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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Toujours merci à Moonlight, devenue la magnifique Oxymore pour la correction ^^. JE SUIS SUR TWITTER ET GOOGLE+ AUSSI S'IL Y EN A QUE ÇA INTÉRESSE POUR VOIR LES IMAGES ET MÊME LES VIDÉOS EN RAPPORT AVEC MES FICS ! Dans vos petits commentaires cette fois, je vous demanderai lorsque vous les écrirez, votre appréciation et ensuite : répondre à ce petit questionnaire concernant la fic et ses personnages…Je vous demanderai donc dans votre review de m’écrire les numéros des questions puis votre réponse avec la lettre devant, merci !!! (C'est pour s'amuser évidemment, vous n'êtes pas obligés, lol) 1] Comment trouvez-vous la nouvelle version ma fic ? a) Je préférais l'ancienne… b) Bof… c) Assez bien. d) Super !!! 2] Que pensez-vous de la qualité de la réécriture (descriptions, in character, personnages, sentiments, action, recondissements) ? 3] Mon humour, à la hauteur ? a) Arrête les frais… b) De l'humour, ou ça ? c) Je me marre !!! 4] Lisez-vous ma fic avec les musiques ? (Soyez franc pour celle-là, je ne vous en voudrez pas.) a) Non, jamais… b) Ça m'arrive, si je n'ai pas la flemme. c) Oui, toujours ! 5] La romance, trop longue ? a) Chapitre 7 et toujours rien ??? b) Ça commence à venir, juste là où il faut. c) Non, mais un peu plus d'action ne serait pas du luxe ! 6] La romance, Angie/Vincent ou Angie/Reno ? a) Angie/Vincent b) Angie/Reno c) Angie/Autre personnage (dans ce cas, précisez lequel.) 7] La personnalité des personnages à part les miens… a) OOC te pend au nez ! b) Passable, après tout, c’est pour une fic. c) Quelques accidents… (¡Comptez pas Yuffie, vous saurez pourquoi j’ai fais ça après !) d) C’est respectable ! e) Je me sens dans mon élément. 8] Plus de combat ? a) Oui, on s’ennuie un peu ! b) Non, ça va. c) Je ne suis pas de nature très violente. 9] Mal écrit à cause du présent ? a) Oui ou c’est vraiment bizarre. b) Non, ça va, continue ! C’est simple, en faisant cette fic, je me suis avant tout lancée le défi de le faire majoritairement au Présent simple de L’indicatif et particulièrement à la première personne du singulier. (Ah, le français). Il est normal que l’on trouve particulièrement mal ou bizarrement écrit car l’on réserve les récits de ce genre au Passé. Pour les combats, je voulais qu’ils soient impeccables, essayer de bien retranscrire ce que j’imagine dans ma tête, je les fais donc parfois au Passé auquel je me trouve meilleure. Au présent, pourquoi ? Parce qu’ils vivent la scène en même temps que vous, donc ils le content au Présent, évidemment, quand ils racontent ce qui s’est déjà passé avant de revenir à l’action principale, ils le disent au Passé. C’est compliqué en fait… 10] POV, bonne idée ? Est-ce que je respecte bien le caractère des personnages quand ils racontent ce qu’il se passe ? 11] (Dernière) Est-ce que les chapitres sont assez longs ? a) Nooooon, ils sont trop courts, ça passe trop vite ! b) Ca va, mais beaucoup de mots et de phrases pour pas grand-chose. c) Oui, c’est bon, laisse comme ça ou alors fais juste un peu plus. d) Un peu long, ça a tendance à s'essouffler. e) (Pour la mauvaise élève que je suis lol) Pas assez de publications, trop de retard et d'irrégularités. Je vous préviens, je n’irais jamais au-delà de 15 pages sur word, pour celui-là, j’en suis à 12. (Ca fait déjà beaucoup si je compare à d'autres fics...) Pour les flemmards comme moi, pour répondre au questionnaire, je n'ai rien contre le copié/collé XD.

Chapitre 7 :: Changement de vue

(Music : Off the Edge of Despair de Final Fantasy VII OST Remastered version)

J'ouvre les yeux brusquement après un cauchemar. Je rêvais qu'une plage avait été submergée par un raz-de-marée et que des milliers de gens étaient morts.
Je me rappelle peu à peu les derniers événements, le cœur aussitôt stressé par la décharge d'adrénaline et la sensation désagréable de se savoir détestée. La tête dans les choux, je remarque aussitôt l'absence de Vincent, bien que j'étais de retour dans ma chambre. Je me lève, toujours dans ma robe, pieds nus, et tente d'ouvrir la porte.

Je fronce les sourcils et tombe des nues lorsque je vois que celle-ci est verrouillée de l'extérieur. Quoi ?! Ils m'avaient vraiment enfermés ??? Mais enfin tous avaient une histoire plus ou moins suspicieuse quand ils se sont rencontrés, et pourtant c'était la fin du monde et ils avait fait équipe ! Et moi non ?!
Depuis quand leur standard s'était amélioré ? Où est-ce que j'étais et qu'est-ce qu'on avait fait d'AVALANCHE bon sang ?! M'exclamai-je intérieurement en secouant la poignée d'énervement.

Irritée, je me dirige dans la salle de bain en vue d'une bonne douche qui j'espère aura pour effet de me détendre...

Vincent's POV (Music : The Nightmare's Beginning de Final Fantasy VII OST Remastered version)

Lorsque je déverrouille la chambre pour y entrer, je la surprends à regarder avec envie l'étendue bleutée de l'océan en plein midi. Elle porte les vêtement que Tifa avait laissé sur le bureau, à savoir une simple robe d'été blanche aux fleurs bleus à bretelles et lui arrivant jusqu'aux genoux, plutôt fine et légère à cause de la chaleur.
Mais elle se retourne bien vite avant de s'asseoir de façon rigide sur la chaise, les jambes croisées mais les bras écartés nonchalamment, un sur le bureau et l'autre sur le dossier de la chaise métallique. Une colère froide émane de son expression fermée, sûrement par rapport au fait d'avoir été enfermée.

« Crois-le ou non, c'est plus pour ta sécurité que la nôtre, lançai-je avec un soupir en constatant son humeur massacrante.
-Bien sûr, parce qu'une folle au passé mythomane et kleptomane qui essaye de me tuer est plus crédible que moi ! Réplique-t-elle de façon cinglante. La belle affaire ! »
Je pose le plateau avec le maigre repas sur le bureau et elle écarte le bras pour en observer le contenu. Etonnamment, elle ne se plaint pas et relève à nouveau les yeux vers moi.
Sans ajouter quoi que ce soit, je repars vers la sortie de la chambre, préférant ne pas avoir affaire à une autre de nos longues disputes harassantes.
« C'est sûrement un cauchemar, maugrée-t-elle dans un murmure. » Je me retourne et la vois le coude sur la table, menton dans la main, le regard tourné vers l'océan et ses vagues douces et régulières. Je remarque soudain qu'une grande solitude l'entoure.
« Tu exagères, comme toujours, dis-je simplement.
-Exagérer ? Ma vie d'avant était déjà d'un pitoyable...et maintenant que je suis sur Gaïa, en présence des héros de mon enfance, il faut qu'ils me détestent tous. Je ne vaux pas mieux dans ce monde que dans le mien. » Elle marque une pause pendant laquelle ses épaules se relâchent, ce qu'elle fait souvent quand une pensée négative l'assaille, ou qu'elle se sent abattue.

Elle essuie prestement une larme au coin de l'oeil.
« Parfois, je me dis que je devrais juste disparaître. Je ne sers à rien. » L'espace d'un instant, sa silhouette est remplacée par la mienne, exactement dans la même position, et j'entends ma propre voix, il y a trente ans, murmurer ces mots : « Je ne sers à rien... ».
Maladroitement, je laisse tomber ma main de la porte, traverse la chambre et la pose avec incertitude sur le sommet de sa tête. Elle me regarde avec des yeux rougis mais garde “noblement” toute sa dignité.
« Tu exagères, comme je le disais. Sans toi, nous n'aurions jamais pu vaincre cet oiseau. Si Geostigma continue de faire muter les monstres à un stade pareil, nous n'aurons pas d'autre choix que de te faire confiance et compter sur toi.
-J'ai épuisé mon énergie en un rien de temps. Je ne serai pas d'une grande aide.
-Alors il faut peut-être t'entraîner. Vois-le comme un muscle. Si tu tires trop, il claque. »
Elle garde le silence un instant, puis hoche la tĂŞte, le regard perdu.
« Oui, tu as sûrement raison, comme d'habitude... » J'entends mâchouiller à voix basse.
...Elle n'a toujours pas réalisé l'étendu de mes capacités auditives semble-t-il.
« Tu as l'air mieux qu'hier, quoiqu'il en soit, lançai-je pour détourner la conversation.
-Oui...Juste une migraine. L'important est que ça ait fini par marcher. Mais le délai que cela prend reste problématique, surtout pour... » Elle me fit une oeillade évidente.
« Hum. Après ton malaise, nous t'avons ramené dans la chambre, et je suis resté en contact avec toi toute la nuit. Donc, satisfait de voir enfin une différence notable, comme tu le dis si bien toi-même. »
Elle darde sur moi de grands yeux étonnés.
« ...C'est vrai ? Questionna-t-elle, la main tenant son menton quittant son visage distraitement. » J’acquiesce, indifférent. « Comment te sens-tu ? Demande-t-elle en se redressant sur sa chaise, me prouvant qu'elle avait définitivement adopté le tutoiement.
-J'avais juste besoin d'un bon lit, répondis-je d'une voix égale.
-(Soupir tandis qu'elle gratte le bureau)...Merci. Vraiment. Me voilà condamnée à échanger mes points de snobisme contre des points de cordialité après ça, lança-t-elle sur un ton joueur d'auto-dérision.
-Il serait temps, en effet. »
Elle me frappe le bras gauche, soudainement furibonde.

Je tapote encore deux fois maladroitement ses cheveux avant de m'en aller, sourire en coin caché par mon col.

…

Je reviens la voir le lendemain midi pour son plateau repas, étant donné que Cid vient le soir et que je fais mes rondes avec les autres autour de la ville pour protéger la population.

Cette fois, je la retrouve assise sur le bureau, la tête pratiquement dehors tournée vers la gauche, observant la plage. Lorsqu'elle me voit entrer, elle descend prestement et se plante au milieu de la chambre, le dos bien droit, l'air d'avoir retrouvé un peu sa motivation.
Elle prend le plateau de ma main et le pose sur le bureau avant de reporter son attention sur moi.
« Je te laisse.
-Attends. Il faut que je te parle. » Elle m'invite d'un geste de la main à m'asseoir sur le lit où elle me rejoint en gardant ses distances pour me faire face. « Tu te souviens bien de tout ce qui arrivé depuis notre rencontre.
-Remets-tu cette fois en doute mes capacités mémorielles ? Cet échange tarde à se faire je trouve.
-Roh la la, tout de suite ! Bougonne-t-elle en levant les yeux au ciel, bras déployés. Tu n'y es pas ! J'ai seulement eu beaucoup de temps pour réfléchir, et en faisant un bilan j'ai fini par en déduire une étrange théorie. » Elle fait une pause pendant laquelle elle triture sa robe. « Je ne vois pas à qui d'autre je pourrais en parler, rajoute-t-elle, visiblement très embarrassée.
-De quoi s'agit-il ? Demandai-je en m'exhortant déjà à la patience quoi qu'elle s'apprête à dire à l'aide d'une longue inspiration.
-Ne trouves pas étrange que je me fasse attaquée sans cesse  ? D'abord dans la grotte, puis le Fort Condor, ensuite Junon, enfin sur le vaisseau. Je vais tenter d'être aimable et ne pas compter Yuffie. Ça fait beaucoup en l'espace de quelques jours. Et je me demandais si c'est devenue une occurrence banale depuis la crise Geostigma. »

Je réfléchis un instant à sa théorie avec sérieux.
« En effet, j'ai constaté chez toi un don exceptionnel pour attirer les ennuis. Bien sûr, les monstres sont devenus dangereux et agressifs, mais sous un certain angle, on pourrait te croire personnellement visée si on le voit ainsi.
-Et Yuffie qui est persuadée de m'avoir vu lors de la destruction de son village. Tout ça commence à devenir vraiment étrange. Si j'étais parano, je dirais qu'on cherche à me piéger, voire même à me tuer, lance-t-elle en haussant un sourcil ironique dédaigneux, les bras croisés. »
Je la regarde un instant, me remémorant les évènements de façon objective.
« Tu ne me crois tout de même pas capable de quelque chose comme ça, j'espère ?
-Je ne sais pas trop ce qu'il en est. Tout ça me paraît bien confus, comme tu l'as dis, alors je préfère rester dans l'expectative. »
Ses épaules se relâchent.
« Seulement, il est vrai qu'après réflexion, tout semble dirigé contre toi. » Je me lève, le doute installé dans mon esprit, alors que j'avais essayé de rester impartial tout ce temps. « Je vais mener ma propre enquête là-dessus. Mais ne t'enflamme pas et surtout, n'en parle à personne. Tu risques à nouveau de t'attirer plus d'ennuis qu'il n'est déjà sain d'en recevoir. »
Elle fit la moue, fronçant les sourcils et détournant la tête devant mon sermon.

Si Angelina avait raison, alors nous avions forcément un ennemi trop proche de nous. Le principal était de s'assurer qu'il n'avait pas infiltré l'équipe, ou nous sommes perdus.

…

Lorsque je reviens, elle dort encore, alors qu'il est déjà midi.
Je dépose le plateau en plastique sur la table et m'apprête à repartir tout aussi furtivement sans éveiller les soupçons, lorsque je la vois s'agiter, angoissée, à tourner dans les draps avec son long tee-shirt blanc.
Sa respiration est heurtée, saccadée, son visage froissé, et avant que je ne puisse observer d'autres réactions angoissantes, ma main avait déjà filé sur son épaule pour la secouer avant même que je ne m'en rende compte.

« Anderson. Anderson ! »
Elle se réveille en sursaut et s'éloigne aussitôt de moi en ramenant les draps sur elle de façon désespérée, les traits tirés par la peur, les cheveux en tous sens. Je devine très bien à sa respiration forte et rapide à quelle vitesse bat son pouls.
Je reste immobile et éventuellement, au bout de courtes minutes, elle finit par se décoller du mur, avant de se calmer et de soupirer de soulagement.
« Jénova, susurre-t-elle d'une voix enrouée, la gorge sèche. C'est Jénova. » Je fronce les sourcils. « Je l'ai vu. Et j'ai vu...tous ces gens morts. C'était... »
Avec une grande inspiration apeurée passant entre ses dents serrées qui remplace tout adjectif, les larmes lui montent aux yeux et encore une fois, avant que je ne puisse enregistrer quoi que ce soit, j'avais déjà fait un pas vers elle, la main levée. Elle la regarde avec appréhension, avant d'abaisser le drap qu'elle tient, signe qu'elle baisse la garde devant mon geste.

Tout aussi mal à l'aise que moi, elle attrape ma main, se ramène sur le bord du lit juste en face de moi, à quelques centimètres de ma forme droite et tendue. Je pose ma main sur ses cheveux, mais étrangement, c'est sur son épaule qu'elle se pose, comme si mon subconscient l'avait trouvée plus appropriée.
Maladroitement, elle attrape un pan de ma cape au niveau de mon estomac, avant de soudainement s'y reposer, l'air éreintée mais soulagée de ma présence. Comme si le morceau de tissu qu'elle tient représente une preuve tangible et rassurante de mon existence.
« Ce n'était qu'un rêve, j'entends ma voix résonner. »

…

« Non, attends. Reste ! Lance-t-elle en retenant mon bras. » Je me retourne à moitié, dubitatif, et désireux de sortir avant d'avoir une autre réaction incontrôlée. Elle baisse les yeux en lâchant ma main prestement, embarrassée. « Je... » Elle pince les lèvres. « Je mange toujours seule. Et... » Elle serre les poings. « Je suis enfermée ici toute la journée. Je dirais même que ces derniers jours, je me suis sentie...comme épiée.
-Tu es aussi en sécurité que possible. Cid est sans cesse sur le qui-vive pour s'assurer que Yuffie n'essaie pas de forcer la porte de ta chambre. » Elle prend visiblement mal le fait que je ne puisse la croire mais ignore sciemment ma remarque.
« Je voulais te remercier...pour la dernière fois. » Elle prend une inspiration avant de souffler. « Ecoute, dit-elle en passant une main dans sa frange avec frustration. Juste...Reste, conclut-elle en balançant un bras nonchalant vers moi. »

Je cligne des yeux, les yeux fixés sur elle, intrigué par son attitude. Avant de m'asseoir lentement sur le lit, étonné par ma propre clémence.

…

Tous les jours, quand je rentre, je vois qu'elle attend impatiemment mon arrivée. Tous les jours, elle lâche ce qu'elle faisait en me voyant. Tous les jours, elle m'accueille avec un mince sourire et cette gêne perpétuelle. Tous les jours, elle pose le plateau sans même le regarder en m'observant, comme si ce n'était pas son repas qu'elle attendait. Tous les jours, elle me regarde et elle essaie de communiquer avec moi.
Tous les jours, je vois ce déchirement de solitude quand je m'en vais. Tous les jours, je l'observe un peu plus. Et tous les jours, je reste un peu plus longtemps, dubitatif.

Angie's POV (Music : Mark of the Traitor de Final Fantasy VII Remastered version)

Aujourd'hui à ma grande surprise, Cloud (qui m'avait tanné d'interrogatoires à n'en plus finir, filmés par Cait Sith), Tifa et Vincent débarquent tous les trois à la fois dans ma chambre, un beau matin. Quel jour ? Ne me demandez pas, j'avais perdu toute notion du temps et mon calendrier électronique est resté sur Terre.
Je me lève de ma chaise, appréhensive. Cloud me donnait l'impression de mener un raid, toujours armé de la tête aux pieds.

« Nous te laissons sortir, à condition que tu sois toujours accompagnée par l'un d'entre nous, annonce Cloud d'un ton un peu plus aimable que tous ceux qu'il avait employé avec moi.
-Félicitations, Angelina, renchérit Tifa. Tu vas enfin pouvoir visiter la ville.
-Et en...quel honneur ? Demandai-je avec méfiance au chef d'équipe, un sourcil relevé.
-Aeris est...venue voir Cloud cette nuit, explique Vincent, toujours emmitouflé dans sa cape malgré la chaleur étouffante. »
À cette phrase, je regarde Cloud avec de grands yeux, dans l'expectative. Mais il semble s'être fermé à la simple appellation « Aeris » et la nuit avoir réveillé une grande douleur tapis sous le masque de fermeté.
« Elle a pris ta défense, rajoute Tifa.
-Oh ! » Je les regarde toujours tour à tour dans l'expectative, me demandant s'il s'agit d'un test ou autre.
« C'est moi qui t'accompagne aujourd'hui, informe Tifa. J'espère que ça te va... Dit-elle en coulant un bref regard vers Vincent, ce qui achève de soulever des interrogations de ma part.
-Oui, oui ! Ce serait avec plaisir même, répondis-je en me retenant de froncer les sourcils. » Elle semble croire que j'aurai préféré Vincent.

Ils quittent la chambre et c'est méfiante que je leur emboîte le pas dans ma simple robe d'été. Nous parcourons le vaisseau (que je ne manque pas de reluquer sous tous les angles) jusqu'à la sortie et c'est sans grande surprise de ma part que nous croisons Yuffie devant la rambarde baissée. Et laissez-moi vous dire, très chers, que son animosité n'avait pas baissé d'un iota tout ce temps. Elle semblait même avoir eu le temps de la perfectionner.
« Vous faîtes une énorme erreur, crache-t-elle entre ses dents.
-Ecarte-toi Yuffie, lance Cloud d'un ton fatigué.
-Toi qui a déjà connu l'influence de Jénova et Geostigma, tu crois franchement que ce serait un problème de s'introduire dans ta tête ?! Rajoute-t-elle, tendue à l'extrême, criant presque.
-Yuffie ! Interpelle Vincent d'un ton sans équivoque. »
Elle darde sur nous un regard venimeux un long moment, l'air de se sentir trahie, avant de s'arracher à mon meurtre imminent et bousculer Cloud au passage. « Yuffie ! Appelle Tifa d'un ton contrit. » Mais elle l'ignore et monte dans les escaliers d'un pas rageur, laissant très explicitement planer dans son sillage un air de « Ça ne se passera pas comme ça ! ».

J'entends Cloud soupirer longuement tandis qu'il reprend la marche, et que nous le suivons. C'est presque dans un état de demi-conscience que je marche, encore secouée par la véhémence de la Wutaïenne. Nous traversons à nouveau le ponton, cette fois sous une chaleur sèche et caniculaire très différente de celle que j'avais expérimenté au crépuscule, beaucoup plus clémente et moite.
Nous arrivons à nouveau devant le bar, à l'embouchure entre la plage, le port et le chemin menant sinueusement à la sortie de la ville sur la route pavée couleur sable. Un embarras et une tension certaine s'est installée au sein de notre petit auditoire.
« Bien, je monte la garde à l'entrée de la ville, dit-il à l'intention de Tifa. Tu me relèves toujours après le déjeuner, informe-t-il cette fois à l'adresse de Vincent, qui lui répond d'un humble hochement de tête. »

Cloud semble visiblement très entêté à l'idée de ne pas faire preuve de trop de tolérance à mon égard... Cependant, je n'ai pas le trop de m'y attarder, car Tifa se tourne derechef vers Vincent, un peu perturbée.
« Tu es occupé, du coup, ce matin ?
-Oui, c'est mon tour de patrouiller dans la ville. Mais je ne serai pas très loin, rajoute-t-il en glissant une oeillade répréhensible à mon égard.
-Quoi encore ? Répliquai-je d'un ton usé et agacé.
-Reste sage, compris ? Si tu veux que Cloud continue de te laisser sortir... Rappelle-t-il en ébouriffant mes cheveux lâches. »
Je retire brusquement sa main et lui jette un regard qui le priait de ne pas tester ma patience, en me croisant les bras.
« Je ne suis pas une enfant. »
Tifa émet un toussotement pour camoufler son rire tandis que Vincent tourne les talons sans plus de cérémonie.

« Excuse-le, déclare-t-elle gentiment quand il fut loin. Pour lui, tu te rapproches très près de l'idée qu'il a d'une enfant, ne serait-ce que par l'âge.
-Ce n'est pas une excuse, répliquai-je en lui emboîtant le pas. L'âge n'est pas un indicateur valorisant et représentatif de la maturité d'un individu. Qui plus est, Yuffie et moi n'avons que deux ans que différence, et vous et moi six. Vincent est un fossile comparé à cette maigre différence sur l'échelle d'une vie, alors il peut bien parler ! »
Elle éclate d'un rire franc et claire comme un tintement de piano. Ses formes généreuses contrastent grossièrement avec sa douceur féminine et la force de caractère acquise à cause du passé, masquant elle-même une certaine sensibilité.
« Tu peux me tutoyer, tu sais, puisque finalement nous ne sommes pas si éloignées que ça, me rassure-t-elle en rigolant encore. D'ailleurs, j'y pense. Comment se fait-il que tu sois au courant de tout ça ? Tu n'as jamais voulu beaucoup développer...
-Disons que vous êtes assez célèbres dans mon monde. Surtout quand on s'imagine que vous n'existez pas, la ferveur des connaisseurs n'en est que plus étonnante. Mais j'ignore les conséquences que ça pourrait avoir si je vous expliquais en détail comment tout le monde...est en quelque sorte au courant. »

J'avais quelques peines à ne pas me coller à elle à cause de la foule environnante et bruyante, grouillant et se marchant les uns sur les autres comme dans une fourmilière bouillonnante.
« Cela pourrait vraiment avoir des effets dramatiques, en particulier sur l'estime que vous pourriez avoir de moi ou la façon dont vous pourriez considérer votre propre existence. Quand on y pense, la façon dont votre histoire a été diffusée est quelque peu machiavélique... »
Elle me renvoya un regard intrigué aux yeux écarquillés, déboussolée.
Non, c'est vrai, réfléchissons-y eux minutes : imaginons un instant que Gaïa ait vraiment été créée à partir du scénario uniquement destiné au divertissement vidéo-ludique de millions de fans...Cela reviendrait à supposer que les scénaristes ont torturé les personnages et inséré une dose létale de malheur dans ce monde dans l'unique but de rajouter un effet tragique (plus qu'efficace du point de vue commercial et émotionnel) au jeu vidéo.
Dire qu'ils ont souffert, perdu leurs proches (dont la plus marquante de la franchise : Aeris), combattu des années, subit des entraînements, des tragédies ou des expériences scientifiques dans le but d'attendrir des joueurs. J'espérais que la connaissance de leur monde dans le nôtre ne signifiait qu'une fenêtre, une sorte d'écran, surtout lorsque nous tenions la manette, et qu'aucun d'entre nous n'était responsable des désastres désespérants répétés de Gaïa...

« Angelina ! Angie !
-Oui, répondis-je subitement en mettant de côté mes pensées sordides.
-Je disais que le mieux serait d'en parler directement à Aeris la prochaine fois, si tu la vois, j'espère, propose-t-elle.
-Oui, bien sûr. Ça ne fera qu'ajouter à la liste, mais je pense que ce n'est que justice pour m'avoir entraîné sans explication ni mode d'emploi sur Gaïa ! »
Je regrettais toujours qu'elle ait eu le temps de voir Cloud et pas moi, d'ailleurs.

Comme je le pensais, la ville était immensément plus grande. Et malgré les chemins larges entre les bâtiments en pierres jaunies et aux toits menus de briques de la ville, Costa del Sol croule sous ses habitants. J'imagine qu'étant donné qu'il ne reste que Costa, Gold Saucer et Canyon Cosmo pour contenir tous les survivants de la planète, ceci explique cela... (Soupir).
Les enseignes bordant la plage semblent pour la plupart concerner les métiers de l'hôtellerie, lumineux et festifs même en plein jour. Ce qui était étonnant pour une population à l'agonie.
« Pourquoi les gens ont-ils l'air si heureux, malgré la crise Geostigma ? Questionnai-je, décidément pas au bout de mes peines.
-Après la panique générale qu'ont suscité les tous premiers mois, raconte-t-elle en baissant les yeux, les gens ont finis par changer d'attitude, à force d'essuyer des catastrophes planétaires...alors ils ont finis par perdre espoir et se dire que de toute façon, le monde, ou du moins l'humanité, était vouée à disparaître. »
Je continue de l'écouter avec de grands yeux étonnés. Il est vrai qu'on ne peut jamais imaginer la direction que peut prendre l'humanité en tant de crise mondiale, à moins de le vivre. Mais accepter l'inéluctable extinction de son espèce ?
« Ils ont perdus espoir, et depuis, ils vivent dans la crainte. La crainte de mourir, mais surtout celle de mourir avant d'avoir accompli ce qui leur tenait à cœur avant de mourir. Alors les gens essaient de réaliser leur projet... » Sérieusement ? C'était comme prendre une dernière inspiration d'oxygène revigorante avant de pousser son dernier souffle de vie. « Et ils vivent chaque jour comme le dernier. »

Mon incrédulité accueille ses propos, et après avoir dardé sur elle longtemps un regard interloqué, je finis par observer les gens autour de moi. C'est vrai que tout ça avait un goût de joie de vivre aigre et amère...
« Je ne me plains pas, rassure-t-elle avec un rictus désabusé. Les gens sont toujours agités, mais ils restent de loin beaucoup plus faciles à gérer que lorsque tout le monde cédait à la panique puis à une attitude individualiste post-apocalyptique sans morale aucune. »
Je continue de réfléchir à la situation, ne profitant du coup que vaguement de la sortie en plein air salin, bordée par les vagues et l'ébullition de la ville.
« Et vous...vous sauvegardez la population, c'est ça ? » Elle me répondit d'un regard déchirant, et fermé, et j'eus comme un aperçu au fond de ses yeux de à quoi ressemblait un gouffre de désespoir.

...Le restant de la matinée, elle me fit visiter la ville et les endroits pratiques et j'eus peine à reprendre une conversation fluide et banale avec elle. Même mon cœur n'y était pas. Je ne mesure qu'à cet instant l'ampleur des dégâts et de la situation dans laquelle je débarque. Pas l'idée que je me faisais d'une vie de rêve sur Gaïa.
La ville était immense et étendue, me faisant penser à une ville côtière française du sud, avec ses rues pavées couleur sable, ses bâtiments serrées dans le même ton, les allées parfois étroites entre deux murs haut et ses toits de tuiles rouges.
« C'est bientôt midi, dit soudainement Tifa en regardant sa montre après être revenue d'un stand. Cloud devrait revenir et Vincent prendre sa relève. Peut-être devrait-on les rejoindre pour le déjeuner, qu'est-ce que tu en penses ?
-Bien sûr, dis-je en hochant la tête. »

(Music : Debut de Final Fantasy VII Original Soundtrack ou Remastered version)

Je la suis diligemment après qu'elle aie envoyé quelques messages avec son PHS noir lustré, traversant à nouveau la foule qui se presse bruyamment sur la rue piétonne bordant la longue plage au sable fin brillant presque à la lumière du soleil de midi et la mer aux reflets paradisiaques invitant à la baignade.
Nous retrouvons Vincent assis à une table ronde menue à la terrasse bondée d'une brasserie et sa vue est somme toute étrange : tout habillé en noir et de cuir, avec sa cape rougeoyante ondulante et sa grande carrure de guerrier se tassant sur sa chaise devant la table. On aurait dit un gros point rouge sur la carte, ressortant délibérément de la masse.
« Salut, lance Tifa en s'asseyant gracieusement. »
Je m'assoie en face de lui sans rien dire alors qu'il me toise avec attention, les bras croisés et ses longues jambes douloureusement pliés sous la table. Malgré la chaleur environnante, je parviens à capter l'aura chaleureuse et attirante qu'il dégage, sûrement la Mako qui coulait dans ses veines et qui m'appelait au vampirisme.

Finalement, il interroge Tifa du regard après que nous ayons passés commande (pas qu'il y ait grand chose, le manque de nourriture semble cruel depuis la crise Geostigma) et elle semble aussitôt comprendre la question.
« Nous avons juste fait un tour de la ville en discutant de tout et de rien. Angelina est une fille très franche et curieuse. Sa compagnie est plutôt rafraichissante, dit-elle avec un léger rire.
-D'après mon expérience, je ne sais si l'on doit qualifier sa compagnie de franche ou d'indécente. » Je fronce les sourcils d'indignation et envoie mon pied dans son tibia sous la table. Bien sûr, ses bottes sont résistantes et il réagit à peine.
« Tifa, ce scélérat a le don de me pousser à bout, dis-je en le fusillant du regard, croisant mes bras de façon défensive. Vois juste ce qu'il vient de faire ! Je n'ai rien dit ni fait qu'il m'attaque verbalement, et c'est moi l'indécente ? On devrait te renvoyer dans ton cercueil pour diffamation et délit d'attitude, lançai-je entre mes dents. »

Contre toute attente, Tifa essaye de contenir son rire et cache son sourire derrière sa main, faisant semblant de compatir. Elle renvoie un regard innocent à Vincent, qui plisse alors les yeux dans ma direction.
La commande arrive quelques instants après, ce qui a pour effet de réduire la tension entre nous, et l'hilarité contenue de Tifa avec. Nous mangeons silencieusement nos maigres steaks frites - enfin, nous silencieux dans le brouhaha de la ville. Vincent finit rapidement avant de vérifier son PHS et de se lever de table, manquant de renverser la nôtre et deux voisins derrière lui tant il en impose.
« Je prends la relève de Cloud, déclare-t-il en se dégageant des tables de la terrasse. » Ses yeux rouges tombent distraitement sur moi et je maintiens alors son regard. Ce qui me semble des secondes s'étirent tandis qu'une brise iodée chaude et étouffante nous balaye légèrement. C'est comme si pour la première fois, je ressens la lourdeur qui l'accable lorsqu'il me regarde en dessinant mes contours, comme un débat qui prenait forme en lui.
« J'arrive, lâchai-je finalement d'une voix sourde. »
J'avale à la va-vite quelques frites traînant encore et en lance un dernier regard contrit à Tifa, qui me sourit paisiblement, mâchant ses frites comme on déguste du popcorn devant un blockbuster en nous observant.
« À ce soir, nous lance-t-elle légèrement. »

Un frisson me parcourant la peau, je détache mon regard de sa forme impatiente pour suivre les pas rapides de Vincent devant moi, le cœur battant et intriguée au plus haut point. Je le suis, presque sur ses talons, et profite de sa carrure pour ne pas avoir à fendre la foule qui s'écarte presque automatiquement devant lui. La contre-partie, c'est que je ne vois donc pas grand chose du chemin, si ce n'est une fois que c'est derrière lui.
En quelques minutes, nous avons traversé le front de mer, une grande allé coupant la ville en son milieu, surpeuplée comme jamais, jusqu'à monter un escalier (où il retire une lourde chaîne avec un écriteau pendouillant dessus) menant à un petit pont constituant l'entrée de la ville, à noter ses grandes portes de bois juste en dessous soient renforcées et condamnées.
Entre cet escalier et tout le rempart faisant le tour de la ville, c'est totalement désert et je ne peux m'empêcher de m'en réjouir. C'est sûrement pour la protection des habitants, et ne pas gêner les surveillances, d'où la présence des chaînes...

« Où est Cloud ? Je demande.
-Il est passé de l'autre côté pour rejoindre Tifa plus facilement lorsqu'il nous a vu monter, répond-t-il d'un ton terne de sa voix grave et caverneuse.
-Je ne l'ai même pas vu... »

(Music : Sunshine de Final Fantasy VII Advent Children Complete Reunion Tracks)

En haut des escaliers, il y a une magnifique vue dégagée de toute la ville assortie au sable et aux vacances, de l'océan céruléen et du vaisseau gigantesque au milieu du paysage. Du nord au Sud, nous sommes entourés par la mer. Logique, puisque Costal del Sol se trouve sur un embranchement isolé du continent. De l'autre côté, vers l'Ouest, une grande plaine d'herbes courtes tirant vers la sécheresse, ainsi qu'une immense chaîne de montagnes grises hautes et intimidantes, comme celle que j'ai pu voir depuis Fort Condor.
Cette vue me rappelle des souvenirs nostalgiques de l'excursion d'AVALANCHE à travers les montagnes dangereuses de Corel, à la poursuite de l'homme à la cape noire et au tatouage numéro 1, vers Gold Saucer...
Comme j'aurai aimé être là.

Le bruit métallique de Vincent installant tout son matériel de sniper entre deux pierres du muret moyenâgeux du rempart me tire de mes réflexions. Finalement, il repart vers les escaliers, sans un regard pour moi si ce n'est la plaine s'étendant au-delà des remparts, ouvre la porte d'un bâtiment et ressort quelques secondes à peine plus tard avec deux chaises en bois, toujours en regardant la plaine.
En ayant un aperçu de l'intérieur, un souvenir lointain et peu important refait soudainement surface d'un coin de mon esprit, et lorsqu'il repose les deux chaises autour du sniper et qu'il s'installe près de son arme sur pieds, je n'hésite pas à lui en faire part tandis que je m'assoie moi-même :
« Vous l'avez acheté, finalement ? Demandai-je avec un rire dans la voix. » Il m'envoie très brièvement un regard interrogatif. « La villa. Celle qui a coûté 300 000 gils, idéalement placée près de l'entrée, dis-je impatiemment.
-Oui, réplique-t-il simplement en se concentrant sur sa tâche de vérifier les alentours.
-Et alors ? Ça valait le coup ? Elle est comment ? »
D'abord, il m'ignore un moment, puis finit par soupirer longuement et répondre machinalement :
« Tout le monde n'était pas d'accord au début. Ce n'était pas que l'argent de Cloud. Yuffie a beaucoup insisté alors... » Il laisse à nouveau planer un silence pendant lequel il essuie un peu la longue vue posée sur le haut du spiner. « Mais maintenant, on voit le côté pratique de la chose.
-Je vois. C'est génial je trouve. Surtout que vous avez beaucoup travaillé pour avoir cet argent. Ça a plus de valeur que lorsque mon père achète des villas de vacances sur toutes les villes côtières prisées de la Terre...
-La Terre... » Répète-t-il pensivement.

Plusieurs minutes passent, s'étirent encore et encore, je ne sais combien de temps exactement, pendant lesquel j'observe, retiens par cœur le paysage, le fourmillement incessant bruyant et agité de la ville. Je sais que le soleil a pour réputation d'être cuisant, mais au fur et à mesure que le temps passe, cette présomption ne fait que se confirmer...
« Comment es-tu au courant de toutes ces choses ? Questionne-t-il calmement.
-Oh...je n'étais pas sûre pour la villa. Mais si je te le disais, tu ne t'en relèverais probablement pas, crois-moi. »
Il décolle un instant ses yeux de l'étendue verte et terreuse pour me toiser de ses yeux d'un rouge vif à la lumière aveuglante de l'astre dominant, avant de retourner avec zèle à sa mission.
« Disons simplement qu'il existe une fenêtre sur votre monde, comme vous en avez une sur le nôtre, informai-je avec lassitude.
-Je ne crois avoir pas avoir jamais entendu parler de la Terre...
-Mais tu as entendu parler de Cetras et autres formes de vie, même du Lifestream, traversant l'espace et colonisant d'autres mondes, d'autres planètes.
-Cela me paraît être une vaste théorie...
-Dont tu devras te contenter. Je n'ai rien de mieux pour l'instant. J'y réfléchis encore figure-toi.
-Il n'y a pas beaucoup à réfléchir, répondit-il du tac au tac. Si vous possédez le même système solaire, tout porte à croire qu'il s'agit d'un monde parallèle ou...
-Ou... ? Insistai-je lorsqu'il laisse traîner sa voix.
-Du mensonge du siècle. » Je lève les yeux au ciel, manquant de me rendre aveugle au passage.
« Bien sûr, lançai-je avec ironisme, et l'intervention d'Aeris, mes pouvoirs ou mes connaissances, c'est du vent tout ça ?
-Hum... sort-il, l'air d'y réfléchir encore. »

Le temps passe encore. Du peu que je sais de la physique et de la course du soleil, peut-ĂŞtre bien une heure ou deux. Nul doute que j'allais ĂŞtre Ă©crevisse d'ici quelques heures Ă  peine, et que rien ne ferait plus plaisir Ă  l'Ă©quipe de la haine absolue.
« D'ailleurs, où sont passés les autres ?
-RedXIII, Shera, Barret et Marlène sont à Canyon Cosmo, Reeve à Gold Saucer, Cloud et Tifa sont ici. Cid voyage entre les villes, et Yuffie et moi devions retourner à Gold Saucer...mais elle refuse de te garder hors de sa portée.
-Et toi ? Questionnai-je en regardant mes ongles, peu ravie de voir que l'équipe Yuffentine est au complet contre moi au même endroit.
-Tu ne peux pas te débrouiller sans moi, explique-t-il de façon morne comme si c'était évident. »
Je manque de m'Ă©touffer.
« Vraiment ? Et depuis quand le grand et célèbre Vincent Valentine s'en inquiète ? S'agit-il de garder ses amis proches et ses ennemis encore plus ou de sa réputation ? Lançai-je sarcastiquement entre mes dents.
-Depuis que, amie ou ennemie, tu représentes un atout indéniable contre Geostigma et moi ta seule source d'énergie, ou chance de survie à ce sujet...
-Ha ! » Je ne peux m'empêcher d'exclamer en me levant de ma chaise, les yeux et les bras légèrement au ciel.

Je commence alors à faire les cent pas, irritée par ses remarques atones et sans compassion. Moi qui pensais que nous faisions du progrès, ne serait-ce qu'à rester à quelques centimètres l'un de l'autre sans forcément se disputer ou nous sauter à la gorge. Mais j'aurai dû me douter que ce serait de courte durée.
« Ne faisons pas confiance à cette fille, MAIS utilisons-la bien à des fins plus nobles et pratiques sans lui demander son avis ! M'écriai-je en imitant la voix sourde, désagréable et traînante de Cloud. Brillante idée, vraiment !
-Ne commence pas, soupire Vincent.
-Commencer ? Dois-te te rappeler que j'ai tout fait pour essayer de recoller les morceaux avec tes fesses arrogantes et qu'en guise de retour je n'ai droit qu'à du mépris ? » Dis-je en me postant devant lui, de l'autre côté du sniper.
« Ça ne t'a sûrement même pas traversé l'esprit que tout ce que je t'ai raconté à Fort Condor pourrait être autre chose qu'un gros tissu de mensonge, comme euh...je sais pas ? Toute la vérité ! » Je m'exclame en frappant ma poitrine. « Alors explique-moi en quoi la cage dorée dans laquelle je suis maintenue vivante ici et dans mon monde sont si différents ?! Criai-je avec de grands gestes, l'air de former deux rangées imaginaires l'une à côté de l'autre avec mes mains. »

Il lève les yeux de la plaine pour me regarder croiser les bras rageusement, l'air pris de court. « Vous me donnez définitivement l'impression que le but incontournable de ma vie consiste à être un morceau de viande qu'il faut garder sous contrôle à des fins utilitaires plus ou moins nobles ! Et vous vous prétendez meilleurs que Shinra ?
-Ne dépasse pas tes limites. Si tu sais bien tout ce qu'il y a à savoir, alors tu saurais qu'il n'y a même pas à comparer. Nous ne sommes pas parfaits, mais nous commettons certainement moins d'erreurs qu'eux.
-Moins d'erreurs ? Alors que vous êtes en train de faire la même chose avec moi, comme c'est joli ! Fuse sardoniquement ma remarque. Qu'est-ce qui vous dit qu'à force de me traiter de la sorte je ne file pas entre les mains de Rufus Shinra et sa décoration de jolis Turks ou même l'ennemi ? »
À cette phrase, son regard se durcit et je vois tous ses muscles se tendre sous la colère et l'exaspération.
« Non, vraiment ! Parce que peut-être qu'à défaut de me faire confiance ou d'être meilleurs, ils me laisseront au moins vaquer à mes occupations sans baby-sitting comme un être humain indépendant et à part entière, sans se soucier du fait que j'essaierai d'exploser leur têtes toutes les deux secondes et détruire l'espèce humaine – pas que ça les dérangerait je pense - et non comme une espèce de chien galeux ! »
Il m'observe sans répondre, l'air complètement refroidi.
« M'enfermer pour ma sécurité, ça va un instant, mais si vous continuez de la sorte, dîtes-vous bien que personne n'est acquis, même s'il me reste encore une pointe d'admiration illogique et enfantine – que tu ne cesses de critiquer d'ailleurs, quand c'est bien la seule chose qui me donne encore l'envie de me contraindre. »

Il lève exagérément les yeux au ciel, l'air de demander ce qu'il avait fait pour mériter ça avant de souffler avec agacement : « Tu as le don de me fatiguer... »
Je m'éloigne un peu pour regarder la ville, essayant par la même occasion de me calmer, sachant très bien que rien n'y ferait à ma situation, et qu'AVALANCHE avait bien la ferme intention de me garder sous la main jusqu'à la preuve miraculeuse et irréfutable de ma bonne volonté. Par quel miracle, je me le demande !
« Crois-moi, continuez à ne pas me faire confiance, et peut-être bien que vous ferez là une erreur que vous ne pourrez pas rattraper, ni personne après vous, puisqu'il ne restera plus rien ni moi. »
Je l'entends longuement soupirer après quelques instants de silence.
« Et puis comment fais-tu pour supporter cette chaleur ? Dis-je furibonde en pinçant ma peau chaude et rougissante, déjà douloureuse. N'y avait-il pas de parasol dans cette villa ?
-Cela réduit la visibilité. Va donc le chercher si tu insistes, balance-t-il avec ce qui me semble la forte envie de se débarrasser de moi. »

En soupirant, d'une marche cadencée, je pars m’exécuter, néanmoins satisfaite de pouvoir enfin bouger par moi-même. À peine rentrée, je repère un grand parasol aux rayures bleues et blanches parmi plusieurs autres et le ramène aussitôt à l'endroit d’observation. Ne pouvant le planter dans le sol, je réfléchis un moment à une solution, puis finit par reculer ma chaise près de l'autre rempart.
J'ouvre le grand parasol, et cale sa tige entre ma chaise et le rempart de derrière. J'avais enfin un peu d'ombre... Aussitôt, je soupire de soulagement.
Plusieurs minutes passent, et je constate que ma peau transpirante me permet enfin de rafraichir un tant soit peu tandis que Vincent continue de cuire au soleil, un peu à ma grande satisfaction... Étonnamment, jamais sa peau ne m'avait parut si pâle, si ce n'est pour ces rougeurs sur ses joues causées par la chaleur, et la transpiration, évidemment.
« N'as-tu donc pas chaud sous tous ces vêtements SM ? M'exclamai-je d'un ton interloqué.
-Ces vêtements quoi ? Dit-il d'une voix rocailleuse.
-Tu pourrais au moins enlever ta cape, conseillai-je sincèrement.
-...Il est vrai qu'aujourd'hui est un jour particulièrement chaud, bougonne-t-il, bien que ça ne devrait pas être le cas...
-Je ne saurais le dire, je ne fais plus la différence entre chaud, très chaud et carbonisant, soufflai-je en m'éventant de la main, les jambes croisées. »
N'y tenant plus, et profitant des quelques mètres que je récupère sur ma laisse en ayant l'autorisation d'aller à la villa. Je reviens rapidement avec un broc d'eau et deux verres, et à ma grande surprise, je le découvre sans sa cape et son gant. Son haut était entrouvert, sa manche droite remontée et il s'était servis de son bandeau de sorte à ramasser sa chevelure vers l'arrière de sa tête, cachés hasardeusement dans les pans du tissu, pour dégager sa nuque, bien que les mèches de devant restent soit lâches, ou mal attachées.

En arrivant, je lui tends le verre d'eau en m'empêchant de le dévisager, ou couler mon regard sur ses clavicules à découvert et son torse d'albâtre. C'était le paradoxe du fan service : comment peut-on si peu se déshabiller et attirer autant l'attention ? Je réalise que c'est sûrement dû au fait qu'on ne voit jamais rien d'autre qu'un morceau de son visage (quand un côté n'était pas caché par sa frange...).
« Merci. » dit-il soudainement d'une voix moins rocailleuse en me tendant le verre, me sortant de mes réflexions, alors que je regardais malgré moi la chute de son cou et la façon dont les goulées d'eau qu'il avalait ressortaient sous la peau lisse et parfaite. Il essuie d'un revers de la main les gouttes d'eau qui perlent à ses lèvres pulpeuses.
Me servant brusquement mon propre verre, je m'empresse de boire et d'en profiter pour me tourner de l'autre côté de sa vue avachie sur le sniper, prêt à tirer à tout instant. Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Je ressens tout à coup une chaleur tout à fait différente de l'air ambiant ou même celle que la magie contenue en lui dégage.

(Music : Red Sky de Final Fantasy VII Advent Children Complete Reunion Tracks)

Tout à coup, mon cœur s'arrête un instant, chambranle deux battements douloureux, bruyants et incertains dans ma poitrine contractée, avant de s'arrêter à nouveau...