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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit Ă  Square Enix Corporation.

Twitter, et AO3 pour les images les gens ! Aussi j’ai enfin commencé mes livres avec le confinement et tout, en attendant de trouver un boulot. Souhaitez-moi bonne chance dans mes projets ! Et j’espère que vous ça va. Comme toujours, merci à Eclipse et Full1 pour son formidable travail de correction sur ces chapitres. AAAAAméricain qu’on a dit !

Chapitre 6 :: Face à l'adversité

Angelina (Music : High Spirited de FFVII Dirge of Cerberus)

Mes yeux se focalisent devant moi. Indubitablement, mon corps commence à chuter. Je retiens mon souffle après une brusque inspiration. Ma vue s’éclaircit, s’illumine, blanchit, jusqu’à ce que l’image de Vincent, les yeux sombres et les mâchoires serrées avec sa cape s’étendant comme des ailes à ses côtés, du vaisseau et du ciel gris disparaisse complètement. Pour faire place à un ciel blanc.

Je transperce de dos le parterre d’un champ immense. Le choc de la chute provoque un éclatement de fleurs blanches et jaunes à travers tout le paysage. Des milliers de pétales flottent maintenant dans le blanc le plus total. Je suis impuissante, sûrement mourante, mes bras et mes jambes vers le haut me rappelant sans mal ma venue sur Gaïa. Je reconnais les sensations propres à cette autre dimension depuis mon rêve : le léger manque de gravité qui nous retient au sol, la fraîcheur agréable, l’odeur envahissante des fleurs, la pureté de l’espace.
Une main attrape soudainement la mienne avec une force surprenante, arrêtant ma chute. Je respire bruyamment, encore secouée par ma chute et le corps boosté par ma panique et l’adrénaline. J’observe, scotchée, la personne devant moi parmi le torrent de pétales. Aerith. Je suis littéralement suspendue au-dessus de l’inconnu et d’un vide sans fin, mais je parviens quand même à être figée par sa beauté éthérée époustouflante et ses yeux turquoises intenses, forts de son caractère.
Une lueur turquoise prend, comme une flamme prend des étincelles là où nos mains sont liées. J’observe, submergée, alors qu’une fraîcheur agréable s’y rassemble. Et que sa lumière prend toujours plus d’ampleur. Je repose mes yeux sur elle, fébrile. Elle sourit au fur et à mesure, de façon toujours plus confiante maintenant la panique passée.
Le paysage se met à vaciller, le courant des pétales qui volent change de sens. Tout l’environnement s’ébranle alors qu’elle me tient toujours plus fort d’une seule main dans le vide le plus total, et qu’une force incroyable semble s’acharner à s’agripper à moi et me tirer vers le bas. Elle me retient de toutes ses forces, les lèvres pincées, les sourcils froncés par l’effort. Mon masque se froisse devant elle, envahie par la peur de retomber et mourir. Mes doigts s’agrippent à elle.
Le blanc s’effrite en dessous de nous, laissant un trou noir béant. La lumière lui fait un contrepoint, devenant aveuglante. Tout bascule, tout disparaît dans un flot de lumière qui part d’entre nous alors que la gravité s’empare de moi.
-Aerith !
-Aie confiance ! lance-t-elle en guise de dernière mise en garde.

(Music : Marching Tune #0 de FFVII Dirge of Cerberus)

Brusquement, la main gantée de Vincent s’empare de moi, me coupant le souffle. Nous heurtons tous les deux la paroi du vaisseau, des étincelles jaillissant de sa greffe alors qu’il essaie de nous retenir. Fort heureusement, notre chute s’arrête rapidement, ses doigts profondément enfoncés dans le métal. Nos corps sont tirés vers le bras et le côté par la force du vaisseau perçant les airs, mais il me maintient fermement du bras droit, et de toute sa longueur, écrasée contre la surface métallique du vaisseau.
-Vincent, je lance après avoir repris mes esprits, essoufflée mais infiniment reconnaissante. Oh mon Dieu Vincent ! je m’exclame, trop abasourdie pour y croire.
Il relâche son souffle. Dans mon dos, je peux sentir son cœur tambouriner et sa forte respiration.
-…Je croyais que je n’aurais pas à m’en faire pour toi, lance-t-il, pas si rancunier que cela.
Je soupire, incrédule qu’il fasse de l’humour à un moment pareil. Cela dit, sa voix est étonnamment proche. À mon oreille je remarque, les yeux légèrement écarquillés. À vrai dire, pour me sauver, tout son corps avait dû et continue à être proche, me pressant littéralement entre lui et la paroi. Ma joue appuie la surface. Sa joue, ma tête et mes cheveux. Je voudrais lui annoncer que sa prise est trop forte autour de mon buste, mais elle a pour mérite de garantir ma sécurité à défaut de laisser mes poumons se déployer. Je suis toujours bien consciente de l’oiseau et du vide autour de nous.
Quoi qu’il en soit, je suis d’accord avec lui pour une fois. J’ai bien manqué à ma parole.
-Je suis vraiment désolée mais je ne l’ai pas fait exprès, je me défends, la voix fébrile et toujours paniquée.
-Penses-tu pouvoir t’accrocher à moi ?
-Valentine je suis à nouveau dans une situation où je m’accrocherai à vous que vous le vouliez ou non, je décide de lui renvoyer son humour noir.
-Bien.

Je le vois et sens tendu dans sa prise qui me laisse tout juste me retourner tant bien que mal. J’ai mes bras autour de lui, se joignant dans son dos, mes jambes enserrant la sienne dans ma peur de tomber. Il m’enserre fort en retour. Je reprends mon souffle en m’accrochant de toutes mes forces. Je ne suis pas prête de m’en remettre.
-Okay ! je l’informe.
Pas du tout. Mes bras tremblent. Mais je dois vraiment prendre sur moi maintenant. Notre survie en dépend. Il appuie sur une oreillette du côté droit avec sa main à présent libre.
-Penche le vaisseau à bâbord, ordonne-t-il à Cid je pense.
Le pilote s’exécute aussitôt. Mes yeux s’agrandissent. …C’est donc cela la confiance qui règne entre amis.
À l’aide de la gravité, presque sur ses jambes, Vincent m’enlace à nouveau et arrange sa prise plus haut. Je l’accommode donc et passe tant bien que mal dans un enchevêtrement à une position de koala, mes jambes se croisant dans son dos. Ma prise sûre, mes bras enserrés sur sa nuque, le tireur commence son ascension dans l’empressement avec sa greffe, sa main humaine comme appui intérimaire et ses jambes pliées.
Je me retiens de regarder le vide en dessous de nous. Je me dois de faire entièrement confiance à Valentine pour ne pas nous lâcher. L’envie de fermer les yeux sous l’emprise de la peur et le sentiment de vide en dessous de moi est impérieux.
Sur notre droite, nous pouvons maintenant voir une longue trace sur la paroi où ses cinq doigts avaient accroché et percé le métal avec détermination. À en croire ces griffes, on penserait plutôt à un monstre à taille humaine. Pourtant…pourtant il n’a pas hésité à sauter dans le vide d’une douzaine de mètres pour me sauver, moi.
-Attention !
Le vaisseau parvient à dévier quelques secondes avant que le monstre ne se rappelle à notre bon souvenir, et fonde sur le flanc du vaisseau où nous nous trouvons. Sans attendre, Vincent me plaque de sa longueur contre la paroi, mon visage pris dans sa cape, ses cheveux et le creux de son épaule. Je ferme les yeux en entendant et voyant l’ombre du monstre nous couvrir. Je laisse échapper un long sanglot de panique tout à fait pitoyable lorsque la bourrasque provoquée par l’oiseau nous ébroue.

-Je te tiens, assure-t-il. Nous y sommes presque, informe-t-il ensuite à l’oreille.
J’entends des missiles partir du poste à tribord, en dessous de nous. L’oiseau lance un cri strident avant d’essayer de les semer. La dernière moitié de la salve parvient à l’atteindre et le déstabiliser. Le vaisseau aussi, profitant encore une fois de la force de projection pour partir. Vincent me protège de toute sa volonté sur le flanc. Essuyant la bourrasque de vent et la chaleur des flammes avec son propre corps arrivant à nous maintenir je ne sais comment. Sans compter Cid qui effectue ses manœuvres le vaisseau ainsi penché.
Aussitôt stable, Vincent reprend l’ascension, bravant le vent et le froid, mais surtout l’agitation et l’attrait des forces. Enfin, sa greffe saisit la rambarde, sa main quittant mon dos pour toucher son oreillette.
-Tu peux –
Je lâche une exclamation quand les ailes de l’oiseau remplissent soudain tout l’espace, ses serres prêtes à nous cueillir. Le vaisseau commence à peine à se redresser et se détourner. Mon corps agit sans réfléchir et saisit mon revolver pour tirer sans discontinuer sur l’oiseau en me forçant à ignorer sa proximité grandissante synonyme de mort.
Seulement, au lieu des tirs habituels, ils ressemblent davantage à des tirs perçants de lumière turquoise. Vincent se fige de stupéfaction avec moi, fixant l’oiseau qui s’ébroue, comme secoué d’une sensation désagréable. Il s’écrie même de colère. Une salve de tirs du vaisseau suit mon attaque étrange.
-Bon sang…, je relâche, la respiration courte après cet élan de panique.
J’observe ma main droite, entourée de filaments vert clair. D’ailleurs, je sens tout mon corps en ébullition, parcouru de fumerolles semblables. Les yeux rouges de Vincent me prennent dans mon entièreté, estomaqué à en juger son air fixe et ses yeux agrandis. Il finit par se reprendre avec ce qui s’apparente à un regain d’énergie.
Il lance un nouveau sort d’eau pour blesser l’oiseau. D’un bond, il nous fait passer du bon côté de la rambarde, auquel il s’empresse de me plaquer. Mes jambes rendues nues par la prise sont à nouveau recouvertes par ma robe, mais constitue une maigre barrière contre tous ces éléments glacés.

-Pourquoi ne pas l’avoir fait contre les loups ?
-J’ignorais être capable de cela ! je me défends, complètement dépassée.
Il secoue la tête, peu intéressé par les tenants et les aboutissants semble-t-il.
-Pourrais-tu recommencer ?
-Je vais essayer, je promets avec motivation.
Pour gagner une fenêtre, le sort de Vincent s’enclenche quand l’oiseau s’approche à nouveau, l’envoyant valser au loin avec une bourrasque de vent impressionnante pour la taille du monstre, comme fendu et projeté par une force invisible et des tourbillons de vent. Je pointe mon arme et accompagne les tirs du Cerbère pendant qu’il me maintient de son corps contre la barre, sa greffe devant moi, ne me laissant aucun espace.
Beaucoup manquent leur cible avec ma fébrilité et l’agitation. Je souffle d’agacement. …Si c’est ma main et mon corps qui réagissent, alors cela devrait fonctionner indépendamment de l’arme. Je saisis sa main sur son manche.
-Je gaspille trop de balles.
Et cela me fait mal de le reconnaître, mais vaincre ce monstre ici présent est mille fois plus important.
-Vous devez viser pour moi ! je demande par-dessus le vacarme, nos cheveux claquant nos visages, les yeux plissés.
-Suis mon mouvement, avise-t-il.
Il se redresse en position, les canons suivant l’oiseau dans tous ses gestes, l’air concentré.

N’y tenant plus, je force ma main entre la sienne et le manche, mon doigt peinant à atteindre la gâchette. C’est avec une assurance que je ne me connais pas que je le tends. Je n’ai pas le temps de m’extasier sur son existence ou la sensation étrange et vibrante que je sens dans ma main se répandre dans mon corps à son contact. L’arme est si lourde que le simple fait de la soulever prend toute la force de mon bras.
Mais le monstre est énorme, proche qui plus est. Le simple fait de viser devient ridicule pour quelqu’un comme Valentine. Toutes les chances sont de mon côté. Je plisse les yeux, agacée par mes cheveux et ceux de Vincent claquant contre mon visage et attends sa direction, telle une extension de mon bras.
-Tu ne peux pas tirer avec cette arme, prévient-il urgemment, tendu comme un arc à l’approche de l’oiseau qui s’apprête à nous percuter malgré la tentative d’esquive de Cid.
-Avez-vous une autre idée ? Votre arme est plus puissante alors si elle peut nous sauver je l’utiliserai avec ou sans votre gré, dussé-je m’en emparer ! Maintenant rendez-vous utile Valentine et mettez vos points de beauté dans vos si fameuses compétences et tirez pour moi ! je m’écrie, la colère masquant ma peur.
Il grimace, entamant clairement un geste de recul. Mais dieu merci il m’écoute et au dernier moment tire en pleine tête. Le bruit me perce les tympans, et le recul de la puissance de feu du Cerbère est si violent que je sens mon poignet prendre un sacré choc. Je crie de douleur malgré sa main sur la mienne dirigeant tout.
J’attrape mon poignet, la respiration courte. Mais cela a fonctionné, le coup avait tout l’air d’un critique, ne serait-ce que par le son qu’il a produit, l’endroit vital qu’il a touché et la réaction du monstre : la tête dodelinante et le corps arqué. Même Vincent a l’air intéressé.

(Music : Marching Tune de FFVII DoC)

-Voyez ! Cela a fonctionné ! Continuons !
Le tireur d’élite ne me lance qu’un dernier regard nerveux avant d’enchaîner les tirs, écrasant mon pauvre doigt au passage. J’ai la sensation que mon poignet est sur le point de se briser à chaque coup. Je suis obligée de le tenir de l’autre main pour le soulager un tant soit peu du recul. Les coups s’enchaînent à cadence régulière, je suis tiraillée ici et là par le bras du tireur, et je dois me tenir sur la pointe des pieds avec ma taille pour ne pas l’indisposer plus que je ne l’ai déjà fait. Mais je tiens bon. Je dois tenir bon !
Nous semblons avoir trouvé un point faible, ce qui pour moi est une victoire. Nous arrivons, nos dégâts rassemblés, ou peut-être bien mon élément ajouté à ses dégâts, à dévier le monstre de sa trajectoire, et même le repousser si Valentine touche un endroit propice. Le tireur garde totalement son sang-froid, même quand le géant ouvre largement son bec pour nous engloutir. Vincent serre mon corps contre le sien, durement comprimée entre lui et la rambarde me coupant en deux et son bras gauche me tenant contre lui d’une force titanesque. Je me sens quelque peu spectatrice des évènements, n’étant qu’une simple source, mais son sang-froid légendaire et sa prise protectrice me rassurent intérieurement.
Enfin, le chargeur se vide, et je soupire, me maudissant de me soulager de ce répit. Vincent recharge vivement, comme un geste répété des centaines de fois. Je ne sais de quoi m’offusquer le plus : son bras m’aplatissant le visage par indifférence ou mégarde, peu m’importe, sa cape et ses cheveux me gênant volant en tous sens, ou sa cambrure dans mon dos.
…Okay, Angelina. Ce n’est vraiment pas le moment de penser aux détails.
Lorsque je recouvre la vue, je lâche une exclamation de surprise à la proximité de l’oiseau atteint de Geostigma. Je ferme les yeux, me repliant contre Vincent. Mon corps semble littéralement brûler par la glace de la tête aux pieds malgré la chaleur étouffante dégagée par Vincent.
Il tire. Le coup est retentissant, aveuglant presque, comme un météore. L’oiseau chute quelques secondes après avoir été percuté en pleine poitrine, de nombreuses plumes partant en volutes de fumée à sa suite.

Mes yeux s’écarquillent d’étonnement. Et ce n’est pas tout… L’arme qui me paraissait si lourde une seconde auparavant semble s’être sensiblement allégée. Des filaments verts lumineux s’échappent de mon bras, entourant aussi celui de Valentine, puis s’infiltrant dans le mécanisme du Cerbère. Alors qu’il m’avait laissé une impression carbonisante à l’esprit, à présent il semble se refroidir lui aussi entre mes mains.
-Plus tard, je l’entends transmettre à l’oreillette.
Nous décollant d’un souffle de la barre, Vincent m’entoure toujours de sa greffe et nous emmène à la proue du vaisseau. Il observe partout autour, méfiant et concentré, guettant l’arrivée du monstre qui représente pour moi une autre phase du combat.
-…C’était très bien. Il ne lui en reste plus pour longtemps je pense, complimente distraitement le tireur de sa voix laconique, comme pour m’encourager.
Oui enfin, si on veut. Je suis consciente que je suis loin d’avoir ces dégâts à moi seule alors…
-C’est surtout grâce à vous.
L’oiseau réapparaît sur la droite, bousculant le vaisseau. Je m’exclame de surprise, mais malgré la puissance du choc, Vincent est campé sur ses pieds espacés et nous retient à la barre sans trop de secousse. Des missiles sont à nouveau lancés. L’oiseau en esquive la plupart, puis en une vrille, déploie ses ailes et ses serres sur nous à l’avant du vaisseau.
Vincent tire et relâche un sort de vent à la fois. Le coup est surprenant, surpuissant, l’atteignant en pleine tête. Nous essuyons une bourrasque puissante et glacée. Ce n’est qu’une seule attaque, mais elle est assez efficace pour faire hurler la bête de douleur et la déstabiliser assez pour que Cid l’esquive complètement.

Mon cœur s’ébroue, comme pompant soudainement du vide. Puis repart soudainement, et c’est à bout de souffle que je m’échoue contre son bras gauche, penchée en avant, maintenue par sa prise sur ma main droite sur le manche et son corps. Son corps étonnamment chaud. Sans un mot, Vincent me maintient debout avec assurance, sa main par-dessus la mienne. Il tire encore deux fois, deux coups critiques qui font s’éloigner le monstre à grande distance. Il est indéniablement plus lent qu’à son apparition.
Je tourne brièvement la tête vers lui, le remerciant du regard. Il baisse ses yeux rougeoyant vers moi, avant de hocher la tête vers le monstre pour rappeler notre objectif. Il a raison. Allez Angie, ce n’est pas fini ! Le souffle court, je me redresse par la force de ma volonté, essayant de garder en tête et amplifier l’étrange adrénaline glacée qui me parcourt lorsque je crains l’approche du monstre. À peine l’ai-je tendu que mon bras proteste, même si j’ai à nouveau réussi à faire apparaître les filaments de Lifestream, qui remplissent l’arme, lui conférant des balles enchantées.
Une salve de tirs sacrés tous plus époustouflants les uns que les autres atteignent le flanc du monstre. À chaque coup, d’immenses plumes noires se détachent de son corps se délitant, comme si nous chassions la matérialisation d’un cauchemar effrayant. Vincent est déterminé, et il semble s’être mis lui-même en mode full-auto, appuyant sans discontinuer sur la gâchette.
Un cercle vert partant de nous, il finit le combo par une explosion magistrale qui a tout d’un Feu de haut niveau.

Le monstre chute au moment où des points noirs envahissent ma vision. Mon corps entier s’est refroidi comme si j’avais plongé dans un lac gelé. Je me serais effondrée si ce n’était pour Vincent contre moi. Il me rattrape contre son torse, pliant le bras droit sur moi, ramenant Cerbère à nous. Je suis incapable de la tendre ou même refermer mes doigts sur son manche plus longtemps.
-Qu’y a-t-il ?
Il se penche par-dessus mon Ă©paule et me toise avec des yeux fixes et attentifs.
-Je…je l’ignore. Mes forces me quittent.
De son air étonnamment anxieux, il me toise avant d’observer le Cerbère. Les filaments de mon bras, entourant également le sien, pénétrant son arme, avaient diminué.
-…Je pensais qu’il s’agissait de Mako, mais…c’est beaucoup plus pur. C’est du Lifestream.
Je grimace, rendue nerveuse.
-C’est la Rivière de la Vie qui coule en toi, explique-t-il. Comment arrives-tu à la matérialiser ? Tout humain en est incapable, questionne-t-il en dardant ses yeux rouges sur mon bras droit, intrigué au plus haut point.
-Je l’ignore, mais de toute évidence, c’est mon énergie qu’on épuise, répondis-je à bout de souffle. Je vous raconterai ce que je sais plus tard. Alors pour le moment, finissons ce monstre !
Il va sans conteste revenir.

J’avais commencé à trembler, et il a dû rapprocher son visage pour pouvoir entendre ma voix faiblarde. J’essaie de mieux me tenir sur mes jambes – son bras doit rudement m’encercler lorsque mes jambes faibles peinent à se dresser. Je suis trop sonnée pour rougir et protester comme il se doit.
-Faites attention. Si vous m’empêchez de respirer, mon état ne risque pas de s’améliorer ! je maugrée.
Il relâche un léger souffle d’agacement.
-Au cas où tu ne l’aurais toujours pas remarqué, j’essaie de te protéger, contre-t-il. Laisse-moi te retourner la faveur en te conseillant d’appliquer ce fameux comportement social dont tu m’as fait la mention.
-Comme si vous pouviez parler ! C’est votre ego qui ne semble pas prêt de dégrossir !
Un énorme choc nous ramène en arrière lorsque le vaisseau accélère et me plaque contre Vincent qui me tient fermement et garde la situation sous contrôle. Il est fin, mais je ne peux nier sa force invraisemblable. L’oiseau vole en contrebas, essayant de nous rattraper. Vincent retire ma main et accompagne les tirs du vaisseau. Je suis étonnée qu’il puisse viser aussi précisément de si loin, sans lunette ni rien. Après un moment, il me toise brièvement.
-…La température de ton corps continue de chuter.
Oui, je l’avais remarqué à la disparition de ma buée, prouvant que la température entre mon corps et l’extérieur se rapprochait. Il plisse les yeux en guise de grimace.
-…Je pensais que seuls les cadavres pouvaient prendre cette teinte, fait-il les yeux fixes, consterné à sa manière.
-Vous savez déjà ce que je pense de vous qui rajoutez toujours une couche alors que je suis déjà en danger, non ? …Alors je me passerais de vos compliments sur ma personne, je réplique sèchement d’une voix blanche. Concentrez-vous sur le combat !

Un cercle de magie jaune verdoyant se forme, flottant un court instant après être parti de lui. Un Soin me baigne. J’attends un changement puis secoue la tête dans sa direction. Soufflant de frustration, il range son arme à mon grand étonnement, pour pouvoir fouiller sur lui. Bon sang… Jamais je n’ai tant ressenti le besoin d’être baignée par une quelconque chaleur de toute ma vie, et je viens d’un pays de glace.
C’est même pire. C’est à croire que toute la chaleur s’est évaporée de moi, mon énergie vitale avec elle. Et que Vincent, toujours collé à moi, retardait l’échéance de ma mort imminente par hypothermie. « Bon sang. » je me plains, les dents qui claquent, la respiration sifflante. Je le considère une seconde. Ugh, non. Plutôt mourir que de lui demander de partager plus expressément sa chaleur avec moi.
Mais probablement très au fait de mes tremblements violents au vu de notre proximité, le tireur ne me décolle de la barre que pour m’entourer avec sa cape. Je m’y blottis avec plus de désespoir que je n’en avais l’intention.
-M-merci.
Il m’encercle à nouveau de sa greffe, me sécurisant contre la rambarde, et maintenant ma forme contre lui. Ciel. Moi qui croyais que les vampires coincés trente ans dans un coffre auraient la température d’un zombie. Il irradie littéralement.
Il soupire de frustration.
-Tu es glacée.

Il me tend une mince fiole de verre d’un bleu sombre sous le nez de sa main humaine.
-…Je ne sais si ça peut aider, mais ça vaut la peine d’essayer.
Je la saisis pour enlever le bouchon et la boire. C’est à peine si mes doigts peuvent se refermer autour, tant je deviens faible et rigidifiée par le froid. À dire vrai je ne sens pas mes doigts la toucher. Je bois deux gorgées du liquide clair et amer. Je grimace un instant, puis sens le liquide pénétrer ma gorge au lieu de descendre. Une sensation bizarre, fraîche mais bienvenue se propage à travers mon corps.
-Cela n’a pas changé grand-chose, mais cela ne m’a pas causé de tort non plus. Qu’est-ce ?
Il serre les mâchoires, pessimiste, levant les yeux à nos alentours. Je suis son regard lorsqu’il se pose sur l’oiseau à nos trousses, peinant à nous rattraper, mais au moins incapable de nous atteindre.
-De l’Éther.
Il reprend la fiole. Puis finit la bonne partie qu’il reste d’une traite, ses lèvres charnues directement au contact du verre. Je me retrouve brusquement fascinée par cette vue et son indifférence totale à notre contact commun sur la même surface provoquant un baiser indirect. Il passe nerveusement sa langue entre ses lèvres pour ne laisser aucune trace du liquide.
-C’est cher, rare, et difficile à trouver. Il n’y en a pratiquement plus depuis la crise Geostigma, explique-t-il en rangeant la fiole vide.

(Music : Zero Eclipse de Shingeki no KyĂ´jin)

Une pensée me traverse, faisant battre le sang à mes tempes… Si j’utilise trop de mon énergie, pourrais-je en mourir ?
Le vaisseau s’ébroue à nouveau pour essayer de remettre de la marge entre le monstre et nous, suivi d’une vague d’explosions. La réalité de la situation achève de me faire prendre une décision :
-L’oiseau est clairement affaibli. Le laisser se rétablir n’est pas envisageable. Je vais rassembler tout ce que j’ai pour une dernière attaque.
Il me toise, stupéfié.
-…Nous ignorons ce qui arrivera lorsque tu auras épuisé ton énergie. Si tu as des pouvoirs nous permettant de combattre Geostigma, je ne peux pas te laisser faire ça, réplique-t-il, toujours en essayant de couvrir le bruit du vent provoqué par la vitesse ahurissante du vaisseau et ses acrobaties.
Je lui renvoie un regard cinglant.
-Qu’importe ! Nous n’en savons rien comme vous le dîtes. Ce pourrait être un simple KO. C’est un risque tout à fait envisageable !
Il fronce les sourcils, contrarié.
-Si nous ne tuons pas ce monstre, il pourrait décimer des villes comme Junon, empêcher le vaisseau de voyager, outre le fait que si nous ne sortons pas vivants de cet affrontement, je ne risque pas d’aider qui que ce soit ! Le vaisseau est rempli de gens, autant de victimes possible. Les survivants comptent sur vous. En toute honnêteté, si je vous sauve vous et Cid, je fais déjà une différence en faveur de Gaïa, et je suis sûre que c’est là mon rôle.
Je le toise.
-En tant que combattant accompli, vous avez déjà beaucoup plus de valeur que je n’en aurais jamais, et vous avez déjà sauvé la planète deux fois. Si je m’évanouis, ou pire, ce sera à vous et Cid de le finir ! Alors je compte sur vous ! je lance, déterminée.

Je prends une grande inspiration, essayant de calmer mon cœur et réduire ma frayeur.
-Seulement…si je faiblis à nouveau…essayez de ne pas me laisser chuter, je vous prie.
À sa tête baissée, du coin de l’œil, je devine qu’il me transperce du regard, que j’évite soigneusement en gardant les yeux fixés sur la créature. Elle émet un cri strident, ses yeux mauves exorbités se révulsant dans notre direction. Je sursaute une fois contre Vincent, qui se tient bien sûr bien droit. Il relève les yeux dans la même direction après m’avoir observée une dernière fois.
-Dans ce cas nous n’avons pas droit à l’erreur.
Il appuie sur son oreillette.
-Cid, laisse le monstre s’approcher assez près pour que je puisse l’atteindre avec certitude. Lui devant et nous en contrebas serait idéal.
Pour toucher les parties vitales.
Sa main droite se saisit à nouveau du Cerbère et me le présente. Je déglutis et glisse ma main sur le manche, sur lequel il referme sa grande main chaude et gantée. Je me concentre pour faire apparaître les filaments de Lifestream sur l’arme, toujours plus épais, pendant que le vaisseau ralentit.
Je ferme les yeux, et tente de me fermer au monde extérieur, rassurée par la présence massive de Vincent derrière moi, mon seul appui. Je retrouve instinctivement cette sensation de fraîcheur et de pureté en moi, comme si je pouvais maîtriser la direction que mon sang pouvait prendre dans mes veines.
Je concentre tout ce que je peux dans mon bras droit, jusqu’à ce que je sente que toute trace de chaleur m’ait complètement quittée. Que je ne retienne plus aucune sensation au toucher, pas même la prise titanesque et assurée de Vincent sur ma taille et ma main droite.
J’ouvre les yeux. Les filaments s’étaient distendus, autour de mon bras, autour de nous, et avaient formé de complexes et élégants arabesques autour du Cerbère. Deux immenses pétales acérés d’énergie s’étendent dans notre dos. La fraîcheur de mon corps s’était répandue avec mon énergie turquoise, presque blanche.

-Loin de moi l’idée de paraître mélodramatique façon série B, mais il s’agit peut-être de la dernière fois que je parle.
Il me lance Ă  nouveau un regard confus. Je laisse Ă©chapper un rire faible.
-Pardonnez-moi pour tous les désagréments que j’ai causés. J’aurais aimé découvrir…Gaïa. Et des amitiés comme les vôtres. Je n’étais clairement pas habituée à interagir avec autre chose qu’une machine.
-…Ce ne sera pas la dernière fois.
Et sa voix est étonnamment ferme. Un sourire étire légèrement mes lèvres sans que je ne puisse le maîtriser.
…Je me sens si proche de la mort, pourtant je ne me suis jamais sentie aussi vivante. Peut-être les rumeurs sont-elles vraies. La simple idée d’être capable de quoi que ce soit me grise. La lueur émise par le Lifestream en devient presque aveuglante. Ah…faites que cette fantaisie ne s’arrête jamais.
Il tend l’arme lorsque le vaisseau s’abaisse brusquement, Vincent nous maintenant avec sa force seule et sa prise sur la barre, pieds sur le ponton. L’oiseau vrille pour se retourner, ses ailes décharnées. Pourvu que ce soit le coup de grâce.
-Merci pour tout. Même si je n’ai pas pu voir grand-chose de Gaïa, j’ai au moins pu profiter de votre plastique ! je m’exclame de façon malicieuse avec un grand sourire plus sincère qu’amer.
Il semblerait que mon énergie me maintenait tant qu’elle était liée à moi. Lorsque Vincent accompagne les missiles du vaisseau avec notre météore, tout se passe comme au ralenti, et dans un silence assourdissant. Mes sensations et ma vue s’envolent, une dernière fois bercée par la chaleur des flammes et une poussière d’étoiles turquoises dans un océan de plumes noires.
Un vertige me prend. Droite, gauche. Je ne distingue plus l’envers de l’endroit. Est-ce que je tombe, est-ce que je roule ? Je ne sens que ce froid insidieux qui a balayé tout le reste en moi, et pris ma dernière lueur de lucidité.

Vincent

L’oiseau étend ses ailes noires pour nous faire face, et nous plonge dans son ombre. Mais complètement à découvert. C’est le moment ! La boule d’énergie semblable à un météore de Lifestream s’écrase dans un premier temps contre son tronc. Puis une lumière aveuglante qui accompagne l’onde de choc comparable à une explosion nous balaie. Je nous laisse projeter par l’explosion pour nous coucher contre le ponton et la protéger des flammes. Un cortège de plumes noires géantes baigne tout le vaisseau, réduisant toute visibilité à zéro.
Cependant, le vaisseau reprend rapidement sa vitesse de course, me faisant perdre ma prise sur elle. Bon sang ! Lorsque je me relève, encore un peu désorienté, je ne distingue rien à travers la marée de plumes noires jonchant le ciel les premières secondes. Je parcours le pont avec précipitation, espérant réellement qu’elle n’avait pas à nouveau basculé dans le vide, bien que je sois certain qu’elle ne se soit pas trop éloignée. À travers le bruissement des plumes se transformant en poussière noire scintillante, je perçois à peine le claquement sonore distinctif de mes bottes.
La vue dégagée, j’aperçois une apparition fugace, sombre, bleutée, étendue sur le sol, accompagnée d’un éclat doré. Sans plus attendre, je m’élance dans cette direction et glisse au sol sur mon côté pour l’atteindre le plus rapidement possible. Je me réceptionne sur une jambe et m’accroupit juste avant de la percuter. Je découvre son corps mal étendu sur le côté, une main devant elle, les jambes croisées, une épaule coincée sous son flanc et un bras en arrière. Mes mains s’emparent d’elle, la secouant pour la sommer de réagir. Le contraire m’aurait honnêtement surpris, d’après son état.

(Music : Scrap Boulevard Cleanup Crew de Final Fantasy VII Remake)

Je la prends avec précaution mais rapidité par les épaules pour la redresser dans une position plus confortable, posant sa tête contre mon épaule, dégageant son visage alors que ses cheveux retombent en cascade tel un drap de soie sur mon bras. Elle est plus pâle que jamais, sa peau prenant réellement une teinte bleuâtre, et ses lèvres violette. Ses veines verdâtres et ses artères rougies ressortaient à travers sa peau. Je lance Vie depuis mes mains sur elle. Aucun changement. Cette nouvelle me pétrifie. Un cadavre n’aurait pu être plus rigide et inquiétant. Avec le bruit du vent, des hélices, des moteurs du vaisseau, je n’entends rien, pas même sa respiration.
Je plaque mon oreille contre sa poitrine. Gaïa, il bat encore, mais lentement. Sans plus tarder je la soulève d’un seul mouvement, la serrant contre moi en entourant ma cape autour d’elle pour filer à l’intérieur du vaisseau. Je n’ai pas de véritable idée en tête mais la réchauffer au plus vite me paraît déjà une nécessité.
Je descends les escaliers en sautant régulièrement. Je ne la sens pas respirer. Jamais le vaisseau de Cid ne m’a paru si grand auparavant. Jamais il n’avait ressemblé à un labyrinthe. Rarement je ne me suis senti aussi chargé qu’en cet instant, sachant que je tenais sa vie entre mes mains. Malgré le fait que je soutienne son corps, je la sens filer entre mes doigts. Notamment parce que j’ignore totalement quoi faire, et que toutes mes compétences en magie se sont révélées inutiles.
Les escaliers, puis les couloirs, les portes automatiques, couloirs, portes automatiques, et autres s’enchaînent, comme si le temps s’étirait pour me faire répéter une tâche sans fin. Sans me soucier d’être dans la bonne allée, je plaque avec hâte ma main contre la console du sas. Les portes coulissent. Par chance, malgré ma précipitation je suis effectivement tombé sur une chambre. Je remarque avec stupéfaction que mon cœur bat tous les records tandis que je perds tous mes repères. Mais je me somme de garder mon calme face à la situation.

Je me précipite dans la salle d’eau et la place aussi délicatement que possible avec empressement dans la baignoire. J’allume aussitôt une eau brûlante afin qu’elle se réchauffe au plus vite, déroule ma cape pour la retirer d’elle, avant de la régler sur une eau plus supportable moins de dix secondes plus tard. La baignoire se remplit rapidement. Ses vêtements se collent peu à peu à sa peau, sa tête nonchalamment posée sur le rebord. Mais malgré l’eau brûlante, il n’y a aucune amélioration visible. Pas même une stabilisation de son état.
Toujours dans l’urgence, je retire mon gant prestement et colle le dos de ma main à sa joue. Elle est toujours glacée. Mais l’espace des deux secondes où je teste sa température, sa peau avait commencé à se réchauffer à mon contact et à reprendre une teinte normale. J’avais même senti une étrange sensation, comme un magnétisme allant dans son sens.
Désabusé, je plaque ma main métallique contre son mollet, plongé dans l’eau brûlante. Je ne peux sentir sa température, pourtant je ressens indéniablement quelque chose qui a sûrement trait à la magie contenue dans ma greffe. Le résultat visible est d’ailleurs plus fulgurant encore : tout autour de ma main, sa peau change à nouveau de couleur.
Je retire ma main gauche. La regarde avec stupéfaction en constatant que la sensation s’est arrêtée, et que la mort reprend ses droits sur sa couleur de peau. Un éclair de lucidité me fait arrêter l’eau, avant de chercher une serviette dans laquelle l’envelopper. J’étais en train de perdre inutilement mon temps au lieu de garder la tête froide ! Son corps réagit à la Mako qui court librement dans mes veines, et plus encore à la source illimitée de Mako contenue dans mon bras gauche. Sans énergie, son corps ne produit plus de vie ni de chaleur.
Bon sang, aucune serviette en vue. Tant pis !
Je la soulève à nouveau contre moi, l’enveloppant dans ma cape malgré sa robe pleine d’eau. En me redressant, je l’ausculte à nouveau : elle est totalement inerte, comme déjà morte. Je nous ramène dans la chambre, avisant une solution radicale. Je la pose sur le lit, détache les ceintures maintenant ma combinaison sur ma forme, mes bottes – en voulant ouvrir mon haut, j’ai un ultime moment d’hésitation. Suis-je vraiment en train de faire ce que je pense être en train de faire ?

Ce moment ne dure qu’une seconde.
Je descends mon haut sur mes hanches, détache mon arme, mes affaires et enlève mon pantalon à la va-vite, ne laissant que mon sous-vêtement. Aussitôt, l’air ambiant du vaisseau m’accueille. Ce n’est rien contre la température de son corps lorsque j’enlève ses chaussures et sa robe trempés. Je pince les lèvres en découvrant son corps pâle, la laissant en sous-vêtements. Ce n’est encore qu’une jeune fille.
Je me rappelle sa réticence à vouloir me montrer son buste quand elle était blessée hier. Je décide de me concentrer sur l’urgence de la tâche plutôt que le ridicule et l’incrédibilité de la situation. Elle m’en voudra, je le sais, mais ce sera une situation pour plus tard.
Je me glisse prestement dans le lit, arrangeant les oreillers dans mon dos, puis soulève son corps inconscient pour la placer contre mon torse, entre mes jambes, de sorte à ce que nos jambes se touchent et que j’atteigne le plus de surface possible. Une inspiration sifflante m’échappe à son contact, un dur contrepoint à ma chaleur corporelle. Mais mon corps, à défaut de s’habituer, palie très rapidement au choc de température, aussi je ne suis pas dérangé bien longtemps.
Rapidement, j’arrange les couvertures autour de nous pour former un cocon de chaleur, ce qui ne serait pas de trop étant donné que chaque centimètre de son corps touchant le mien me fait l’effet d’une aiguille plantée dans ma chair. Non pas à cause du froid. C’est ce magnétisme, la sensation qu’elle se nourrit directement de moi, partout où nous nous touchons.
Je l’encercle. Sa tête basculée sur mon épaule, je colle ma joue à la sienne, mon bras gauche serrant son buste de sorte à ce que la Mako atteigne ses organes le plus rapidement possible. Mon bras droit part entourer ses hanches. …Elle si menue, si frêle. Mangeait-elle à sa faim ? Étant donné son milieu, c’est plus que surprenant.

Je me donne alors une minute pour voir le résultat, essayant de calmer ma respiration et m’imaginer totalement ouvert à quelque passation qu’elle requiert actuellement. Une minute insoutenable, impuissant. Le pire qui soit, lorsque l’urgence requiert ma personne, mais que je suis réduit à l’inaction. Ai-je vraiment pris les bonnes décisions tout du long ?
Durant ces incroyables soixante secondes, je ne vois aucune différence majeure… Aurais-je trop tardé…? Je sens à peine ses pulsations. Je ferme les yeux, calmant ma respiration pour entendre ses battements de cœur. Ils sont lents mais stables. Je la serre alors contre moi avec moins de pudeur, la panique me gagnant à l’idée que je finirais par me raccrocher à un cadavre.
…J’aurais dû refuser qu’elle utilise cette dernière attaque. Cela a coûté beaucoup d’effort et de munitions. Le vaisseau a été endommagé, nous avons même perdu d’autres personnes. Qui sait combien de dommages nous aurions encore pu prendre avant de sombrer. Mais elle s’est peut-être sacrifiée juste pour nous racheter un sursis, quand une solution toute trouvée à Geostigma a été agitée juste sous mon nez. Et que je me suis retrouvé incapable de la protéger.
J’ai plié comme une feuille à sa détermination, qui n’est pas sans rappeler quelqu’un. Bon sang, et si à nouveau, par ma faute, j’avais condamné toute la planète. Si par mon inaction, j’ai à nouveau provoqué l’inévitable, précipité la fin. Causé notre perte ?
N’y tenant plus, j’éloigne un peu mon visage pour pouvoir la toiser. Je pense voir sa peau regagner généralement plusieurs teintes la rapprochant du commun des vivants. Je la sens toujours glacée contre mon torse, mais ma chaleur se transmet facilement à elle. Et je me dis qu’à défaut de la restaurer complètement, cela aura au moins pour effet de la maintenir en vie, le temps qu’elle regagne son énergie par elle-même. Je tiendrai le temps qu’il faudra.

…Soupir… De toutes les façons dont j’aurai pu la sauver et l’aider, je dois utiliser celle où je dois la tenir contre moi pour Bahamut seul sait combien de temps. Comme si tout à l’heure n’avait pas suffi. En sous-vêtements. J’ai soigné bien des plaies et sauvé mes partenaires dans bien des situations durant ma vie, faisant toujours mon possible. Mais si je réussis, mon souhait exaucé, celui-ci sera sans conteste le sauvetage dont je tairai toujours la teneur.

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Angelina (Music : Shining Beacon of Civilization (Anxious Heart) de Final Fantasy VII Remake)

-Ce que je dis, c’est que nous ne devrions pas avoir de jugement hâtif, chuchote une voix féminine, douce mais ferme.
-Ce n’est pas un jugement hâtif, c’est de la prudence, lui répond catégoriquement une voix masculine mécontente. Si ce que Vincent dit est vrai, nous devons faire en sorte que –
-Chut, ordonna une voix grave.
Une seconde passe. Je prends une plus grande inspiration, comme si l’air m’avait manqué pendant longtemps. Je me sens être manipulée, et la chaleur dure contre laquelle j’étais, des liens m’enserrant, me quitte. Je suis reposée contre une surface plus moelleuse mais froide.
J’entends des sangles s’agiter, une chaise grincer pendant que quelqu’un s’assoit. Une odeur froide de cuir, métal, poudre et musquée, presque comme un café caramélisé m’entoure et persiste.

-Mmh, je grogne.
Je clignote des yeux, le sang affluant dans mon cerveau si douloureusement que je grimace et gémis lorsque j’essaie de me relever en position assise. Ne serait-ce bouger.
-Ugh, je me plains.
Une main chaude tire soudainement ma cheville gauche, l’autre appuyant mon épaule. La voix grave de Vincent ne tarde pas à se faire entendre pour me réprimander :
-…Reste allongée.
Je cligne des yeux, mais la lumière m’agresse. Je suis sonnée, cherchant encore de l’air.
-…Quand tu es tombée inconsciente, je t’ai récupérée à l’article de la mort.
Ignorant son sermon, je rassemble mes maigres forces et me somme de remonter sur mes nombreux oreillers, pour être au moins un peu surélevée. Le matelas blanc est inconfortable. J’entends des bruits de pas et de sangles qui clinquent. Clignant encore des yeux et me forçant à les garder ouverts, je prends note de mon environnement.
-Allô, Cid ? Elle est réveillée, lance la voix féminine.
Je sursaute faiblement lorsque la première chose que je constate quand mes yeux arrivent à faire le point sont des yeux bleus plus que turquoises, contrastés par des strilles d’un doré incroyable, entourés par un visage séraphin. Cloud s’était penché, suivant mon regard avec attention, ses yeux plongés dans les miens. …Son air se fit encore plus maussade après une courte réflexion.

Je balaie la pièce, une chambre toute en métal. Lorsque j’aperçois Cloud, Tifa et Vincent me lorgnant comme on observerait une bombe à retardement, je me stupéfie. Enfin, de façon morne. Étant donné mon état. Ils ont les yeux rivés aux miens, les regardant sans vraiment me voir dirait-on.
Cloud soupire soudainement, commençant à déambuler pour faire les cent pas, mou mais anxieux. Tifa porte ses doigts à ses lèvres, l’air soudain très préoccupée en me toisant. Cloud et Tifa n’avaient pas non plus changé de vêtements depuis Advent Children, ni d’apparence d’ailleurs. Il était toujours en combinaison noire asymétrique, son épée gigantesque sur le dos. Tifa a également son ensemble noir mais avec un short plus court.
Ils avaient les traits tirés, des cernes marqués sous leurs yeux et une dépression indicible se dégageait de leur personne. Cloud semble même prostré et nerveux, faisant les cent pas perpendiculairement à mon lit. Tifa ne semble pas spécialement méfiante, puisque ses gants ne sont pas mis.
« Yo. » alors que la porte coulisse. Cid me toise en entrant, cigarette au bec.
-T’as repris des couleurs dis donc, commente-t-il.
Il s’adosse au mur au niveau du pied du lit.
Du coin de l’œil, je vois Vincent détourner les yeux d’une œillade de Cid. Il est assis sur la seule chaise de la chambre – toute en métal aussi – dos au mur, aussi morbide que d’habitude.

Je me réveille réellement lorsque le tireur remonte sa cape sur moi, sur les draps. Un détail me fait froncer les sourcils : il tient fermement mon bras, avec sa main droite dénuée de gant. On m’avait enlevé mes chaussures, mais à mon soulagement j’avais toujours ma robe. Qui sentait le propre d’ailleurs ?
-Où…où sommes-nous ? Qu’est-il arrivé au monstre ? Et pourquoi diable tenez-vous mon bras avec tant d’abandon ? je demande lorsque j’essaie de me dégager gentiment et qu’il me retient.
Il me glisse un regard fatigué. Je le toise, les sourcils hauts.
-Vous ne m’êtes certainement pas connu pour vos marques d’affection, ô spectre de la mort. Vous a-t-il déjà fait part du nombre de tentatives de meurtre qu’il a déjà commises à mon égard ? Relâchez-vous, Valentine, je suis « sauvée ».
Il ne relâche qu’un bref soupir.
-…Comme je le disais…elle est très charmante, lance-t-il à l’assemblée d’un ton laconique.
Je lâche une exclamation de protestation étouffée à son sarcasme.
-Clairement, confirme Cloud.
-Je plaisantais ! je me défends. Ce n’est pas vous qui au beau milieu de l’action –
-Tu n’as vraiment pas l’air intriguée par notre identité, me lance Cloud en s’approchant de quelques pas plutôt intimidants. D’où viens-tu, d’où nous connais-tu et comment as-tu obtenu ce pouvoir dont tout le monde dans le vaisseau a été témoin ?

Je le regarde avec des yeux stupéfaits, la tête encore dans les choux, me rappelant de tout ce qu’il s’était passé avant que je ne sombre dans l’inconscience. Je me sens lourde et éreintée, comme si je n’avais pas dormi trois jours d’affilée et que je n’avais fait que me reposer les yeux.
Cloud dégage une aura extrêmement désagréable, pleine d’amertume et de colère. Son regard ne témoigne que de la méfiance à mon égard et il semble prêt à me découper en lamelles à la moindre action suspecte de ma part.
Je lève mes mains en signe d’apaisement.
-Je… Aussi incroyable que cela puisse paraître, je viens d’un autre monde. Et-et…
-S’agit-il d’une autre planète ? questionne Tifa en s’approchant elle aussi.
Ils ont toujours les yeux rivés aux miens.
-N-non…Du moins je ne crois pas, je réponds en hochant la tête, les sourcils froncés.
J’ai la gorge sèche. Ne pourraient-ils pas au moins me proposer un peu d’eau ? Nous avons tous des questions brûlantes, mais je reviens de loin, que diable.
-Je viens d’un monde parallèle, puisque nous partageons le même système solaire il me semble.
-Mercure, Mars, Vénus, Saturne ? énumère Cid pour confirmation.
-Tout à fait. Et j’ignore ce que Vincent vous a déjà raconté, mais avant que vous ne posiez la question, sachez que j’ignore comment je suis arrivée ici.

Cela ne semble pas du tout leur plaire.
-Je vaquais à mes occupations –
En quelque sorte.
-Quand je me suis faite entraîner par des filaments de Lifestream à travers une fenêtre. Directement jusqu’au marais du Midgar Zolom, auquel j’ai réchappé de justesse. C’est à ce moment que j’ai rencontré votre tireur d’élite, affublé de l’amabilité d’un Tomberry.
Ceci est enfin une référence que tout le monde autour de moi sera en mesure de comprendre. Alors je ne suis pas peu fière de moi.
Mais personne ne cille. Et Vincent m’ignore royalement.
-…Comme je vous l’ai déjà dit, bien que faisant peu sens, elle semble dire la vérité. Elle est étrange, mais semble avoir de bonnes intentions. Cependant…ne devrions-nous pas avoir cette conversation avec l’équipe au complet ?
-Il est hors de question que je laisse traîner un autre sbire de Séphiroth en ville détruire ce qu’il reste de vie. Je crois Vincent sur parole, mais nous ne savons rien d’elle. C’est trop dangereux.
-Cloud voyons, nous sommes tous là au cas où nous devrions la maîtriser ! De plus, rajoute-t-elle en me jetant une œillade peu impressionnée, elle a l’air totalement inoffensive. Elle est fortement affaiblie. Si elle dévoile sa véritable nature maintenant, je dirais même que c’est à notre avantage.
-Justement, qu’est-ce qui me dit que cette fille n’est pas un danger pour nous tous ? répond Cloud, l’air de relancer un long débat qui semblait avoir commencé bien avant mon réveil. Qu’elle ne ment pas ?

Je prends quelques inspirations tremblotantes avant de lâcher la bombe, les observant chacun tour à tour, tandis qu’ils conversaient vivement.
-Écoutez-moi, dis-je, attirant alors leur attention. Ce dont je suis sûre, c’est qu’Aerith est impliquée dans ma venue.
À cette phrase, tous tournent la tête vers moi. J’ai la sensation de jouer à un Otome game dont je devais éviter la fin morbide.
-Je l’ai vue, dans un champ de lys blancs et jaunes. Cet endroit vous est familier je crois ? je demande à l’épéiste.
La main gantée de Cloud se crispe, l’air interdit.
-N’êtes-vous pas le moins du monde intéressés ? Elle aurait pu vous envoyer un noob total, mais à défaut d’être une déesse du combat – pour l’instant bien sûr – je connais votre univers sur le bout des doigts.
L’air incertain de Tifa et Vincent m’indique qu’un terme leur passe à nouveau totalement au-dessus de la tête.
-Je suis de votre côté ! j’assène pour résumer.
-C’est complètement absurde, lance Cid en se détournant de moi. Pourquoi Aerith l’aurait contactée elle plutôt qu’nous ?
-Elle l’a fait, assure Cloud d’une voix éteinte, les yeux bas.
Une pause tombe, plus tendue que jamais. À les observer, seule Tifa semble au courant. Elle me détaille d’ailleurs avec beaucoup d’attention.
-Elle m’a dit de ne pas abandonner. Que de l’aide arrivait.
Un silence lourd nous enserre de son aplomb. Je les observe tour à tour, la gravité de la situation m’échappant encore, mais à les regarder il aurait comme eu des raisons de baisser les bras.
Puis avec sévérité :
-Mais elle n’a pas eu le temps de préciser comment, annonce-t-il en dardant des yeux intransigeants sur moi.

Les regards reviennent à moi, pesants. Mal à l’aise, je prends la décision de briser à nouveau le silence pour obtenir mes propres réponses :
-Où sommes-nous exactement et combien de temps suis-je restée inconsciente ? Si vous tous ici êtes aussi détendus, j’en conclus que le monstre a bien été vaincu.
J’ai d’ailleurs cru un instant que j’allais me réveiller dans mon monde…
-…En effet, répond Vincent en dardant sur moi un regard scrutateur. Tu y as grandement contribué. Et je t’en serais reconnaissant…
Je le regarde, dans l’expectative.
-Si tu n’avais pas fait fi de ta sécurité et de toutes les directives jusqu’à la fin, mettant sérieusement ta vie en danger –
-Ugh, je fais en roulant des yeux.
Je me détourne de lui. Je l’arrête d’une main.
-De rien, Valentine. Me battre à vos côtés fut aussi un vrai plaisir, je réplique sur le même ton. Je ne savais pas ce dont j’étais capable que je suis venue apporter l’aide que je pouvais. Cela vous tuerait de dire merci pour une fois ? Et c’est moi qui manque de manières. Quelle plaie, je me plains sèchement.
Je croise les bras et l’ignore soigneusement. Je n’avais pas quitté mon père pour me retrouver avec un autre aux mêmes attentes impossibles à combler. La main de Vincent tressaille sur mon bras. L’assemblée nous observe avec des airs consternés, les sourcils hauts.
-Bref, ouais…merci, gamine, rajoute Cid.
Je lui souris, aux anges d’avoir pu être d’une aide quelconque, voire même décisive. Avant d’afficher un air appuyé au tireur pour lui intimer que ce n’était pas si difficile et qu’il pourrait faire de même.
-Écoute, Cloud. Quoi qu’il en soit, je dois réparer le vaisseau à Gold Saucer. T’as plus de chance de la perdre là-bas qu’ici, lance Cid à son attention.
Dites donc…

Je me mets prudemment en position assise, les jambes retombant sur la longueur du lit, de mon côté, touchant tout juste le sol. Je lance un regard à l’ancien Turk pour faire comprendre mes intentions. …Il me relâche doucement. Le fantôme de sa prise sur mon bras est encore douloureuse.
D’ailleurs, je sens son regard lourd comme de la braise sur moi, comme pessimiste en plus d’être agacé. Je tente à peine de me relever qu’un écran noir s’abat à nouveau devant mes yeux, que l’air semble s’échapper de mes poumons et que mon corps s’alourdit comme écrasé par une masse intérieure.
Lorsque je recouvre la vue, Vincent, imperturbable, me replace tout juste dans la position assise que je venais de prendre alors que ma tête quitte l’oreiller et qu’il tient fermement la base de ma nuque avec une autorité indéfectible de sa greffe. Il entoure sans mal mon cou. Un frisson de nervosité me parcourt. Sa main droite entoure mes épaules par-dessus, me maintenant assise.
-Qu’est-ce que…, je marmonne complètement déboussolée et une migraine me brisant le crâne. Oh, nom de Dieu…
Je frotte mes yeux, mon autre main éloignant ses griffes de ma partie vitale. À mon grand étonnement, Vincent éloigne avec précaution mes mains avec la sienne, humaine, puis tourne mon visage dans sa direction pour m’observer.
-Regarde-moi, ordonne-t-il doucement mais fermement en maintenant ma tête lorsque j’essaie de m’éloigner.
En un instant, la main de Vincent me paraît chaude comme une brise d’été mais si agréable, comme un thé chaud par une froide matinée d’hiver. Je ne peux m’empêcher d’expirer d’aise silencieusement à travers le nez en me retenant de chercher son contact. Ses yeux vrillent dans les miens tour à tour, bordés de longs cils.

-Elle est encore faible, commente Cid.
-…Je crains qu’elle n’ait utilisé toute sa Rivière sans parcimonie, rajoute Vincent avec une prise assurée sur mon visage. J’ignore les conséquences qu’elle encourt. Elle est extrêmement imprudente.
Toujours des remontrances. Cloud pince les lèvres à cette remarque, l’air particulièrement contrarié par la nouvelle.
J’essaie de rester imperturbable, Vincent forçant mes yeux dans les siens en prenant bien mon visage en coupe bien que je me sens tendue, déglutissant, la gorge sèche. Il a vraiment l’air de vouloir détailler quelque chose que mes yeux ou ma peau semblent détenir.
-Il semble quand même qu’il y aurait un rétablissement en cours.
Sa tête penche légèrement, tout à son observation. Pour la première fois, je remarque le cercle de feu rouge presque doré étincelant ceignant ses pupilles noires avant de couler en un rubis pourpre, irisé de lignes parfois plus claires ou sombres formant ce carmin si fort, encore entouré d’une ligne noire épaisse autour de l’iris, rehaussant son regard.
-C’est impossible…, murmure Cloud dans un souffle.
-Quoi donc, Cloud ? demande Tifa.
Vincent Valentine accepte enfin de relâcher mon visage. Je le détourne pour cacher mon expression, faisant les gros yeux en me sentant rougir, mes mains serrant la cape sur mes jambes. Bien qu’il ait été tout à fait professionnel, j’ai bien senti le regard de l’auditoire peser.
Cloud se rapproche.
-Elle se nourrit de toi, fait-il remarquer avec inquiétude. Comment est-ce possible ? Ce n’est sûrement pas le genre de caractéristique vampirique qu’Elle transmettrait, note-t-il en posant son coude contre mon front.

Un point tiède semble m’atteindre à l’endroit où il me touche. Je réalise soudainement que c’est une sensation très différente d’une température physique. Vincent est si chaud, son toucher aussi, la sensation si forte, que je n’avais pas fait la différence.
Mais maintenant, tout me paraît plus clair : Cloud dégage cette même sensation diffuse mais attractive que je ressens chez Vincent lorsqu’il pénètre mon espace vitale. Beaucoup plus atténuée chez l’ancien SOLDAT.
Surpris, il retire brusquement son bras, me toisant très intensément. Je me tasse légèrement, me demandant ce que j’ai bien pu faire cette fois pour m’attirer tant de négativité.
-Vous avez vu ? questionne-t-il durement.
-Vu quoi ? répond Tifa.
-Vincent, tu le vois, n’est-ce pas ? poursuit Cloud.
-Voir quoi ? répondis-je en écho à l’incompréhension qui fait place.
Vincent ne répond pas tout de suite. Il pose les yeux sur sa greffe, battant calmement des cils, avant de nous redonner son attention.
-Ce n’est pas très visible pour moi, cependant. C’est feint et diffus. Cependant, la sensation est indéniable. Je n’avais que des doutes, jusqu’à présent. Mais toi qui possède de la Mako dans tes yeux, tu dois être clairvoyant.
-C’est possible, répond-il, ses yeux bleus luminescents fixés sur moi.
-Mais enfin…de quoi parlez-vous ? j’insiste.

Curieuse, Tifa pose une main prudente sur ma joue. Mais je ne ressens rien venant d’elle, si ce n’est la fraîcheur physique de sa peau.
-Je ne vois rien, conclut-elle en laissant doucement retomber sa main.
-Moi non plus. Elle ne réagit qu’aux personnes liées à la Mako et à la magie, on dirait, glisse Cid.
-Elle est juste lĂ , je murmure.
-Elle a utilisé une quantité conséquente de son énergie vitale lors du combat, relate l’ex-Turk. Même Soin, l’Éther et Vie ne sont d’aucun recours.
Je regarde Vincent avec de grands yeux, estomaquée par cette nouvelle. Les autres semblent aussi inquiets.
-Il semblerait qu’il lui soit impossible d’être en bon état pour le moment sans la source de Mako illimitée contenue dans mon bras gauche, et se diffusant dans mon corps. Sans oublier ma propre Rivière de la Vie.
Contrariée, je saisis vivement son bras métallique, surprenant le petit groupe qui ne me quitte toujours pas des yeux et surveille le moindre de mes gestes.
Aussitôt, de petites étincelles filamenteuses relient ma peau à son bras, semblable à du Lifestream, comme si nos Rivières de la Vie communiquaient. C’est chaud, revigorant et lumineux, mais cela ne part que dans un sens : de Vincent à moi. Cloud a raison, ce phénomène me fait ressembler à une sorte de vampire.
Et si par malheur Vincent se sépare de moi, je me sens en ce moment si faible que je sombre aussitôt dans l’inconscience… Pourquoi est-ce ainsi ? Ai-je vraiment abusé de ma nouvelle capacité ? Ma vie était-elle vraiment en danger ? Comment aurais-je fait si Vincent n’avait pas été là ? Est-ce qu’Aerith avait tout prévu en mettant d’abord Vincent sur ma route ? J’avais de plus en plus de questions à lui poser…

-Je vois ce dont Cloud parle, je souffle de façon ténue.
L’ancien SOLDAT et l’ancien Turk échangent un regard décisif.
-J’ignore réellement comment tout cela fonctionne, je susurre, frustrée. Cela s’apparente réellement à une compétence vampirique, comme si…j’aspirais sa vie.
Je secoue la tête, pleine d’aversion. Ce n’est pas le genre de pouvoir que je demandais en arrivant sur Gaïa Aerith. Pas si j’indispose d’autres personnes. Et si cela s’avérait dangereux ?
-Peut-être Aerith avait-elle prévu ce cas de figure. C’est pourquoi c’est à moi qu’Elle l’a présentée, suppose Vincent.
-Ce serait logique…mais je réserve mon jugement. Je ne serai rassuré que lorsqu’elle pourra le confirmer par elle-même, lance-t-il en regardant vers le haut avec mélancolie.
Vraiment comme s’il était conscient qu’elle pouvait l’entendre.
-Pfft, fait Cid en se rallumant une autre cigarette. En tout cas moi j’comprends rien à vos conneries de magie et tout… J’crois que c’que j’vois.
-Conclusion, c’est une raison supplémentaire de penser que sans le contact de Vincent, c’est à peine si elle peut tenir debout. Je pense qu’on ne court aucun danger à tous l’accompagner à la villa pour l’interroger et la présenter, soutient Tifa.
-Nous tous ici, cela me paraît raisonnable, appuie Vincent.
-Hm…

Cloud ne répond pas et prend un moment pour réfléchir, la tête basse et reprenant les cents pas. Finalement, après un certain temps, il s’arrête devant moi :
-…C’est ta chance de prouver que tu ne veux pas faire de vagues. Suis-nous tranquillement et ne t’approche de personne. Sinon tu auras directement affaire à moi.
Il pointe brièvement le tireur d’élite des yeux.
-Et je suis loin d’être aussi clément que Vincent.
Il se fige un instant, maussade.
-Mais tu dois le savoir.
Je reste scotchée, grimaçant légèrement. L’air satisfait de son effet, il ouvre le sas. Je le regarde disparaître dans le couloir avec de grands yeux intimidés. Quelle mouche l’a piqué lui aussi. Je ne lui ai pas volé le pain de sa bouche que je sache.
Cid ne tarde pas à le suivre sans rien dire en haussant les épaules d’un air contrit. L’air de dire que ce n’est pas qu’il ne m’est pas sympathique, mais préfère réserver son jugement pour l’instant. Surtout que le chef d’équipe a parlé.
-Tiens le coup gamine.
-Angie, je proteste, dépitée derrière mon masque.
Il me lance un rire railleur, me laissant entendre qu’il l’avait fait exprès.
C’est cela la rencontre dont je rêvais après tous mes rêves et mes déboires ? Bon sang…

Tifa s’avance doucement devant moi, la main sur la hanche avec la posture disciplinée d’une guerrière d’arts martiaux.
-Angie, c’est ça ?
Je ne suis plus sûre de vouloir offrir mon petit nom étant donné les circonstances… J’ai rêvé, puis après Vincent, imaginé tant de rencontres bienheureuses. Je prends une inspiration, tristement déçue.
-Angelina Anderson. C’est cela.
Elle m’offre un mince sourire contrit et fatigué.
-Ne t’en fais pas. Ce n’est pas contre toi. Il est un peu bourru mais il est plein de bonnes intentions. Il veut juste nous protéger. Si tu es la bonne personne…ça t’inclut.
Je cache mon scepticisme et tout ce que je ressens. Elle pose une dernière fois le regard sur nous, faisant le voyage entre Vincent et moi, puis s’en va également dans le couloir après avoir lancé un clin d’œil au tireur.
Ce dernier a l’air de retenir un soupir, détournant le regard avec un air blasé. Il évite aussi mon regard. Il a l’air distant et mal à l’aise. Je détourne aussi les yeux, gênée par la soudaine réalisation de proximité et l’abondance de contact physique, surtout depuis l’oiseau.

-…Si aucun des sorts ne marchait, comment avez-vous su pour la greffe ? je demande en désignant de la tête son bras gauche sur mon bras.
-…J’ai découvert que tu pouvais te relayer sur moi lorsqu’elle est entrée en contact direct avec ta peau.
Il darde sur moi un regard des plus intransigeants.
-Tu avais déjà un pied dans la tombe, accuse-t-il étonnamment sévèrement malgré sa prononciation lourde.
Il fait peser ses yeux sangs sur moi, l’air d’attendre une réaction précise de ma part.
-Ce fut loin d’être l’intention ! Combien de temps allez-vous me disputer ? Vous n’êtes pas mon père, je maugrée en regardant ailleurs. Je voulais seulement aider ! j’avance avec irritation.
-En tombant dans le vide, argumente-t-il.
Je le fusille du regard.
-Ah, vous voilà de nouveau à faire le fier ! Désolée de ne pas avoir de cape à la Doctor Strange !
Son air blasé remplace sa confusion.
-…Te voilà de nouveau à t’agiter. Nous devrions te laisser te reposer et partir sans toi.

Je m’étrangle sur mon exclamation de colère.
-Le fait est que nous nous en sommes sortis ! Vous m’avez frôlée d’une balle tantôt pourtant je ne vois pas les remords vous étouffer ! Je risque ma vie pour vous apporter mon aide et c’est tout ce que vous retenez !
-Je retiens que cela aurait pu être évité. Je retiens avoir dû te sauver in extremis en te voyant faire fi de toutes les règles de prudence et jugement, assène-t-il sombrement, la colère froide incarnée. Le tir que j’ai effectué avait été complètement maîtrisé. Mais les décisions que tu entreprends nous mettent souvent en danger et auraient pu nous coûter la vie à tous les deux à chaque tournant.
-Comment ? je m’exclame.
-Si tu te fiches de ton sort, pourrais-tu mieux considérer ceux qui t’entourent, lâche-t-il, dur comme la pierre.
Je l’observe, interdite. C’est ce qu’il pense ?? Je serre mes bras étroitement autour de moi, croisés au possible, détournant vivement la tête. Je lutte pour retenir mes larmes.
-Lâchez-moi, je demande.
J’agite mon buste pour m’extirper mais sa greffe entoure mon avant-bras sans laisser place à la négociation.
-Lâchez-moi ! Je ne vous ai jamais demandé d’encourir le moindre risque ni de mettre votre vie en danger pour la mienne ! Pas une seule fois ! Et loin de moi l’idée de causer le moindre tort ! Ni à vous ni à personne ! J’étais inquiète pour vous tout du long ! je lui crache au visage.
-Moi aussi, réplique-t-il simplement mais fermement, soutenant mon regard sans peine.

(Music : Blue Sky de Final Fantasy VII Advent Children Complete)

…J’en perds mes mots, reculant. Et me sens sensiblement dégonfler. Il l’a dit avec une telle certitude.
-Tu es restée longtemps inerte, à danser sur la ligne.
Je me fige. Il m’observe avec attention, sa main gauche inextricable, ses yeux alternant entre mes deux iris, sa silhouette bien plus grande que la mienne même assis. Puis une confusion mêlée d’agacement, blessée par ses paroles, s’empare de moi. Je secoue ma tête, l’air interrogateur.
-…Tu ne dois plus mettre ta vie en danger, est-ce clair ? Surtout maintenant que nous avons tous découvert ton pouvoir. N’attendais-tu pas cela ?
Je relâche un long soupir, tout aussi moralement épuisée.
-…Je veux croire en tes bonnes intentions, mais tu ne seras d’aucune utilité à personne morte. Je peux soigner bien des blessures mais je ne peux ramener les morts à la vie. Outre le fait que nous ne connaissons pas les dangers du vampirisme, épuiser sa Rivière a tout d’un risque inconsidéré. Il s’agit de ta vie.
Il attend sa réponse le temps qu’il faudra semble-t-il. Après un moment à subir son regard et essayer de l’éviter, je finis par répondre :
-Très bien. Je suis désolée. Je m’excuse pour les troubles occasionnés. Là, êtes-vous comblé ? Depuis combien de temps êtes-vous rattaché à mon chevet ?
Son regard se radoucit pour devenir plus neutre, la fatigue semblant reprendre le dessus.
-…Bientôt deux jours.
Je prends un air interdit, observant le lien qui nous unit, pompant sa vie sans discontinuer.

J’essaie une dernière fois de dégager mon bras, ce qu’il empêche à nouveau.
-Vous vous causez du tort.
-Je te soigne, contredit-il calmement.
-Mais…
Rien Ă  faire.
-…Pour le moment, tout va bien. S’il y a quoi que ce soit, nous avons par chance découvert que Cloud représentait une option valable.
Je soupire, la colère complètement transformée en culpabilité, agacée par cette situation récurrente, et en même temps soulagée d’avoir pu compter sur lui à tous les carrefours. Pas étonnant qu’il ait l’air épuisé. Mes épaules s’avachissent.
-…Je suis désolée. Il semblerait que vous m’ayez encore sauvé la mise.
Il relâche un souffle à travers son nez. Cela ressemble presque à de la tension qui s’envole. Je suis même étonnée qu’il ait tenu à me confronter plutôt que passer rapidement à autre chose comme il le fait d’habitude. Je dirige mon regard vers le mur.
-Je vous revaudrai cela.
-…Contente-toi de ne plus nous mettre dans cette situation, répond-il à nouveau simplement.
Je mords ma lèvre, frustrée au possible que nous nous retrouvions à partager une seule vie ainsi.
-Cela dit…je te remercie pour ton aide. Après tout…qui sait.
Malgré la situation, une certaine satisfaction m’atteint à ses mots. De toute évidence, il ne prévoyait pas du tout de me féliciter pour mes efforts étant donné le résultat de mes décisions.
Je soupire, maussade quand mĂŞme.

Il pose une seconde sa main sur mes cheveux. Je repose mes yeux sur lui au moment où ses pieds font glisser des chaussures de sous le lit. Mes bottes et mes talons, signe qu’il est temps de partir de la chambre. Je plante mon regard dans le sien, très étonnée. Il me renvoie mon regard, égal à lui-même.
-…En remerciement je vais échanger mes points de beauté dans mes manières, explique-t-il d’une voix égale. Puisqu’elles semblent tant te faire défaut. Allons-y.
Je cligne des yeux deux fois, peu sûre d’avoir bien entendu. Puis, malgré moi, je me mets à pouffer de rire derrière ma main. Il a un humour si particulier, à parler d’une voix sérieuse et à garder son expression égale. À se demander s’il blaguait réellement.
Mais puisque son air se fait plus léger, j’en conclus que oui. Il enfile sa cape après l’avoir prudemment glissée de mes jambes, et l’enfile suprêmement bien d’une seule main, gardant l’autre sur moi. J’enfile mes talons pendant ce temps. Une fois terminé, je me tourne vers lui le cœur plus léger.
-Au moins rassurez-vous, votre humour est noté. Le sarcasme est sans conteste votre fort. En ce qui me concerne, il semblerait que même sur Gaïa je ne fasse pas mouche.
Je ne peux pas entièrement voir son visage à cause de la cape, mais il me semble que le léger pli près de ses yeux montraient que l’espace d’un instant, il avait pris un air confus puis taquin. Ses yeux sont vraiment magnifiques, me dis-je en replaçant une mèche derrière mon oreille.

-Bien ! je m’exclame en claquant des mains.
Que de péripéties ! Nous échangeons un regard pour nous lever comme un seul homme. Dehors nous retrouvons Cid, Cloud et Tifa près de l’ascenseur, toujours en pleine discussion.

(Music : Yonah (Pluck ver. 2) de Nier)

Je me sens soudain très timide lorsque Vincent me présente son bras métallique, ce qui est ma foi beaucoup plus galant que me tenir par la peau du cou ou du bras. Il ne me lâche que lorsque ma prise semble ferme, mon propre bras reposant dans le creux du sien, replié.
Nous nous serrons tous les cinq dans l’ascenseur jusqu’à un grand couloir menant aux escaliers. Nous prenons celui qui descend et je reconnais en bas l’ouverture du vaisseau. Cid compose un code, déclenchant la grande ouverture du bas vers le haut.
Un air salin, moite et chaud m’assaille, mais étant donné ma température corporelle frileuse, je l’accueille malgré l’envie envahissante de dégager des couches de vêtements.
Enfin nous pouvons observer la lourde balustrade métallique descendre au ponton en bois sur pilotis dans l’eau, plusieurs dizaines de mètres plus loin à la plage. Costa del Sol elle-même, et son air de vacance indéniable.

Le soleil couchant derrière les plaines et les montagnes à l’Ouest, des lumières chaudes semblent s’allumer peu à peu dans toute la ville. À gauche du ponton, au loin, se trouve le port où des dizaines de bateaux en tout genre s’alignent. À droite la plage s’étend sur des kilomètres. Divers commerces et restaurants semblent se mélanger aux habitations.
À ma joie, tout est encore plus vaste que ce à quoi je m’imaginais. Il y a plus que quelques écrans de jeu devant moi… Oh mon dieu cela va me prendre un temps fou pour tout explorer. Y a-t-il toujours des coffres ? Puis-je toujours rentrer chez les gens sans rien demander ni offrir en retour ? Ha ha !
Je prends en note tout ce qu’il m’est possible tandis que nous nous avançons sur le ponton sur lequel nos pas résonnent en claquements lourds et réguliers, le groupe m’enfermant en son sein. Le bruit de l’eau irrégulier contre les pilotis me rend nerveuse, me faisant presser contre Valentine, dont j’entoure alors la greffe contre ma poitrine avec mes deux bras, une paume entière posée sur le métal doré. Ce dernier ne m’accorde qu’un bref regard avant de me servir d’appui sans accroc, rendant ma marche infiniment plus facile. Malgré son état, il semble capable de porter mon poids sans problème, ce qui me rassure un tantinet.
Le vaisseau est posé dans l’eau paradisiaque, assez massif pour que la balustrade soit au-dessus du niveau de la mer. Seules une partie du cockpit et ses vitres sont submergées. Quoi qu’il en soit, malgré l’état du vaisseau, éventré sur le côté gauche avec des personnes qui s’y affairent depuis des bateaux, l’atterrissage a dû être extrêmement précis pour être capable de s’aligner avec le ponton ainsi.

Cid observe ses employés, l’air de brûler de les rejoindre alors qu’il en salue de la tête. Cloud a un pas décidé, le visage renfrogné et alerte. Je remarque que lui et Tifa ne semblent pas plus proches que cela. Ne sont-ils donc toujours pas ensemble ?
Quant à Vincent, face à l’inconnu, sa présence est soudainement très rassurante. Il s’adapte à l’obligation de contact, bon gré ou mal gré, sans se plaindre. Mais il est indéniablement amorphe, ralenti, comme en état extrême d’économie d’énergie, auquel cas aucun geste ne doit être superflu. Maintenant que je le vois à la lumière extérieure, je le trouve plus pâle que d’habitude (si c’est encore possible). Je détourne les yeux, les mâchoires serrées par la frustration.
À la fin du ponton, des dalles de pierres blanches nous accueillent, à peine visibles tant la ville est noire de monde. Tant et si bien, qu’on peut à peine circuler, le bruit des conversations ahurissant. Malgré quelques regards, nous nous fondons dans la masse quand nous continuons droit devant sur la rue principale, la plus large.
Le groupe s’est resserré en étau autour de moi, pour empêcher ma fuite ou tout contact avec la population, je l’ignore. Avec ma petite taille, je suis très vite submergée.
-Hey !
Reno se trouve au détour d’une rue avec Rude. Un sourire étire mes lèvres à l’idée qu’il aille bien, et mieux encore, qu’il ait une expression avenante à mon intention. Que je sois reconnue par un personnage de mon jeu vidéo me donne des papillons. Il me salue de la main en allant à notre rencontre, ce à quoi je réponds par mimétisme.
Cependant, Cloud s’interpose rapidement, et lance d’un ton sans appel « Dégage. J’ai pas le temps pour vous ce soir. », une main menaçante sur le manche de son épée.
Je suis stupéfiée. Ils se figent, Reno haussant les sourcils face à tant d’agressivité. Oui, moi aussi Reno, moi aussi je suis soufflée, surtout que j’en fais aussi les frais. Et moi qui pensais déjà Cid et Vincent bien durs à leur égard. Des questions me brûlent les lèvres.

Cloud nous emmène alors soudainement vers un bar-restaurant lumineux à étages sur la droite. Des décorations de plage et cocotier, ainsi que des néons jaunes, le font ressortir des autres établissements. Tifa l’interroge :
-Cloud ?
-Je veux pas qu’elle sache où ça se trouve encore, réplique-t-il en poursuivant.
Pas que je puisse aller bien loin sans Vincent pourtant…
-C’est inutile. S’il s’agit de la villa, je pense savoir très précisément où elle se trouve. Même qu’elle possède un sous-sol. Je me trompe ?
Tous me toisent, dérangés. Je soupire. Qu’ai-je bien pu dire de si inquiétant encore ?
En jetant un dernier regard en arrière, j’admire la majesté du Sierra dans l’eau turquoise et chaude, se fondant comme un rêve irréaliste et éthéré de science-fiction dans le paysage tropical. Puis un regard désolé à Reno que j’entrevois à peine, Cid et Tifa fermant la marche.

Fin du Chapitre-6
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Bloopers :

~Le PHS sonne et sonne, mais je suis incapable de bouger pour le récupérer. Dans l’urgence je l’avais laissé parmi mes vêtements quand je me suis déshabillé à la hâte. Et maintenant avec la jeune fille dans mes bras…
J’entends la console s’enclencher.
-$£#§%€ t’es où !
Enfin quelque chose que je peux faire. J’étends mon bras droit pour appuyer sur un bouton de la console à côté de la porte depuis le lit. J’en profiterai pour lui demander de passer un message à Tifa.
…
Tifa entre. Je maintiens fermement les couvertures et ma cape sur moi et la jeune fille toujours inconsciente. La jeune femme observe la scène, ses yeux glissant sur les vêtements jonchant le sol. Puis elle plante ses mains sur ses hanches, me toisant depuis le côté du lit. Je fais de mon mieux pour rester de marbre, attendant un commentaire qui je sais finira par arriver.
-Excès de zèle ?
-…
Elle rit.
-Je plaisante, haha ! Hypothermie ?
-…Pas que.
Elle a un air interrogateur très intéressé, son amusement ravivé.
-Elle manquait aussi de magie et de Lifestream.
-De Lifestream ? questionne-t-elle, confuse.
Elle s’approche et pose une main sur le front de la jeune fille.
-Ah, oui, elle est glacée. Tu es sûr que tu vas t’en sortir ?
-…Oui. Elle puise dans mon énergie en ce moment même. Ce pourrait être dangereux. Il vaut mieux que ce soit moi avec ma greffe.
Elle nous toise une dernière fois après avoir pris nos vêtements, un air espiègle sur le visage.
-Elle est jolie, commente-t-elle.
Je toussote silencieusement, mal à l’aise.
-…Merci pour ton aide. Et, Tifa…
Elle croise mes yeux.
-N’en faisons jamais mention.
Elle sourit.
-…Mais, vous êtes complètement nus là-dessous ?
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Heeeeey comment ça va ? Beaucoup de changements dans ce chapitre !! J’y ai passé un excellent moment :3. Cela m’a pris un peu de temps mais après avoir été coupée dans une bonne période d’écriture, cela m’a fait du bien de revisiter pour la dernière fois cette partie de ma vie et l’histoire, et dire tout ce que je voulais dire.

Le combat était géniaaaaal ! Je suis vachement dans une période où j’ai envie d’écrire de l’action épique en ce moment. Parfois ça me frustre un peu parce qu’Angie est nulle donc je ne peux pas faire grand-chose avec elle. Heureusement que j’ai le reste du cast qui sont au level max ! Haha !

J’espère que pour vous tout va bien et que cette histoire saura vous apporter un peu de bonheur malgré les thèmes abordés :).