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Manga / Anime

Fairy Tail

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Les nouvelles aventures de Fairy Tail : la princesse au bois rĂŞvant

Usagi-chan

Résumé : Le futur est-il vraiment déjà écrit, et notre destin tout tracé ? Nous, on n’y croit pas une seule seconde ! Nous sommes des mages de Fairy Tail, et notre avenir, il n’y a que nous qui puissions en décider ! Si tu n’aimes pas ce que tu vois, alors lève-toi et bats-toi pour que demain existe !

Disclaimer : La plupart des personnages ainsi que l'univers appartiennent Ă  Hiro Mashima. Les personnages qui ne font pas partie de Fairy Tail sont Ă  moi.

CHAPITRE 23: Bataille au clair de lune… Sharuru, est-ce vraiment ainsi que l’on motive ses troupes ?

Il bondit dans l’obscurité du couloir, emmenant sa captive loin de ses compagnes qui n’avaient rien vu venir.

- Yume-san ! s’exclama Wendy, ses yeux s’écarquillant sous la surprise de voir la prêtresse disparaitre, prisonnière d’une ombre massive et rapide.

Alors que les fées s’élançaient à sa suite, une exclamation furieuse retentit non loin, accompagnée d’un inquiétant bruit de déchirure. Un grognement rauque de douleur lui répondit aussitôt.
Erza fusa dans leur direction, et talonnée de ses deux amies, rejoignit Yume à un tournant du couloir. La jeune femme, libérée de l’emprise de son ravisseur, serrait en son poing une liane hérissée d’épines longues et tranchantes, si fort que ses articulations en étaient blanches. Elle faisait face à un brun gigantesque à la poitrine lacérée et ensanglantée. La mage en armure tressaillit à l’expression de colère et de dégoût peignant le visage de la prêtresse.

- Yoru, gronda-t-elle en fixant son regard sur la chemise écarlate, tu n’es qu’un ignoble traitre…J’ai toujours su que tu n’étais pas digne de la confiance de mon père !

Puis elle lança à ses camarades, d’un ton péremptoire :

- Ne regardez surtout pas ses yeux ! Souvenez-vous qu’il peut vous vider de votre magie !
- Yume, viens avec moi, répondit-il d’une voix grave et égale. Je t’amène à Kyouaku. Il te rendra ta sœur.

A ces mots, la prêtresse sursauta, puis se raffermit. Elle savait pertinemment que Kyouaku détenait Mirai, mais n’allait certainement pas tomber dans un piège aussi évident et être présentée captive au chef ennemi. Elle allait le trouver elle-même, le vaincre et réunir sa famille à nouveau. Même si elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle devait s’y prendre. Et si défaire Yoru était nécessaire, tant pis pour lui. Il leur avait fait trop de mal pour susciter sa clémence, même au nom de son idiote et amoureuse de sœur. Mirai était partie à cause de lui, il les avait séparées, brisé Shin et déchiré sa famille. Il allait payer pour tout cela, lui qui l’avait agressée, lui qui avait profité de sa tolérance et de sa faiblesse. Mais c’était terminé. Au diable Kyouaku et ses plans diaboliques. Yoru était là, juste devant elle, son sang coulant par sa main. Et cela continuerait tant qu’il ne serait pas à terre, incapable de les faire souffrir à nouveau. Elle sentait ses pouvoirs croitre avec sa haine, tourbillonnant dans sa tête, grondant dans son cœur, s’insinuant dans ses veines, rampant dans ses membres. Ses yeux ne voyaient plus que lui, le félon, le perfide, l’ignoble qui lui avait ravi sa fragile et influençable sœur jumelle, lui arrachant la moitié de son âme. Tous ses muscles tendus, la moindre fibre de son être focalisée sur l’adversaire, elle était prête à lui faire regretter de s’être attiré les foudres de la prêtresse de Dreaming Light.

L’écho de la voix autoritaire d’Erza la tira un instant du vertige enivrant de ses pensées haineuses et vengeresses :

- Wendy, Sharuru ! Continuez d’avancer avec Yume-san, je m’occupe de ça.
- Yume est à moi ! rugit Yoru en se jetant sur Erza, son poing ganté hérissé de pointes meurtrières prêt à frapper.

Celle-ci esquiva l’assaut et répondit par un coup de pied dans la nuque du brun. Il fut projeté contre un mur.

- Dépêchez-vous ! ordonna-t-elle en atterrissant souplement au sol, les yeux rivés sur l’ennemi.
- Non, répondit la prêtresse dans un grondement hargneux dont la mage de rang S ne l’aurait jamais pensée capable, elle si douce et hésitante. Je dois régler cette affaire ici et maintenant. Il ne s’échappera pas, pas cette fois-ci ! Il ne sortira jamais de ce manoir ! Je ne le laisserai pas s’enfuir à nouveau ! Cette infâme charogne putride ! Il nous a trahis et détruit ma famille !

Erza déglutit. La situation s’annonçait compliquée. Il était vital que Yume garde ses forces, et ne soit pas blessée. Elle ne devait pas succomber à la colère. La jeune femme semblait oublier leur objectif premier, la haine occultant sa raison. Et elle pouvait tant la comprendre ! Mais pas la laisser faire. Si la fureur pouvait révéler des facultés insoupçonnées, sa force destructrice risquait de balayer quiconque se laissait dominer par elle. Elle avait assisté à ce triste spectacle. Elle s’en souvenait encore, elle, seule affranchie de la cauchemardesque tour de son enfance, trahie, meurtrie, abandonnée, uniquement sauvée par la chaleur de Fairy Tail.

Yoru se relevait déjà, bien qu’un peu sonné. Yume s’apprêtait à relancer son assaut, ses mains s’illuminant d’une étrange lumière verdâtre. Il fallait faire vite.
Titania agrippa brutalement l’épaule de la mage furieuse et la força à lui faire face, la coupant ainsi dans son élan.

- Ne vous laissez pas submerger par la rage, ce n’est pas lui votre ennemi, la sermonna-t-elle. Tout ce que vous obtiendrez en combattant ici, c’est une perte colossale d’énergie et de chances de victoire. Je ne vous le permettrai pas ! Nous comptons tous sur vous, ne nous trahissez pas !
- Non, pas encore ! La dernière fois que je l’ai laissé partir, il a emmené ma sœur ! Il a causé tous nos problèmes ! Parce que JE l’ai laissé s’écha…

Mais Yume n’eut pas le loisir de finir sa litanie vengeresse. Une gifle cuisante lui brûla la joue et la projeta presque au sol, provoquant un petit cri de surprise chez Wendy qui assistait à la scène, anxieuse de voir ses amies se disputer devant un ennemi aussi dangereux.
Le regard halluciné, presque dément de la prêtresse, se posa sur une Erza dont la colère apparente ne faisait que dissimuler l’inquiétude. Mais aussitôt les prunelles de la reine des fées s’adoucirent, et forçant Yume à la regarder dans les yeux, elle reprit d’une voix bienveillante :

- Ce n’est pas de votre faute.
- Mais si je n’avais pas…
- Personne ne sait ce qui serait advenu, coupa Titania gentiment. Le futur est bien trop aléatoire, et régi par des lois que nous ne pouvons comprendre. N’êtes-vous pas la mieux placée pour le savoir ? Alors, non, ce n’est pas de votre faute. Vous n’avez pas demandé à Kyouaku de vous pourchasser, vous ne lui avez pas demandé de vous envoyer un espion, vous n’avez pas demandé à votre sœur de partir. Le poids sur vos épaules est déjà si lourd, n’y ajoutez pas cette culpabilité étouffante et injuste.

Yoru se massait le cou en faisant craquer ses vertèbres. Titania, avisa du coin de l’œil Wendy se mettre en position de combat, Sharuru aux côtés sa jeune amie bien décidée à la seconder, et pesta intérieurement. Elle aurait dû frapper plus fort.

- Laissez-nous vous aider, continua-t-elle, douce mais ferme. Laissez-moi vous soulager de ce pénible combat. Ce n’est pas le votre. Faites-nous confiance. Croyez en Fairy Tail, croyez en vos proches. Croyez en vous.

Yume ne répondit rien, hébétée, sonnée par des mots qu’elle ne pouvait admettre avoir toujours rêvé d’entendre.
Erza interpréta ce silence comme une approbation. La jeune femme poussa un soupir de soulagement, et ses muscles se tendirent. Elle allait combattre.

Yoru fit soudain volte face et tenta de s’approcher du petit groupe, seulement pour être entravé par une bourrasque puissante. Le hurlement de Wendy le repoussa de quelques mètres vers le mur, mais avant même que la jeune mage n’ait pu réfléchir à sa prochaine attaque, le vent invoqué disparu et le brun massif fondit sur elle, son poing ganté de métal prêt à s’abattre sur sa frêle silhouette. Prise par surprise, la chasseuse de dragon n’eut que le temps de dresser ses mains devant son visage et de fermer les yeux, dans un réflexe de survie inutile.
Elle se sentit soulevée de terre, et un fracas métallique accompagné d’une exclamation d’effort violent, l’enjoignirent à ouvrir les yeux. Sharuru l’avait agrippée et quelques centimètres à peine sous ses pieds, Erza avait prit l’attaque de front, contenant le poing de Yoru avec le plat d’une lame, son œil gauche fermé.

- Wendy, Sharuru ! Je confie Yume, avancez avec elle, je vous rejoindrai ! répéta-t-elle en ployant sous la force démesurée du colosse.

Elle espérait juste qu’elle serait de retour à temps pour faire face à Kyouaku avec elles. Elle ne l’avait jamais vu, ne le connaissait qu’à travers la description de Yume, mais cet être malfaisant et l’aura de perversion que sa seule présence laissait planer dans le château la mettaient mal à l’aise. Extrêmement mal à l’aise. Si elle n’avait pas été Erza Scarlett de Fairy Tail, Titania la reine des fées, alors peut-être, peut-être aurait-elle ressenti une intense peur et eu envie de fuir. Elle ne voulait donc vraiment pas laisser Wendy et Sharuru seules avec la prêtresse face à lui. Mais il était hors de question que le jeune dragon affronte cette montagne de muscle, qui avait de plus la capacité d’annuler la magie. Au corps à corps, la fillette n’avait aucune chance. Erza, elle, était une combattante aguerrie et avait l’avantage d’être immunisée contre tout sort oculaire.

Au moment où Sharuru reposait Wendy auprès de Yume quelques mètres plus loin, un craquement sinistre se fit entendre, et la lame de Titania se brisa. La jeune femme ne se laissa pas impressionner pour autant, s’accroupit lestement et balaya les jambes de son adversaire d’un coup de pied assuré, puis projeta son poing vers le torse imposant. Mais Yoru agrippa son bras et l’entraina avec lui, se servant de l’élan de sa propre chute pour envoyer la reine des fées droit dans un mur. Erza replia ses jambes sous elle et amortit l’impact, se servit de l’épaisse cloison de pierres comme d’un tremplin et fonça à nouveau sur l’ennemi.

- Emmenez-la ! Maintenant ! s’écria-t-elle. Yume, je me charge de lui, alors partez !
- D’accord ! répondit Wendy.

La Dragon Slayer des cieux attrapa la main de la prêtresse, et Sharuru volant à ses côtés, s’élança dans le couloir en entrainant la jeune femme à sa suite. Elle aurait préféré rester pour prêter sa force à Erza, mais le temps pressait, et elle pouvait à présent également sentir la terrifiante malfaisance dégagée par les manigances de Kyouaku, où qu’il puisse être. Elle n’avait pas la moindre envie de le combattre sans la redoutable reine des fées, mais le temps était venu de prendre son courage à deux mains et de faire face à l’ennemi. Et puis, elle n’était pas seule, elle avait Sharuru pour la soutenir, ainsi que Yume et ses fabuleux pouvoirs. Jusqu’à ce que la prêtresse les libère, elles la protègeraient.
Cette dernière se dégagea brusquement de son étreinte et s’arrêta dans sa course, le regard tourné derrière elles. Les bruits du combat étaient parfaitement audibles, elles étaient encore bien trop près.

- Venez Yume-san, il faut y aller ! L’invectiva Wendy.
- Mais, peut-on vraiment la laisser ? protesta faiblement la jeune femme, sa fureur récente un peu calmée. Yoru est un véritable monstre, personne ne devrait l’affronter seul !

Malgré la situation, Wendy émit un petit rire, mi-amusé, mi-effrayée.

- Erza-san est-elle-même un monstre, répondit-elle en reprenant les mots de ses aînées, alors que des images des précédents combats de Titania défilaient dans son esprit.

Elle marqua une petite pause, puis reprit, la frayeur l’emportant sur l’amusement :

- Ne lui dites surtout jamais que j’ai dit ça, d’accord ?

Yume la regarda, étonnée.

- Jamais ! Insista la fillette.
- Haha… oui, d’accord, acquiesça la rouquine, légèrement amusée à son tour.
- Il serait plus que temps de continuer, intervint Sharuru avec son austérité habituelle.
- Oui, allons-y, approuva le jeune dragon.

Toutes trois se remirent en route, laissant Erza à son combat, avançant à travers une atmosphère dense et poisseuse de magie noire, vers un affrontement aussi inéluctable qu’angoissant.

…………………………………

- Yume est à moi ! rugit le mage sombre, les yeux brillants de colère.

Il se rue sur la reine des fées dans un élan brusque et rapide, bestial. Elle peut à peine suivre le mouvement. Les coups et parades s’enchainent alors au rythme de leur instinct. Yoru possède une vitesse prodigieuse, repoussant déjà la puissante Erza dans ses retranchements.
Une pointe métallique passe dangereusement près de son œil valide. Elle la remarque à peine, concentrée sur sa contre-attaque.
Pas de place pour la stratégie. Plus le temps de réfléchir. Seuls ses réflexes la sauvent. Pour le moment.
Un regard meurtrier, inefficace sur son œil artificiel. Erza se baisse. Juste à temps. La jambe de Yoru frôle le haut de son crâne, manque sa cible, revient à la charge. Elle se jette sur le côté, prend appui sur sa main, lance son pied dans les côtes de l’adversaire. Il ne rencontre que le vide. Un mouvement, vif, sur sa droite. Vite, se rétablir, attaquer à nouveau. Manqué ! Un choc, sur sa tempe gauche. Elle ne l’a pas vu venir, pas eu le temps de le sentir. L’ennemi est rapide. Trop rapide. Et son œil fermé impose à Titania un angle mort qu’il n’a pas attendu pour mettre à profit.
Un autre assaut ! De front cette fois. Les iris sombres et implacables fixent son œil droit, encore. Mais la magie ne l’atteint pas. Il fond sur elle, massif, fulgurant, mortel. Un frisson lui glace l’échine. Parer, se protéger ! L’armure adamantine !
Le métal absorbe l’impact. La cuirasse vibre. Riposter ! Mais elle est trop lente, l’équipement trop lourd, elle n’a pas d’arme. Elle ne peut que se défendre, pas gagner. Se changer, attaquer ! L’armure du purgatoire ! Elle lève l’énorme massue. Il a disparu ! Non ! Sur sa droite ! Elle a commis une erreur, son aisselle découverte est un point faible ! Se protéger ! Elle abat la masse sur lui. Mais il l’évite sans peine. Vraiment ? Et une attaque multiple ? L’armure de la nature ! Les épées tournoient, encerclent, fusent. Inutile, aucune ne l’atteint. Repoussées, évitées, elles gisent sur le sol de pierre comme autant d’alliés tombés en un instant.
Il a disparu ! Où est-il ? Pas le temps de réfléchir. Une menace, un tressaillement, là dans son dos ! L’éviter. Trop rapide, il va l’avoir ! S’équiper ! L’armure de l’envol ! Elle saute, s’éloigne. Les piques d’acier effleurent son dos, sa peau déchirée la brûle.
C’est sans importance, il revient à la charge. Il est trop près ! Une épée, maintenant ! La lame apparait dans sa main droite, repousse l’assaut, se brise sous sa violence. Peu importe, une autre prend déjà place dans sa paume gauche. Elle saute, abat son bras armé. Le colosse se décale, évite le coup de justesse. Elle dévie la trajectoire du sabre, entaille la chair du bras droit. Trop peu. Un grognement agacé plus que douloureux s’échappe de la gorge épaisse. Ne pas attendre, attaquer encore ! Le harceler de coups, qu’il ne puisse plus s’enfuir. Non, l’ennemi a esquivé ! Des doigts puissants se referment sur la lame, la fendent, la broient. Les morceaux tombent, teintés de rouge. La garde, inutile, les suit.
Les débris n’ont pas touché le sol qu’Erza a déjà bondi. Son poing, son genou, son pied frappent le menton, l’abdomen, le thorax ennemis. Il chancèle à peine. Recommencer. Non, son coup de pied est bloqué ! Prendre appui sur le bras adverse, sauter, lancer l’autre jambe. Viser la tête. Encore parée ! Le poing arrive sur elle, se dégager !

Erza atterrit souplement sur le sol de pierres, essoufflée. La situation n’était pas brillante. Plus rapide grâce à son armure de l’envol, la mage chevalier pouvait enfin rivaliser de vitesse avec Yoru. Mais pas de force. Les assauts qu’elle lançait dans cet équipement ne portaient pas. Ou pas assez. La légère entaille marquant le bras droit de son adversaire, fruit de la seule attaque aboutie de Titania, ne semblait ni le ralentir ni l’affaiblir outre mesure, pas plus que les impressionnantes et profondes griffures héritées de Yume. Et la blessure qu’il s’était auto-infligée en brisant l’une de ses lames n’était qu’une minuscule et insignifiante écorchure sur sa paume immense.
Quand à Erza, elle sentait l’écoulement visqueux du sang dans son dos, et sa tête bourdonnait affreusement depuis le choc sur sa tempe.

- Pourquoi fermes-tu ton œil gauche ? lança Yoru, hargneux. Pourquoi ma magie ne fonctionne pas contre toi ? Saloperie de fée !
« Ils sont ici pour te la prendre. »

Erza ne répondit pas. Pendant qu’il s’interrogeait, elle réfléchissait, sans le quitter des yeux. L’armure de l’envol lui permettait d’éviter les coups, mais pas de les rendre. L’armure adamantine la protégeait mais elle ne pouvait pas attaquer. Il lui fallait de la force. L’armure aux ailes noires décuplerait la sienne. Mais elle perdrait en vitesse. Non, c’était trop dangereux. Une arme puissante telle que la masse du purgatoire était trop lourde pour être maniée sans l’armure associée. Et porter son fidèle hakama, qui lui avait permis de se sortir des situations les plus périlleuses, signerait probablement son arrêt de mort dans ce combat. Elle n’avait pas le luxe de se permettre la défaite. La moindre erreur pouvait être fatale. Elle en avait déjà trop fait. La vitesse foudroyante de l’ennemi menaçait d’avoir raison de sa ténacité à chaque instant… La voilà, la réponse était là !

- Peu m’importe, déclara Yoru. Tu vas mourir ici, Titania ! Yume est à moi ! A moi seul ! tonna-t-il.
« Tue-les. Tous. »

Il s’élança à nouveau. Trop tard ! Erza s’était déjà rééquipée, et s’éloigna prestement. Un éclair jaillit de son sceptre, fondit sur Yoru, le frappa de plein fouet. Il poussa un hurlement de douleur pure, et s’effondra au sol.
L’armure de l’impératrice de la foudre était la solution. Elle permettait d’attaquer à distance, à la vitesse de la lumière. Tant qu’elle ne le laissait pas approcher et gardait sa paupière gauche baissée, elle avait une chance.
Le mage brun se redressa, écumant de rage. Dans un beuglement de bête féroce, il chargea la reine des fées. Celle-ci déchaîna le tonnerre une fois de plus. Il encaissa mais fut considérablement ralenti, et la mage de rang S échappa à son poing énorme sans difficulté. Elle lui asséna un coup de pied en pleine poitrine au beau milieu des griffures suintantes, teintant de rouge ses pièces d’armure immaculées, avant de se propulser hors de portée. Un nouvel éclair toucha le brun à l’endroit exact où elle venait de le frapper, deux autres brisèrent ses poings d’acier. Il fut projeté en arrière et heurta violemment le sol.

Il ne bougeait plus. Prudente, la mage s’approcha, son sceptre dans une main, une lame affutée dans l’autre. Cela pouvait-il vraiment être si facile ? Le traitre de Dreaming Light tel qu’il lui avait été décrit, le monstre de Dark Holders, vaincu en trois éclairs ?
Un grognement rauque lui parvint. Tendue, elle attendit, son œil toujours rivé sur le dos trapu.

- Yume… Jamais…
« Ils la sacrifieront sans aucune hésitation. Ils n’ont que faire d’elle. »

Au prix de ce qui parut un effort déchirant, Yoru se redressa sur les genoux, sa respiration forte, telle celle d’un taureau sauvage cerné et furieux. Il se tourna vers Erza, et celle-ci eut un mouvement de recul. Son regard dément, empli d’une haine sans fond était focalisé sur elle. Elle n’était pas mage à se laisser impressionner, mais il y avait vraiment quelque chose d’effrayant, une telle lueur de rage malsaine et hystérique émanait de ces yeux, qu’elle ne put retenir un frisson.

- Je ne vous la laisserai pas ! Jamais !
« Tu ne la verras plus. Tu seras seul. »


Il était sur elle ! Comment pouvait-il être si imposant et en même temps si rapide ? Il était blessé, les trois éclairs avaient gravé des tranchées fumantes dans sa chair mais il ne semblait pas les sentir. Ca n’avait aucun sens.
Un coup porté en plein dans l’estomac envoya la reine des fées au sol, le souffle coupé, l’impression d’avoir été brisée en deux. Sa tête heurta la pierre froide et un liquide chaud et poisseux coula sur son front en même temps qu’il remplissait sa bouche de son goût âcre et écœurant. Son sceptre se brisa et l’armure disparut sous le choc, la laissant sans protection, vulnérable, sonnée.

- Elle est à moi ! A moi ! Tu ne l’auras pas ! Tu ne la tueras pas !
« Il n’y a qu’elle pour toi, tu le sais. »

Les rugissements fous du colosse parvenaient à Erza comme à travers une brume épaisse. Ses oreilles lui semblaient être remplies de coton. Elle se demanda vaguement pourquoi il ne cessait de clamer la propriété de la prêtresse, pourquoi il l’accusait elle de vouloir lui ôter la vie. C’était idiot. Elle voulait la protéger, l’aider à vaincre et à rester en vie. Lui l’avait trahie et profondément blessée. Ca n’était pas logique. Rien dans ce combat ne l’était. Yoru avait d’abord tenté de s’emparer de Yume pour l’amener à Kyouaku. Lequel voulait l’éliminer. Et maintenant, il hurlait qu’il ne la laisserait pas lui faire du mal. La cohérence du raisonnement lui échappait. Mais y en avait-il seulement une ? Le mage sombre semblait atteint de démence. Et il y avait cette force, cette résistance, cette vitesse impensables. Cette rage improbable. Celle d’une bête blessée, terrifiée, qui n’a plus rien à perdre. Mais elle avait si mal à la tête ! La vue brouillée par la douleur et le sang pris dans ses cils, Erza avisa la silhouette massive de Yoru s’approcher d’elle. Etait-ce la fin ? Là, comme ça ? Si brutalement ? Au beau milieu d’une mission ? Certainement pas ! Qu’elle soit foudroyée par ses propres éclairs et privée de fraisier pour le restant de ses jours, plutôt que de déshonorer le nom de Fairy Tail !
D’un bond, Titania se redressa, le regard dégagé de son voile écarlate et visqueux d’une main assurée. Ses vertiges n’avaient aucune importance. Le bourdonnement incessant de ses tympans n’avait aucune importance. Le sang qui coulait dans son dos, sur sa tempe, sur son front n’avait aucune importance. L’ennemi, lui comptait. Et il était là, juste devant elle. Non, il était sur elle.

Pour vaincre un adversaire plus fort que toi, deviens plus puissante que lui !

Dans un enchainement si rapide qu’il était presque impossible de le comprendre, la reine des fées sauta, s’échappa dans son armure de l’envol, s’équipa de celle de l’étoile du matin et, ses deux épées chargées à bloc de la magie issue directement de son corps, bombarda Yoru de décharges d’énergie pure.
Les explosions magiques retentirent dans un fracas étourdissant, soulevant un nuage de pierres fracassées, réduites en poussière, ébranlant jusqu’aux fondations du château.
Haletante, Erza atterrit plus violemment et maladroitement sur le sol qu’elle ne l’aurait voulu, mais resta attentive, concentrée, déterminée. Cela lui sauva la vie.
Alors que les débris arrachés au sol et aux murs retombaient lourdement, révélant les cratères laissés par les déflagrations de la reine de fées, Yoru surgit du nuage de poussière, indemne.

« C’est impossible, comment a-t-il pu éviter toutes mes attaques ?! » se demanda Titania alors qu’un poing énorme manquait d’effleurer sa joue.
Une habile pirouette, un coup de pied rapide, un saut leste, et la revoilà hors de portée, son adversaire déséquilibré pour quelques secondes. Plus qu’il n’en fallait à la plus puissante des femmes de Fairy Tail pour transférer sa magie dans ses lames et attaquer à nouveau. Malheureusement, si cette armure lui permettait des assauts puissants, plus que ceux de l’impératrice de la foudre, ils étaient également bien moins précis et plus consommateurs d’énergie.
Yoru passa une fois de plus au travers des mailles meurtrières et éclatantes des bombes de lumière. Mais il était moins rapide et Erza le remarqua. Pas beaucoup, il évitait toujours ses attaques, la harcelait toujours de ses poings, mais il semblait fatigué, plus pale, plus gourd. Enfin ! Cependant, elle aussi déplorait une perte d’agilité, de vitesse et de force plutôt ennuyeuse. Il fallait mettre fin à ce combat le plus vite possible. Il lui fallait lancer une dernière attaque, décisive. Il fallait le laisser s’approcher. Il fallait tirer à bout portant, ne pas lui laisser la possibilité d’éviter.

- Tu es finie Titania. Tu ne lui feras pas de mal. Je vais la sauver !
Elimine Fairy Tail et elle sera tienne.

Il s’élança. Elle se raidit.
Il fonça. Elle se concentra.
Le poing se serra en une masse compacte et puissante. La magie afflua dans les lames luisantes et tranchantes.
Il était trop loin. Encore trop loin. Attendre, juste un tout petit peu. Une fraction de seconde. Qu’il ne puisse pas la toucher, qu’elle ne puisse pas le manquer.
Maintenant.
Une goutte de sang coula du front d’Erza, recouvrit son œil droit. Aveuglée, elle hésita un instant. Un instant de trop. Elle ouvrit son œil gauche, qui s’écarquilla d’horreur à la terrible erreur qu’elle venait de faire. Le coup partit. Pur réflexe inutile. L’explosion détruisit le peu qu’il restait du large couloir, bien plus loin, derrière Yoru. Mais Titania n’eut pas le loisir de le remarquer. Car s’enfonçait dans sa prunelle vulnérable le regard impitoyable et pénétrant de l’ennemi.
Erza ferma sa paupière, et d’un revers de main, essuya le sang des cils de son autre œil, libérant sa vue, espérant limiter les dégâts. En vain. Le contact visuel n’avait duré qu’une fraction de seconde, mais elle avait senti sa puissance magique s’effondrer d’un coup. Déstabilisée, elle vacilla, et tomba au sol, alors que l’air vibrait sous l’assaut adverse, évité par chance. Son instinct la poussa à rouler sur le côté pour s’éloigner du monstre. Soudain, le sol se déroba sous elle. Son corps chuta sur plusieurs mètres, heurta lourdement les monceaux de pierres issus des murs et du sol, ironiquement détruits par ses propres attaques. Un douloureux gémissement franchit ses lèvres cramoisies lorsque son flanc se brisa sur une arrête saillante.
Un bruit sourd et une violente secousse lui indiquèrent qu’un corps pesant avait atterri, tout proche d’elle. Une masse informe de muscles, de vêtements, de douleur et de rage gisait à quelques dizaines de centimètres de son pied, dans une flaque de lumière lunaire, laissant échapper d’atroces râles, tentant de se redresser. L’information d’un danger imminent se fraya difficilement un chemin jusqu’à son cerveau, et Erza bascula tant bien que mal derrière le morceau de mur maculé de son propre sang et se faufila le plus silencieusement possible, ignorant les coups de poignards lancinants mimés par chacun de ses mouvements.
Il fallait gagner du temps, reprendre son souffle, se dissimuler dans l’obscurité. S’affalant dans l’ombre d’une pierre froide et rugueuse, qu’elle espérait assez loin de son ennemi pour soustraire à son ouïe ses propres halètements incontrôlés, Erza porta sa main à son ventre. Elle l’en retira gluante et vermillon.
Elle avait mal. Extrêmement mal. Elle s’était sans aucun doute fracturé plusieurs côtes. La blessure n’était pas jolie à voir, et saignait abondamment. Son armure s’était évaporée lors de sa chute, la laissant vulnérable dans ses simples vêtements. Mais bien pire encore, la moitié de la magie qui lui restait s’était évaporée, extirpée de son corps à travers sa vraie pupille. La magicienne, à bout de force, déchira un pan de tissu sombre de sa jupe et banda sa plaie comme elle le put, compressant, ralentissant l’hémorragie. Que pouvait-elle faire ? Quelle armure choisir ? Comment remporter la victoire ? Comment survivre ?
Sa vue se troubla, sa tête tourna et elle fut prise d’un violent haut-le-cœur. Le spasme la mit au supplice alors que la bile se déversait dans un hoquet de souffrance, acide et âcre, fétide.
Le bruit d’un pas, sourd, dangereux, effrayant. Proche. Ne plus faire de bruit.
Un autre. Plus proche. Pas mĂŞme un souffle.
Encore un. Vertige, nausée, douleur. Trop proche !
L’aura menaçante se précisait. Erza secoua la tête, tentative désespérée mais concluante de s’arracher à sa torpeur. L’air vrombit derrière elle, ou bien au dessus de sa tête, elle ne savait plus vraiment. La jeune femme se jeta aveuglément vers l’avant, rampa, buta sur un mur rescapé, se retourna. La pierre qui lui avait servi d’abri n’existait plus, scindée, non éclatée en une kyrielle de brisures anguleuses. Yoru se tenait au milieu, chancelant, l’éclat de la lune jouant avec ses traits, accentuant la brutalité de son regard épuisé, rageur, enfiévré. Fixé sur elle.

- Yume… Yume, marmonnait-il, le regard vague.
« Je vais la débarrasser de sa malédiction, elle pourra vivre. »

Il d’un énorme roc, ses muscles sanguinolents bandés à l’extrême, sa silhouette ployant sous le poids de son projectile improvisé, son visage à présent caché du lumineux astre de la nuit.

Erza sursauta, réalisant enfin l’évidence.
Mais bien sûr ! C’était très clair à présent ! Mais comment avait-elle pu ne pas comprendre immédiatement ? Yume les avait pourtant prévenus !
Les pièces du puzzle s’emboitaient à toute vitesse dans son esprit, lui pavant le chemin vers la victoire. Elle savait quoi revêtir, elle avait compris. Mais un peu tard. Lui restait-il assez de puissance ? Son nouvel équipement était-il seulement prêt ? En plus d’être inutile, endosser une armure non opérationnelle à ce stade du combat consumerait ses dernières ressources et toute chance de vaincre.
La reine des fées se releva et mobilisa ses maigres réserves magiques. Yoru lança tout son poids vers l’avant et catapulta son projectile improvisé droit sur elle. Il s’abattit avec force et le mur explosa sous le choc, soulevant un nuage de fumée grise et épaisse. Pendant quelques instants, la scène toute entière disparut, suspendue dans le brouillard rocailleux, engloutie dans un silence assourdissant après les coups, les cris et les éclats du combat.
Le nuage se dissipa lentement, révélant un tableau de désolation là où se trouvait peu auparavant tout un pan du manoir.
Titania se tenait au milieu des ruines, essoufflée, mais indemne et armée. Elle portait des atours légers d’un blanc immaculé, ornés de rares touches turquoise, rosées, argent, or et cuivre, constellés de petites pierres laiteuses et, à l’image du sceptre tenu par sa main droite, doucement étincelantes. La faible lumière émise par l’équipement se dissipa cependant rapidement, telle une flamme consumant ses dernières réserves d’oxygène, avant de mourir et le laisser, terne.
Terne ? Erza retint son souffle, son regard horrifié parcourant le tissu blanc, sautant des gemmes de ses vêtements à l’orbe incrusté dans le croissant de Lune surmontant son bâton. Précédemment éclatants, ils étaient présentement désespérément grisâtres, froids, sans vie. L’armure était terminée, mais elle n’était pas chargée. Inspirée par leurs aventures sur l’île de Galuna, Erza avait commandé la fabrication d’un équipement capable d’absorber, concentrer et manier la lumière de l’astre nocturne. L’armure des gouttes de Lune possédait ainsi la faculté de dissiper presque tout enchantement dirigé contre elle, ainsi que ses amis.
Ou en l’occurrence, son ennemi. Et elle en était absolument certaine, Yoru était envouté. Kyouaku avait sans aucun doute usé de ses dons de persuasion, et convaincu l’esprit confus et tourmenté du colosse que Fairy Tail voulait du mal à sa bien-aimée. Les pouvoirs de son nouvel équipement auraient pu donner une toute autre tournure à ce combat, très probablement y mettre fin, mais l’armure n’était pas chargée. Heart Kreuz ne l’avait pas prévenue que sa commande était terminée, à raison.

La jeune femme tomba à genoux. Elle avait brûlé trop de magie. Pour rien.

- C’est terminé, Titania ! rugit Yoru en chargeant sa proie, au sol.
Je peux la sauver. Je suis sa seule chance. Amène-la-moi, puis tue les mages de Fairy Tail…

Elle ne devait pas se laisser décourager ! Pas maintenant qu’elle avait compris ce qui n’allait pas chez son adversaire ! Le regard féroce, la reine des fées brandit son sceptre inutile et arrêta le poing ennemi. L’arme vibra dangereusement dans ses mains, mais ne se brisa pas.

- Arrêtez, c’est insensé ! s’écria-t-elle, ployant sous la force du brun. Je ne veux pas de mal à Yume, ni moi, ni Fairy Tail ! Nous voulons seulement l’aider !
- Meurs, sale fée !

Le mage sombre s’éloigna, prit son élan et se lança dans une série d’assauts violents et dévastateurs. Erza peinait à éviter les coups. Elle avait réussi à s’armer d’une lame, mais son énergie s’amoindrissait au moindre mouvement, quand son ennemi semblait également brisé mais galvanisé par une force obscure et une détermination sans faille.

- Ca suffit, vous vous attaquez à la mauvaise personne ! Tenta-t-elle à nouveau. Yume est en danger, maintenant ! Nous devons la retrouver et l’aider à affronter Kyouaku !

C’était inutile, il ne l’entendait pas. Que faire ? Sa vision s’assombrissait, ses blessures la torturaient, ses forces la quittaient. Elle ne pouvait plus que reculer, éviter, parer. Elle n’avait presque rien pu faire d’autre de tout le combat.
Un coup plus violent que les autres la projeta à plusieurs mètres. Erza s’écrasa au sol, incapable de contrôler et amortir sa chute. Sa vue se brouilla, ses paupières lourdes se fermèrent sans qu’elle puisse les en empêcher.
Elle avait mal. Si mal qu’elle ne pouvait penser à autre chose. La mage de Fairy Tail tenta de se concentrer sur la mission, les innocents qui avaient tant souffert à cause de leurs ennemis, ses amis. Ses amis qui avaient besoin d’elle. Ils étaient tous séparés, comment savoir s’ils étaient saufs ? Elle devait leur prêter main forte. Il lui restait encore assez de magie ! Si seulement elle pouvait la desceller, si seulement cette fichue armure avait été préparée correctement ! Mais quelle ironie, malgré ses réserves, elle ne pouvait plus bouger. Elle ne pourrait pas se relever. Elle allait leur faire défaut. Elle allait trahir ses proches, les abandonner, une fois de plus.

Yoru se baissa, sembla ramasser quelque chose au sol. Il se redressa et Erza vit dans son poing serré, un débris de pierre pointu. Il le brandit vers elle. Il était là, tout près, à nouveau sur elle. Elle le voyait, mais ne pouvait rien faire. Elle ne pourrait pas s’échapper cette fois-ci. Elle ne pourrait pas contrer, elle ne pourrait pas riposter.
Un craquement sinistre retentit. De la poussière s’échappa du vestige du toit surplombant les deux adversaires. Puis, sans autre préavis, il s’effondra sur eux. Yoru bondit sur le côté pour l’éviter, épargnant momentanément une Erza paralysée. Le bloc de pierre s’écrasa à quelques centimètres de sa main nue, et un nuage de poussière l’enveloppa, agressant ses poumons et une toux douloureuse et écarlate s’échappa de sa gorge.
Lentement, le brouillard retomba, chassé par une brise légère s’engouffrant par le plafond totalement brisé. Erza distinguait péniblement le délicat éclat de la lune à travers ses yeux mi-clos. Sa respiration heurtée se calma doucement, et comme la lumière inondait doucement son corps, elle sentit une douce chaleur se répandre petit à petit depuis son crâne, dans son cou, sa poitrine, jusque dans ses bras ses jambes. Elle se sentait partir, mais n’imaginait pas que la mort puisse être si douce. Elle se sentait bien ainsi, bercée par les bienveillants rayons de lumière blanche, presque comme si ses forces lui revenaient dans un dernier et vain sursaut de vie avant de la quitter définitivement.
Mais elles ne la quittaient pas. Bien au contraire ! Petit à petit, de plus en plus fort, comme un feu irradiant de sa tête, son corps tout entier, Titania sentait ses forces lui revenir, son esprit s’éclaircir. Ses blessures étaient toujours présentes, la douleur, lancinante, mais elle avait la force de se relever, de combattre !
Elle ouvrit les yeux. Son armure luisait faiblement. La lueur s’intensifia. Elle absorbait la lumière de la lune. L’espoir renaquit et Erza se redressa.
Ignorant la souffrance, solidement ancrée sur ses deux jambes, la reine des fées toisa son ennemi, qui se redressait également, et la regardait, l’air hagard. Une nouvelle blessure ornait son front, il n’était pas visiblement pas sorti indemne de l’éboulement du plafond. Dès que leurs yeux se croisèrent, la haine envahit à nouveau ceux de Yoru, mais Erza était prête. Gorgée de rayons lunaires, son armure avait brisé le sort, et la magie scellée était libérée. Oh, il ne s’agissait que de la moitié de sa réserve habituelle, mais il n’en fallait pas plus à la guerrière pour reprendre la main et mettre un terme à cet affrontement futile. Pour la première fois depuis ce qui lui semblait une éternité, Erza esquissa un sourire.
Cela déclencha un accès de rage chez son adversaire, qui se rua sur elle. Droite, fière et glorieuse dans ses atours luminescents, Titania brandit son sceptre étincelant et le pointa droit sur son opposant. Un rayon de lumière blanche et pure en jaillit et percuta Yoru en pleine tête, l’immobilisant dans son assaut. Le mage noir résista et un grondement terrifiant sortit de sa gorge. Cela n’ébranla pas Erza qui redoubla de puissance. Le rayon de magie s’élargit et enveloppa le colosse tout entier. Il disparut dans cette bulle de lumineuse en poussant un hurlement de rage qui fit trembler les murs brisés.
Puis, le cri s’interrompit. Avant d’avoir consommé la totalité de ses forces tout juste récupérées, Titania abaissa son bras, et le sort cessa. La lumière aveuglante entourant Yoru s’atténua, jusqu’à n’être plus qu’une brume, un voile, une aura avant de disparaître. Le jeune homme s’affaissa comme un tas de chiffons.
Méfiante, la reine des fées s’équipa d’une lame affûtée, et s’approcha précautionneusement du mage qui gisait face contre terre. D’un habile mouvement du pied, elle le retourna et put voir le visage confus et vulnérable, totalement différent de ce qu’il était quelques minutes plus tôt, d’un Yoru haletant et perdu. Rassurée, mais son épée toujours en main et prête à l’emploi, Erza s’accroupit à distance raisonnable du mage sombre. Celui-ci la regarda faire sans bouger.

- Que s’est-il passé ? demanda-t-il.
- Vous ne vous en souvenez pas ? répondit-elle, prudente.

Yoru lui répondit par un signe de tête, avant de grimacer de douleur. Il essaya en vain de se relever, mais ses jambes ne semblaient plus vouloir le tenir. Erza vint enfin à ses côtés et lui tendit la main. Il s’en saisit maladroitement et elle l’aida à se redresser en laissant échapper un rictus de souffrance. Elle était elle-même plutôt amochée.

- De quoi vous souvenez-vous ? Insista-t-elle.
- Je… Je…, commença-t-il. Tout est tellement confus…
- Essayez encore, lui intima-t-elle plus gentiment, mais toujours avec méfiance.

Le jeune homme marqua un temps d’arrêt pendant lequel il sembla lutter contre la douleur et les barrières de ses souvenirs embrumés, puis reprit :

- Sae est venue me chercher et m’a amené à Kyouaku. Il… Il m’a parlé et… et… je me suis retrouvé à terre ici.

Erza retint un soupir. Elle avait raison, Yoru était bien sous l’emprise de Kyouaku pendant leur combat. En était-il totalement défait ?

- Qu’a-t-il dit ? continua-t-elle.
- Comment ?
- Kyouaku, qu’a-t-il dit ? Que vous a-t-il fait croire ?

Le brun parut à nouveau s’enfoncer dans les profondeurs de sa mémoire défaillante. Soudain, il releva le visage, et le regard vague, il commença à murmurer, presque psalmodier, si doucement qu’Erza dut s’approcher tout près de lui pour l’entendre :

- Les mages de Fairy Tail veulent du mal à ta précieuse prêtresse.
Ils la tueront.
Ils la sacrifieront sans aucune hésitation. Ils n’ont que faire d’elle. Elle représente un danger pour eux, ils en ont peur.
Ils la forceront Ă  se vider de sa magie pour me vaincre.
Ils la tueront. Tu ne la verras plus. Tu seras Ă  jamais seul.
Il n’y a qu’elle pour toi, tu le sais. Sans elle, tu n’es rien, la prêtresse est toute ton existence, tu donnerais ta vie pour elle.
Elimine Fairy Tail et elle sera tienne. Amène-la moi et elle sera tienne.
Je ne veux pas lui faire de mal, je veux l’aider moi aussi.
Je vais la débarrasser de sa malédiction, elle pourra vivre. Je connais un sort, il la délivrera de ses pouvoirs trop lourds pour elle.
Je peux la sauver. Je suis sa seule chance.
Amène-la-moi, puis tue les mages de Fairy Tail. Elle t’appartient de droit, personne ne peut te la voler.
Amène la moi, et vous serez ensemble.

A la fin de sa tirade, les yeux de Yoru se voilèrent, puis son regard se durcit. Emplie d’un doute soudain, Erza s’éloigna d’un bond et le menaça de sa lame. Se souvenir des paroles de son maître n’aurait tout de même pas réactivé l’enchantement ?!
Le brun asséna un coup brutal dans l’un des derniers pans de mur encore debout, qui explosa sous son poing, projetant des débris jusqu’aux pieds de la jeune femme. Il leva le visage vers elle, et sans la regarder vraiment, se mit à hurler :
- Mais comment ai-je pu être aussi stupide ! Je me suis laissé manipuler comme un idiot ! C’est pas vrai !

Erza soupira de soulagement, mais soudain, les traits du mage exprimèrent une horreur absolue.

- Oh mon dieu, qu’ai-je fait ? gémit-t-il en se prenant la tête dans les mains.

Puis, il s’élança vers Erza, l’attrapa par les épaules et l’implora :

- Ou est Yume ? Dîtes-moi que je ne lui ai rien fait ! Dîtes-moi que je ne l’ai pas livrée à Kyouaku !

Il avait l’air si terrifié que la jeune femme ressentit un pincement au cœur. Il aimait probablement réellement la prêtresse. Dégageant doucement ses épaules endolories de l’effroyable étau des mains puissantes, elle répondit :

- Non, vous n’avez rien eu le temps de lui faire. Je ne pourrais pas en dire autant d’elle à votre sujet, ajouta-t-elle en lançant un regard mi-amusé mi-peiné à la poitrine du colosse, ravagée par les épines de la liseuse de rêve. Vous ne portez pas que les blessures de notre combat. Notre prêtresse sait se défendre.

Yoru baissa les yeux vers son torse et sembla rapidement comprendre. Il esquissa un sourire triste, et répondit d’un rire sans joie :

- Les stigmates de sa colère ne cessent de s’incruster en moi. Après mon âme, ils marquent à présent mon corps… Je ne vais pas prétendre que je ne les ai pas mérités, cependant.

Il marqua une courte pause, avant de reprendre :

- Mais nous n’avons pas le temps de bavasser. Où est-elle ?

A la mine grave d’Erza, il ajouta :

- Elle est partie se battre, n’est-ce pas ? Elle est partie l’affronter ?

La rouquine acquiesça, puis répondit :

- Elle n’est pas seule, deux de mes amis sont à ses côtés. J’ai confiance en elles, mais leur ennemi est bien plus puissant que tout ce qu’elles ont déjà eu à affronter…
- Chuujou n’est pas avec elle ? la coupa Yoru, les yeux écarquillés par la surprise et l’effroi.
- Pas que je sache. Nous avons été séparés.
- Ca ne va pas du tout ! Lui seul est capable de la protéger jusqu’au bout, jusqu’à la mort s’il le faut !

Le mage, visiblement en colère et terrifié, s’élança vers le trou béant qui s’enfonçait dans le manoir, à la suite de sa bien-aimée. Erza lui barra la route du tranchant de sa lame :

- Je ne suis pas certaine de pouvoir me fier à votre histoire, lui lança-t-elle, le regard dur. Après tout, vous appartenez à Dark Holders et vous avez trompé Dreaming Light. Pourquoi vous croirais-je ?
- Et pourquoi Kyouaku m’a-t-il ensorcelé, d’après vous ? rétorqua Yoru avec colère. C’est vrai, je suis membre de Dark Holders, c’est vrai, j’étais leur espion chez Dreaming Light ! Mais je les ai rencontrées toutes les deux, là-bas. A force de la courtiser pour ma mission, et de l’observer sans cesse, je suis tombé amoureux de Yume, et bien qu’elle m’ait toujours rejeté, entraînant une certaine défiance de sa guilde à mon égard, Mirai m’a toujours soutenu. Je sais pourquoi, je savais ce qu’elle ressentait pour moi, et je savais que je ne répondrais jamais à ses sentiments. Et pourtant, elle est restée à mes côtés, elle a même quitté sa guilde et les siens en partie pour moi, et j’ai toujours pu compter sur son amitié ! C’est grâce à elle que j’ai tenu tout le temps que j’étais à Dreaming Light ! Je sais que je leur ai fait du mal, à toutes les deux, je sais que je ne mérite que leur haine et leur mépris ! La seule chose que je puisse faire pour elles maintenant, c’est de combattre ce démon à leur place !
- Je croyais que seule Yume pouvait le vaincre ? Reprit Erza, toujours méfiante.
- Vous ne comprenez pas ! S’énerva Yoru. Elle ignore comment libérer son pouvoir, elle est venue mettre un terme à cet affrontement uniquement par peur de perdre sa sœur, mais même si elle est débarrassée du poison, même si elle a retrouvé toute sa magie, elle n’a aucune idée de ce qu’elle doit faire ! Kyouaku sait comment réveiller la force sacrée et s’en emparer, il a tout prévu, il va utiliser Mirai, il va les faire souffrir ! Il va réussir à les tuer toutes les deux si on ne fait rien !

Les yeux d’Erza s’arrondirent sous la surprise. Elle avait compris le plan de Kyouaku pour s’approprier les pouvoirs de la prêtresse. C’était si évident ! Périlleux pour lui, mais évident. Comment n’y avait-elle pas pensé ? Et elle avait envoyé la victime directement dans les bras de son bourreau. Se voulant rassurante, elle répondit cependant :

- Je crois que vous la sous-estimez. Elle est résolue à gagner ce combat, et pas uniquement pour protéger Mirai. Elle est consciente que le sort de beaucoup repose sur ses épaules. Néanmoins, vous avez raison. Elles auront besoin de notre aide.

Titania porta son regard sur le château, pensive. Il semblait sincère, elle allait lui faire confiance. Ou du moins lui laisser le bénéfice du doute. Et le surveiller, tout de même un peu.

Ignorant les blessures, le sang et la douleur, les deux mages s’élancèrent d’un accort tacite dans l’obscurité oppressante des murs de pierre.

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Wendy était mal à l’aise. Très mal à l’aise. Tout ses sens de dragon étaient en alerte maximale. Encore plus que lorsqu’elle avait été séparée de Lucy et des mages de Dreaming Light, et n’avait eu d’autre choix que de les laisser baignant dans une écœurante odeur de sang, et qu’une effroyable impression de devenir une proie l’avait saisie. L’air autour d’elle était sombre, pâteux, poisseux, empreint de magie noire. Elle en sentait presque le goût répugnant sur sa langue. Leurs bruits de pas semblaient étouffés par cette atmosphère épaisse, et le silence lui pesait. Jetant un œil vers Sharuru et Yume, elle se rendit compte que ses alliées n’en menaient pas plus large qu’elle. Elles avaient beaucoup avancé dans le manoir, au fil des corridors, galeries et autres escaliers. Si elle avait correctement cartographié les lieux, elles étaient à présent dans le plus grand des deux donjons.
Soudain, Yume s’arrêta, retint son souffle et regarda fixement devant elle, une fugace lueur d’épouvante laissant rapidement place à une résolution résignée. La fillette suivi ce regard et distingua dans la brume les contours d’une énorme porte, au fond du couloir qu’elles venaient d’emprunter. A seulement quelques mètres d’elles.
Elle sut. La réaction de Yume, la présence maléfique tellement puissante. L’envie de fuir. Il était là. Juste derrière les lourdes planches de bois. Il n’était plus possible de reculer.
La prêtresse fit un pas en avant, puis un autre, et lentement s’avança sur les pierres glacées, les yeux rivés sur la porte. Wendy vit bien que la peur ne les avait pas vraiment quittés, mais elle ne dit rien, et fit de même.
Rapidement – trop rapidement – elles atteignirent les battants clos et s’arrêtèrent. Yume leva alors son bras, amenant sa main à quelques centimètres de l’un des anneaux métalliques servant de poignée. Son ennemi mortel se trouvait là, juste derrière. Sa sœur aussi, elle la ressentait. Tout allait se jouer à cet instant. Soit, elle réussissait à briser la prophétie, à vaincre son ennemi et à sauver Mirai, soit… elle précipitait le monde dans un chaos infernal. Elle ne voulait pas y penser. Elle ne l’avait jamais voulu. Mais elle n’avait plus le choix, elle ne pouvait plus fermer les yeux. Tout reposait à présent sur elle, sa faculté à utiliser ses pouvoirs encore en sommeil et à empêcher un sorcier extrêmement puissant de s’en emparer.
La panique s’empara de son cœur. Elle ne sentait rien. Elle avait pensé, non, on lui avait enseigné que le moment venu, à l’approche de son adversaire, la lumière sacrée se manifesterait, et qu’elle saurait quoi faire. Il n’en était rien. Aucune puissance divine ne s’éveillait en elle. Aucun mode d’emploi ne se déversait comme par magie dans sa tête. Elle était juste Yume, s’apprêtant à faire face à son destin.

- Yume-san… chuchota Wendy en posant doucement sa main sur celle de la prêtresse, la voyant en proie au doute.

Celle-ci sursauta et posa des yeux hagards sur le jeune dragon, qui lui adressait un regard d’encouragement.

- Je ne sais pas comment faire, lâcha-t-elle dans un souffle. Je ne sais pas comment faire appel aux pouvoirs de la prophétie. Tout le monde compte sur moi et… j’en suis incapable ! Je sens que Mirai est là, juste derrière cette porte. Si elle se dresse devant moi, si je dois l’affronter pour vaincre Kyouaku, je sais que je n’y arriverai pas.

Elle porta une main à sa bouche pour étouffer un sanglot et recula de quelques pas. Wendy hésita quelques instants, ne sachant que faire. Elles étaient si proches du but, et Yume n’était pas prête. Il leur était impossible de faire demi-tour, mais elles couraient à la catastrophe si la jeune femme perdait ses moyens devant Kyouaku. La fillette finit par s’approcher de son aînée.

- J’ai confiance en vous, Yume-san, et en Mirai-san aussi, chuchota-t-elle en souriant. Je l’ai rencontrée pendant mon emprisonnement ici, et elle veut tout autant vous protéger vous, que vous désirez la sauver elle. Croyez en vous deux, en votre lien ! Et puis, vous n’êtes pas seule ! En attendant que les autres nous rejoignent, Sharuru et moi, nous serons là pour vous prêter main forte ! N’est-ce pas Sharuru ?
- Wendy a raison, continua cette dernière à voix basse, les deux pattes sur les hanches. Il est temps d’arrêter de pleurnicher et de passer à l’action ! Si vous ne savez toujours pas comment faire maintenant, vous ne le saurez pas plus dans quelques semaines ou quelques mois ! Nos amis et les vôtres se battent et risquent leur vie en ce moment même pour vous permettre d’être ici indemne. Si ce pouvoir vous a été confié, c’est que vous êtes capable de l’utiliser. Alors, croyez un peu en vous, et cessez de jouer les princesses effarouchées !

Yume eut un mouvement de recul et de colère. Comment osait-elle lui parler ainsi ? Elle ne savait rien ! Rien de la culpabilité qu’elle éprouvait ! Rien de la pression qui pesait sur ses épaules depuis sa prime adolescence ! Rien de ce sentiment d’impuissance qui la rongeait ! Rien, rien du tout !

- Ce n’est pas exactement ce que j’ai dit, Sharuru… reprit Wendy, en tentant d’alléger l’atmosphère.

L’Exceed soupira :

- Ce que je voulais dire, c’est que je me suis récemment retrouvée dans une situation similaire d’impuissance, où je pensais que je ne pouvais rien faire pour protéger les personnes chères à mon cœur, alors que je connaissais leur destinée. C’est là que mes camarades, et Wendy, m’ont prouvé que même moi je pesais dans la balance, que j’étais capable de me battre, et que j’étais bien plus puissante que je l’avais toujours cru. De plus, mes prédictions étaient fausses, nous les avons évitées, ensemble ! Bien sûr, nos situations sont différentes, mais cessez de penser à vos rêves. Vous êtes ici, maintenant, et vous pouvez changer les choses…

Yume baissa les yeux. Elle détestait avoir tord. Et pourtant, ça n’arrêtait pas d’arriver ces temps-ci. Elle ferma les yeux, prit une inspiration pour se calmer et vider son esprit, et souffla longuement. Elle était toujours terrifiée. Elle rêvait toujours de s’enfuir se réfugier dans les bras de Chuujou et ne jamais plus penser à sa mission. Mais elle n’était pas aussi faible. Depuis quand se mettait-elle à pleurer et désirait abandonner au moindre obstacle, comme une petite fille perdue ? Combien de fois devrait-on la secouer pour qu’elle réagisse enfin ? Oui, la prophétie la terrorisait ! Elle en avait toujours eu peur, bien plus que sa sœur, mais elle savait aussi que le futur n’était jamais figé, et surtout, beaucoup d’éléments perturbateurs avaient fait leur apparition depuis ce fameux rêve sinistre, survenu des siècles avant sa naissance. Il était temps d’arrêter de vivre dans l’ombre d’un songe, et de prendre sa vie en main, pour enfin en faire ce qu’elle désirait. Et à cet instant précis, elle aspirait plus que tout à retrouver Mirai, lui passer le savon de sa vie et la prendre dans sa bras pour lui dire combien elle l’aimait. Ca tombait bien, son idiote de jumelle était à quelques mètres, derrière cette porte. Et après, elle s’occuperait de Kyouaku. Non, elles s’occuperaient de Kyouaku, et de cette stupide prophétie. Ensemble. Comme elles auraient toujours dû l’être.

- Vous avez raison, je suis désolée, commença-t-elle. Natsu-san m’avait déjà dit tout ceci, mais j’avais trop peur. Je suis prête maintenant. Je vais arrêter Kyouaku, et si vous souhaitez toujours épauler la trouillarde que j’ai pu être, votre aide me sera précieuse.
- Bien sûr, répondit Wendy avec un sourire, alors que Sharuru acquiesçait silencieusement.

Ses pouvoirs s’éveilleraient face à Kyouaku. Elle en était certaine. Elle ne les ressentait pas, uniquement parce qu’elle n’en avait pas encore besoin. Mais l’héritage de sa famille résidait en elle, et la longue lignée de prêtresses qui l’avaient précédée ne lui ferait pas défaut. De plus, elle connaissait la prophétie, et savait donc qu’elle pouvait la changer. Avec l’aide de sa famille et de ses amie, elle déjà contré certains de ses rêves, cela arriverait cette fois encore. Et elle avait confiance en sa sœur. Mais si elle avait pu ressentir ne serait-ce qu’une fraction de cette puissance s’éveiller, elle aurait tout de même été quelque peu rassurée.
Yume referma ses doigts sur l’anneau de la porte, son cœur tambourinant dans sa poitrine. Wendy et Sharuru se préparèrent à passer à l’assaut. La prêtresse de la lumière poussa le battant, et elles s’engouffrèrent dans une pièce obscure.

L’immense salle circulaire était faiblement éclairée par quelques torches accrochées aux murs. Tout près de l’enceinte, une silhouette rousse allongée était ligotée, inconsciente. En son centre, se tenait un homme, beau, mince, grand, au sourire carnassier.
Le regard cyan de Yume se planta directement dans les prunelles noires de son ennemi.

- Ma très, très chère prêtresse, annonça Kyouaku de sa voix mielleuse et réjouie, je vous rencontre enfin…