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Manga / Anime

Bleach

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Epouse-moi

Darkangel Guard

Résumé : Haruhika Omoikiri est une messagère méconnue de la 4e Division jusqu'au jour où son secret est découvert par Byakuya Kuchiki,dont elle est amoureuse.Pour la sauver,une seule solution:devenir puissante et la marier à un noble haut-placé...Lui. Bya+Autre personnage

Disclaimer : L'univers et ses personnages appartiennent au fantastique Tite Kubo. Seule Haruhika et les autres personnages ou idées inventées par moi m'appartiennent.

Bonjour à tous ! Voici ma première Bleach, parmi trois autres toujours en cours. Comme vous avez le voir d’après le résumé, Byakuya et mon OC Haruhika seront au centre de cette histoire. Je me suis beaucoup inspirée des histoires entre un mariage possible entre Rukia et Byakuya, ainsi que d’autres mariages entre Byakuya et des OCs nobles ou non pour créer cette fic. Ou disons plutôt qu’elles m’ont beaucoup inspirée. Elles se ressemblent un peu toutes mais ont quand même le charme fou de montrer Byakuya en ménage ^^. C’est ce qui m’a donné l’envie mortelle d’en faire ma propre version, comme toujours, en restant le plus original possible. En effet, je veux, comme d’habitude, que mon histoire ressemble à aucune autre (sinon où est le fun). Et là se pose la difficulté : faire ce que tout le monde a déjà fait tout en étant très différent. Bref, je vous remercie d’avance de votre soutien et pardon d’avance pour les possibles retards à venir. Dans ce cas, n’hésitez pas à me sonner la cloche, ça marche toujours. (Je vous jure que si). Un grand merci également à Moonlight qui corrige tous mes chapitres sans exceptions. Une personne merveilleuse. Un standing ovation pour cette amie qui m’a aidé à pondre cette histoire de A à Z. Bref, assez blablater, je laisse enfin place à l’histoire. (En italique, ce sont les pensées.)

Chapitre 1 :: Mise Ă  nu

Le noble Capitaine Kuchiki bougeait à peine les pieds de son emplacement. Ses bras se mouvaient avec une grâce indicible, en une danse aussi mortelle que magnifique, et les pétales de fleur de cerisier, de sakura, se pliaient avec abandon à l’autorité de ses gestes. Les femmes l’admiraient avec des soupirs d’extase qu’il ignorait royalement. Le regard concentré, presque agressif, rivé sur son adversaire à la chevelure rougeoyante qui usait en ce moment même au maximum du shunpo, dans l’espoir de surprendre son capitaine.
« BANKAI ! » s’écria le Lieutenant, son rugissement s’élevant avec celle de la bête rampante de son Zanpakutto. Une vague d’énergie spirituelle balaya tout le terrain d’entraînement de la 6e division avec une force à couper le souffle de tous les shinigamis observateurs, submergés par la poussière épaisse et les pétales.

Soudain, Byakuya sentit sa longue écharpe glisser de ses épaules avec et s’envoler au loin avec la force du vent provoquée par le reiatsu de son Lieutenant Abarai Renji. Se protégeant avec la manche de son haori de capitaine d’un bras, il se dévissa le cou pour fixer des yeux le parcours de son écharpe turquoise dans les airs, qui s’éloigna bien loin vers l’un des districts du Seireitei de la Soul Society, guidée par le hasard.
Seulement, aussitôt que le vêtement fut hors de sa vue, il se concentra à nouveau sur le reiatsu de Renji qui allait en croissant, faisant écho à son rugissement. Dommage, il était attaché à cette écharpe, sûr que Renji comprendrait son erreur à partir de cet instant.

† Ailleurs †

Le vêtement d’un doux turquoise clair continua de voguer à travers le ciel, ralentissant sa chute dans des claquements sonores, jusqu’à la 11e division. Ce furent ces bruits de froissements de tissu en soie qui attirèrent l’attention d’une jeune fille shinigami qui empruntait en courant un des couloirs de la division donnant sur l’extérieur, les bras chargés de papiers à faire signer et à distribuer aux différentes divisions (de la part de la 4e division). À peine eut-elle une vue approximative du vêtement en question que celui-ci lui atterrit en pleine figure, lui faisant perdre l’équilibre et éparpiller dans le couloir tous ses papiers.
« Une…une écharpe ? » Une écharpe turquoise qu’elle aurait reconnue entre mille à cause de son odeur. Elle sentait extrêmement fort les fleurs de cerisier, le propre ainsi qu’une certaine masculinité grâce à la présence d’un arrière-goût un peu musqué. C’était l’odeur inoubliable du Capitaine Kuchiki, sans aucun doute.
Elle cria d’horreur, seule dans le couloir, tenant le vêtement du bout des doigts, de peur de commettre un crime par le simple fait de s’être fait attaquée par le vêtement. Étrange qu’un tel objet, aussi rare et convoité par toutes les femmes du Seireitei, et même quelques hommes, atterrisse ainsi entre ses mains. Sans compter le fait que l’énergie spirituelle du Capitaine n’était nullement dans les parages.

Elle regarda aux alentours. Pas de Capitaine en fureur, pas de fanatiques voleuses d’écharpe du Capitaine Kuchiki… Comment est-ce possible ???!!! Que devait-elle faire à présent avec ça !!! Un coup de vent balaya les papiers tombés au sol, elle cria à nouveau, de peur qu’elle les perde s’ils venaient à s’envoler. Ok, on se calme, d’abord récupérer les papiers tombés au sol.
Elle dut utiliser sa vitesse de shinigami, avant qu’un autre coup de vent ne passe. Puis, elle prit l’écharpe restée sur ses clavicules et le plia de façon méticuleuse, de sorte à pouvoir le ranger dans son uniforme, près de son cœur. Bien sûr, il lui fallait lui rendre, mais avant, elle était obligée de terminer sa ronde de distribution des papiers.
Et de toute manière, la 6e division était pratiquement à l’opposé de son emplacement. Cela lui prendrait un temps infini d’y retourner. Il ne lui restait que la 11e, 12e et 13e division à faire avant d’avoir fini son travail et on était déjà au milieu de l’après-midi.
« Bien, en avant ! » lança-t-elle en se remettant à courir de plus belle, avec la motivation en plus.

† En fin d’après-midi †

Kuchiki Byakuya se retint de soupirer. Il ne soupirait jamais, ni ce n’est mentalement. Une figure de noblesse comme lui n’en avait pas le droit. Et son Lieutenant, présentement avachi sur un lit de la 4e division jusqu’à ce soir, n’était pas là pour l’aider à finir les papiers. C’était probablement le revers de la médaille pour l’avoir une nouvelle fois vaincu. Il commençait presque à regretter. Presque.

Il sentit un reiatsu assez faible, sûrement de la 4e division, s’approcher à pas rapides et cadencés. La personne courait à petits pas, à vrai dire. « Sûrement une fille », songea-t-il. Peut-être venait-elle lui apporter des nouvelles de son Lieutenant. L’inconnue s’arrêta juste devant la porte en bois coulissante de son bureau, et s’agenouilla quelques secondes, sûrement le temps de reprendre son souffle.
Il continua à lire et signer ses papiers comme si de rien n’était, attendant qu’elle se déclare, indifférent à sa présence. Elle pourrait rester ainsi toute la nuit qu’il n’en ferait rien. Et dieu sait qu’il resterait également toute la nuit dans son bureau, l’entraînement de cet après-midi l’ayant empêché de finir le travail pour minuit, il était maintenant obligé de le finir à l’aube.

Après une grande inspiration, il y eut soudain deux coups lents et hésitants portés contre le bois massif de la porte.

- Ici la shinigami Omoiriki Haruhika de la 4e division, demande la permission d’entrer au Capitaine Kuchiki de la 6e division.
- Permission accordée, lança-t-il d’une voix nonchalante.

Elle ouvrit la porte coulissante du bras droit, pour la faire coulisser vers la droite, juste assez pour faire entrer sa silhouette. Elle s’inclina d’abord, le front au sol, avant de se lever pour avancer, fermer la porte derrière elle et enfin lever les yeux vers lui. Il était assis, le dos droit, devant son bureau, en train d’empiler les papiers en un tas parfaitement régulier. Il se questionnait en ce moment même sur la raison de sa présence : il avait déjà reçu les papiers administratifs de la 4e division ce matin par un autre shinigami et il lui semblait qu’il n’y avait rien d’urgent à rendre ; aussi, l’état de Renji n’était sûrement pas assez sérieux pour envoyer un shinigami l’enquérir. Elle savait qu’il se questionnait. Elle entendait tout, bien que ses lèvres n’eussent pas bougé d’un iota, les yeux baissés sur les papiers, bordés de longs cils.

- Que se passe-t-il ? Demanda-t-il avec flegme, ne daignant mĂŞme pas lever les yeux sur elle.
- Capitaine Kuchiki, je suis venue vous rapporter personnellement un objet… personnel – déjà elle voyait défiler dans son esprit les images de la perte de son écharpe, et eut la confirmation qu’il l’avait bel et bien perdu- qui je crois vous appartient de droit.

Entendant un froissement de tissu, il leva enfin les yeux avec dédain et la vit plonger la main dans son décolleté, entre l’uniforme noir de shinigami et le deuxième Yukata blanc juste en dessous, en contact direct avec sa peau, et en ressortit l’écharpe turquoise parfaitement pliée et dans le même état que lorsqu’elle l’avait quittée. L’odeur des fleurs de cerisiers emplit aussitôt les narines de la jeune fille, l’étourdissant presque, alors que dans le bureau, son parfum était présent mais pas aussi enivrant.

- Pose-le sur le bureau, répondit-il simplement, observant l’écharpe avec méfiance. Tu peux disposer.
- Bien, merci, Capitaine Kuchiki. Au revoir, répliqua-t-elle avec déception en s’inclinant en angle droit, une main sur son Zanpakutto, l’autre collée à con flanc.

Elle s’éloigna aussitôt vers la porte, impatiente de découvrir ce qu’il en pensait. Et elle ne se fit pas prier, elle vit dans sa tête, ce qu’il voyait et elle savait qu’il observait l’écharpe posée sur le coin gauche de son bureau avec dégoût. « Cette groupie a sûrement dû le tripoter avec une telle ferveur toute l’après-midi que j’ose à peine y toucher. »
La fureur la prit et avant qu’elle n’ait pu s’en empêcher, elle se retourna soudainement, la colère écrite en toutes lettres sur son visage et ses poings serrés. « Comment ?! Rugit-elle, hors d’elle. Je n’arrive pas à le croire ! Cette écharpe est parfaitement propre ! Mis à part le fait qu’elle ait voyagé avec moi toute l’après-midi, j’y ai à peine touché ! Si je voulais toucher quelque chose de vous, ça ne serait sûrement pas cette stupide écharpe ! Comment osez-…vous… ? »

Trop tard, le choc et la stupéfaction étaient quant à eux peints en toutes lettres sur le visage du Capitaine cette fois-ci, les yeux écarquillés à l’extrême. Pourquoi réagit-elle ainsi ? À moins qu’elle n’ait pu s’offusquer de ce qu’il pensait… ? Non, c’était absurde, aurait-il parlé à voix haute ?
Essayant aussitôt de rattraper son erreur, elle se jeta à genoux au sol, son front le heurtant presque, ses mains jointes posément devant sa tête. « Pardonnez mon insolence, Capitaine Kuchiki, ça ne se reproduira plus. Mes plus sincères et profondes excuses, je…pardon. Je recevrai humblement ma punition. Parlez et je subirai. »
Que… ? Qu’est-ce qui était en train de se passer ? Il ne comprenait pas le fil des évènements. Maintenant qu’il y songeait, il avait un tel contrôle et maintien sur lui-même qu’il n’aurait jamais pu dire une chose aussi vulgaire et outrageante à voix haute, en présence d’une autre personne. En insultant à voix haute cette même personne en sa présence. C’était à tous les coups impossibles. Il était sûr de lui.
Non, une chose plus effrayante encore venait de s’imposer à son esprit. Cette fille venait à l’instant de lire son esprit. Il n’arrivait pas à regagner un visage impassible et à effacer le choc de son visage. Lui, Kuchiki Byakuya, était en train de faire face à son pire cauchemar : quelqu’un capable de déchiffrer ses pensées. Cela paraissait évident à présent.

Il se leva de son bureau et se positionna à quelques pas de sa forme étendue au sol. Elle sut à cet instant que c’en était fini de ses jours de paix. Il était certain d’avoir découvert son pouvoir. C’est pas vrai ! Elle avait passé des années à cacher son pouvoir comme si de rien n’était aux yeux de tous, et voilà qu’elle le dévoile de façon aussi stupide, devant le Capitaine Kuchiki, en plus !

- Comment disais-tu t’appeler ?
- O-Omoiriki Haruhika, Capitaine. Écrit avec les idéogrammes Omoi (pensée) et Omoiriki (détermination) pour mon nom et Haruka (centaine de printemps) et Hireki (franchise) pour Haruhika, mon prénom.
- Shinigami Omoiriki, lève-toi. Je crois qu’une discussion s’impose et n’essaie pas de mentir ou ta punition s’aggraverait avec conséquence.
- O-oui, Capitaine Kuchiki.

Elle se leva, droite comme un I, surplombée par sa grandeur et son regard inquisiteur. La peur lui nouait le ventre mais savoir que Byakuya était aussi paniqué qu’elle parce qu’il faisait face à sa plus grande peur la réconfortait un peu. Elle le savait bouleversé par le rythme effréné de son cœur et appréhendait ce qu’il entendait bien découvrir sur son compte. Elle vit dans son esprit ce qu’il observait d’elle : ses grands yeux plaintifs d’un bleu azur, ses cheveux si noirs qu’ils en avaient des reflets bleutés, retenus en chignon lourd par deux piquets en bois, aux décorations de fleur de sakura, sa peau blanche, sa petite silhouette, son corps à l’apparence fragile, ses doigts s’entremêlant de façon tordue à cause du stress, ses jambes longues qui tremblaient légèrement.
Elle était tout ce qu’il y avait de plus banal. Qui aurait pu deviner un tel pouvoir tapi sous cette féminité fragile, enfantine et délicate ? Voilà ce qu’il pensait. Cela lui coupait le souffle.

- Depuis quand ?
- Depuis toujours, Capitaine. Je suis maudite depuis ma naissance, dit-elle en fixant son regard sur son cou.
Il ne comprenait pas le choix de ses mots.
- Maudite ? Répéta-t-il, avec sa voix grave.
- Vraiment, Capitaine, voyez-vous même, qui voudrait s’approcher de quelqu’un capable de lire toutes vos pensées à l’instant même où l’esquisse se forme dans son esprit, même les plus secrètes.
- Absolument…toutes ? Insista-t-il, avec le visage fermé plus que jamais, bien que c’était inutile, parce qu’elle n’en avait pas besoin pour voir à travers lui.
-Toutes, sans exception aucune. Les pensées, les images, les sons, ce que vous dîtes, la musique que vous avez en tête, les souvenirs qui traversent votre esprit, vos désirs, vos rêves, ce que vous voyez, ressentez, entendez, sentez, touchez. Comme si j’étais vous.

À nouveau, la révélation eut l’air de le clouer sur place, comme si une enclume s’était abattue sur ses épaules et qu’il parvenait tout juste à tenir sur ses jambes.

- Comment est-ce possible ? Demanda-t-il, les yeux légèrement agrandis, fixés sur elle – ne saurait-elle voir en lui qu’elle aurait cru que la nouvelle l’indifférait, il était excellent comédien.
- Je l’ignore.
- Se-…
- Depuis toujours, j’ai dis, mon Zanpakutto n’a donc rien à voir avec ça, répliqua-t-elle.

Il s’étonna de la rapidité avec laquelle elle l’avait interrompu, sachant déjà ce qu’il s’apprêtait à dire, alors qu’il parlait pratiquement en même temps qu’il songeait à sa phrase.

- Faux, à l’instant même où vous commencez une syllabe, votre phrase est déjà toute prête dans votre esprit. Sinon, imaginez la lenteur qu’auraient nos conversations. Songez que votre esprit est aussi rapide, si ce n’est plus, que votre shunpo et moi tout aussi rapide à les lire à l’instant même où des mots et des idées se forment. Ainsi, vous avez une grossière idée de comment mon pouvoir fonctionne.
- Qui d’autre est au courant ? demanda-t-il, reconnaissant qu’elle lui laisse le temps de parler cette fois.
- Vous, et ma défunte mère. Si cela venait à se savoir, je serais perdue.
- Ce qui signifie que vous avez triché durant toutes vos années d’étude à l’Académie de Shinigami et omis de mentionner de détail au Commandant Yamamoto.
Ce n’était même pas une question.
- Je n’ai pas eu besoin de tricher, grâce à mon pouvoir, je suis intelligente depuis mon plus jeune âge et j’ai su parler dès que mes lèvres réussissaient à formuler mes pensées.
- Je n’ai pas le choix, annonça-t-il, je dois le révéler au Commandant. Une telle chose ne peut rester secrète. Songez que tout ce qui doit rester confidentiel ici est impossible à protéger à cause de ce genre de pouvoir.
- Mais !
Elle leva les yeux vers lui, les larmes aux yeux. Elle savait déjà tout ce qu’il allait se passer. Elle l’avait imaginé toute sa vie de shinigami. Elle fut littéralement écrasée par la sévérité de sa cruauté.
- Si vous faites cela, Capitaine, vous signez mon arrêt de mort. Vous savez qu’ils me tueront ! Ils ne peuvent me laisser en vie.
- Je n’ai pas le choix, c’est mon d-…
- Devoir ?! Encore cette connerie ! s’écria-t-elle en frappant son torse de ses poings, pleurant à grosses larmes. Quel devoir vous oblige à me tuer ?! À tuer n’importe qui, même votre sœur ! Je suis ici depuis des dizaines d’années, je n’ai jamais, jamais trahi la Soul Society, et Dieu sait que je pourrais au vu tout ce que je sais !

Elle sentit le dilemme le déchirer de part en part, mais elle lisait déjà qu’il resterait inflexible. Il s’y sentait obligé, même si cela signifiait tuer quelqu’un de loyal et même de très utile si des circonstances telles que la trahison de Aizen venaient à se reproduire. Sauf si elle était elle-même un traître. Aucun des plans de l’ennemi ne leur serait inconnu.
Une minute, pourquoi lors de la trahison d’Aizen n’a-t-elle rien dit alors qu’elle était capable de lire les pensées profondes de n’importe qui au Seireitei ?

- Parce que j’étais coincée à la 4e division. Je n’ai même pas de siège alors je suis vouée à distribuer les papiers et à soigner les shinigamis blessés. Et jamais Aizen, Ichimaru et Tousen n’ont eu à passer entre mes mains pour que je puisse deviner leur plan ! Songez à cela ! cria-t-elle en pleurant à chaudes larmes, effondrée.
À nouveau, il ne sut que faire, gardait un visage impassible, tourmenté par sa raison, incapable de dire s’il fallait vraiment la condamner. Ces dernières années, ce n’est pas l’occasion de trahir le Seireitei qui avait manquée, il fallait le reconnaître. Et sa discrétion était telle que personne à part lui, aujourd’hui, n’avait soupçonné quelque chose chez cette fille. Et encore, elle avait elle-même jeté son secret en pâture.

- Tout ça, pour une simple écharpe ? Souffla-t-elle, d’une voix étranglée et entrecoupée par de violents sanglots.

Elle se laissa glisser au sol, et chaque fois qu’elle l’entendait penser, elle entendait sa sentence.
« Ce n’est pas ma faute. »
« C’est mon devoir. »
« J’y suis obligé. »
« Je n’ai pas le choix. »
« Je ne peux laisser passer ça. »

- Je ne peux laisser passer ça, répéta-t-il à voix haute, bien qu’il soit pleinement conscient qu’à présent, elle pouvait savoir tout ce qu’il pensait. Il se sentait mis à nu.

Et au fond, il savait ce qu’il était : un monstre à figure humaine. Elle pleurait désespérément, à ses pieds, s’accrochant au bas de son haori et il restait là, immobile, le regard fixé dans le vide en face de lui, déchiré. À cet instant, il eut l’impression de revenir au même dilemme que lui avait imposé l’exécution de Rukia. Sauf qu’aucune promesse ne la gardait de la mort auprès de lui. Il avait seulement promis de protéger Rukia, pas toutes celles dont la vie se tenait dans la paume de sa main.

Pourtant, son intuition lui disait tout ce dont il avait besoin, mais la raison l’empêchait de suivre cette voix. Elle était innocente, il sentait même qu’elle était le genre de personnes à avoir le cœur pur, elle était dévouée à Soul Society. Elle se sentait maudite et maintenant il comprenait pourquoi.

Que faire ?

Il ne pouvait la laisser s’en aller ainsi, après cette découverte. Il pourrait encore lui permettre de s’enfuir, sans un mot, mais cela serait encore plus dangereux. Si elle venait à se faire prendre par des ennemis qui feraient bon usage de son pouvoir, contrairement à Soul Society, ils auraient de graves ennuis et toute la faute lui reviendrait.
Elle pourrait être gardée sous observation, mais qui sait si cela suffirait à se protéger de son don. Et puis, qui voudrait être enfermé, isolé, pour le restant de ces jours ?! Il devait se faire une raison, il était aussi acculé qu’elle, elle devait mourir.
« Tu as raison, Omoiriki, c’est une malédiction. Et nous n’avons pas d’autres choix que de t’en débarrasser. Je n’ai pas le choix. »
Il ferma les yeux et se pencha sur son corps avachi et parcouru de spasmes violent dû à ses pleurs. Il entoura ses doigts autour de son bras chétifs avec fermeté pour la faire se lever. Soit elle se levait d’elle-même, soit il devrait la soulever, ce qui ne posait aucune difficulté pour lui au final dans les deux cas.

- Aie un peu de dignité et lève-toi. Je t’emmène voir le Commandant et qui sait, si tu sais comment plaider ta cause, tu resteras peut-être en vie sous certaines conditions. Ce n’est pas ma faute.

Elle se mit sur ses pieds, tremblant de tout son être, avant de perdre équilibre et de se laisser tomber contre lui. Il la rattrapa et la maintint debout par les épaules. Il ne pouvait nier les pleurs qui déformaient son visage et ravageaient cruellement ses joues. Il était « humain », après tout. Il avait des sentiments, des émotions. Intérieurement, il lui était impossible de rester impassible face à une telle peine – un désespoir justifié qu’il comprenait. Qu’est-ce que cela faisait d’être soutenue par son bourreau ?
Pfft. Humain ? Non, il était un monstre. Et ce qu’il s’apprêtait à faire le prouvait. Et avant que sa résolution ne laisse place à sa culpabilité trop tôt, il lui fallait faire vite. Il pourra se réprimander tout le temps qu’il voudra après sa mort. Pour le moment, il lui fallait prendre sur lui, l’amener au Commandant qui proclamera sa sentence, tant qu’il en a encore le courage. J’y suis obligé.

Pardonne-moi. Sachant qu’elle serait incapable de marcher la moitié du Seireitei, ainsi que pour s’assurer qu’elle ne n’enfuit pas, il la prit dans ses bras de sorte à pouvoir la porter, un bras sous son dos, entourant ses épaules, et l’autre soutenant ses jambes sous ses genoux. Elle se recroquevilla contre son bourreau tandis que ses pleurs redoublaient, se transformant presque en cris de douleur insupportables. Il eut un autre élan, plus violent cette fois-ci, de culpabilité. Il serra les dents à s’en faire mal et usa jusqu’à l’excès de son célèbre shunpo pour se rendre à la 1ère division.

Ses mains serrèrent son haori blanc, allant presque jusqu’à le déchirer. Il ne s’arrêta que lorsqu’il fut devant la porte du bureau de la 1ère division du Commandant. Il remarquait à peine qu’il était essoufflé. Plus d’émotion que d’effort. La porte s’ouvrit immédiatement et il fut accueilli par le Lieutenant, puis par le Commandant, tranquillement assis à son bureau.

- Capitaine Kuchiki, Shinigami, salua-t-il en arrêtant son regard sur la dernière, il n’avait qu’un œil à demi-ouvert. Que se passe-t-il ? Quelque chose de grave serait arrivé à cette jeune fille que vous tenez là ?
- Non, pas exactement, Commandant.
- Hum ? S’interrogea-t-il en arquant un sourcil, avec sa voix chevrotante caractéristique.

Ses pleurs s’étaient calmés et devenus discrets, à son grand soulagement, mais elle se recroquevillait plus que jamais contre lui, le visage fourré dans les tissus de son épaule, ses mains s’agrippant ave force à lui. Pendant ce temps, le vieil homme se leva de son siège pour leur faire face.

- Commandant, cette fille…

Il eut un ultime moment d’hésitation. Il la sentit relever les yeux vers lui et par réflexe, il les abaissa sur elle, le cœur battant à tout rompre. Il la vit bouger ses lèvres en une plainte silencieuse : « Je vous en prie… ». Ses mains aux longs doigts effilés agrippèrent légèrement plus fort le corps de sa captive. Et bien que cela le déchirait de part à en part, il finit par déclarer :

- Cette fille serait capable de lire dans nos esprits, Commandant.
- Huuunh ? marmonna plus longuement le vieil homme, son regard devenu presque brûlant sur la forme inoffensive de la jeune fille.

De loin, comme un bruit de fond, elle l’entendit donner tous les détails. Ses yeux étaient écarquillés dans le vide, son corps plus immobile que jamais, profitant de ses derniers instants en contact avec la chaleur d’un corps. Du corps de Kuchiki Byakuya, qui la serrait sans s’en rendre compte. Byakuya qui l’avait menée à la mort, bien que la culpabilité lui rongeait déjà les sangs. Mais il n’en montrait rien. Seule elle savait. Il était comme toujours : froid, distant, cruel, impassible, fidèle, loyal, déterminé…triste.
Mais il ne pouvait lui cacher son vrai lui. Et elle, venait d’être mise à nu. Ce serait la sentence dernière. La mort. Ils le savaient tous.

- Shinigami Omoikiri, est-ce vrai ? demanda le Commandant, plein d’empathie, partageant pleinement la peine de jeunes shinigamis comme elle, qu’il considérait tous comme ses enfants dont il fallait prendre soin, comme du cristal.

Elle ferma les yeux, s’étouffa avec un sanglot et hocha la tête.

- Mais je n’ai jamais trahi la Soul Society. Jamais…je ne le ferai, dit-elle, répondant à la question qu’il avait en tête à ce moment-là.
- Huuum, fit-il en fermant les yeux et en leur tournant le dos. Je le sais bien, je le sens même. Les innocents sont toujours ceux qui payent le prix le plus élevé. Et je comprends tes craintes et ton désespoir, Shinigami.

Une lueur d’espoir perça son coeur bordé par le chagrin, l’espace d’un instant, et avant même qu’il ne termine sa phrase à voix haute, ses pleurs revinrent. Les mains de Byakuya se resserrent une nouvelle fois, sa culpabilité le heurtant de plein fouet, le clouant sur place. Il se sentait incapable de faire le moindre geste, alors à défaut, il resta de marbre. Comme toujours.

- Malheureusement, je dois reporter tout cela à la Chambre des 46, à mon tour. Mais ne désespère pas pour autant, Shinigami. Peut-être y a-t-il une chance pour que tu restes à nos côtés. Le Conseil pourrait avoir besoin de ton pouvoir, même s’il est à double tranchant.
Il leur fit face Ă  nouveau.
- Je plaiderai ta cause avec ferveur.
Il reporta son attention sur le Capitaine de la 6e division, resté spectateur jusque là.
- Capitaine Kuchiki, je préviendrais le Capitaine Unohana des évènements, mais tout ceci doit rester confidentiel. C’est pourquoi je vous demanderai de la ramener dans votre division pour cette nuit, dans une cellule confortable, et de la placer sous surveillance, le temps que la Chambre des 46 prenne une décision. Je pense que ceci mérite une réunion d’urgence.
- Bien, Commandant Yamamoto, réussit-il plus ou moins à articuler, à peine audible. Si vous permettez, je vais maintenant me retirer.

« Ton ombre tisse mon chemin dans l'ombre, sans but, comme une aiguille empoisonnée.
Ta lumière frappe gracieusement la tour de l'eau et, comme la foudre, coupe la source de ma vie. »
(Tite Kubo, proverbe du volume 18)