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Final Fantasy

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Angie, episode Geostigma

Darkangel Guard

Résumé : Je n\'étais qu\'une gosse de riche sans importance, et du jour au lendemain, je me retrouve projetée sans défense sur Gaïa, sauvée in extremis par cet énergumène énervant qu\'est Vincent Valentine. Outre le fait que j\'ignore la raison de ma présence ici, Geostigma a envahi la planète et possédé les monstres, et quelque chose me dit que je vais devoir y faire quelque chose...quand il est évident que je ne sais rien faire. Je ne maîtrise pas mes pouvoirs, et je vais *probablement* mourir avant d\'y arriver, je le dis. \"Je te protégerai.\" dit Vincent...mais la vérité est qu\'on ne se supporte pas. Dystopie.Post Advent Children. VincentxOC

Disclaimer : L\'univers de Final Fantasy appartient de droit à Square Enix Corporation.

Merci à Full1 pour la correction de ce chapitre.

Chapitre 2 :: Premières discussions

(Music : Chance Meeting in Sector 8 de FF7 Remake)

Un champ de fleur… ? Un champ de fleur rempli de lys jaunes et blanches.

« Il y a quelqu’un ? »
…
« Bien sûr qu’il n’y a personne Angie, aurais-tu perdu tes neurones en la présence de ce prétentieux de Valentine ? » dis-je toute seule en observant les alentours. Rien à part des fleurs à perte de vue…
Ma voix résonne. Je me sens soudain envahie par un sentiment de solitude que je connais bien. Je recule tout en regardant autour de moi et me heurte légèrement à quelqu’un à en juger par sa taille et ses vêtements que j’aperçois du coin de l’œil…
Je me fige. Juste…Pas encore des ennuis…
Elle tourne légèrement la tête, des cheveux longs châtains attachés par un ruban rose, un gilet rouge et une robe assortie au ruban… C’est une fille. Je m’apprête à me retourner. J’essaie de rassembler mes souvenirs sur cet être qui me semble familier mais une plume d’un blanc immaculé attire soudain mon attention en descendant vers moi. Presque à ma hauteur, tendant le bras, je tente de l’attraper mais ma main n’agrippe finalement que du vide et le paysage immaculé s’efface.

« À toi qui a aimé ce monde… » résonne en moi.

Je me retrouve allongée dans un lit, le bras tendu à la verticale et une grotte creusée dans la terre servant de pièce. La douce voix de la jeune fille résonnait encore dans ma tête, aussi douce qu’une berceuse. Deux autres lits autour de moi accompagnés d’une table de nuit, une grosse malle en bois à l’opposé de mon lit contre le mur d’en face et une échelle de grosses cordes à l’air fiable à ma gauche passant par une ouverture au plafond laissant passer une faible lumière m'accueillent.
Je laisse retomber mon bras le long de mon corps. Je pense être à Fort Condor, ce serait l’endroit le plus proche et logique, mais…Où est Vincent ? M’aurait-il laissée tomber finalement ?
Je remarque bien après que je n’ai qu’un grand tee-shirt blanc sur moi et bien sûr, les couvertures du lit. Je n’ose même pas me poser la question ‘qui m’a baignée’ car je constate que je suis propre comme un sou neuf -contrairement à il y a quelques heures. Ou quelques jours, qui sait ?

(Music : Johnny's Theme de FF7 Remake)

Soudain, je sens quelque chose glisser entre mes jambes sur les couvertures avant de constater avec effroi que c’est en fait une couleuvre qui rampe sur le lit. Je n’esquisse pas un geste… Si j’appelle à l’aide, mon cas va-t-il s’aggraver ?
Le serpent rampe jusque sur mon cou et se dresse devant mon visage en sifflant. Je ne bouge pas d’un cil et plonge mon regard dans les iris verticales du reptile. Rien ne se passe durant une bonne minute…

Puis, quelqu’un descend l’échelle -à en juger par les bruits de corde- tandis que je reste immobile mais la couleuvre, elle, tourne la tête et doit probablement être en train d’observer les moindres faits et gestes du nouveau venu.
« Ah…aaaaaah ! » S’écrie l’inconnu.
Non, non, restez ici bon sang !!! Ne… Je l’entends remonter à toute allure, sa voix progressivement atténuée par la distance. Tandis que le serpent reporte son attention sur moi, je garde les yeux écarquillés fixés dans les siens en espérant que l’homme de tout à l’heure appelle de l’aide -pendant que j’essaie de gagner du temps.
. . .
Je me relève brusquement du lit et me met à crier de panique en essayant de repousser vainement le serpent qui ondule dans mon tee-shirt. Je hurle de plus belle en constatant qu’il était fin mais surtout très long. Je me mets à sautiller et à me dandiner partout, claquant mes mains sur moi partout où il me semblait le sentir, dans une tentative folle et effrénée pour l’enlever.

J’entends de loin quelqu’un se lever vivement de sa chaise. Le serpent trésaille, passe par mon col. Puis il déploie sa crête, probablement, signe qu’il allait se dépêcher de s’occuper de moi. Je me fige puis hurle de frayeur à l’infini « AAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!! » en constatant qu’il s’agit en réalité d’un cobra probablement venimeux.
Un coup de feu interrompt mon moment de panique le plus intense de ma vie. Une gerbe de sang éclate à mon visage…et heureusement, j’avais fermé la bouche par réflexe.
J’entends des bruits de pas métalliques s’approcher de moi tandis que je décontracte avec horreur la grimace qui m’avait pris en surprenant la mort subite de mon agresseur. Un frisson d’horreur me parcourt. Je fais une mine de dégoût tandis que le bras métallique de Vincent saisit sans vergogne le cadavre pendouillant à mon col et encore secoué par les nerfs tranchés à vif et le jette au sol.
J’amène une main tremblotante, la respiration fébrile, à mon visage pour toucher une substance froide et gluante parsemée sur mon visage. En décollant ma main, des filets de sang sombres se distendent. Je fais à nouveau une grimace de dégoût, si envahissant que j’eus un haut un le cœur.
Du coin de l’œil, je vois Vincent darder sur moi un regard blasé, les bras croisés, comme dans l’expectative. Soudain, je me mets à crier à nouveau et des sanglots se mettent à me secouer de la tête aux pieds face à l’horreur de la situation. Cette fois, je le vois lever les yeux au ciel, puis soupirer.

-Bien, puisque vous ne semblez plus en danger de mort, lance-t-il en tournant les talons de façon charismatique, faisant voler sa cape.
Il-il s’en va… ? Je peine à parler, tremblant comme une feuille.
-M-mais enfin, chuchotai-je d’une voix étranglée et suraiguë, comment pouvez-vous me laisser ainsi ?
-…Comme cela, répond-t-il en montant l’échelle, illustrant ses paroles. Je vous envoie quelqu’un, poursuit-il détaché.
-Sale- !
Il disparaît avant que je n’ai pu finir ma phrase. Une envie de vomir me reprend à nouveau tandis que mes yeux tombent sur le sang gluant accroché à ma main. Je prends une inspiration brusque pour encaisser le choc et contenir quoiqu’il puisse y avoir dans mon estomac de si acide.

Le grincement des cordes de l’échelle se fait à nouveau entendre et une femme assez âgée en descend lentement. Je l’observe avec les yeux rougis par les larmes. Cette femme a vraiment l’apparence d’une grand-mère bienveillante : la même qu’avait ma mère sur les photos. Un sursaut de chagrin me surprend à nouveau mais j’éloigne cette pensée avant de me remettre à pleurer à nouveau.
-Pauvre chose, dit-elle d’une voix éraillée par les années. Viens, je vais m’occuper de toi.
Et sans un regard pour le sang qu’il y avait sur moi, elle me prend dans ses bras avant de m’amener quelque part, une salle de bain, j’espère.

________________________________________

Après m’être lavée pour la première fois à la bassine et habillée avec mon uniforme tout propre, je rejoins Vincent dans un coin de la salle à manger plus calme, presque dans l’obscurité. D’après l’odeur il semblait boire une simple tasse de café.

Je m’assoie brusquement à la table circulaire, en face de lui, et lui lance aussi le regard le plus haineux qu’il m’ait été donné de lancer.
Il le soutient sans ciller, hausse même un sourcil interrogatif et boit tranquillement une mince gorgée de sa boisson chaude.
-…Pourquoi semble-t-il que votre aversion augmente inversement proportionnellement au nombre de fois où je vous aide et sauve la vie ? murmure-t-il d’un ton sarcastique, munie de sa voix grave et profonde assortie aux ténèbres.
-M’aider ? M’aider ??? En m’explosant une tête de serpent au visage ? Ou plutôt devrais-je dire : plusieurs serpents avant de me laisser à mes dépends ! je m’exclame en tapant sur la table. Comment me suis-je retrouvée ici ? Dans d’autres vêtements ? Vous n’avez aucunes manières ! je fulmine.
-…Finalement, je retire ce que j’ai dit plus tôt, susurre-t-il en plissant les yeux.
Enfin ! Un sentiment de victoire et de justice m’envahit.
-Je ne souhaite reprendre aucune discussion avec vous, quelqu’en soit le sujet, sort-il d’une voix d’outre-tombe. Vous êtes une teigne, la peste faite femme, bornée et hautaine. Vous agissez comme si les gens étaient vos serviteurs. Je ne sais pas d’où vous venez, mais la vérité est que vous ne valez même pas la moitié d’un seul d’entre eux.
J’écarquille les yeux face à une telle révélation. J’étais si indignée que même ma langue rendue bien pendue par des années de discussions pratiques et hypocrites dans les soirées mondaines ne trouve rien à y redire. C’était une honte.
-Je vous ai sauvée, comme il convient de faire, point. Je vous suggère- et j’insiste, pour que nous reprenions chacun notre vie là où nous l’avions laissée. Car j’imagine sans difficulté un autre que moi ayant perdu patience il y a bien longtemps…et sa main soudain retrouvée lourde. Soyez-en sûr.
Gorgée.
-Ai-je été clair ?
Sans pitié, je dirais.

Je me lève, indignée et insultée au possible, et par impulsion, j’ai senti plus que je n’ai vu ma main frapper sa joue de toutes mes forces. Je cache ma surprise avec un bref arrêt de respiration, en me rendant compte de mon geste, qui m’avait échappée avant que je ne réalise même que ma main avait bougé.
Il se lève tout aussi brusquement, après un moment de choc, et darde sur moi le regard le plus furieux qu’il m’ait été donné de voir de toute ma vie. Ses yeux carmin lancent des flammes dignes de l’enfer lui-même, et sa colère était palpable, comme une énergie qui ressortait par vagues de son être, réchauffant et électrifiant la pièce toute entière.
La tension était au maximum.
Je vois sa mâchoire se contracter durement et répétitivement, il pince ostensiblement ses lèvres pleines et sombres, les traits tendus et ses poings serrés à ses côtés tremblent presque de rage.
Dans ma surprise, je tente de soutenir son regard, rendu difficile par tant de véhémence. Ma respiration était rapide et nerveuse mais silencieuse. Je serrais mes propres poings à mes flancs, pour garder mon sang froid. La pièce était devenue silencieuse, mais soudain, un éclat de rire parvient jusqu’à nous.
Je lève le menton d’un air digne dans l’atmosphère palpable.

Il me lance un dernier regard enragé avant de se déplacer dignement pour s’éloigner de moi.
…
Je relâche mon souffle. J’étais persuadée qu’il allait me liquider sur place. Lorsqu’il tourne les talons, faisant claquer sa cape à ma face et que je reviens enfin de ma paralysie, je le retiens précipitamment par le bras. Il le rejette violemment et se retourne pour me jeter à nouveau un regard meurtrier.
-Je m’excuse ! je m’exclame. C’était vraiment… déplacé et inapproprié. De façon incompétente ou non, vous m’avez tout de même sauvé la vie, et je vous en suis reconnaissante, même si je suis incapable de mieux l’exprimer.
Sa colère semble légèrement apaisée. Très légèrement. Je me suis pourtant excusée !
-Je tiens à me faire pardonner. J’ai dû paraître peu avenante et coopérative, bien que ce n’était pas là mon intention. Je suis allée trop loin en levant la main sur vous, et je le reconnais. Toutes mes excuses les plus sincères.
Je m’incline alors, yeux fermés, bras collés à moi, comme on me l’avait enseigné depuis toute jeune.
-Je tiens également à m’excuser pour mes lacunes en matière de comportement sociable approprié, je n’ai jamais eu l’habitude d’évoluer dans un milieu social popu- normal. Il m’arrive d’oublier les codes sociaux qui s’y rapportent donc.
Je ne me relève pas, attendant un quelconque signe m’enseignant qu’il avait au moins pris en compte mes excuses, même s’il ne les acceptait pas (encore - je l’espère).

-…Si vous voulez mon avis, votre comportement « sociable » est plus qu’inapproprié : il est exécrable. D’où venez-vous, et que faisiez-vous au milieu de nulle part dans la grotte de mithril ?
Je me relève, comprenant qu’il ne ferait rien qui indique qu’il acceptait mes excuses. Je reprends un air indigné.
-Et bien avouez que vous manquez de tact vous aussi ! Je vous en prie, asseyez-vous pour commencer et discutons-en calmement, dis-je en désignant la table d’un geste vif qui se voulait pourtant pacifique au départ. Exécrable ou pas, au moins vous ne pouvez réfuter ma politesse en matière de discussion.
Il me lance un dernier regard épineux et peu convaincu avant de lentement s’exécuter. Je m’assoie à mon tour, l’observant plus minutieusement. J’avance une main. Il esquive en s’éloignant brusquement, me jetant à nouveau ce regard plein de « considération ».
-Là, ne soyez pas difficile ! je soupire en roulant des yeux.
Il prend une inspiration, l’air de s’exhorter au calme, mais se laisser approcher à nouveau, tendu, probablement sur ses gardes. J’avance une main et écarte délicatement les mèches corbeau qui tombent sur son visage. Ses yeux sont bordés de longs cils foncés, deux rubis durs enflammés. Au premier abord, leur couleur est perturbante, puis passé le premier malaise …ils sont étonnamment hypnotisants.
Son nez est long, droit et aristocratique, fier même. Sa peau pâle lisse en marbre, comme taillée dans le roc pour former le visage fier, noble et viril, exempt de toute imperfection ; sans oublier sa mâchoire solide indéniablement masculine, qui contrastait agréablement avec ses lèvres pleines et sombres, courbées, sensuelles, exotiques, invitantes. Obsédantes.
S’il y a une façon que je m’étais imaginée observer un héros de Final Fantasy 7 un jour ce n’était certainement pas pour me retrouver à apprécier avec surprise son étonnante plastique malgré un casting très compétitif. Cependant, je dois avouer là que…

Je secoue ma tête pour écraser mes pensées dérivantes, et me concentre sur sa joue gauche. J’y laisse planer le bout de mes doigts. Pas étonnant que j’ai mal. Ses pommettes sont hautes et aussi dures que la pierre. Mais elle est un peu rougie, le sang rappelé à la surface sous sa peau pâle à outrance et on voyait même la trace de ma paume sur le coin de sa bouche pulpeuse. Au moins, je l’avais pas raté.
À cette pensée, je ne peux m’empêcher de laisser un glisser un mince sourire. Il le remarque et me jette un regard dédaigneux.
-Je n’y vois rien d’hilarant.
-Je m’excuse, encore une fois, je lance en relevant mes mains en signe de dénégation. Je reviens.
Je me lève et demande à une femme qui passait une serviette froide. Elle m’amène près de l’évier, de l’autre côté de la salle irrégulière et creusée dans la terre brune avant de m’abandonner. Et bien…je n’étais certainement pas habituée à être dédaignée de la sorte à devoir me débrouiller par moi-même, surtout pour une si petite demande.
Je m’affaire et reviens une minute plus tard avec l’objet, encore emplie de curiosité. Mais lorsque je m’approche à nouveau avec la serviette, il esquive à nouveau.
-Ce n’est vraiment pas nécessaire. Vous frappez comme la fillette que vous êtes.
-Vraiment ? je réplique en ne pouvant m’empêcher de rire légèrement de façon narquoise.
Je pose la serviette contre sa joue, ignorant sa réluctance.
-Pourtant, il me semble que votre joue s’harmonise à présent avec le magnifique rouge de vos yeux très cher.
Il repousse alors brusquement mon bras sur la table, furibond.

J’essaie de cacher mon hilarité intérieure. Je n’étais certainement pas appréciée pour mon côté revêche et piquant, aussi sa réaction ne me choque pas outre mesure.
-Vraiment, excusez-moi. Je ne sais pas ce qui m’a pris. Je fais pourtant de mon mieux pour paraître agréable. Il faut croire que je suis vraiment hautaine et misérable. Moi qui me pensais différente…, je soupire.
Il cligne des yeux, l’air un peu plus interrogatif.
-Oubliez, ce n’est même pas intéressant. Vous avez raison sur un point : ma vie est misérable, risible même. Et j’imagine que me sauver maintenant ne fait que retarder ma triste échéance. Il est certain qu’avec mes moyens actuels- inexistants pour utiliser des termes non-équivoque, je n’ai aucune chance de m’en sortir…
Il me lance un regard étonné devant mon changement de discours. Je profite de sa surprise pour refaire quelques passages de serviettes sur sa joue.
Par d’argent. Pas d’arme. Pas de compétence. Pas de santé. Pas de connaissance. Me voilà dans mon monde fétiche d’une manière ou d’une autre complètement démunie…La situation est grave, je réalise en regardant en l’air pensivement.

Après quelques minutes, je m’arrête. Le rouge de sa joue semble déjà s’être bien apaisé.
-Enfin, merci quand même. Je m’appelle Angelina Roland Andrew Anderson Alex, dis-je solennellement en le regardant droit dans les yeux.
Je lui présente ma main…qu’il finit par serrer, d’un geste ferme que je lui rends, plutôt appréciative. Il laisse glisser une mince surprise en observant brièvement nos mains.
Comment lui répondre sans lui mentir ni me trahir par inadvertance ? Je vais devoir improviser.
-Comme vous vous en doutez, je viens d’un monde gouverné par l’argent.
-Les hautes plaques de Midgar ? demande-t-il sans détour. Comment est-ce possible ?
-Est-ce vraiment important ? répondis-je. Le fait est que je sois sauve. Je suis maintenant face à un autre problème, car tout ce que j’ai sur moi est tout ce que je possède, je déclare en désignant mes vêtements d’un geste insatisfait. Donc si jamais vous aviez un conseil ou la magnanimité de me donner un dernier coup de pouce…
Il m’observe attentivement, l’air confus.
-Etiez-vous seule ?
-Oui. Je pense.
-Comment êtes-vous arrivée seule jusqu’à la grotte de mithril en étant passée par le lac ? questionne-t-il sans détour, le ton dur.
-Je…
C’est compliqué. Mais si je lui dis venir d’un autre monde dont il n’a jamais entendu parler…
-Je ne sais pas comment je suis arrivée là, avouai-je en secouant la tête. Je ne comprends pas moi-même. J’essayais juste de m’en sortir. Je suis arrivée dans le marais, je me suis mise à courir avec le Zoloom Midgar à mes trousses. Je suis rentrée de justesse dans la grotte pour me réfugier, j’ai déambulé je ne sais combien de temps complètement perdue et frigorifiée, et fort heureusement- enfin, j’imagine, vous m’avez trouvé.

Il continue de me dévisager, le corps figé, le regard inflexible me perçant de part en part.
-Que faisiez-vous avant ? D’où venez-vous ? questionne-t-il encore avec insistance, posément et avec gravité.
Je réponds avec un peu plus de difficulté, comme si à ses yeux ce que je disais ne faisait vraiment aucun sens. Mon ton se veut sarcastique pour cacher ma nervosité et l’ébrasure que provoque l’horrible vérité à mes propres oreilles :
-Je suis une gosse de riche de tout ce qui se fait de plus typique. Il n’y a pas grand-chose à dire sur moi, vraiment, je lui fais comme sur le ton de la confidence, très désinvolte. Ma vie est tout ce qu’il y a de plus banal et inintéressante.
Ses yeux mornes et désabusés me répondent, presque excédé.
-Vraiment, comparé à vous ? Je n’ai jamais sauvé personne, ni fait quelque chose d’incroyable de ma vie. J’ai juste fait toute ma vie ce qu’on me demandait de faire, qu’incombait mon rang, en essayant au mieux de me divertir entre les cours, les leçons du soir, les soirées mondaines et les réunions économiques avec mon père riche comme crésus.
Je soupire et pose mon visage sur mon poignet en regardant ailleurs, excédée à nouveau par ma situation sur Terre, le coude posé sur la table.
-Je n’ai vraiment aucun mérite maintenant que j’y pense. Un jour, j’hériterai de sa fortune, ainsi que de son entreprise basées sur le travail de toute une vie. Sa vie, en l’occurrence. Je vais probablement faire un mariage économique et finir par cacher mes relations passionnées avec un amant quelconque pour me donner l’impression de vivre et de briser les règles.

Après mon monologue, il ne répond toujours rien et se résume à m’observer dans le blanc des yeux fixement.
-…Vraiment, susurre-t-il avec une voix à présent exempt de toute animosité autant que de patience.
-Oui, vraiment, j’insiste.
-Comment s’appelle votre père ? Que faisait-il.
-Vladimir Roland Anderson. Technologie.
-… Cela ne me dit rien, murmure-t-il en me lançant un regard coupant. Vous devez être moins fortunés et notables que vous n’aimez le prétendre.
-Nous sommes ce qu’on appelle « des nouveaux riches ». Il a fait fortune il y a un peu plus de vingt ans, grâce à son génie, il s’est marié avec ma mère et je suis née quelques années après. Tadah ! je fais en levant un bras de façon sardonique sur moi et ma maudite situation.
-…Angelina ? Vladimir… ? Ce ne sont pas des noms habituels, poursuit-il sur le même ton de celui qui teste la moindre faille.
-Vincent me semble être un nom pourtant très habituel, je réplique d’un ton blasé, agacée par son manque d’intérêt total pour mon bavardage anodin.
-Il y a plus de trente ans ? Sûrement, lâche-t-il.
-Mon père a plus de trente ans, vous en êtes conscient, j’espère.

Il se rapproche soudainement de moi de façon très intimidante, voire menaçante, et me regarde droit dans les yeux, comme pour lire très profondément en moi.
-Lorsque je dis « plus de trente ans », confie-t-il d’un voix douce et traînante, je veux bien sûr dire hors temps.
-Nos parents ont des goûts arriérés et dépareillés dans ce cas, qu’il y a-t-il de mal à cela ? je réponds à nouveau en soupirant d’agacement. Vraiment, après tout ce que j’ai raconté, c’est tout ce que vous retenez ? Que mon nom et celui de mon père ne sont pas à votre goût ? Peu me chaut comme vous dîtes…
Il cligne des yeux, l’air confus.
-Chaut ? questionne-t-il, l’air réellement perdu.
-Et puis, Vincent Valentine, peut-on faire plus ringard je vous prie ? je poursuis en bougeant une main désinvolte pour avancer mon argument, les yeux distants.
-…Cette fois, je me permets de réfuter votre soi-disante politesse omniprésente, lâche-t-il d’une voix grave, presque bestiale, comme venant des profondeurs de sa gorge.
-Je ne vous le permets pas, et vous retourne le commentaire pour avoir déclaré les prénoms de ma famille comme vieillots. N’avez-vous rien d’autre à faire, ni aucune réelle sollicitude pour ma personne ?

Je ne me défends pas si mal en matière de mensonge, non ? Vincent semble si prompt à réagir à ma moindre provocation qu’il semblait avoir oublié d’éclairer les failles de mon histoire, comme les prénoms inhabituels. Comment pouvais-je savoir ce qui était fondé ou non après tout ?
Il ferme les yeux et reprend une inspiration (nécessaire, dirait-on). Puis soupire. Il semble même user de toute sa patience, comme si j’étais une gamine impatiente.
-Très bien. » Il rouvre les yeux. « Ce que je voulais dire, c’est que je ne vois absolument pas d’où vous venez…Votre histoire fait aucun sens. Le plus probable étant Midgar, je m’étonne que vous vous en soyez enfuie seulement maintenant, longtemps après les catastrophes que nous y avons essuyées.
Il me regarde à nouveau droit dans les yeux, l’air déterminé à me tirer les vers du nez. Catastrophes ? Quelles catastrophes ?
-Sans oublier le fait que vous êtes jeune, seule, désarmée et sans aucune expérience, fragile et aristocrate. Même si des relations houleuses avec votre père peuvent expliquer bien des choses…je doute que cela puisse suffire à ce qu’il vous abandonne à votre sort. Au milieu de nulle part, dans une zone contaminée au possible. Si comme vous dîtes, vous êtes son héritière et promise à un bon mariage.
Je le regarde droit dans les yeux. Okay, c’est peut-être un peu plus difficile que ce à quoi je m’attendais…
-Il est même plus que suspicieux que vous ne soyez pas atteinte par la maladie, ni ne portez aucun symptômes…auquel quoi j’aurais été forcé de vous laisser à votre sort.

Maladie ? À mon sort ?? Mais de quoi peut-il bien parler- je ne suis clairement pas à la page. Je vais devoir trouver une échappatoire pour enquêter sur la situation sans paraître suspicieuse à ses yeux.
-Vous m’en voyez navrée, mais c’était pourtant la stricte vérité. Je devais être trop « insupportable » et rebelle pour que l’on me garde, que voulez-vous ? je dis légèrement sur le ton de la plaisanterie et sans me départir toujours de mon sarcasme. Ce doit être pareil pour la maladie. Cependant malgré les apparences, sachez que je n’ai rien à me reprocher. Je suis même quelqu’un de très honnête.
Il laisse planer un rictus désabusé, empruntant lui aussi un timbre sarcastique. Je suis clairement dans son collimateur. Il n’achète rien de mes sottises.
-La preuve, je vous dis sans ciller que je vous trouve très beau. J’éprouve même soudain de profonds regrets d’avoir ne serait-ce songé à frapper votre visage. C’était très idiot de ma part.
Cette fois, une vraie surprise s’imprime sur ses traits, suivi d’un embarras naissant tandis qu’il me toise, comme si une deuxième tête m’était poussée.
Parfait, l’heure de baisser le rideau. Je me lève doucement, faisant passer mes jambes par-dessus le banc pour partir. Mais c’est plus fort que moi. Je m’arrête, fais le tour de la table pour m’approcher de lui en faisant glisser silencieusement ma main sur le cercle de la table vers lui, frôlant son coude.
-J’aurai dû frapper un endroit beaucoup plus fragile et incommode, je susurre d’une voix douce et complice, qui, je suis sûre, a tout à envier à votre beauté.
Je laisse planer un mince sourire entendu, suivi d’un clin d’œil mielleux, avant de m’éloigner vers l’étage de Fort Condor.

Je me retiens de jeter un dernier regard vers lui pour regarder la tête qu’il faisait. L’effet de finition demande à ce qu’on ne se retourne pas après une explosion. Il ne va probablement plus jamais m’adresser la parole, mais il est évident qu’il ne me porterait aucune aide. J’allais devoir m’en sortir par moi-même, à commencer par comprendre ce qu’il se passe.

(Music : The Promise Land - Cycle of Souls de FF7 Remake)

J’ignore au mieux les visages émaciés, fatigués, atterrés des gens qui m’entourent et vaquent activement à leurs occupations. Je crois n’avoir jamais baigné dans la populace de cette façon. Plus les gens deviennent riches, plus ils se tiennent immobiles j’ai l’impression. On ramène ce dont ils besoin à eux.
Je continue de monter indéfiniment les escaliers, essoufflée, jusqu’au plus haut sommet du Fort, que surplombe un immense oiseau doré veillant sur des éclats de coquilles d’œuf géant. Des personnes montent la garde pour observer l’extérieur, l’air grave et alertes. Ils me laissent approcher en silence, me regardant avec un air défaitiste. Un malaise s’installe alors définitivement dans mon estomac, me rendant fébrile.
Par l’embrasure d’une longue fenêtre rectangulaire horizontale, je jette un regard au paysage. Et ce que je vois me pétrifie sur place. Le ciel a des nuages du gris au noir d’encre au fur et à mesure qu’on regarde au loin. En effet la lumière perce tout juste à travers les nuages sombres pour nous donner l’impression qu’il faisait jour, mais c’est à peine si la plaine était reconnaissable :
L’herbe normalement verdoyante est sèche et aride, jaunie par la sécheresse. La terre rendue visible, craquelée comme un désert. Plus loin de Fort Condor, toute nature se teignait de cette couleur grisâtre n’engageant rien de bon.

Un silence mortuaire règne, c’est à peine si une brise soufflait. Il fait froid, sûrement moins de 10°, et je me rends compte que mon uniforme de lycéenne est à présent d’une mince protection contre cette température hivernale.
Le paysage est si sombre, si glauque…comme si les ténèbres elle-même avait empoisonné ces terres. À ma droite, je vois la chaîne de montagne séparant le marais de la plaine de Condor, et Junon de Midgar. Je ne vois pas Junon, en revanche, mais au loin au Nord, là où la ville devait se trouver, un orage violent gronde, et une brume carmine brouille l’horizon.
Je me sens tout à coup angoissée, opprimée, envahie par une peur panique qui monte, monte, sans jamais s’arrêter, jusqu’à trembler. Où suis-je ? Dans quelle période avais-je atterri ? Ce ne pouvait sûrement pas être Gaïa… Le monde de Final Fantasy VII, tel que je me l’étais imaginée, ressemblait à tout, sauf à ça. Il était vaste, fantastique et verdoyant. Comme ces montagnes imposantes à ma droite, fières, résilientes, immenses.
Que s’était-il passé ? De quelles catastrophes parlait Vincent ? Pas étonnant que mon histoire n’ait aucune logique. De quelle maladie parlait-il ? À observer l’extérieur, en effet c’est à se demander comment je n’avais pas été dévorée entière par ces ténèbres étranges qui semblent ne s’arrêter tout juste à l’approche d’une habitation.
J’avais été si loin de tout. Si Vincent n’était pas passé par la grotte…Ma chance tient plus du miracle qu’autre chose. Comment aurais-je fait si je n’avais pas été mise sur son chemin ? De là où je suis, je ne suis même pas sûre que des jumelles me permettent de voir l’entrée de la caverne.
Je me remémore soudain le rêve que j’ai fait la dernière fois que je m’étais endormie. Il y avait une personne…Une présence particulière même. Mais…les détails de mon rêve me sont déjà brumeux. Ce n’est pas comme si j’avais eu le temps où l’intérêt de m’y pencher ou d’en garder la mémoire après le serpent et Vincent.
…Non, je n’arrive pas à mettre un nom sur cette personne. Je sais qu’elle m’est importante… Je le sens, dans chaque fibre de chair de mon petit être ridicule. Mince, ce n’est pas la première fois que ma mémoire me fait défaut, mais tout de même. Il devait y avoir une raison entre ma venue et les catastrophes qui étaient arrivées. Le moment semble trop bien choisi pour paraître anodin. Sans oublier le fait de tomber à un point aussi bien nommé sur la route du tireur.

La personne de mon rêve en est sûrement responsable, aussi fuyante que me soit son identité et son souvenir. Il faut que je rentre en contact avec elle. Il n’y avait qu’une seule personne qui me venait à l’esprit capable d’accomplir ce prodige, si tout cela n’est pas un rêve, évidemment.
Ou je suis peut-être bien devenue folle…
Mais quand bien même c’en était un, ce serait la meilleure chose à faire. Pour l’instant, toutes les sensations qui me parcourent, ce froid, ces émotions…je touche l’embrasure de la fenêtre, croise momentanément le regard défaitiste du garde qui a observé ma réaction. Tout à l’air trop réel, jusqu’à la douleur de mes ongles plantés dans ma paume.
La question planait, sans autre échappatoire : si ce n’est pas un rêve, et que je suis bien sur Gaïa, pourquoi m’avoir emmenée moi ? Moi, parmi tant d’autres plus compétents et, de toute évidence, plus débrouillards que moi.
Je pince les lèvres. Il y a anguille sous roche, et je suis déterminée à le savoir. Si c’est là mon aventure et ma tâche, il est hors de question que je visite Gaïa dans cet état. J’ai bien trop attendu un tel moment.