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Manga / Anime

Fairy Tail

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Les nouvelles aventures de Fairy Tail : la princesse au bois rêvant

Usagi-chan

Résumé : Le futur est-il vraiment déjà écrit, et notre destin tout tracé ? Nous, on n’y croit pas une seule seconde ! Nous sommes des mages de Fairy Tail, et notre avenir, il n’y a que nous qui puissions en décider ! Si tu n’aimes pas ce que tu vois, alors lève-toi et bats-toi pour que demain existe !

Disclaimer : La plupart des personnages ainsi que l'univers appartiennent à Hiro Mashima. Les personnages qui ne font pas partie de Fairy Tail sont à moi.

Bonjour bonjour ! Désolée, il y a eu un trou dans la parution des chapitres, c'est totalement de ma faute, je n'ai plus surveillé où en étais la parution des chapitres que j'avais soumis à l'avance sur le site... Méchante Usagi-chan ! Mais j'avais une excuse, je passais mes concours ^^' Bref, trêve de palabres, bonne lecture !

CHAPITRE 21 : La douche du dragon ! … Gray se déshabille même dans les rêves…Pourquoi ça ne m’étonne pas ?!

Happy se réveilla en sursaut.
Il faisait noir. Tout était silencieux.
D’abord désorienté, il ne se souvint pas vraiment de ce qui lui était arrivé. Un mal de crâne lancinant s’était emparé de lui, et il se sentait vidé de toute magie.
Une alarme sonna soudain dans sa tête. Une ombre se mouvait lentement plusieurs mètres plus loin. Tous ses instincts se réveillèrent, lui hurlant de s’enfuir le plus vite et le plus loin possible. Ce qu’il faillit faire. Enfin, ce qu’il aurait failli faire s’il avait été capable de voler, ou même de courir. Mais une pensée l’empêcha de même essayer.
Lucy.
Où était la jeune fille ? Il était sensé veiller sur elle !
Alors, tout lui revint en mémoire. Le mur invisible dans le couloir, la demande muette de Natsu, l’attaque et la blessure de Tairyoku, le combat contre Namako…
Happy paniqua. Il regarda tout autour de lui, les pupilles dilatées par l’obscurité et la peur. Que s’était-il passé ? Pourquoi n’y avait-il aucun bruit ? Le combat était-il déjà fini ?
Ce fut avec une horreur grandissante que l’Exceed associa son brusque besoin de fuir et l’issue probable de l’affrontement. Ce sentiment de terreur viscérale, il n’y avait qu’une seule personne qui le lui avait jamais fait ressentir. Et ce n’était pas Erza, c’était bien pire !
Le petit chat repéra soudain un éclat blond dans les rayons timides du clair de lune. Mais il ne lui procura aucun sentiment de réconfort. Il ne s’agissait pas de l’habituelle couleur dorée et chaude de la chevelure de la constellationniste, mais d’une teinte plus claire, plus froide. Sa propriétaire se relevait lentement.
Happy sentit ses yeux le picoter. Bien plus, il sentit son cœur se serrer. Malgré sa terreur sourde, il ne paniquait pas pour lui-même. Avait-il échoué ? Lucy était-elle… ? Non, il refusait de l’envisager. Ce n’était pas possible ! Il ne l’accepterait pas !
Il vit Namako se diriger difficilement vers un petit monticule, caché dans l’ombre de l’orée de la forêt. Elle s’accroupit et poussa un soupir. La jeune femme semblait être à bout de force.

- Franchement ! Happy l’entendit murmurer d’une voix éraillée. C’est pas très prudent de s’évanouir avant de vérifier l’état de son adversaire.

Elle s’assit sur l’herbe humide, puis se laissa tomber en arrière, visiblement incapable de se tenir droite plus longtemps.

- T’es vraiment exaspérante ! Tu m’éclates, tu me fais tout un discours sur “il n’y a pas que la mort comme conclusion d’un combat“ et gna gna gna, et après tu tournes de l’œil ? Tu crois que je vais te laisser t’en tirer comme ça ?

Happy ne comprenait plus rien. Mais à qui parlait-elle ? Son cerveau embrumé pensa que Lucy avait enfin trouvé son maître en bizarrerie. Puis il comprit.
La furie ne conversait pas avec un tas de terre ! Le mont en question n’était autre que la constellationniste, évanouie à la suite de son combat ! Ce ne fut qu’à ce moment-là que l’Exceed prit toute la mesure des dernières paroles de Namako.

« Tu crois que je vais te laisser t’en tirer comme ça ? »

Elle allait la tuer ! Elle allait la tuer alors qu’elle était sans défense !

- C’est pas le moment de dormir, continua la vampire comme pour elle-même. J’ai encore des choses à faire à cause de toi !

Elle se redressa péniblement.
Le sang d’Happy ne fit qu’un tour. Dans un effort démesuré qui lui donna la sensation que son corps était réduit en miettes, il força ses ailes à se matérialiser et fonça sur l’ennemie le plus vite qu’il put.

- Ne touche pas à Lucy ! hurla-t-il en percutant Namako.

La vampire fut brutalement bousculée et tomba au sol. Et zut ! Elle avait eu tellement de peine à se relever ! Elle n’avait pas du tout, mais alors pas du tout envie de recommencer. Mais il le fallait. Quelque chose la poussait à le faire. Un sentiment étrange et déconcertant, qu’elle n’avait pas l’habitude de ressentir.
Elle leva la tête, pour se trouver nez à museau avec un chat bleu volant et déterminé, bien que tremblant de peur. Elle soupira. C’était toujours l’effet qu’elle faisait. Tous avaient peur d’elle. Il n’y avait bien que les mages dont la puissance dépassait la sienne, comme Kyouaku, ou les tordus pour apprécier ça. Gensou en faisait partie. Ce type était barge. Enfin, elle n’était pas mieux. Ils faisaient bien la paire, tiens !
Son esprit divagant se fixa à nouveau sur l’étrange animal. Elle avait vraiment apprécié voler, tout à l’heure. Cela lui avait apporté une sensation d’ivresse et de liberté étonnante, même si elle n’avait pas vraiment eu le temps d’en profiter. Elle aurait bien aimé recommencer ! Mais pas maintenant. Là, elle voulait juste dormir… Ah non, elle avait autre chose à faire… Et le chat la regardait toujours sauvagement.

- Qu’est-ce que tu m’veux, boule de poil ? grommela-t-elle, contrariée.

Elle s’était brutalement souvenue que c’était lui qui l’avait fait tomber.

- Je ne te laisserai pas faire de mal à Lucy ! répondit-il farouchement.

Le regard que lui lança Namako fit trembler Happy, mais il ne bougea pas. Il protègerait la jeune mage stellaire coûte que coûte ! Et pas uniquement car Natsu le lui avait demandé. L’Exceed ne supporterait pas non plus que quoi que ce soit arrive à son amie. Il avait beau mettre un point d’honneur à la faire sortir de ses gonds dès qu’il en avait l’occasion, elle était bien trop importante pour qu’il se permette de la perdre. Alors, même si cela impliquait de s’opposer à une terrifiante ennemie, il ne laisserait personne toucher un seul des cheveux de la blonde.

Alors que l’insignifiante créature le défiait toujours du regard, une sensation écrasante qu’elle connaissait par cœur envahit soudain la mage noire, si brusquement qu’elle ne put qu’étouffer un cri.
Elle avait soif. Terriblement soif. Sa magie et sa réserve de sang taries, Namako sentait son esprit se perdre dans les limbes pour laisser progressivement place à son instinct de survie. Son regard glissa sur l’étrange chat bleu, trop petit pour apaiser sa fièvre, et s’égara sur le corps humain beaucoup plus appétissant qu’il tentait en vain de soustraire à sa faim dévorante. Un sourire tordu étira les lèvres écarlates de la vampire, découvrant ses dents blanches.

……………………………………….

Natsu courait. Il fonçait dans les couloirs, suivi de ses amis et de Yume. Plus vite ils trouveraient ce Kyou-bidule, plus vite il pourrait le réduire en bouillie. D’ailleurs, ça devenait bien trop long ! Il ne pouvait pas venir à eux, cette espèce de mage noir stupide, plutôt que de les faire chercher ?

- RHAAAAAA CA M’ENERVE ! rugit-il soudain en s’arrêtant au beau milieu du couloir.
- Natsu ! s’exclama Erza, qui évita de justesse la collision avec ce dernier.

Enfin, éviter était un bien grand mot, dans la mesure où l’armure de Titania venait de percuter de plein fouet le crâne du Salamander. Il fut projeté au sol, alors que la reine des fées ne chancela même pas.

- Mais qu’est-ce que tu fabriques ? le réprimanda-t-elle, guère émue par la chute de son compagnon.
- Natsu-san ! Tout va bien ? s’alarma Wendy en aidant le mage de feu à se relever.

Celui-ci se redressa brusquement, cédant à l’impatience.

- J’EN AI MARRE DE COURIR ! JE VEUX ME BATTRE ! IL EST OU KYOUMONKU ? AMENE-TOI ! JE VAIS TE METTRE LA PATEE ! JE PETE LE FEEEEEEEU ! hurla le jeune homme, en crachant des flammes brûlantes dans toutes les directions.
- Non ! s’écria Yume. Vous ne devez pas l’approcher ! Il n’y a que moi qui puisse… euh…

Elle aurait pu tout aussi bien parler à une chaussette, l’effet aurait été le même. Natsu continuait de gesticuler comme si de rien n’était.

- Laissez-tomber, il ne vous écoute pas du tout, soupira Erza.
Puis, elle fronça les sourcils en avisant les actions du Salamander.

- Natsu ! Arrête tes bêtises ! le gronda-t-elle en se dirigeant à grands pas menaçants vers lui.

Le Dragon Slayer avait tout bonnement décidé de mettre le manoir en pièce jusqu’à trouver la pierre derrière laquelle se cachait cette poule mouillée de Kyoumonku et de l’éclater avec.

Soudain il arrêta de vociférer et se mit à tousser sans plus pouvoir s’arrêter.

- Franchement ! Et voilà ce qu’on obtient à s’époumoner de la sorte ! déclara Sharuru. Wendy, j’espère que tu as pris note.
- Natsu-san… murmura celle-ci, inquiète pour son ami pris d’une quinte de toux si violente que ses yeux en pleuraient.

Elle tenta de lui tapoter le dos, mais rien n’y fit, le Salamander continuait de s’étouffer. Il suffoquait à présent.
Il y avait vraiment quelque chose d’anormal. Le dragon des cieux utilisa sa magie de guérison, et découvrit avec horreur que les poumons de Natsu se remplissaient lentement de liquide. Elle eut beau faire son possible pour les vider et détecter la source du problème, elle n’y parvenait pas. Et le jeune homme avait de plus en plus de mal à respirer.

- Wendy ! Qu’est-ce qu’il a ? la pressa Erza, à présent agenouillée à leurs côtés et inquiète elle aussi.
- Je ne sais pas ! Ses poumons sont pleins d’eau mais je ne comprends pas pourquoi ! Il n’y a aucune lésion dans son corps qui puisse l’expliquer !

En prononçant ces mots, elle eut une illumination. Si ça ne venait pas de lui, ça venait de l’extérieur. Ce qui signifiait que c’était magique !
Erza était visiblement arrivée à la même conclusion, car elle se redressa et regarda autour d’elle, menaçante.

- Amène-toi… Ordure… crachota Natsu, je… te sens...

Mais personne ne se montra.

Yume réfléchit à toute allure. Connaissait-elle un mage dans les rangs ennemis capable de tuer de sang froid de cette manière? Magie… Eau…

- C’est Sae ! s’écria-t-elle.

A la mention de son nom, la jeune femme sortit de l’ombre, ses yeux dardés sur le mage de feu. Alors qu’Erza s’apprêtait à l’attaquer, une vague la frappa de plein fouet, et elle fut projeté contre le mur, avec les trois autres filles.
Pendant ce temps, Natsu recracha des quantités de vapeur impressionnantes et retrouva vraisemblablement l’usage de ses poumons, car il s’écria :

- Bordel ! C’était quoi, ça ?

Erza se releva immédiatement, et s’équipant de l’armure de l’impératrice de la foudre, lança des éclairs en direction la nouvelle venue, la coupant ainsi dans son assaut sur le Salamander qui recommençait à tousser.

« Pourquoi s’acharne-t-elle sur Natsu ? » se demanda la reine des fées, pendant que Sae déviait ses éclairs en les repoussant d’une nouvelle vague.

La déferlante électrifiée allait s’abattre sur Wendy, Yume et Sharuru. Voyant la prêtresse esquisser un mouvement à la périphérie de son champ de vision, le dragon des cieux dressa un mur de vent devant elles. Il s’étendit progressivement et enveloppa également Erza et Natsu.

- Je sais que votre magie de la nature s’apparente à celle de la terre, et que vous auriez l’avantage contre un tel adversaire, dit-elle à la jeune femme. Mais votre combat à vous sera bien plus éprouvant que les nôtres. Vous devez économiser vos forces.

Le Salamander se reprit immédiatement et s’avança vers le mur qui les séparait de leur nouvelle ennemie.

- Natsu, écarte-toi ! lui ordonna Erza. Je vais m’occuper d’elle.
- Non, répondit simplement le dragon du feu, de dos. Toi, tu continues avec les autres. On n’a pas de temps à perdre.

Erza ne sut que répondre pendant un instant. Le jeune homme était étonnamment sérieux. Avait-il finalement compris la gravité de la situation ? Cependant…

- Ne sois pas idiot ! rétorqua-t-elle. Un mage de l’eau n’est pas un adversaire pour toi ! Tu…
- Il y a encore l’autre, qui bloque la magie des gens avec ses yeux ou je sais pas trop quoi, l’interrompit le jeune homme. Celui-là, il est pour toi. Moi, ou Wendy, on serait bien emmerdé face à un type pareil. Et de toute façon, c’est à moi qu’elle en veut je crois.

La reine des fées soupira. Il n’avait pas tort. Enfin tout de même, il partait avec un sacré handicap ! Cependant, il n’était pas un simple mage de feu, mais un Dragon Slayer. Et de plus, c’était Natsu. Un sourire éclaira brièvement le visage de la rouquine.

- D’accord, je te fais confiance pour ça, accepta-t-elle.
- Laisse-moi faire ! répondit-il, se tournant vers la rouquine en affichant un grand sourire carnassier. Allez, amène-toi, je pète le feu ! rugit-il en direction de Sae, toujours derrière le mur de vent.
- Wendy, Yume, Sharuru ! On avance ! s’écria Erza en reprenant sa course à travers le couloir.

La chasseuse de dragons leva son sort, et toutes trois suivirent la jeune femme sans se retourner.

« Natsu… » pensa Erza en lui jetant un dernier regard.

Le Salamander toisa son adversaire, lui adressant un sourire féroce. Une mage de l’eau ? Rien de tel pour éveiller son intérêt !

- Alors, tu veux m’affronter ? J’espère que t’es prête, parce que j’me fiche que tu sois une fille, je vais pas te ménager !

Sur ce, le Dragon Slayer s’élança toutes flammes dehors, alors que son adversaire le fixait de son regard vide.

……………………………………….

Il avait mal. Une douleur violente torturait sa hanche. Tout son flanc était ankylosé. A moitié inconscient, il pensa : « Au moins, ça veut dire que je suis pas mort… ».
Gray finit par ouvrir les yeux. Son regard rencontra le ciel sombre. Il faisait presque nuit ? Combien de temps était-il resté évanoui ? Il lui faudrait passer cet épisode sous silence, sinon Natsu se moquerait de lui. Natsu…
Soudain, le jeune homme se redressa. Qu’était-il advenu de ses amis ? Allaient-ils bien ?
Le mouvement lui arracha une plainte douloureuse. Il regarda sa blessure. Et merde. Il avait fait craquer la glace et un mince filet de sang s’écoulait doucement de sa plaie sur le sol. Il serait plus prudent d’éviter de bouger. De toute façon, il ne serait plus bon à grand chose.
Ben voyons ! Et pourquoi ne pas rentrer à Magnolia et se faire admettre à l’hôpital tant qu’il y était ? Gray secoua doucement la tête. Ce n’était pas le moment de jouer au délicat !
Le jeune homme soupira. Rien que cela lui déclencha des spasmes incontrôlés. Il était vraiment en mauvais état. Mais il commençait à être habitué à voir des blessures graves bourgeonner de-ci de-là sur son corps à présent. Ce n’était pas la première fois.
Non loin de lui, une forme inerte reposait sur le sol. Uramichi n’avait pas l’air de s’être réveillé.
Dans un effort pénible et douloureux, Gray se releva, restaura son pansement de glace et se dirigea d’un pas lourd mais décidé vers le manoir.

En entrant à l’intérieur, le jeune homme eut un mouvement de recul et fronça les sourcils.
Les tapisseries recouvrant les murs étaient déchirées, et des lambeaux de tissu gisaient misérablement au sol. Il ne pouvait même plus voir ce qu’elles représentaient. Mais après avoir discerné l’image d’un tronc décapité sur l’une d’entre elle, Gray se dit que ce n’était finalement pas si grave.
Au centre de la gigantesque pièce, un groupe de statues hideuses et difformes semblait amputé d’un grand nombre de ses membres. Au vu des morceaux de bronze qui jonchaient le sol, il ne fallait pas les chercher bien loin.
Mais ces détails n’étaient pas ceux qui l’avaient alerté au premier abord. Ce qui l’inquiétait le plus, c’étaient les flaques d’eau dispersées dans la salle. Et le silence.
Le seul bruit qu’il entendait était celui des gouttes tombant des reliefs du plafond et des débris des statues, et frappant à un rythme régulier et aliénant les petites nappes humides.
Mais que s’était-il passé ici ?
Prudemment, il entra. Ce n’était pas parce qu’il était inquiet qu’il lui fallait se précipiter et tomber dans un piège.

...............

Juvia était aux anges. Aujourd’hui, rien ne pourrait gâcher sa joie. Aujourd’hui, son rêve devenait réalité. Aujourd’hui, était son grand jour.
Aujourd’hui, elle célébrait son mariage avec l’amour de sa vie, Gray Fullbuster !
Alors que les premières notes de la marche nuptiale s’élevaient doucement à l’intérieur de l’église, la jeune femme rabattit son léger voile blanc sur son visage radieux et s’avança dans la nef, éclatante dans sa robe immaculée.
Sur son passage, les exclamations de ravissement, de bonheur et de félicitations de tous ses amis réunis retentissaient et l’enveloppaient pour l’accompagner jusqu’à l’autel.
Juvia releva le visage et son cœur manqua un battement. Puis il se gonfla d’une joie tellement puissante que la jeune femme arrêta sa progression quelques instants, et porta ses mains à sa bouche tandis que ses yeux s’emplissaient de larmes.
Il était là. Il se tenait à l’autre bout de l’allée et l’attendait, terriblement séduisant, revêtu du costume traditionnel du marié.
Un caleçon noir et un nœud papillon assorti.
Comme dans un rêve, la mage fut transportée et se retrouva à ses côtés. Alors qu’elle levait ver lui un regard énamourée, il posa une main sur son épaule et commença… à la secouer.
Alors qu’elle le regardait sans comprendre, un chat bleu sorti de nulle part et vola autour de la tête de la mariée en piaillant :

- Ils s’aiiiiiiiiiiiiiiment !!!

L’irritante bestiole était en train d’arracher les fleurs de sa couronne ! Elle tenta de la chasser, mais il fut bientôt capturé par le fouet d’une une pom-pom girl blonde, qui le ramena à elle.

- Vas-y fonce, Juvia, fonce ! scandait elle en agitant le chat à la manière d’un pompon.

Sur ce, le dragon rose présent dans l’assemblée marcha plus ou moins accidentellement sur la queue de son congénère gris métallique. Celui-ci gronda en montrant les crocs, puis se jeta sur le fautif.
Et ce fut le chaos. Les deux monstres mythiques se livrèrent un duel sans merci. Ils se lançaient des allumettes et des écrous à la figure tout en jurant comme des charretiers. Une gigantesque armure les arrêta en leur cognant la tête l’une contre l’autre. En tombant, assommés, ils renversèrent l’immense tonneau de sake se trouvant non loin, qui délivra des litres de liqueur limpide. Les vapeurs exhalées tournèrent la tête à l’assemblée et une bagarre générale éclata.
Pendant ce temps, Gray agitait toujours l’épaule de Juvia, qui regardait la scène, les yeux exorbités, effarée qu’on lui gâche ainsi le plus beau jour de sa vie. Comment, de la remontée de la l’allée au son de la marche nuptiale, avait-elle pu passer à ce cataclysme digne des plus grandes batailles de Fairy Tail ?! C’était un vrai cauchemar ! Elle allait se réveiller bientôt, enfiler sa robe, gagner l’église, retrouver son Gray-sama et tout redeviendrait normal !

- Juvia Loxar, retentit une voix de stentor venue elle ne savait trop d’où, couvrant la cacophonie. Veux-tu prendre Gray Fullbuster pour époux et le chérir pour le meilleur et pour le pire jusqu’à ce que la mort vous sépare ?
- Attendez ! Ils vont détruire l’église ! répondit-elle, affolée, en désignant le chaos ambiant. Il faut les arrêter ! Gray-sama, il faut faire quelque chose !
- Veux-tu oui ou non l’épouser ?! poursuivit la voix, indignée d’être ignorée.
- Ju-Juvia… JuJuJuvia… tenta-t-elle de répondre, alors que Gray la secouait de plus en plus fort.
- Juvia… Juvia… Juvia…, murmurait-il.

La jeune femme leva le visage vers son aimé, et se perdit dans son magnifique regard bleu-gris. Tout le reste disparut instantanément. Les morceaux de charpente tombant du toit et assommant le dragon gris, les épées de l’armure plantées dans un pilier menaçant de s’écrouler à tout moment, le chat bleu enfournant de force un énorme poisson cru dans la bouche d’une de ses congénère, plus rien de tout cela n’avait d’importance. Seul Gray comptait.

- Oui ! Juvia le veut ! finit-elle par crier en lui sautant au cou, alors qu’un dragon rose se sauvait en courant, poursuivi par une pom-pom girl déchaînée hurlant qu’il avait encore brûlé ses vêtements, annihilant les rangées de chaises sur leur passage.

- Aïe ! Hé ! Mais qu’est-ce que tu fais ? demanda une voix, surprise.

La jeune femme ouvrit brusquement les yeux. Elle se trouvait dans une gigantesque pièce dont les murs de pierre lui rappelaient vaguement quelque chose. Au beau milieu se dressaient un groupe de statues hideuses, et, à l’autre bout de la salle, un homme aux cheveux blancs semblait évanoui.
Tout à coup, les récents événements lui revinrent à l’esprit. Mais qu’est-ce qu’elle fabriquait ? Elle n’avait pas le temps de dormir ! Elle devait aller voir comment Gray allait, et rejoindre les autres !

- Est-ce que tu pourrais… euh… te lever ? questionna à nouveau la voix qui l’avait tirée de son sommeil.

Prise d’un doute, la jeune femme baissa les yeux. Ils rencontrèrent deux orbes sombres, qu’elle n’eut aucun mal à reconnaitre. Dessous se trouvaient deux joues qui rougissaient à vu d’œil. C’est alors que Juvia prit la pleine mesure de la situation.
Elle était assise à califourchon sur un Gray atrocement gêné qui faisait son possible pour ne pas regarder en direction de ses cuisses, très largement découverte par sa jupe déchirée lors du combat. Leur toute première étreinte lui revint brusquement en mémoire, et Juvia sentit ses joues s’empourprer.
Etourdie par l’embarras et bredouillant des excuses incompréhensibles, la mage de l’eau se releva prestement et tendit la main au brun qui n’en menait pas plus large. C’est alors qu’elle vit l’état de la hanche du garçon. Ses yeux s’écarquillèrent et, oubliant brusquement son malaise, elle plaqua ses mains sur son visage pétrifié par l’horreur.

- Gray-sama ! Gray-sama est blessé ! C’est horrible ! Mais que s’est-il passé ? Gray-sama ne doit surtout pas bouger ! Juvia va s’occuper de Gray-sama et… non ! Juvia va trouver un médecin et… non ! Juvia va aller cher Wendy-chan et la ramener ici pour qu’elle soigne Gray-sama…, paniqua la jeune femme.
- Juvia… tenta le jeune homme. Hé, Juvia…

Mais c’était peine perdue. La mage ne l’écoutait pas du tout, tournant en rond et gesticulant dans tous les sens.

- Aaaah ! Qu’est-ce que Juvia doit faire ? Qu’est-ce que Juvia doit faire ? répétait-elle inlassablement.

Gray ne put s’empêcher d’éclater de rire. Il la reconnaissait bien là ! Mais le rire se transforma vite en une plainte. La peine était lancinante.

- Gray-sama ! s’exclama la jeune femme en se précipitant à ses côtés.
- Juvia, ce n’est pas grave… On n’a pas le temps pour ça de toute façon ! Je te rappelle qu’on a une guilde sombre à pulvériser, commença-t-il en tentant de respirer de manière égale.

Elle était déjà suffisamment paniquée, ce n’était pas le peine d’en rajouter.

- Pas grave ? s’indigna-t-elle, une lueur de forte désapprobation dans le regard. Gray-sama n’a pas retenu la leçon ? Il faut que Gray-sama se repose maintenant !

Le brun soupira. Elle avait beau être gentille, jolie, adorable, désirable, se…, bref, elle n’en restait pas moins butée et têtue. Au moins autant que lui. Il aurait du mal à la convaincre.
Au bout de quelques minutes de discussion, il eut tout de même gain de cause, à l’aide d’arguments tels que : “On se bat pour éviter la fin du monde, ce n’est pas le moment de s’arrêter sur ce genre de détails“, ou “La glace a figé la plaie, elle ne saigne plus“. Ce faisant, il gardait à l’esprit le souvenir des événements de la veille. Il se promit qu’ils ne se reproduiraient pas. Il n’était pas si faible.
Juvia soupira. Bien entendu, elle avait cédé. Malgré ses tentatives acharnées, la jeune femme ne parvint pas à lui arracher la promesse qu’il la laisserait se battre s’ils tombaient sur d’autres ennemis. De toute façon, elle savait qu’elle ne gagnerait pas ce combat. Elle commençait à connaître le jeune homme par cœur à force de l’avoir tant observé, et il était inutile de continuer à parlementer indéfiniment. La mage de l’eau savait aussi qu’il pensait à ce qui lui était arrivé la dernière fois qu’il avait été blessé. Elle avait failli mourir, et il en avait souffert. Elle ne recommencerait pas. Si les choses se dirigeaient dans cette direction à nouveau, elle trouverait un autre moyen de le sauver. Le voir ainsi brisé l’avait dévastée.
Deux mots résonnaient dans leur cœur. « Plus jamais. »

Ils se remirent en route en silence, attentifs au moindre signe d’une quelconque présence ennemie.

……………………………………..

Lucy entendait des voix tout autour d’elle. Mais la jeune fille, si elles lui paraissaient familières, ne parvenait ni à les reconnaitre, ni à distinguer clairement leurs paroles. Seuls des mots isolés lui parvenaient, étouffés, lointains.

- … idiote… pas prête…
- … quelque chose… pas la laisser…

La constellationniste, revenant lentement à elle, tenta de se concentrer pour déchiffrer ces voix, se raccrochant à elles pour ne pas sombrer à nouveau. Sa tête tournait, elle ne savait plus où se trouvaient ni le haut ni le bas, ni la gauche ni la droite. Elle se sentait attirée dans un tourbillon vertigineux sans pouvoir s’en échapper. Elle était si fatiguée ! Et surtout, elle était vidée de tout pouvoir magique.

- … Vraiment dangereux… le supporter…
- … se dépêcher !...

Les voix s’éloignaient et le silence menaçait de l’envelopper de sa froideur mortelle.
Son esprit se perdait quand elle entendit distinctement son nom provenir de loin, très loin. L’appel était si faible qu’elle se demandait si elle ne l’avait pas rêvé. Mais peu importait. Elle ne pouvait plus réagir. Ses pensées s’engourdissaient.

- Lucy !

La mage stellaire entendit distinctement l’apostrophe cette fois-ci. Elle tenta de répondre, mais sa voix ne pouvait sortir de sa gorge, son souffle refusant de la porter au loin. Elle se concentra cependant assez pour comprendre les paroles échangées.

- Vite, on la perd… je suis désolée !
- Mais on risque de la tuer-ebi !
- De toute façon, elle va mourir si on ne fait rien-moshi moshi.
- Quelle crétine ! Si elle s’en sort, je la tuerai de mes propres mains !
- Je refuse de la perdre ! Je ne laisserai pas mourir mon maître une deuxième fois. Je ne laisserai pas Lucy mourir !
Malgré la douleur qui tenaillait son crâne et l’empêchait de penser de manière cohérente, la jeune fille sentit son cœur se serrer. Elle reconnaissait à présent les voix de ses esprits.

- On y va. En tant que chef, j’en assumerai l’entière responsabilité.

Aussitôt, Lucy sentit une intense chaleur l’envelopper. Ce ne fut qu’à ce moment qu’elle prit conscience du froid mordant qui régnait dans son corps paralysé. Le contraste la fit frissonner et elle sentit de plus en plus mal à mesure que l’énergie tentait de pénétrer en elle, forçant la barrière de son enveloppe charnelle. La pression se fit plus grande, et elle la combattit violemment, la sentant écraser son être, comprimer ses poumons, broyer son crâne, envoyer une douleur intenable de sa colonne vertébrale au bout de ses membres.
Elle en était sure à présent. Elle allait mourir. Elle était en train de mourir.

- Ne résiste pas, Lucy ! lui ordonna la voix anxieuse de Loki. Tu dois laisser notre énergie emplir ton corps ou tu mourras par manque de magie ! Mais si tu ne nous laisses pas faire, nous allons te tuer en voulant te sauver !

La jeune fille ne comprenait plus rien. Ses amis étaient responsables de sa souffrance ? Elle aurait bien aimé répondre au lion, mais en était incapable. Elle aurait voulu faire ce qu’il lui disait, cependant son corps se rebellait de lui-même contre cette force étrangère.
Mais elle leur faisait confiance. Alors, la constellationniste força chacun de ses muscles meurtris à se relâcher et à accueillir la magie des esprits.
Peu à peu, la froid la quitta, la chaleur brûlante pénétra en elle. Elle lui rappela brièvement quelqu’un.
« Natsu ! » pensa-t-elle alors qu’elle avait l’impression d’être entièrement consumée. Elle ne pouvait pas mourir maintenant ! Elle voulait le revoir.
Instantanément, le feu se calma et Lucy émergea peu à peu de sa torpeur. La jeune fille se sentait à présent capable de supporter et de contrôler la magie qui la submergeait. La douleur s’atténua puis disparut, la pression s’allégea.

- Ca marche ! On va y arriver !
- Tiens bon Lucy !
- Accrochez-vous, princesse !
- Je n’en peux plus, je suis désolée !

Soudain, le flot d’énergie se tarit. La mage stellaire sentit la présence de ses amis s’effacer progressivement. Avant qu’elle n’ait eu le temps de comprendre, la jeune fille entendit la voix d’Aquarius s’adresser à elle, menaçante comme à son habitude, mais laissant transparaitre une pointe de soulagement et un épuisement certain.

- Tu nous en devras une, gamine, on vient de t’arracher à la mort, haleta la sirène. Ne nous appelle plus pendant un moment, on va avoir besoin de temps pour récupérer.
- Yeah ! Ce qu’Aquarius veut dire, c’est qu’on est content que tu t’en sortes !
- Tss !

Avant qu’ils ne quittent définitivement son esprit, Lucy eut tout juste le temps de murmurer :

- Merci…

Puis elle se retrouva seule dans l’obscurité et le silence.

- Lucy ! Lucy !

Le timbre familier et effrayé la ramena doucement à la réalité.

« Happy ? » pensa-t-elle.

La jeune fille reprit peu à peu conscience de son corps. Elle était complètement courbatue et ankylosée, mais elle était en vie.
Péniblement, la mage stellaire souleva ses paupières. Son regard rencontra une voûte obscure, qu’elle identifia comme le feuillage d’arbres. Sa vision était floue et elle avait beaucoup de mal à accommoder. Elle se força à ne pas fermer les yeux cependant et se redressa difficilement. Enfin, pas tant que ça. Une étrange magie courait dans ses veines, remplaçant ses forces perdues. Alors, elle n’avait pas rêvé ? Les yeux de la jeune fille s’embuèrent. Ses esprits venaient de risquer leur vie pour la sauver. Avoir des amis si précieux… Elle était probablement la fille la plus chanceuse de ce monde ! Elle avait encore de la route avant de devenir réellement forte.
Mais elle n’avait pas le temps de pleurnicher. Se ressaisissant, Lucy leva le regard et le promena autour d’elle. Il se posa sur un petit chat bleu qui la dévisageait de ses grands yeux emplis de larmes. Soudain, il se jeta contre elle en éclatant en sanglots.

- Lucy ! T’es vivante ! s’écria Happy en se pelotonnant contre la poitrine de la constellationniste.
- Evidemment ! s’indigna-t-elle tout en réconfortant son ami. Je suis contente que tu ailles bien, toi aussi, continua-t-elle en souriant chaleureusement.

Puis, l’Exceed toujours accroché à elle et cherchant du regard dans l’obscurité, elle fronça les sourcils.

- Où est Namako ? demanda-t-elle, méfiante.

La mage stellaire ne savait pas dans quel état d’esprit se trouvait la jeune femme depuis la fin de leur combat, et craignait qu’elle ne l’attaque à nouveau. Malgré l’aide de ses esprits, elle ne savait pas si elle serait vraiment en état de se battre. Et de toute façon, eux devaient être exténués.

- Elle est partie, répondit Happy.
- Pardon ? s’étonna la blonde.

Mais le petit chat ne répondit pas. Il repensait à ce qu’il s’était passé lorsqu’il s’était éveillé. La frayeur qu’il avait ressentie quand la mage sombre s’était approchée de son amie. La terreur l’envahissant quand son sourire féroce avait déformé son visage, et quand toute trace d’humanité avait quitté ses prunelles, ne laissant que la cruauté du démon et l’instinct de la bête sauvage. Dressé entre elle et Lucy, il avait vraiment cru que sa dernière heure était arrivée. Mais il avait tenu bon et avait répété de sa voix tremblante :

- Je ne te laisserai pas faire de mal à Lucy ! Alors ce n’est pas la peine de la regarder comme ça, tu ne la toucheras pas !

Etonnamment, Namako avait semblé se reprendre et s’était légèrement reculée, le regard perdu.
A ce moment, Lucy avait murmuré, les surprenant tous deux. Happy s’était tourné vers son amie, heureux qu’elle reprenne connaissance, cependant ses espoirs avaient vite été déçus lorsqu’il avait vu les yeux résolument clos de la constellationniste, et la contraction de son visage révélant une douleur vive.
Mais il était conscient qu’il n’avait pas le temps de s’inquiéter. Il devait se concentrer sur Namako. Celle-ci s’était redressée et avait soupiré.

- Exaspérante !

Puis la jeune femme s’était détournée et les avait quittés, disparaissant dans l’ombre de la nuit.

Devant le silence de son ami, Lucy se sentit inquiète.

- Happy ? appela-t-elle doucement.

Celui-ci revint à lui et répondit :

- Elle est partie. Je ne sais pas où, ni pourquoi.
- Ah… ok.

Puis, un souvenir frappa brusquement la jeune fille, et elle se leva brusquement, déséquilibrant le chat.

- Mais qu’est-ce que tu fais Lucy ? Ca va pas de me faire tomber comme ça ? s’indigna-t-il.

Mais la mage ne répondit pas, ses pensées défilant à toute vitesse, s’entrechoquant dans son esprit si violemment qu’elle sentit sa tête tourner à nouveau. Elle tenta de se calmer, et de réfléchir posément.
Comment avait-elle pu oublier ? Lors de son combat, elle avait dû laisser ces informations de côté, mais maintenant il était vital qu’elle retourne au manoir pour empêcher la tragédie.

- Happy, vite, il faut y retourner ! s’exclama-t-elle.
- Lucy, je ne crois pas que je vais pouvoir voler tout de suite…, répondit l’Exceed alors qu’il essayait en vain d’activer sa magie.

La jeune fille le prit délicatement dans ses bras, et sans autre forme de cérémonie, s’élança vers l’enceinte de pierre qu’elle apercevait dans l’obscurité, à peine éclairée par les faibles rayons de lune perçant difficilement derrière les lourds nuages.
Tout en courant, la blonde rassemblait ses idées. Lorsqu’elle avait utilisé le pouvoir de Gemini pour prendre l’apparence de Namako, elle avait eu un bref aperçu des pensées de la vampire. Et dans la masse d’informations qu’elle avait reçue en un instant, une en particulier avait retenu son attention.
Kyouaku n’avait pas l’intention d’attendre bien gentiment que Yume utilise ses pouvoirs de prêtresse contre lui pour tenter de les lui voler. Il savait pertinemment qu’une fois complètement éveillée la jeune femme serait en mesure de le vaincre, s’il lui laissait la possibilité de contrôler pleinement la lumière sacrée. La seule chose qui la freinait et l’avait empêché de l’attaquer plus tôt, était la prophétie qui prédisait sa mort et celle de sa sœur comme issue de l’affrontement contre le mal, effrayant la jeune femme. Alors il allait en jouer. Si elle hésitait ou était suffisamment bouleversée, sa maîtrise de la lumière serait incomplète et il trouverait sa faille. Il savait comment procéder et Namako connaissait visiblement ses plans. Et Lucy était persuadée qu’ils fonctionneraient.
Amère, la jeune fille pensa que, finalement, s’il n’y avait pas eu la prophétie, toute cette histoire serait probablement terminée depuis longtemps, Yume n’aurait jamais douté et Kyouaku n’aurait jamais pu l’utiliser pour son profit.

………………………………………………

- Et merde ! C’est quoi ce bordel ?!

Depuis le départ d’Erza, Natsu affrontait son adversaire avec fougue. Mais il se trouvait dans une mauvaise posture. Malgré ses assauts incessants, la jeune femme ne présentait aucune blessure. Il ne parvenait pas à la toucher. Elle ne semblait même pas essoufflée. Depuis le début du combat, le même manège se répétait inlassablement. Il ne savait trop comment, elle se débrouillait pour l’étouffer, il s’élançait sur elle pour la frapper avec son poing enflammé, elle le bloquait avec un mur d’eau, étouffant ses flammes, et à ce moment, il arrêtait de suffoquer. Le jeune homme en avait donc déduit que, peu importait la manière dont elle s’y prenait pour remplir ses poumons d’eau, elle ne pouvait le faire si elle se défendait. Il se mettait ensuite à cracher de la vapeur, résultant de l’évaporation du liquide dans ses poumons sous la chaleur régnant dans son corps. Puis le combat reprenait de la même façon sans qu’aucun ne prenne réellement l’avantage. Excepté le fait que Natsu commençait à fatiguer. Son corps supportait mal le fait d’être constamment à moitié noyé de l’intérieur, et il commençait à avoir sérieusement soif. Il ne comprenait pas comment fonctionnait le pouvoir de son ennemie et cela commençait à vraiment l’irriter.
Ce n’était pas la seule chose qui agaçait profondément le mage de feu. Depuis le début du combat, la brune n’avait dit mot. Son visage n’exprimait rien. Il ne pouvait y déceler la moindre trace de fatigue ou de lassitude, aucune crispation trahissant une quelconque concentration ou tension. Ses yeux ne reflétaient qu’un immense vide, comme si le concept d’émotion lui était parfaitement étranger. Natsu n’avait jamais affronté ce genre d’adversaire. Il avait l’habitude que l’on réponde à ses provocations, au moins que l’on se moque de lui et de son assurance. Mais là, rien. Ca le mettait mal à l’aise.
Retombant une énième fois sous la puissante vague qui venait de le repousser, le Salamander mit à profit les quelques secondes durant lesquels le brouillard, résultant du contact entre ses flammes et l’eau de Sae, cachait sa position à la mage sombre pour souffler, tout en crachant quantité de vapeur. Sa bouche était pâteuse, sa tête tournait et il commençait à avoir des nausées. Il n’était pourtant pas à court de magie ! Que lui arrivait-il ? Pourquoi ne parvenait-il pas à attaquer son adversaire ? Il en avait assez de se poser toutes ses questions !
La brume se dissipa et le mage de feu eut à nouveau la sensation désagréable de se noyer. Mais d’où pouvait provenir toute cette eau ? Il ne voyait pas son ennemie l’attaquer ! Il avait seulement compris qu’elle avait besoin de savoir où il était pour l’étouffer.
Même s’il n’en avait pas envie, il avait besoin de réfléchir. Se contenter de foncer dans le tas ne fonctionnait pas du tout. Mais il lui fallait du temps, ce que Sae ne lui laissait pas, l’attaquant sans relâche.
Natsu crachotait, toussait, son corps essayant en vain d’expulser le liquide emplissant ses poumons. Il se sentait de plus en plus mal. Il avait un besoin vital de boire, comme s’il était totalement déshydraté… Déshydraté ?
Une scène lui revint brutalement en mémoire : Igneel lui enseignant des rudiments de biologie, peu avant que le dragon ne l’abandonne.

« Le corps des êtres humains contient 60 à 70 pourcents d’eau, selon les individus, lui expliquait le dragon après un de leurs entrainements. C’est pour ça qu’il est très important de boire, surtout après une séance intense comme celle d’aujourd’hui, où tu as beaucoup transpiré, donc…
- Mais je suis un mage de feu ! Je n’ai pas besoin d’eau ! le coupait le garçon en faisant la moue, ignorant la soif qui le tenaillait.
- Tu vas arrêter de me contredire, oui ? tonna le dragon en plongeant son protégé dans une rivière claire et glacée. Je t’ai dit de boire, alors bois ! »

Les pièces du puzzle s’assemblèrent soudain dans l’esprit du jeune homme. Il était effectivement déshydraté, parce qu’il se battait depuis un moment, mais pas seulement. Il comprenait comment son adversaire s’y prenait pour le noyer. Elle ne pouvait pas créer d’eau à distance, alors elle utilisait la seule source disponible. Lui. Le liquide qui se concentrait dans son système respiratoire venait de lui. Et comme il s’évaporait à cause de la chaleur de ses poumons, il en perdait énormément.
Et maintenant, il avait vraiment besoin de régénérer ses réserves d’eau. Il ne voyait qu’une seule solution. Ignorant ses nausées, ses vertiges et le cruel manque d’air, le Dragon Slayer bondit une fois de plus sur son adversaire, tout son corps enflammé. Elle réagit exactement comme il l’avait escompté. Devant l’assaut du Salamander, la jeune femme dressa un épais mur d’eau entre eux. Aussitôt, Natsu cessa du suffoquer, et sentant les signaux d’urgence que lui envoyaient son corps, pressa ses lèvres contre la cascade, aspirant goulument le liquide salvateur.
Le jeune homme sentit la fraîcheur se répandre dans sa poitrine et son ventre, suivant le trajet de l’onde.
Essoufflé, il se recula et tituba. Visiblement, il avait bu trop, trop vite. Mais il devrait faire avec. Sans perdre de temps, le mage enflamma ses deux poings et les frappa contre la barrière liquide, créant une fois de plus un épais brouillard. Il en profita pour essayer de réfléchir à une stratégie. Comme le combat était parti, il allait s’éterniser maintenant qu’il avait trouvé la parade aux assauts de Sae. Elle l’étoufferait, il boirait, et ainsi de suite. Il devait l’attaquer avant que la brume résultant de leurs attaques ne se dissipe. Mais il avait déjà essayé, sans succès. Localiser la mage ne lui posait pas de problème, grâce à son odeur, mais tant qu’elle ne savait pas où il était, elle gardait en permanence sa protection aqueuse autour d’elle, rendant ses flammes inutiles. Et surtout, il lui révélait sa position pendant une fraction de seconde, ce qui suffisait à la mage pour l’étouffer à nouveau.
Natsu décida alors qu’il n’avait pas le choix. Il devait tenir le coup et évaporer la totalité de la protection de son ennemie pour lui porter un coup physique. Même si ça signifiait arrêter de respirer pendant ce temps là. De toute façon, sa température élevée faisait évaporer l’eau au fur et à mesure qu’elle emplissait ses poumons, ce qui l’avait certainement sauvé de la noyade en ralentissant les effets du sort. Mais cela avait aussi accéléré le processus de déshydratation.
Une voix plate et morne tira Natsu de son épuisante réflexion.

- Tu ne meurs pas. Je te noie, mais tu ne meurs pas.

Ce n’était qu’une simple constatation. Aucune once d’irritation ou de colère n’assombrissait le timbre de la jeune femme.

- Tu crois que tu vas m’avoir avec de l’eau ? répliqua le mage. Tu peux toujours rêver ! Pas moyen que je perde face à quelqu’un qui utilise le même élément que l’autre abruti !

Le brouillard disparut, révélant la silhouette de Sae. Elle ne répondit rien, se contentant de regarder le Salamander. Les yeux éteints posés sur lui donnaient des frissons au jeune homme. Il avait l’impression d’avoir devant lui un corps mort, uniquement animé par une quelconque magie noire. Et pour tout avouer, cela lui faisait peur.
Une veine gonfla sur la tempe du dragon alors qu’il réalisait ce à quoi il venait de penser. Lui, peur ? C’était ridicule ! Il s’élança en vociférant :

- J’en ai marre de réfléchir ! Viens ici, je vais t’éclater !

Les poings, les pieds, bientôt tout le corps de Natsu fut recouvert de flammes, et il heurta le mur d’eau avec violence. La même vague que lors de ses précédentes attaques tenta de le repousser, mais cette fois-ci, il tint bon, et les pieds fermement ancrés dans le sol, Natsu concentra toute sa magie pour augmenter le plus qu’il pouvait la température de son feu.
Une vapeur suffocante encercla bientôt les deux adversaires, mais aucun ne lâchait prise. Natsu évaporait la bulle protectrice de Sae, empêchant la jeune femme de mobiliser sa magie pour le repousser, et celle-ci renforçait sa barrière au fur et à mesure. La situation semblait figée.
Natsu sentit avec horreur ses réserves de magie diminuer dangereusement. Visiblement, son corps avait dû combattre la noyade trop longtemps, épuisant ses forces. Mais il n’abandonnerait pas ! Il allait remporter cet affrontement, trouver le maître au nom ridicule de cette guilde stupide, lui faire se fête et rentrer à Fairy Tail où il pourrait persécuter Gray pendant une semaine, s’introduire avec Happy chez Lucy pour lui faire peur, défier Erza. Alors ce n’était pas une bulle d’eau qui allait l’avoir !
Le dragon poussa un rugissement à glacer les sangs, et déversa toute sa magie sur le mur de la mage sombre. Celui-ci disparut instantanément, laissant une Sae momentanément sans protection. Dans un sourire dévoilant ses canines, Natsu brandit son poing et l’abattit sur son ennemie.
La jeune femme ne put le contrer. Elle combattait toujours à distance, personne n’ayant jamais réussi à échapper à sa magie implacable. Elle n’avait donc jamais eu à renforcer et entrainer son corps qui vola dans une courbe gracieuse avant de s’écraser brutalement sur le mur du couloir.
Natsu, haletant, tomba à genoux. Cette adversaire était vraiment coriace. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle l’épuise autant.
Relevant le regard vers l’endroit où elle avait percuté les pierres, il eut un sourire victorieux. La mage brune était étendue au sol, apparemment sans connaissance.
Le jeune homme se redressa et se prépara à s’élancer dans le couloir à la suite de ses amis, quand une sensation à présent désagréablement familière lui serra la poitrine. Dans un râle, le jeune homme s’effondra. Sa vision se troubla. Du coin de l’œil, il discerna une silhouette se mouvoir lentement.
Sae se relevait. Un épais flot rougeâtre s’écoulait de sa tempe, et son bras droit pendait mollement le long de son corps, visiblement brisé. Cela ne l’empêcha pas de s’approcher du Salamander suffocant.
Natsu ne comprenait pas. Malgré ses blessures, la mage sombre ne trahissait aucune douleur, ignorant les parties de son corps qui ne fonctionnaient plus, comme si elles n’existaient pas, comme si elle ne les sentait pas.
Contrarié et épuisé, le Dragon Slayer poussa un terrible rugissement, et s’élança à nouveau vers son adversaire.

…………………………………………….

Hors d’haleine, la constellationniste atteignit le mur de pierre, en bas du trou par lequel elle était sortie. Elle devait faire vite. Elle devait prévenir Yume, pour éviter la tragédie.

- Happy, tu crois que tu pourrais juste me porter jusque là-haut ? demanda-t-elle au petit chat, le regard levé vers l’ouverture, brillant de détermination.
- Peut-être, mais tu es sure que tu veux y retourner ? demanda-t-il en retour.

La jeune fille baissa les yeux vers lui. Il avait l’air vraiment inquiet pour elle. Il aurait mieux fait de s’occuper de lui, vu l’état dans lequel il était, pensa-t-elle. L’Exceed avait l’air vraiment épuisé, et elle culpabilisait de lui demander de fournir à nouveau un tel effort. Mais contourner l’imposante bâtisse leur ferait perdre un temps précieux.

- Je n’ai pas vraiment le choix, répondit-elle. Je me suis souvenue de quelque chose, je dois à tout prix retrouver Yume et Mirai avant qu’il ne soit trop tard. Ne t’inquiète pas, je suis sure que tout ira bien, ajouta la blonde avec un grand sourire, masquant son inquiétude.

« Il le faudra bien, nous n’avons pas droit à l’erreur sur ce coup-ci… Comme d’habitude, finalement ! » songea-t-elle en retenant un soupir.

Déployant ses ailes, Happy souleva Lucy et la porta jusqu’à l’entrée du sinistre manoir. A peine avait-elle touché le sol que la constellationniste s’élançait à nouveau, l’Exceed dans ses bras. Soudain, un rugissement de rage leur parvint, et Lucy oublia instantanément le but de sa course.

- Natsu ! s’écria-t-elle en se ruant dans la direction du cri.

………………………………………

La jeune femme avançait d’un pas lent et fatigué. Elle ne savait plus vraiment que penser ni faire, et encore moins ce qu’elle désirait à présent. Mais elle devait partir. Alors pourquoi retournait-elle au manoir, lorsque c’était le dernier endroit où elle voulait se trouver ? Comme le reste, elle l’ignorait. Mais elle en ressentait le besoin. Pour tirer un trait sur tout ça et prendre un nouveau départ, elle devait le faire.
Namako entra dans le gigantesque hall et s’arrêta, stupéfaite.

- Eh ben, murmura-t-elle devant le chaos s’étendant sous ses yeux, ils n’y sont pas allés de main morte !

Se dirigeant parmi les débris éparpillés sur le sol trempé, la blonde repéra ce qu’elle cherchait. Une forme humaine et inerte étendue sur le sol. Ses cheveux blancs et sa peau hâlée ne laissaient aucun doute sur son identité. Une odeur alléchante de rouille et de fer chatouilla les narine de la vampire, qui peina à garder le contrôle. Elle était épuisée et affamée. Son comparse inconscient et blessé offrait une proie idéale au prédateur en perdition qu’elle était. Elle avait déjà fourni de douloureux efforts pour ne pas saigner la mage stellaire, et n’en pouvait plus. Après tout, il aurait fait la même chose à sa place. C’était la règle de leur guilde. Chacun pour soi.
Sans plus hésiter, Namako se précipita sur Gensou et planta ses crocs dans le cou du mage, savourant la délicieuse sensation du liquide chaud et épais coulant dans sa gorge endolorie.
Bien trop tôt à son goût, la jeune femme se détacha de son compagnon, et, haletante, tenta de regagner ses esprits. Elle avait encore si faim !
Un grognement mécontent l’aida à se concentrer.

- ‘Tain, Namako ! maugréa Gensou en revenant à lui. Tu fous quoi, là ? Tu veux m’tuer ?

Elle ne répondit pas, se contentant de hausser les épaules comme s’il lui importait peu qu’il ait surpris ses actions.

Clignant plusieurs fois des yeux, le mage se redressa jusqu’à gagner la position assise, une main sur sa peau ensanglantée. Il ne mourrait pas de sa blessure, mais tout de même ! Cette garce ne payait rien pour attendre ! Croyait-elle vraiment qu’elle pouvait se payer un petit festin sur son dos et sans son accord ? Alors qu’il s’apprêtait à éclairer la jeune femme sur sa façon de penser de manière plutôt colorée et imagée, il leva enfin les yeux vers elle. Les mots moururent dans sa gorge.
Les coups et les blessures qui parsemaient le corps de la vampire agenouillée à ses côté, les cernes sombres creusant sa peau cadavérique, sa respiration rapide et superficielle, les déchirures de ses vêtements témoignaient de la rudesse de son dernier combat. Mais ce qui frappa vraiment le jeune homme, était le trou circulaire découvrant la chair à vif sur sa poitrine, là où se trouvait autrefois le joyau donnant toute sa puissance à Namako. Un rictus moqueur naquit sur les lèvres du mage sombre.

- Ben dis donc ! T’as vu dans quel état t’es ? s’esclaffa-t-il, avant de tousser douloureusement. T’as affronté qui ? Titania ? Le dragon ?

Namako ne répondit pas tout de suite, tournant le visage sur le côté en une moue boudeuse et embarrassée.

- La constellationniste, finit-elle par lâcher à regret.
- Quoi ? La constellationniste ? répéta le jeune homme comme s’il n’avait pas bien compris.

Son regard incrédule agaça la blonde qui sentait la moutarde lui monter au nez.

- Oui, la constellationniste ! Lucy Heartfillia ! s’exclama-t-elle en se tournant vers Gensou. Ca te pose un problème ?

Le jeune homme ne répondit pas tout de suite, se contentant de la regarder de ses yeux écarquillés par la surprise. Puis il éclata de rire.

- Hahaha ! Tu… Tu fais décalquer par… la constellationniste… ! pouffa-t-il en se tenant les côtes.

Mais les secousses provoquées par son hilarité lui rappelèrent bien vite qu’il n’en menait pas plus large que la vampire, et il se calma en geignant de douleur.

- Ta gueule, Gensou ! rétorqua Namako. Franchement, tu t’es vu ? L’ex-Phantom t’a pas loupé non plus, alors la ramène pas ! Sinon je finis mon repas !
- Essaie un peu !

Les deux mages s’affrontèrent du regard quelques secondes avant de soupirer de concert. Aucun n’était en état de tenter quoi que ce soit.
Soudain, Namako se souvint de la raison qui l’avait amenée ici en premier lieu et soupira. Elle était stupide.
La jeune femme se redressa. Elle se détourna et dépassa son compagnon sans rien ajouter.

- Qu’est-ce que tu fais ? demanda-t-il.

N’obtenant pas de réponse, il continua.

- Tu retournes te battre contre eux ?

Mais son intuition lui souffla qu’il faisait fausse route.

- Tu t’en vas.

Ce n’était pas une question. Juste une simple constatation, sans aucun reproche, ni aucun regret.

- C’est pas encore fini, tu sais ?
- Pour moi, si, répondit enfin Namako, sans lui faire face. De toute façon, j’ai perdu et Kyouaku va pas me pardonner ça. J’ai plus de place ici. Et j’en veux pas non plus. Je veux partir et recommencer ailleurs, voir si je peux être quelqu’un d’autre.

Gensou était sidéré. Cela ne ressemblait pas du tout à la Namako qu’il connaissait. Que s’était-il donc passé au dehors ?

Sur ces paroles, le demi-démon se dirigea vers le fond de la salle. Mais la voix de son ex-allié l’arrêta.

- Pourquoi t’es venue ici alors ? Ah, ok, reprit-il en analysant les paroles de la blonde. Pour faire table rase du passé. Dommage, j’me suis réveillé avant que t’aies fini le sale boulot…
- N’importe quoi ! s’exclama Namako en faisant volte-face. Tss… Tu comprends vraiment rien, reprit-elle plus posément.

Elle avait bien pensé à le vider de son sang une bonne fois pour toute, et ainsi liquider le principal témoin de sa noirceur, lui avec qui elle avait passé le plus clair de son temps à faire des choses atroces ou obscènes. Mais la voix irritante d’une certaine mage stellaire au seuil de l’inconscience lui avait vrillé les tympans.

« Si tu veux continuer comme si rien ne s’était passé, libre à toi. Mais sur ce chemin, tu ne trouveras que la douleur. Si tu veux apprendre et progresser, la route sera longue et difficile, cependant tu auras une chance de rencontrer des gens sur qui compter, qui te soutiendront et t’accepteront. »
Et elle avait enfin identifié ce mystérieux sentiment, qui l’avait forcé à se relever, qui l’avait amenée là, qui lui avait permis de prendre sa décision.
La gratitude.
Cette insignifiante gamine l’avait épargnée. Elle avait déployé des efforts monumentaux pour la protéger, au même titre que ses propres amis. Personne n’avait jamais agi ainsi pour elle. Pour la première fois de sa vie, elle se sentait reconnaissante. Et ce n’était pas aussi désagréable qu’elle l’aurait imaginé.
« Il n’y a que toi… qui puisse… décider… »
Et bien, elle avait finalement fait son choix. Prendre un nouveau départ en commençant par un meurtre ne lui semblait pas la meilleure chose à faire. Mais elle était tout de même venue à la rencontre de son compagnon de luxure et de tueries, avant de régler sa dette. Pour mettre un terme à son ancienne vie. Y arriverait-elle ? Rien n’était moins sûr, mais elle pouvait au moins essayer.

Tout à coup, le mage décoloré écarquilla les yeux.

- Me dis pas que… T’es venue me dire au revoir ?

Apparemment, le regard courroucé que la demi-vampire lui jeta lui apporta la réponse à sa question, et l’hilarité le reprit.

- Gensou, cracha la démone d’un ton menaçant, si tu n’arrêtes pas de te foutre de ma gueule maintenant, je finis de t’éclater, compris ?
- C’est en continuant de m’faire rire que tu vas me finir, oui !

Mais il arrêta de se moquer tout de même. Il savait bien que mettre un vampire, même blessé, de mauvaise humeur n’est jamais bon pour la santé, alors UNE vampire…
Les deux acolytes se regardèrent quelques instants, puis Gensou brisa le silence.

- On s’est quand même bien marré tout les deux. C’est sûr, vous allez me manquer, toi et ta superbe paire de…
- Gensou…, gronda Namako, peu encline à se lancer dans des adieux longs et pénibles.

Elle n’avait pas que ça à faire !
Pour la seconde et dernière fois, la jeune femme se détourna et reprit sa route vers le sombre couloir.

- La sortie c’est pas par là, lui lança l’illusionniste.
- Je sais, j’suis pas venue que pour toi.
- J’comprends pas trop ce que t’as en tête, mais je crois pas qu’on va se revoir, alors, bonne chance, lui dit Gensou alors qu’elle atteignait le seuil.
- Merci, répondit-elle.

S’arrêtant, elle s’adressa une dernière fois à son ex-amant.

- Au fait Gensou…
- Ouais ?
- Salut.
- … Salut, Namako.

Et sans un regard en arrière, l’ex-membre de Dark Holders s’engouffra dans le couloir, prête pour sa dernière bataille.

………………………………………..

Natsu respirait péniblement. Il était épuisé. Seule sa détermination le maintenait encore debout. Tout ceci ne menait à rien. Il était en train de perdre. Aucun de ses coups ne faisait plus mouche. Il ne parvenait qu’à rester en vie. Et encore ce n’était pas brillant. Jamais il n’avait affronté un tel adversaire. Implacable, silencieux, redoutable. Vide.
Une fois de plus, la brume se dispersa, dévoilant la fine silhouette de Sae.
Le Salamander eut à peine la force de lever les yeux vers la jeune femme, qui le toisait de son regard mort. Aucune émotion ne venait troubler ses traits, comme si sa victoire lui importait peu. Telle une machine accomplissant ses fonctions, elle approcha de son ennemi vaincu, se préparant à lui donner le coup de grâce. Déjà, le mage recommençait à étouffer, et un pénible et douloureux râle lui déchira la poitrine.
Natsu ne pouvait plus esquisser le moindre mouvement. Son combat, additionné à la lutte constante de son corps contre la noyade, avaient totalement épuisé ses pouvoirs. Erza avait raison. Se battre contre un mage de l’eau lorsque l’on utilise le feu était vraiment une mauvaise idée. Si seulement il pouvait trouver une quelconque flamme à se mettre sous la dent ! Mais dans le couloir détrempé, il n’y avait que peu de chances pour que son vœu soit exaucé. Et si seulement il avait compris la nature de la magie de son ennemie plus tôt, il aurait peut-être pu contre-attaquer ! Mais il n’était ni Lucy, ni Levy…
Cependant, la défaite ne faisait pas partie des options du jeune homme, alors il concentra toutes les forces qui lui restait dans ses bras et, ignorant le manque cruel d’air, se redressa lentement.
C’était une véritable torture. Ses muscles en manque d’oxygène le brûlaient atrocement et chaque mouvement était une véritable épreuve. Mais il n’abandonna pas.

- C’est inutile, Salamander. Tu ne peux pas me vaincre. C’est terminé.

La voix de la mage de l’eau lui parvint faiblement, comme si elle avait parlé très loin de lui, ou à travers un épais mur.
Ses oreilles bourdonnaient à présent, et sa vision devenait floue, zébrée de flash éclatants. Le poids dans sa poitrine se fit oppressant.

- Je… pas… perdre… c… toi…,tenta-t-il de rétorquer, mais sa voix éraillée mourut dans sa gorge en un horrible gargouillement.

Le jeune homme cracha soudain une gerbe d’eau teintée de rouge, alors qu’un goût désagréable agressait sa langue.
Natsu s’écroula. Dans un dernier geste, une minuscule flamme naquit dans sa paume. Elle fut rapidement balayée par une déferlante qui l’engloutit, emportant son corps inerte.
Comme il perdait connaissance, il entendit une voix au loin. Une merveilleuse mélodie parvenait à ses oreilles. Celle de Lucy criant son nom.

- NATSU !

Soudain, la vague qui l’entrainait disparut, et le chasseur de dragon se retrouva un moment suspendu dans les airs avant de s’écraser lourdement au sol. Les poumons miraculeusement libérés, il aspira difficilement de grandes goulées d’air et ouvrit enfin les yeux. Sa vision trouble se stabilisa lentement, et tout d’abord, il eut du mal à croire à la scène qui se déroulait devant ses yeux. Par réflexe, le mage de feu se pinça le bras.

- Aïe ! s’exclama-t-il.

Il n’y était pas allé de main morte !
Mais alors, cela signifiait que la jeune fille à la chevelure dorée dressée farouchement devant lui, lui tournant le dos, un fouet à la main était bien…

- … Lucy ? demanda le jeune homme.

Alertée par le timbre étrange et cassé de la vois de son ami, la constellationniste se retourna vers lui et s’approcha précipitamment, terriblement inquiète.
Lorsqu’elle avait entendu le cri du jeune homme, elle s’était précipitée dans sa direction. Arrivée sur le lieu du combat, la mage stellaire, horrifiée, avait vu le Salamander sur le point de perdre. Sans réfléchir davantage, elle avait dégainé son fouet et s’en était servi pour projeter l’ennemie au loin. Ou plutôt, directement dans un mur.
La blonde s’agenouilla précipitamment aux côtés de son ami et l’aida à se redresser.

- Mon Dieu ! s’exclama-t-elle. Natsu, ça va ?
- Rien de cassé Natsu ? s’inquiéta Happy, quittant les bras de la constellationniste pour s’approcher de son partenaire.
- Impec’ ! fanfaronna le chasseur de dragons dans un sourire, malgré son épuisement évident. Elle est juste un peu plus coriace que la moyenne, ajouta-t-il en prenant appui sur la mage stellaire pour se relever.
- Attends ! Tu n’es pas en état d’y retourner !
- On n’a pas le choix. Et je vais pas te laisser l’affronter toute seule, elle peut te noyer rien qu’avec l’eau de ton corps ! Et elle a pas l’air de ressentir la douleur, rétorqua le Salamander en lui tournant le dos, vacillant, faisant face à l’ennemie qui regagnait déjà conscience. ‘Tain ! Elle est vraiment increvable ! maugréa-t-il entre ses dents.
- Mais… protesta la jeune fille en se levant à son tour, peinant à digérer l’information qu’elle venait d’entendre.
- Tu peux pas appeler tes esprits, hein ? la coupa son ami. Sinon, tu l’aurais déjà fait.

Lucy baissa le regard vers ses pieds, honteuse. Effectivement, il avait raison. Elle-même allait bien, malgré les nombreuse ecchymoses et blessures parsemant son corps, ses réserves de magie partiellement restaurées. Grâce à ses amis. Mais ceux-ci avaient besoin de repos à présent. Même si elle avait assez de forces pour une invocation, aucun ne serait en état de se battre. Ils le feraient quand même si elle le leur demandait, elle le savait. Toutefois, ceci était simplement hors de question.

- Hmm… répondit simplement la blonde en acquiesçant.

Elle releva les yeux, et son regard croisa celui de Natsu. Le jeune homme fit craquer ses phalanges, tout en lui offrant un sourire carnassier.

- Et ben, y a plus qu’une chose à faire ! s’exclama-t-il.

Lucy lui rendit son sourire en s’approchant, talonnée par Happy.

- Exact ! dit-elle avec détermination. Maintenant…
- On fonce dans le tas ! s’exclamèrent-ils à l’unisson.
- Aye sir !

Et ils s’élancèrent droit sur l’immense vague que Sae leur lançait.

…………………………………

Dans la pénombre, une jeune femme inconsciente gisait, bras et jambes entravés par de nombreux liens lui écorchant la peau. Une faible lueur inconstante éclairait son visage blafard et cerné. Une voix d’outre tombe psalmodiait un chant étrange dans une langue gutturale au son duquel vibrait un cercle magique d’un bleu presque blanc. Ses symboles tortueux projetaient des ombres effrayantes sur les murs de la salle. En son centre se tenait une silhouette fine dont les bras et le torse ensanglantés étaient parés des mêmes signes difformes.
Enfin, Kyouaku cessa l’incantation. Le cercle s’évanouit, les entailles sur sa peau disparurent, et la pièce fut plongée dans le noir total.