Histoire originale

L’atelier que Katy avait créé remportait un certain succès auprès des gamins de l’association d’abord puis auprès des gosses du quartier. Son plus fervent apprenti était son neveu Tomas.
Depuis tout petit, ce gamin ne cessait de l’étonner, il touchait à tout : le dessin, le piano, la cuisine et les arts martiaux. Et il était doué en tout.

Combien de fois l’avait elle fait monter sur une chaise pour qu’il l’aide à faire des cookies ? il faut dire qu’il ne devait pas trop compter sur son père pour lui montrer…

Katy faisait toujours la tête à son grand-frère, elle se demandait parfois s’il le faisait pas exprès ? Chaque fois qu’ils faisaient la paix, Nicolas refaisait des siennes. La dernière ingérence de sa part était bien sûr d’avoir fait faire une promesse à Bryan son imbécile de mari.

La clochette au dessus de la porte retentie, Katy jeta un coup d’œil le temps de voir apparaître, son frère, elle se renfrogna et dit à Tomas :

- Mon chéri ton père est là, prépare tes affaires.
- Oh déjà ?
- Oui mon lapin.
- Tomas ? tu es prêt ?
- Oui oui j’arrive !!!

Ses affaires réunies pêle-mêle dans le sac à dos, il rejoignit son père et interpella sa tata :

- Tata ?
- Oui ?
- On ferra des cookies aux pépites de chocolats demain ?
- Encore ?
- Ouiiiii.
- Ok.

Katy fit rouler son fauteuil plus loin, elle entendit son frère soupirer et fermer la porte derrière eux.

Nico s’était pourtant démené la veille pour essayer de la convaincre, sa sœur était plus têtue que dix mules réunies…

***
La veille alors que l’atelier était vidé de ses élèves et que Katy s’afférait à ranger ce qui restait de peintures, tout en déplorant de ne pouvoir facilement nettoyer le sol et de devoir tricher.

La clochette retentit, elle tourna la tête inquiète car elle était persuadée d’avoir fermé à clé après le départ du dernier élève. Elle vit son frère, et aussitôt se renfrogna et lui dit sèchement :

- Va-t-en Nicolas !
- Katy…
- Je ne veux pas te voir, tu gâches toujours tout.
- Justement je voulais te dire que je ne suis plus du tout contre Bryan et toi…

Elle l’ignora, alla chercher une serpillère et le saut dans un placard et alla le remplir.

- Katy ?
- Je n’en doute pas le moins du monde ! le fait que Haruka refuse de faire l’amour y est peut être pour quelque chose.

Son frère rougit, il ne pouvait nier que c’était en grande parti pour ça.

- Il y a de ça, mais c’est surtout que je pense à ton bonheur.

Katy devint rouge de colère et lui dit :

- Mon bonheur ? mon bonheur tu dis ? mais tu n’en as rien à faire de mon bonheur Nicolas !!!!!!! tout ce qui t’importe c’est ta petite personne et tes propres objectifs !!! tu interviens dans ma vie et tu gâches tout ! pourquoi aller demander une telle promesse à Bryan ? je te déteste, va-t-en !

Katy était tellement énervée qu’elle fit une fausse manœuvre en dirigeant son fauteuil et celui-ci bascula.

- Katy !!

Il s’approcha de sa sœur.

- Va-t-en d’ici, fit-elle rageusement au milieu des larmes. Je ne veux plus jamais te parler.
- Je vais t’aider.
- J’ai pas besoin d’aide et encore moins de la tienne !

Tant bien que mal, elle redressa le fauteuil et à la force des bras elle se hissa dessus. Insensible à la douleur diffuse dans ses côtes.

- Katy.
- Pars.

Elle le regarda droit dans les yeux, et il vit dedans une telle colère, et rancœur, qu’il sentit son cœur se serrer. Ou était passé sa petite sœur qui l’adorait ? La séparation forcée quand elle avait sept ans, avait créé un tel abysse et le fait qu’elle sorte avec son meilleur ami, qu’elle se soit marié à seize ans.

- Je suis désolé, Katy. Je ne voulais que te protéger.
- Je suis assez grande pour me protéger toute seule. Maintenant pars.

La mort dans l’âme il tourna les talons et ferma la porte derrière lui.

Katy regarda longtemps la porte par laquelle son frère était sorti.

Elle resta un petit moment à regarder la porte désormais close. Elle savait bien qu’il faudrait tôt ou tard se réconcilier avec son grand-frère. Petite, il était le centre de son univers, et s’il n’avait pas disparu sans laisser de trace, il serait sans doute toujours aussi proche. Elle savait bien que s’il avait disparu ce n’était pas de sa faute, mais elle n’y pouvait rien, elle lui en voulait de l’avoir abandonnée. Bien sûr c’était irrationnel et pas logique, intellectuellement elle le savait, mais son cœur lui refusait de l’admettre.
Et surtout ce qui l’énervait le plus c’était que sans son intervention dans sa vie d’adulte, elle se serait sans doute rapproché à nouveau de son frère, mais son ingérence et ses conséquences faisaient qu’elle était encore plus en colère maintenant que jamais.

Elle se força à se secouer et retourna ranger des papiers restant, quand la porte s’ouvrit, elle se tourna prête à jeter une fois de plus son frère dehors, mais quand elle identifia son visiteur.

- Seito !!! ça fait longtemps c’était bien Hokkaido ?

Son meilleur ami s’approcha et l’embrassa sur la joue. Cela aurait pu être étrange dans la mesure où le Japon n’était pas pour de telle démonstration entre amis. Mais ce dernier s’était bien habitué à son amie qui avait vécu jusqu’à dix ans aux Etats-Unis.

- Tu as de petits yeux Katy, ça ne va pas ?

Ils ne s’étaient pas vus depuis son mariage, elle fit la grimace.

- Comment se passe ta vie de femme mariée ? la taquina-t-il.
- On va dire sans commentaire dit-elle d’un ton maussade.
- J’ai vu ton frère quitté ici, au fait c’est quoi cet endroit ? Vanessa m’a dit que je te trouverais ici.
- Ici, c’est l’atelier. J’ai décidé de donner des cours de dessins, de poterie et d’aquarelle aux petits.
- Je pensais que tu serais occupée chez toi avec Bryan.
- Je le serais si mon crétin de mari et moi ne vivions pas séparé grommela-t-elle. Il faut bien que je m’occupe.

Seito fronça les sourcils, il se demandait ce qui s’était passé. Vu la tête de sa meilleure amie quelque chose de grave avait dû arriver, depuis qu’il la connaissait. Elle lui parlait au moins vingt fois par jour - et encore il était optimiste – de son Bryan. S’il n’était pas lui-même amoureux de Saki, il aurait déjà pensé à la bâillonner mais il savait qu’il parlait lui aussi de Saki souvent !

- Tu vas tout me raconter, mais d’abord on va fermer ici. Tu as fini ?
- Oui.

Il l’invita à sortir et après avoir tout fermé, il l’emmena chez lui et son frère. Son frère Shinji étant la plupart du temps chez sa fiancée, il savait qu’ils seraient tranquilles un bon moment.
Une fois arrivés, ils s’installèrent dans la cuisine. Et il lui servit une coupe de glace, une boule de chocolat et une autre de vanille avec de la chantilly. Une fois leurs glaces finies :

- Raconte.

Elle lui raconta, son voyage de noce, gâché parce que l’amour de sa vie avait avoué qu’il n’avait pas l’intention de consommer le mariage, leur séjour écourté, son petit week-end seule dans un hôtel. Son déménagement, l’ouverture de l’atelier et enfin, elle laissa s’écouler ses larmes et des hoquets horribles. Lui avouant que Bryan n’avait pas pris de ses nouvelles et qu’il n’avait pas tenté de réconciliation et enfin elle lui raconta l’ingérence de son frère.

Seito lui tendit un paquet de mouchoir, et il soupira. Quel bande d’idiots tous les trois. Katy eut un petit sourire triste quand elle lui dit :

- L’aspect positif c’est que Haruka me soutenant, elle refuse que Nico l’approche, d’où son intervention inespéré de tout à l’heure. Il essaie de me convaincre de pardonner à Bryan.
- Tu ne veux pas lui pardonner ?
- Lui pardonner oui, mais comment savoir après s’il veut de moi pour garder le mariage ou s’il en a vraiment envi.
- S’il n’avait pas envie de toi il ne t’aurait pas épousé. D’autant plus que depuis que vous êtes ensemble, il n’a pas approché d’autres femmes, ce qui est normal et qu’il ne t’a pas touché. Personnellement je trouve ça très respectueux.
- Qu’il ne m’ait pas touché quand on n’était pas marié, c’est normal ! mais là, on est mariés, si ce n’est pas pour faire l’amour qu’on s’est marié à quoi ça servait ?

Seito rougit légèrement.

- Tu sais j’admire son contrôle de lui-même, c’est difficile tu sais…

Katy fronça les sourcils et tout à coup, un sourire en coin apparut sur son visage, et ses yeux pétillèrent de malice.

- Toi et Saki… ?

Il vira à l’écrevisse mais déclara :

- Saki et moi rien du tout, pas encore du moins. On essaie de patienter… c’est pas facile. J’admire l’abnégation de Bryan et j’essaie d’agir de la même façon que lui.

Katy le regarda avec un sourire narquois :

- Jusqu’à refusé de consommer le mariage ?

Seito eut un petit rire nerveux :

- Non ça c’est sûr, je ne suis même pas sûr qu’on tienne jusqu’au mariage… comme on veut faire des études, d’éducateurs spécialisés et d’animation. Ton mari est maso !

Katy éclata de rire, et Seito la rejoignit, content d’avoir réussi à la faire rire, même s’il ne savait pas comment.

- Katy ?
- Oui ?
- Tu es prête ?

Elle fronça les sourcils, et dit :

- A quoi ?
- Et bien… regarde.

Il alla dans sa chambre pour récupérer dans un de ses tiroirs un carnet à spiral et il lui apporta.

- Cela te rappelle quelque chose ?

Katy prit le carnet et le feuilleta, elle cligna des yeux et dit :

- C’est ce que je pense ?
- Tout à fait Madame Stevenson.
- Notre…
- Carnet d’actions et de plans qu’on avait mit en place.
- Tu l’as gardé ?
- Bien sûr.

Katy lit quelques pages et déclara :

- Ya des idées bizarres dedans, on pensait vraiment que ces plans marcheraient ?

Il éclata de rire :

- Oui, on pensait que ça marcherait, bon c’est vrai qu’ils étaient plus foireux les uns que les autres mais bon. Le dernier a marché.

Katy se souvint du dernier plan pour se rapprocher de Bryan, cela avait consisté à lui faire croire que Seito et elle sortaient ensemble. L’apothéose de ce plan consistait à faire croire qu’ils allaient dans la grotte de l’amour, pour s’embrasser. Elle fronça les sourcils :

- Saki avait failli tout faire foirer !
- C’est vrai, elle en avait marre de jouer la comédie.

Katy vit dans ses yeux une tendresse qu’elle savait réservée à Saki. Elle était sûre que leur couple marcherait.

- Donc tu proposes…
- Qu’on mette en œuvre quelques plans.

Katy hésita, cela signifiait pardonner à Bryan. D’un autre côté elle ne se sentait pas capable de vivre sans son premier amour.

- D’accord.