revendre. C'était un tireur d'élite et un excellent magicien, et doté d'une force surnaturelle sûrement donnée par Chaos. Il n'avait pas besoin de s'abîmer les mains en s'entraînant.
Non, au lieu de cela...elle est ferme, douce et enveloppante.
« Mieux ? questionne-t-il. » Je regarde les filaments de Lifestream nous lier doucement. C'était comme si le lien relationnel entre nous prenait vie. Mais quel lien exactement ? Je sens encore mon coeur battre la chamade en y réfléchissant.
«...Mieux. » Répondis-je, clairement gênée. Puis je regarde ses yeux. Ses magnifiques yeux rouges prenant presque une teinte mauve bordeaux sous les reflets bleus de l'océan au-dessus de nos têtes. Avec toujours, ce cercle enflammé, rougeoyant comme une pierre chaude. Et ses longs cheveux lâches noirs comme la nuit encadrant son visage comme ciselé au millimètre près.

Et cet homme fort, intelligent, à tomber par terre, avait décidé de se consacrer entièrement à ma protection. Je mentirais si je disais que j'y suis insensible. C'est comme si soudain, en un sens, il m'appartenait tout entier.